un visage du passé / astrid & patrick

un visage du passé.
@Astrid C. Thibault

Patrick poussa la porte du Red Lion. Sa bouche était un peu serrée et ses traits légèrement tendus. Il avait beau être du genre à ne rien en avoir réellement à faire de ce qu'il pouvait ressentir, il devait avouer qu'il se sentait un peu perdu ces temps-ci. Un peu triste. Peut-être était-ce l'approche de ses vingt-neuf ans ? Vingt-neuf ans c'était presque trente ans. Ce qui était relativement terrifiant. Il avait toujours l'impression d'avoir dix-huit ans, certes professionnellement il se sentait assuré et avait des responsabilités qu'il appréciait, mais d'autres points de vue il n'avait pas beaucoup changé. Ce qui ne lui convenait pas. Il avait besoin que sa vie soit accordée entre la sphère professionnelle et privée, il était trop perfectionniste pour se laisser aller de ce côté-là. Or, il n'avait pas de copine, personne en vue, ce qui, ajouté à l'absence d'une véritable famille en dehors de Jonathan, en faisait le genre de personne qui avait passé Noël à manger des chips devant Netflix. Certes, il avait fait la fête avec tous ses amis pour le Nouvel An, mais tout de même, une partie de sa vie ne collait pas à l'idée qu'il se faisait de celle d'un adulte sain. Cet espèce de dépit commençait, en ce début du mois de janvier, à surpasser sa timidité, et il avait soudainement eu envie de voir du monde et de sortir de son trou. Il devait attendre un de ses amis dans un bar qu'il n'avait jamais fréquenté auparavant, le Red Lion. En regardant à l'intérieur, il avait déjà remarqué que son ami n'était pas là, ce qui ne l'étonnait pas. En fait, il ne savait même pas pourquoi il était venu à l'heure, puisque l'autre était du genre à arriver systématiquement très, très en retard.

Aussi, il était un peu gêné, en entrant. Il avait même hésité à rebrousser chemin pour attendre dans sa voiture, mais avait repoussé cette pensée immature. La perspective d'au moins une demi-heure, si ce n'est plus, à attendre comme un con dans un endroit plein de monde n'était pas pour le ravir. Mais, allons bon, il n'avait plus dix-huit ans justement, fallait qu'il prenne sur lui sinon rien n'allait jamais changer. Il se rendit au comptoir et s'y adossa l'épaule, demandant un Coca light et sortant d'ores et déjà son portable pour passer le temps. Au bout d'un moment, une serveuse passe rapidement devant lui, il a une impression furtive, mais ne relève pas et se contente de froncer les sourcils. Lorsqu'il range son portable pour remercier la personne au bar du verre qui vient d'être posé à côté de lui, la même serveuse repasse devant lui et il la voit mieux cette fois-ci. "Non… pas possible…" pense-t-il, un peu surpris. Elle surgissait presque d'une autre époque, Astrid, il ne l'avait pas vue depuis quoi, dix ans ? Il était sûr que c'était elle, maintenant. Il leva un peu le menton et la regarda, en espérant qu'elle le reconnaisse et fasse le premier pas vers lui, mais bizarrement, elle ne semblait pas le faire. Il voulut laisser tomber en ayant peur de se tromper de personne, mais c'est alors que tout lui revint un peu en mémoire. Ils avaient deux ans d'écart, mais s'étaient rencontrés au lycée dans un club, il ne savait même plus de quoi, de photographie ou quelque chose comme ça peut-être. Ils s'entendaient très bien, ne se voyaient presque pas en dehors du club mais étaient contents de s'y retrouver à chaque fois, il se souvenait qu'il lui racontait toutes les crasses que lui faisait Jonathan, qu'elle connaissait car ils étaient dans le même niveau. Et puis soudainement, elle ne venait plus au club. Patrick avait assisté aux regards mi-amusés mi-dégoûtés qui se posaient sur elles dès qu'elle traversait un couloir, avait entendu les murmures, les insultes proférées pour rire entre amis à la cantine. Il lui avait écrit un petit peu sur msn, mais elle ne lui avait jamais répondu. Il avait été vexé, certes, mais aussi quelque part soulagé, car il n'aurait pas vraiment su quoi faire, quoi lui dire, il se serait trouvé con devant tout ce qu'elle devait ressentir. Et aujourd'hui, dix ans plus tard, elle se trouvait devant lui et il se trouvait toujours aussi con. Mais quelque chose en lui voulait savoir. Si elle se souvenait de lui, ce qu'elle était devenue, et pourquoi il n'avait pas pu être un ami, cette fois-là. Il attendit qu'elle repasse et fit un petit pas en avant en inclinant la tête.

"- Euh, Astrid ?"

Il se gratta l'arrière de la tête nerveusement et tritura son téléphone dans sa poche de l'autre main. Il se pointa ensuite du doigt, ayant peur que rien ne lui revienne. Forcément, il avait beaucoup changé, il n'était plus aussi complexé et plein de boutons, n'avaient plus tellement son physique de gros looser, même s'il était un peu resté ce gamin quelque part.

"- Patrick Winkfield, du lycée ?"

"Lecture, art et culture", c'était donc ça le nom du club. Il allait à des clubs comme ça au lycée ? Et après il s'étonnait de pas trouver de copine ? Astrid avait l'air bien, ça le rassurait. Elle avait un travail, et dans un endroit plutôt sympa. C'était déjà plus qu'il n'aurait espéré. Il se souvenait que quand elle avait disparu après toute cette histoire, il s'était dit qu'elle avait sûrement arrêté d'aller au lycée, et pour le gosse de bonne famille qu'il était, cela signifiait quasiment qu'elle allait se retrouver sans domicile fixe, droguée et prostituée, et donc peut-être mourir. Pendant un temps il avait eu peur de la croiser bourrée et suicidaire au coin d'une rue, mais ça c'est parce qu'il regardait sûrement beaucoup trop de films. Peu de temps après il était parti loin de Los Angeles, et pour longtemps, et il avait vite balayé la question de son esprit, surtout qu'il n'avait gardé de contacts avec personne du lycée. Mais ce n'était pas le cas de Jon, qui fréquentait encore certains d'entre eux, et il devait donc souvent supporter leur réflexions stériles sur ce qu'il était à l'époque. Comme s'il ne le savait pas.

En tout cas, il se contenta d'hocher la tête lorsqu'elle lui parlait du club. Il était content qu'elle s'en souvienne. Dans ce genre de cas on a toujours un peu peur de se souvenir de choses que les autres oublient et de passer pour un idiot. Bon, d'accord, ce n'était pas si grave que ça, ça c'était sa timidité qui lui jouait des tours. Oui, ça faisait un bail. Il n'était plus vraiment la même personne, et elle non plus sûrement. Mais cela l'intéressait quand même de savoir comment elle avait réussi à se sortir de cette mauvaise passe, et si elle était satisfaite de sa vie aujourd'hui, surtout qu'il se souvenait qu'elle avait eu une enfance plus que difficile. Du moins ça lui ferait plaisir de l'apprendre. Elle paraissait un peu distante, mais c'était normal, elle était sûrement aussi mal-à-l'aise que lui. Par contre, il ne savait pas trop quoi répondre à la question, pour lui. Qu'est-ce qu'il devenait ? Ce n'était vraiment pas le jour ou la semaine pour lui poser la question, pile quand il se la posait déjà à lui-même.

"- Oh, je, eh bien… Je travaille dans l'informatique. Je suis co-responsable d'une petite équipe d'ingénieurs de création logicielle. Rien de passionnant… Sinon je fais un peu de musique et je… je voyage beaucoup. J'ai habité à Boston après le lycée, pendant toute la durée de mon master. Je suis revenu ici il y a six ans, à la mort de mon père, ça devait être temporaire mais je ne suis jamais reparti."

Patrick sourit légèrement. Peut-être qu'il s'étendait un peu trop. Quelque part, il voulait lui montrer qu'il tenait à cette ville. Pourquoi ? Il n'en savait rien. Il aurait aimé rendre compte d'une vie plus remplie, d'une femme avec enfant par exemple, de plus de stabilité, ou de n'importe quoi qui le fasse paraître plus sérieux et qui fasse vraiment paraître très réussie sa vie. Il pensait que cela ferait plaisir à la jeune femme, comme cela lui faisait plaisir à lui de savoir que tout allait bien pour elle.

"- Et toi alors ?"

Patrick supposait que la source du trouble d'Astrid et sa difficulté à le reconnaître précédemment était son changement physique. Lui-même ne l'avait jamais réellement remarqué, on remarque rarement ces choses-là à propos de soi-même, mais son entourage qui l'avait connu plus jeune n'avait cessé de le lui rappeler. Même son père, qui avait rarement d'intentions à son égard, lui avait dit un jour qu'il était heureux qu'il soit "devenu un homme brave et fort". Ce qui primo n'était vrai qu'au regard de son physique, et encore, et deuzio avait pour sous-entendu "tu étais une vraie tapette maigrichonne au lycée mon fils". Merci papa. Il lui paraissait qu'Astrid par contre n'avait pas vraiment changé, même s'il n'avait d'elle qu'un souvenir diffus. Les filles changeaient moins, en général. La réponse de la jeune femme laissait se traduire une petite envie et une certaine lassitude, il se dit alors qu'elle n'avait sûrement jamais quitté la ville, peut-être qu'elle n'avait pas eu d'argent pour partir. Patrick savait sa chance d'avoir pu partir loin pendant des années, tous frais payés par papa et maman. Il hocha la tête doucement avec un sourire lorsqu'elle dût partir finir son travail. Pendant un moment, il avait oublié qu'elle avait un job de serveuse à tenir. Il glissa son téléphone de sa poche et envoya un sms à son ami pour lui demander où il en était, même si désormais il ne s'inquiétait plus vraiment de s'ennuyer. Pendant ce temps, il retourna vers le bar et se rassit tranquillement tandis qu'Astrid revenait déjà de la table qu'elle devait servir et se plaçait à côté de lui. Il but quelques gorgées de coca light tout en l'écoutant, le regard attentif.

Astrid était une battante, c'était certain. Il n'était pas facile de se relever après une expérience comme celle-ci, et avec un passé comme le sien, et de trouver la force d'obtenir son diplôme et de travailler sans relâche. Il ne se supposait pas la même force de caractère, s'il se retrouvait à sa place. Les sourcils de Patrick se froncèrent lorsqu'elle mentionna le fait d'avoir un appartement. Si elle n'avait pas d'appartement avant cela, où vivait-t-elle ? Avait-elle vraiment été à la rue comme il l'avait imaginé ? Non, peut-être qu'il exagérait, peut-être qu'elle avait vécu à l'hôtel, ou chez des amis, enfin, quelque part. Si seulement il avait su, il aurait pu l'aider, d'une façon ou d'une autre, c'était cela quelque part qui le rendait particulièrement triste. Pour cette raison, il ne comprenait pas sa volonté de ne pas avoir donné de nouvelles, cela paraissait presque masochiste. D'un autre côté, il se disait qu'il aurait peut-être eu la même réaction, à sa place, peu de choses terribles lui étaient arrivées dans sa vie, essentiellement la mort de ses parents, et quand elles étaient survenues, il avait eu envie de se mettre dans un trou au fin fond d'un pays lointain pour ne plus jamais en sortir de sa vie. D'autant plus qu'elle avait été humiliée aux yeux du lycée tout entier. Mais même s'il aurait plus que compris un changement d'établissement, le fait de l'éloigner lui, cela lui avait donné l'impression d'avoir fait quelque chose de mal, d'avoir été impuissant face à quelque chose, mais il ne savait pas quoi, bref, il l'avait mal vécu, même si aujourd'hui il n'avait plus aucune raison de lui en tenir rigueur. Il souffla brièvement puis lui adressa un sourire.

"- Félicitations, en tout cas. Pour ton bac je veux dire. Tu l'as mérité. Tout comme le job et l'appart, d'ailleurs... Enfin... Je suis content que tu aies réussi à t'en sortir."

Patrick était de nature peu assurée et maladroite, mais exprimait toujours une certaine sincérité, qu'il ne pouvait trop empêcher. Il sentait un peu la culpabilité et une légère honte, qui émanaient de son discours, et il ne voulait pas qu'elle ressente cela, et faisait son possible pour rendre ses sentiments plus positifs.

"- Tu n'as pas à te justifier. Après ce que tu as vécu..." Patrick hésitait sur les mots à employer, ayant peur de sa maladresse. "Tu avais toutes les raisons de t'éloigner de cet endroit, même si j'en faisais partie. Et puis, j'étais un peu gamin, je ne sais pas si j'aurais compris tu sais."

Patrick sourit de voir Astrid si optimiste à propos de l'avenir. C'était une bonne chose, il était certain. Il fallait une sacré force de caractère pour prendre les choses avec autant de philosophie, et surtout beaucoup de temps et de patience, enfin, il le supposait. Il ne connaissait pas l'étendue des problèmes qu'elle avait eu, et d'ailleurs, s'il était curieux sur beaucoup de choses, il l'était moins à ce sujet. Il voyait qu'il s'agissait d'un point sensible, et il ne voulait pas la forcer à raconter quoi que ce soit. Son "Tu es trop gentil." résonna doublement en Patrick. D'un côté, il se sentit touché par le fait qu'elle dise ça, d'un autre côté c'était un truc qu'on lui avait souvent dit comme un reproche, et cela le fit replonger un moment dans les pensées qu'il avait eu tout à l'heure. Décidément, il était d'humeur trop réflexive aujourd'hui, et un peu triste. Son seul ami... Lui non plus n'avait pas beaucoup d'amis au lycée, en même temps il se fait constamment victimiser en public par Jonathan, qui en plus est plus jeune que lui, ce qui était doublement humiliant. De plus, il trouvait à l'époque la plupart des filles assez futiles, et évitait la compagnie des garçons qui le mettait mal-à-l'aise, ce qu'il avait mis sur le compte de sa timidité. Pour finir, il n'était pas très beau et adorait bidouiller des ordinateurs. Un vrai cliché ambulant. Donc, dans ces conditions, compliqué de se lier d'amitié avec qui que ce soit, c'est sûr. A la fin de sa remarque, Patrick fronça les sourcils et tourna son regard sur le côté.

"Une vidéo ? Je... je ne savais pas qu'il y en avait une, encore moins qu'elle avait circulé..." il poussa un long soupir, il ne se souvenait pas du tout de cela, peut-être que sa mémoire avait fait le tri du pire "Comment quelqu'un peut-il filmer cela et se regarder dans le miroir ensuite ?"

Que les gens aient la curiosité malsaine de la regarder, ça ne l'étonnait pas, mais avoir la cruauté de filmer sans rien faire, c'était horrible. Il secoua ensuite la tête en réalisant qu'elle ne voulait sûrement pas en parler, mais ces réflexions étaient sorties de sa bouche un peu involontairement, presque comme s'il pensait à haute voix. Aussi, lorsqu'elle évoqua ses voyages, il sourit sincèrement et hocha la tête.

"Bien sûr ! Je pourrais même te montrer des photos, ce sera comme si tu y avais été !" dit-il avec un léger rire.

Astrid eut l'air comme un peu hésitante en griffonnant son numéro sur son calepin, Patrick eut l'impression qu'elle avait peur qu'il se méprenne sur ses intentions. Ce n'était pas le cas, enfin, même si sa réaction normale en tant que désespéré du célibat aurait dû être de jouer de l'ambiguïté, il n'en avait véritablement aucune envie. Il s'entraînait toujours dans sa tête à flirter avec les filles mais ne mettait jamais rien en application, car une fois devant elles il ne ressentait plus aucune envie, ni aucune attirance. A cause de la timidité bien sûr. Et puis Astrid, c'était différent, ça remontait à loin, et il n'y avait jamais eu aucune ambiguïté entre eux.

"Oh merci oui ce sera avec plaisir." lui répondit-il avec un sourire. "Non non, enfin, oui en fait j'attends un ami, mais tu ne me retardes pas vu qu'il est systématiquement très en retard."

« Un visage du passé »

with Patrick D. Winkflied

Astrid fut légèrement soulagée lorsqu'il dit ne pas savoir qu'il y avait eu une vidéo. Elle en fut légèrement surprise aussi, se souvenant combien il aimait être sur l'ordinateur, mais surtout soulagée. Il n'aurait donc jamais vu ces trois hommes ? Mais pouvait-elle vraiment les qualifiés ainsi ? Elle inspira un grand coup avant de répondre à la remarque de Patrick
- Je ne sais pas... Je sais juste qu'ils doivent croupir en prison à l'heure qu'il est. Puis elle changea de sujet, parlant des voyages de Patrick, lui disant qu'il avait de la chance d'être partis, proposant indirectement de se revoir pour qu'il lui les lui raconter. Ce à quoi il répondit que ce serait avec plaisir et qu'il lui montrerait même les photos, expliquant que cela ferait comme si elle y était aller aussi.
- Avec plaisir, dit-elle avec un sourire, on pourrait faire ça un de ses quatre. L'idée lui parut un peu saugrenue sur le coup et puis elle se dit pourquoi pas ! Il fallait bien qu'elle sorte un peu et ne se laisse pas abattre par la tournure des derniers évènements. Elle regarda rapidement l'heure avant de finir par gribouillé son numéro de téléphone portable et de le donner à Patrick. Pour se contacter cela serait plus sûre que par internet maintenant, surtout qu'MSN avait disparu depuis bien longtemps ! Puis elle s'excusa se rendant compte qu'il attendait surement quelqu'un et il le lui confirma la rassurant cependant en lui disant qu'elle ne le retardait puisque ce même ami était souvent très très en retard. Astrid eut un sourire, cela lui faisait penser à Ulysse. Il était rare que ce dernier arrive à l'heure, même si elle n'avait jamais trop longtemps attendu son ami, surtout ses derniers mois.
- Oh, j'y pense, tu m'as bien dit que tu étais dans l'informatique ? Est-ce que tu sais réparer les ordinateurs ? Parce que... Si oui, est-ce que cela te dérangeait si je parle de toi à un ami ? Il a de gros soucis avec son ordinateur...
Elle espérait ne pas le déranger, surtout que si ça se trouvait, il ne savait pas réparer des ordinateurs et créait seulement des logiciels, et en ce cas elle allait passer pour une idiote... Enfin peut-être en tout les cas pourrait-il la renseigner sur un informaticien qui pourrait aider Ulysse...

FICHE © SINENOMINEVULGUS

HRP:

Patrick ressentait une forme de sérénité face à Astrid. Non pas qu'il avait été inquiet, enfin, pendant un temps à l'époque peut-être. Mais une porte ouverte au lointain avait été refermée, ce qui était appréciable, et de plus il était content de lui parler et de voir que tout semblait, en surface tout du moins, aller bien pour elle. Il ne s'attarda pas sur le sujet, qu'elle ne souhaitait visiblement pas aborder. Étaient-ils seulement toujours en prison, dix ans après ? Patrick se le demandait, surtout étant donné l'impunité dans laquelle sévissent souvent ces types là. Ils étaient peut-être sortis pour bonne conduite. Une belle ironie ça tient. En fait, il ne savait pas s'il avait envie de le savoir, ce qui contribuerait à le dégoûter encore plus du monde dans lequel il vivait. Il préféra changer les idées d'Astrid en lui proposant de lui montrer ses photos de voyage, même si elle s'en fichait peut-être, c'était surtout pour lui montrer qu'il ne mettait pas de distance malgré le temps passé et qu'il serait ravi de la revoir dans le futur. Aussi, il prit son sourire comme une confirmation de cela et sourit à son tour. Sa question qui suivit le fit un peu sourire, il n'en avait pas trop marre qu'on le prenne systématiquement pour un réparateur de panne de hardware, ou que ses amis lui demandent de hacker le compte Facebook d'une ex ou de télécharger je-ne-sais-quoi illégalement. Tous ces domaines si variés, et qu'il ne connaissait pas tous très très bien, mais qui pour la plupart des gens étaient de son ressort car faisaient partie du même objet : l'ordinateur. Mais Patrick était un touche-à-tout, même s'il avait ses spécialités, et il aimait bien se rendre utile, enfin, la plupart du temps; alors il ne râlait que si les demandes étaient trop fréquentes ou trop extravagantes.

"- Eh bien, ça dépend quoi, mais... oui je peux toujours essayer, si ça peut rendre service."

Il regarda ensuite son téléphone et vit que son ami allait apparemment "bientôt arriver", et également que l'heure avait pas mal tourné. Il n'aurait pas voulu empiéter sur le travail d'Astrid ou la mettre mal vis-à-vis de son employeur. Il finit d'une traite son verre de coca et la regarda avec un air espiègle.

"- N'empêche, c'est vraiment marrant de t'avoir retrouvée comme ça par hasard. J'avoue que je fais en sorte de garder le lycée loin de ma mémoire, mais ça me rappelle qu'il n'y avait pas du mauvais." finit-il avec un léger rire.

« Un visage du passé »

with Patrick D. Winkflied

Astrid était un peu gênée par sa demande et espérait surtout ne pas l'avoir vexé ou s'être trompé mais Patrick ne sembla pas gêné le moins du monde et lui dit qu'il pourrait toujours essayé.
- Il ne m'a pas vraiment dit le problème, mais si tu as une carte de visite où un endroit, je lui dirais de prendre rendez-vous avec toi, lui proposa Astrid. Puis il but un gorgée de coca tandis que le barman faisait signe à Astrid que sa pause se terminait. La jeune femme hocha la tête et se tourna vers Patrick qui lui dit alors que c'est marrant qu'ils se soient retrouvés comme ça par hasard.
- Je t'avoue avoir fait un peu de même avec les années lycée, dit la jeune femme avec un sourire un peu penaud, mais oui, le hasard fait bien les choses ! Si tu viens souvent ici, on se verra régulièrement comme j'y travaille, lui dit-elle. Je dois y retourner d'ailleurs... A bientôt ? lui demanda-t-elle. Après avoir eu sa confirmation et rattacha son tablier et récupéra son plateau avant d'aller prendre la commande d'une nouvelle table non sans avoir fait un signe chaleureux et amical à Patrick. Elle était vraiment contente de l'avoir revu, et qui sait ? Peut-être se reverrait-il, justement pour parler de ces fameux voyages ? Elle était curieuse de savoir où il avait été, quels pays et cultures il avait pu découvrir, elle qui ne s'évadait que par les livres. Elle se concentra sur son travail, le coup de bourre arrivant. Ce n'était pas le moment de cassé un verre !

FICHE SINENOMINEVULGUS

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