don't put the blame on me (Astrid)

Avec tous les moyens mis à disposition pour faire des rencontres virtuelles, c’était facile de se trouver un rencard. Tate avait la chance d’être mignon et photogénique, donc ça jouait en sa faveur. Il essayait de ne pas trop prêter attention au physique des gens, mais putain entre le mec baraqué, super craquant et le mec un peu moche, le brun avait vite fait son choix. Et puis merde, il ne cherchait pas l’amour, juste un mec pour passer une bonne soirée et pourquoi pas, une bonne nuit. Désolé pour ce James, mais Tate avait choisi de fixer un rendez-vous à Phillip. Rencontrer un parfait inconnu, ça ne stressait pas le jeune homme. Il était du genre sociable et assez bavard pour éviter de laisser s’installer des blancs malaisants. Lorsque vint le moment de se préparer, le jeune Hartwell opta pour un look décontracté mais chic, sous-entendu : « je ne vais pas me mettre sur mon trente et un pour toi, mais j’aimerais que tu remarques que je suis quelqu’un qui a du goût ». Ou un truc comme ça. Donc l’indémodable duo jean, chemise déboutonnée au niveau du cou et une paire de converse noire. Simple mais efficace. Pour les cheveux, il passa un peu plus de temps dessus. Avec sa tignasse, il ne pouvait pas se contenter de se coiffer à l’arrache… parfois, il enviait les mecs aux cheveux vraiment courts… mais ça ne lui allait pas et puis c’était trop hétéro ce genre de coupe. Enfin bref, il était près pile à l’heure pour ne pas être en retard, ni en avance.

Il ne tarda pas à arriver au Red Lion, laissant sa moto sur le parking, il entra dans ce bar qui lui était tellement familier. Chose qui pouvait jouer en sa défaveur puisqu’il était mineur. Mais le mec avec qui il avait rendez-vous était âgé de vingt-deux ans… à moins que ce bouffon mente aussi sur son âge… Car ouais, selon tinder, Meetic et grinde, Tate avait vingt-et-un ans… ça lui évitait de tomber sur des pedobear ou de faire peur aux mecs qui avaient pour principe de ne pas coucher avec des gosses… Mais merde, il était majeur sexuellement parlant, sauf que les gens avaient un souci avec la différence d’âge parfois. Enfin bref, il commanda un smoothie en attendant son rencard. Une fois la boisson finie, il était clair que son inconnu lui avait posé un lapin. Sympa. C’était vexant, mais Tate avait assez de fierté pour ne pas en faire un drame. Il avait changé de place, se posant à côté d’un mec plutôt mignon et peut-être gay… pourvu que son gaydar fonctionne. Il lui expliqua qu’il venait de se faire lâcher par son date et qu’il n’avait pas encore vingt-et-un donc qu’il ne pouvait pas acheter d’alcool. Il fit des yeux de chatons en demandant à l’autre s’il voulait bien commander pour eux deux. Il n’avait pas fait attention à la serveuse qui était assez proche d’eux pour les entendre. Mais au moins, le type avait accepté sa requête et était parti leur chercher à boire. Amen à ça.

Bon, il s’était fait poser un lapin, mais Tate avait peut-être trouvé un remplaçant ! Et même qu’il était prêt à lui commander ses verres d’alcool ! Nice. La soirée n’était pas foutue pour le brun. Et si ce type était gay, il voulait bien finir ivre et nu dans la voiture ou le lit de ce dernier. Son mode de vie était loin d’être sage et sexuellement parlant, il avait conscience d’être parfois dans l’excès… mais à son âge, c’était normal d’être en force pour le faire au moins quatre fois par jour… en vieillissant, il ne le ferait plus que quatre fois par semaine puis quatre fois par mois et enfin, s’il avait de la chance, quatre fois par an. Triste vieillesse. Il fallait bien que jeunesse se fasse et profiter d’être dans la force de l’âge pour se foutre des murges et baiser avec des inconnus. Évidemment, il n’avait pas l’intention de se ranger avant d’avoir au minimum quarante ou quarante-cinq ans, donc il avait encore du temps pour coucher avec des inconnus. En théorie, cette soirée avait tout pour être une bonne soirée.

Mais ce fut sans compter sur la voix de la serveuse qui força Tate à quitter les yeux de son bel inconnu pour tourner la tête vers cette dernière. Nan mais… de quoi elle se mêlait ?! Bon d’accord, elle avait tous les droits de se mêler de ça. Mais merde. Elle voulait gâcher sa vie ou quoi ? Bon il exagérait un peu. « Hey, je suis bien plus mature que mon âge. Vous pouvez pas chipoter à deux ans près. Et puis, c’est surement moins dangereux que je boive ici sous la surveillance d’adulte que dans la nature, non ? Parce que vous savez, des établissements qui ne surveillent pas attentivement l’âge de leurs clients, y en a des tonnes. » Il restait courtois et calme, il expliquait juste sa façon de voir les choses en faisant, au passage, un peu de chantage. Mais de son point de vue, ça se tenait parfaitement ce qu’il disait. Cette loi sur l’alcool le rendait fou. Les États-Unis avaient pas mal de défaut dont cette règle stupide.

Les règles étaient débiles ! Dans la plupart des pays du monde, on pouvait boire à dix-huit, mais pas dans le soi-disant pays des libertés. Nan parce que la liberté, c’était relatif pour les Américains. Ceci dit, vu qu’on pouvait avoir un flingue sur soi à tout moment, c’était sûr qu’il fallait éviter de laisser les gens être ivre ! Ils n’avaient pourtant pas besoin de ça pour jouer aux cowboys. Plus Tate approchait de ses vingt-et-un, plus il était frustré car il était toujours trop jeune. Et il ne pouvait rien faire contre ces règles à la con… Mis à part se procurer une fausse carte d’identité… Idée qui murissait de plus en plus dans sa tête car il en avait marre d’être considéré comme un gosse trop jeune pour boire… Et parce qu’il était vraiment impatient de pouvoir être vraiment libre de faire ce qu’il voulait. Sous la tutelle de ses parents… et puis quoi encore ? Il voyait mal son père ou sa mère lui donner le feu vert pour se murger chez eux. La serveuse lui proposa cependant de commander une boisson sans alcool.

« Les lois sont débiles. J’aurais le droit d’avoir un flingue à ma ceinture, mais pas de boire une pauvre bière. Bienvenue dans la culture du meurtre de masse avec zéro gramme d’alcool dans le sang, pesta-t-il doucement pour lui-même avant de reprendre la parole. Un smoothie exotique avec un paquet de marshmallow et une petite voiture alors, s’il vous plaît. » Qu’il lâcha avec une grosse dose de sarcasme. A y réfléchir… c’était plus l’interdiction qui le révoltait que de devoir boire un smoothie, il aimait les trucs sucrés… mais vraiment, la loi était nulle. L’autre était revenu avec une bière… juste pour lui. C’était pas juste ! Okay calme Tate. Il faut prendre les choses avec philosophie. Ça ira mieux la prochaine fois. Il était au moins en compagnie d’un type mignon. Après son smoothie à la con, il pourrait lui proposer d’aller chez l’inconnu. Ils pourraient s’amuser là-bas au moins… Et plus si affinités. Et personne n’allait les faire chier. Bon, déjà, fallait qu’il fasse du charme à l’inconnu.

Si Tate devait être comparé à quelqu’un à ce moment précis, ce serait caliméro. En attendant sa commande, il proposa donc à l’homme avec qui il était si celui-ci voulait bien qu’ils aillent finir la soirée chez lui après être passé chercher de l’alcool dans une supérette. Il avait utilisé même son argument du désespoir : sa bouille à mi-chemin entre mignonne et espiègle. Ajoutant un petit commentaire pervers au sujet du reste de la nuit et visiblement, son interlocuteur était gay ou bi. Bon, c’était toujours ça de gagner. Pas de bière au bar mais de l’alcool chez un potentiel plan cul. Il ne voulait pas crier victoire trop vite, mais ça semblait bien partie en tout cas. La femme revint donc avec son smoothie et ses marshmallows. Bon, c’était sucré et bon à défaut d’être alcoolisé. Et puis les fruits, c’était plein de vitamines et vu qu’il avait de prévu pour la nuit, autant être en forme.

« Merci. Hum je sais pas, j’ai le droit de partir avec un mec plus âgé que moi pour des choses pas très catholiques où vous allez appeler la police ? De toute façon pour ça je suis majeur alors faire venir les flics pour rien ça leur fera peut-être pas plaisir. » Il lâcha encore un peu provocateur, mais jamais sans sombrer dans la vulgarité ou l’attaque. Tate était un petit merdeux par moments, mais jamais un sale gosse qui allait beaucoup trop loin. Il savait rester à la limite de l’indécence. Honnêtement, lorsqu’il voulait l’être, il savait très bien se comporter de façon passive agressive, il lui suffisait de basculer un peu plus loin et le tour était joué… Mais là, il n’avait pas encore franchi la limite. De toute façon, il n’avait pas l’intention de s’attirer des ennuis alors qu’il allait bientôt partir s’amuser avec son futur potentiel plan cul.

Encore heureux, elle n’avait pas l’intention de le faire chier pour ce qu’il s’agissait de la suite de la soirée. Tate ne s’était pas vraiment attendu à ce qu’elle réponde en fait. Il fallait reconnaître qu’il avait joué au con ce soir. Enfin, il savait qu’il y avait dix fois plus con que lui. Il avait juste du mal à garder pour lui les choses qu’il trouvait injustes. Promis, lorsqu’il aurait vingt-et-un ans, il viendrait au secours des mecs de dix-neuf ans qui voulaient boire. En dessous de seize ans, nan il éviterait. Mais bon, il avait bu des bières à seize ans et il était toujours en vie. Il avait du mal avec les lois à ce niveau-là et il l’avait clairement fait comprendre ce soir. Pour ce qui était du consentement, son vis-à-vis n’avait pas l’air d’être pris en otage, il n’avait pas non plus de flingue braqué sur son service trois-pièces sous la table. Pourtant, avec son âge, Tate aurait pu avoir un flingue… s’il n’avait pas été contre.

Elle lui avait fait le grand smoothie au prix du petit… Bah putain elle, était sympa. Sans avoir été un goujat, le grand brun n’avait pas été le plus adorable garçon du bar. Les gens étaient bizarres des fois. Mais bon, il n’allait pas cracher dessus. Elle n’avait pas été méchante et n’avait fait que respecter les stupides lois américaines … Tate lui laisserait un bon pourboire. Au nom de tous les emmerdeurs qui veulent boire de l’alcool mais qui ne peuvent pas. Il profita donc de sa boisson fruitée et des sucreries qu’il avait commandées en discutant avec son « nouvel ami ». Au moment de payer, il allait régler, sa commande, laissant 25% de pourboire au lieu des 15 ou 20%s% habituels. Après tout, il avait les moyens et vu la patience de la brune, il pouvait bien faire ça. Il s’en alla donc avec son futur plan cul.