You and I are more than friends... II Soan x Beth

Il faisait bon aujourd’hui à L.A. et Soan souriait à belles dents en prenant la direction d’Echo Park à dos de vélo. Il en avait pour une petite demi-heure mais c’était toujours mieux que de se taper le métro ni même les bouchons en voiture et, de toute façon, il n’avait toujours pas passer son permis. En plus, ça permettait à Link de se dégourdir les pattes à grandes foulées à travers les artères agitées de la ville et le jeune égyptien savait à quel point son braque de weimar avait besoin de se défouler.

Comme à chaque fois qu’il sortait de chez lui pour aller se sociabiliser, Soan avait une petite boule au ventre. Il n’aimait pas ça. Alors, certes, avec Beth c’était différent. Après tout, il connaissait la blondinette depuis 4 ans déjà et elle était bien plus qu’une simple connaissance via internet. C’était une amie, une de celle qu’on veut garder bien au chaud dans un coin de sa vie sans que personne ne vienne lui la prendre. C’était peut-être ça le soucis, avec Beth. Elle était devenue importante pour lui, surtout depuis qu’il était arrivé à L.A. grâce à elle et il n’avait pas envie que quelque chose lui arrive ou qu’elle finisse par s’éloigner. Foutu passé qui l’empêchait d’avancer, de s’investir.

Arrivé devant la résidence de Beth, Soan détacha son chien, alluma une clope et sonna à l’interphone de chez son amie. Cela faisait un moment qu’il ne l’avait pas vu et la dernière fois qu’ils avaient bu un thé ensemble, Beth était enceinte jusqu’au cou, tellement qu’on aurait pu penser qu’en lui perçant le bide elle exploserait ! Aujourd’hui, son petit gars était né et Soan allait le rencontrer. Un vrai challenge pour le jeune homme car il n’avait jamais tenu un môme de sa vie et il espérait très fort pour que Beth ne lui demande pas de lui changer sa couche parce que c’était la catastrophe assurée.

Link remuait la queue comme un attardé, il a-do-rait Beth. Et il aimait encore plus venir jusqu’à chez elle pour courir après Kuro, le chat. Putain de chat quoi. Soan ne comprendrait jamais comment on pouvait préférer avoir un félin plutôt qu’un canidé. Secrètement, l’égyptien espérait qu’un jour son braque de weimar bouffe le chat, comme ça il pourrait offrir un petit chiot trop mignon à sa pote, pour se faire "pardonner". Seulement voilà, Link adorait Beth, mais il adorait aussi son chat.

Beth mettait trois plombes à arriver et le jeune homme perdait patience. Il prit son téléphone portable et lui envoya un sms qui disait « BETH ! DING DONG ! ». Il n’avait pas encore lu la dernière notification de la Bitchcation et hésitait encore à cliquer dessus. Un jour, peut-être, il arriverait à ne pas craquer et à ne pas lire ce ramassis de conneries… Mais il y avait toujours quelque chose qui le poussait à ouvrir l’application et s’abreuver des gossips. Peut-être un nom qu’il voyait de temps en temps.

Il entendit la porte s’ouvrir alors il jeta sa clope et il rangea rapidement son téléphone dans sa poche arrière. Beth, cernée au possible avec les cheveux mal coiffés, mais toujours aussi rayonnante, venait tout juste d’arriver pour le faire rentrer chez elle.

« Je t’attends depuis 10 minutes au moins ! exagéra-t-il en pointant du doigt une montre inexistante sur son poignet. Link peut rentrer ou tu préfères que je l’attache dehors ? Avec Hiro t’as peut-être pas envie d’avoir des poils partout. »

En entendant son nom, le chien qui était en train de sniffer une mauvaise herbe qui dépassait du trottoir -très probablement pleine d’hormones de chat- se retourna et sauta sur Beth en la léchant vigoureusement. Le braque n’avait pas encore atteint sa taille adulte mais il pesait déjà son poids en pesetas.  

Après que Beth se soit excusée deux fois de l'avoir fait patienter, Soan se sentit un peu mal. C'est vrai qu'au final, la pauvre Beth devait être complètement éreintée à force de s'occuper de son poupon et il n'avait pas pensé au fait qu'elle était sûrement occupée. Mais comme d'habitude, la jolie blonde ne se formalisait pas du manque de tact de son meilleur ami, elle gardait son sourire et sa bonne humeur, résistante à toute épreuve.

Lorsque l'égyptien rentra chez Beth, il lâcha Link dans le jardin et le vit tout de suite courir vers là où devait se cacher l'inutile Kuro. *Vas-y mon chien, chope le, bouffe le !* pensa-t-il en riant machiavéliquement dans ses pensées. Puis il entendit Beth parler à son fils et lorsque Soan perçu le mot "tonton" pour le qualifier, il sentit une bouffée de fierté l'envahir. Il faisait quasiment partie de la famille et ça lui faisait un bien fou d'avoir des repères à L.A. Ses frères lui manquaient horriblement et il n'avait pas eu de nouvelles de ses parents depuis des semaines. Il considérait déjà Beth comme une soeur, mais il n'avait jamais évalué son degré d'appartenance dans sa vie à elle.

Beth lui présenta officiellement son fils et pendant un court instant Soan cru qu'elle allait lui tendre afin de le mettre dans ses bras. Il fut cependant soulager de voir qu'elle n'en fit rien. Il n'était pas encore prêt, il aurait eu trop peur de le casser ou de le faire tomber. D'abord, il devait s'asseoir ! Et c'est d'ailleurs ce que Beth lui intima de faire.

« Quoi de neuf depuis le temps ? lui demanda-t-elle pendant qu'elle s'installait à son tour, trouvant une position confortable pour elle et son bébé.

- Oh... Tu sais, le boulot et puis voilà quoi. Y'a ce nouveau film sur lequel je bosse, tu sais ? Le nouvel assistant réal' est un abruti de service j'te jure. Pour la première fois de ma vie j'ai envie d'envoyer des rumeurs à la Bitchcation rien que pour le voir se décomposer. Et encore, j'suis sûr que ce chacal trouverait le moyen d'en tirer profit. Tout en fulminant intérieurement, Soan se cala bien au fond du fauteuil et passa ses mains derrière sa nuque en regardant au plafond, fuyant le regard de sa meilleure amie. Et puis... Tu sais je t'ai parlé de cette fille là, avec qui je parle sur le Série Planet, le forum où je vais des fois ? Bon bah, elle m'a encore demandé de la rencontrer et... Et je sais pas. Je crois que je vais y aller cette fois mais putain Beth... Beth tu me connais non ? J'vais avoir l'air d'un con. Ça fait 2000 ans que j'ai pas été à un rendez-vous. Enfin, c'est PAS un rendez-vous mais je vais quand même être seul avec une fille que j'ai jamais vu de ma vie et... Putain j'ai 32 ans dans 1 mois et j'ai la vie sentimentale d'un adolescent. Tu crois qu'après trop d'année d'abstinence on redevient puceau ? Je suis re-puceau Beth, j'suis sûr. MAIS BREF C'EST PAS UN RENDEZ-VOUS !! Après ce monologue, Soan cria ses derniers mots plus pour lui-même que pour son interlocutrice et enfoui son visage dans ses mains avant de soupirer. J'suis qu'un blaireau Bethy... »
 

Il avait bien fait de venir. Soan écoutait sa meilleure pote le réconforter et ça lui faisait du bien, même si il avait parfois l'impression d'être un gamin et qu'elle était sa soeur. Ou sa mère. Elle commença d'abord par le menacer de le frapper et son regard moqueur se posa sur elle un court instant mais il ne répondit pas et la laissa continuer.

Lorsqu'il entendit la jeune femme lui rappeler à quel point il avait besoin de rencontrer des gens autrement que derrière un écran, la mine de l'égyptien se renfrogna et il émit un petit son guttural discret. Il savait pertinemment qu'elle avait raison mais il s'évertuait toujours à rester le plus loin possible des autres afin d'éviter tout attachement, tout problème relationnel ou sentimentaux. Cependant, sa morosité disparue rapidement quand Beth compara sa vie sexuelle au tournage d'un film et il ne put s'empêcher de rire doucement. Y'avait qu'elle pour faire des comparaisons aussi adéquate et en même temps complètement absurde !

Tout en l'écoutant, Soan regarda Beth rapporter un plateau de la cuisine. L'odeur du thé lui remonta aux narines et il n'était pas certain qu'il allait aimer. Par contre la vue des biscuits qui accompagnaient la théière et les tasses lui donnait l'eau à la bouche et ses yeux brillaient déjà rien qu'à imaginer leur goût délicieux fondant sous sa langue. On pouvait dire qu'elle savait accueillir son meilleur ami. Beth lui avait préparé les petits sablés au citron qu'elle avait apporté lorsqu'elle l'avait aidé à déménager. La nana parfaite quoi. Non seulement la jeune femme avait insisté pour venir l'aider, mais en plus elle avait apporté ce qui étaient devenus les meilleurs biscuits du monde pour Soan.

« Enfin, dans tout les cas c'est pour te dire que c'est une bonne chose, oui c'est stressant mais...si tu m'en parles c'est qu'en soit... Tu sais un peu déjà quelle sera ta décision et... Je te soutiens à fond, c'est bien que tu sortes et vois du monde ! finit-elle par lui dire en posant le plateau sur la table basse et en lui servant une tasse de thé. C'est un thé Bancha, tu me diras ce que tu en penses...

Le jeune homme apporta la boisson à ses lèvres en soufflant dessus pour ne pas se brûler puis il goûta le suspicieux thé Bancha. Ce n'était pas sucré et il ajouta quelques cuillère afin d'adoucir un peu l'amertume du thé puis il goûta à nouveau. Ça lui plaisait pas mal !

- Arigato gozaimaaaaasu ! dit-il d'un air enjoué en plissant les yeux et en faisant une petite courbette, renversant du thé brulant sur son pantalon. Roh merde, quel con. Beth s'apprêtait à se lever pour lui chercher de quoi s'essuyer mais il lui fit signe de ne pas bouger. Tu restes ici toi ! Je vais chercher un mouchoir.

Il se leva de son fauteuil en reposant la tasse sur la table basse et chercha des mouchoirs dans la cuisine.

- Je sais que t'as raison au sujet de cette fille, dit Soan pour poursuivre leur conversation. Je vais y aller, c'est sûr, elle a des places pour le festival dont je t'ai parlé l'autre jour. Il s'accroupit pour ouvrir un placard et trouva un rouleau d'essuie-tout. Enfin, j'y vais pas QUE pour ça, je me voilerais la face si je te disais que c'est la seule raison. Évidemment j'ai envie de la rencontrer, elle est gentille, drôle, hyper intéressante, pas cruche... Parfois on dirait qu'elle a 15 ans, quand elle part dans ses délires, mais c'est aussi ça que j'aime bien chez elle... Finissant d'éponger la tâche sur son pantalon, il jeta le morceau de tissu et vint se rasseoir auprès de sa meilleure amie.

- Enfin, sur le fond on est quand même vachement différents quoi. J'suis solitaire, elle est bien entourée. J'suis casanier, elle est toujours sortie faire du sport ou à la plage. Tu sais à quel point je hais la plage... Mais j'en sais rien, elle a un truc... Son esprit vagabondait et il se rendait compte qu'il n'avait encore jamais vu son visage mais que ça lui importait peu. Enfin, je te raconte tout ça mais c'est fort probable que je spécule pour rien et qu'elle n'en ait rien à foutre de moi, qu'elle me voit juste comme un type lambda et que personne voulait venir avec elle à ce festival ! Il posa une main sur le genou de Beth, se rendant compte qu'ils n'avaient fait que parler de lui. Bon, comment ça va avec Daryl et le bébé, sinon ? »

Beth savait toujours déceler la vérité en Soan. Il avait beau être un geek solitaire, elle savait qu'il restait quelqu'un de sensible et qu'il donnait de l'importance dans le regard des personnes qu'il estimait un minimum. Elle mit le doigt sur ce qui le tracassait vraiment et le jeune homme était frustré d'être un livre aussi ouvert pour sa meilleure amie.

« Elle me plaît, oui... dit-il en enfournant un gâteau en entier dans sa bouche comme un gamin. Elle me plait chans même que je chache à quoi elle rechemble, t'imachines un peu le délire ? » ajouta Soan, la bouche pleine de biscuit.

Buvant une gorgée de thé, il s'affala dans son fauteuil mais se redressa tout de suite lorsqu'il aperçu la mine attristé de Beth. La jeune femme lui évoqua ses difficultés à comprendre son époux, lui qui restait sans cesse figé dans son mutisme quant à ses expériences passées. Daryl l'aidait avec Hiro mais apparement il s'évertuait à rester silencieux sur sa vie au front et Soan savait à quel point c'était blessant pour Beth. Certes, elle ne pouvait pas lui en vouloir de ne pas avoir envie de lui en parler, mais Soan comprenait que la jeune maman avait besoin de comprendre son mari, pour traverser les épreuves ensemble et non chacun de leur côté.

Le jeune égyptien se leva doucement et vint se blottir à côté de la petite blonde qu'il entoura de son bras afin de la serrer contre lui. Elle posa sa tête contre son torse et versait quelques larmes. Doucement, imperceptiblement, il bougea d'avant en arrière comme pour la bercer afin qu'elle se sente mieux. Et dire qu'il l'avait bassiner pendant une heure avec ses histoires de forum et de rencontre virtuelle alors qu'elle avait ça sur le coeur... Il s'en voulait terriblement.

« C'est pas à toi de t'excuser Bethy, tu sais que tu peux être toi-même avec moi. ajouta-t-il en passant ses doigts dans ses cheveux blonds. C'est plutôt moi qui devrait m'excuser de ne pas avoir pris de tes nouvelles plus tôt et de t'avoir parlé de mes histoires sans intérêt... Tu sais, Daryl t'aimes énormément et je pense qu'il a juste peur de t'en parler. Ce qu'il a vécu doit être difficile à exprimer, à partager. Il ne veut sûrement pas que tu t'inquiètes pour lui même si je sais que ça doit être difficile pour toi... Dis-toi que c'est peut-être mieux si tu ne sais pas ? Soan essayait de la convaincre mais il avait lui-même du mal à croire en ses mots. Au plus profond de lui-même, il en voulait à Daryl de faire pleurer sa meilleure amie, elle qui méritait tout ce qu'il y avait de mieux. Mais il ne lui disait pas, ce serait une discussion qu'il aurait un jour avec Daryl, pas avec Beth. Est-ce que tu sais si il va devoir y retourner ? Peut-être que ça le stress, ça aussi, nan ? »

Pendant que Soan serrait sa meilleure amie contre lui, celle-ci se confiait doucement. Le jeune homme apprit par la même occasion que Daryl était de retour pour de bon et qu'il n'aurait pas à retourner au front. Soan ne savait même pas qu'il bossait à la LAPD depuis son retour, et dire qu'il prétendait être un ami pour Beth ! Pff... La petite blonde lui raconta à nouveau comment ils s'étaient rencontré -ça, il savait au moins- et ses craintes au sujet de leur vie de couples qui avait l'air compliquée depuis le retour de Daryl.

Beth s'excusa ensuite de raconter toutes ces choses et Soan ne répondit pas. Au fond, ça ne servait jamais à rien de dire "Mais non, t'inquiètes" car il savait pertinemment ce qu'on ressentait quand on avait besoin de vider son sac tout en ayant l'impression de déranger. Au fond, le trentenaire était sûr que Beth savait qu'elle ne le dérangeait pas. Alors comme réponse muette, il la serra un peu plus fort contre lui en silence avant de relâcher son étreinte pour la laisser un peu respirer.

« Je leur ouvre ? demanda la jeune femme en regardant vers la baie vitrée.

Soan tourna la tête et aperçu son chien avec sa bouille adorable -et ce satané de Kuro avec ses yeux de démons- qui faisaient des traces sur la vitre à force de la lécher de la gratter pour attirer l'attention de leur propriétaire. L'égyptien acquiesça et se dirigea vers la porte-fenêtre afin d'ouvrir aux deux bestiaux. Il laissa le temps à Beth de prendra Hiro dans ses bras car, il en était sûr, si le bébé restait dans son transat, Link irait directement vers lui pour humidifier de bave son joli petit minois.

Accueillant ensuite son chien avec des caresses et des gratouilles derrière l'oreille gauche, Soan sortit une petite friandise de la poche intérieure de sa veste. Il en trimballait toujours un peu avec lui histoire de récompenser son chien quand il agissait convenablement. Là, il avait juste envie de lui faire plaisir. Le faisant s'asseoir avec un ordre court, Soan fit quelques pas en arrière avant de jeter la friandise en direction de Link. A quelques centimètre de la gueule grande ouverte de son chien, la friandise fut intercepté par un coup de pattes mesquine. Kuro. Le chat ramassa la friandise, tombée à terre, aussi rapidement que l'éclair et l'engloutit avant de s'éloigner tranquillement.

- Nan mais j'hallucine ! s'indigna Soan en se tournant vers Beth. Ton chat vient de voler la bouffe de Link ! T'as vu ça ?! J'en peux plus de ces bestioles. ajouta-t-il avant de donner une seconde friandise au braque de weimar, directement dans sa gueule. Le jeune homme vint ensuite se rassoir prêt de sa meilleure amie et soupira d'exaspération. Pour terminer la discussion au sujet de Daryl, je pense sincèrement qu'il n'aurait pas choisi de quitter l'armée si il n'était pas heureux avec toi, ici. Il a choisi cette vie avec toi, tu ne le lui as pas imposé, je te connais. Peut-être qu'il faudrait qu'il change de branche ! Quitter l'armée pour entrer chez les flics, c'est peut-être pas la meilleure solution... Et ton boulot sinon ? T'as pas d'élèves trop chiants ? » ajouta-t-il en souriant, histoire de détendre un peu l'atmosphère.