Adelina| Premiers pas

La journée était superbe et la chaleur encore agréable en cette fin d’après-midi. La fin du mois de Mai 2017 offrait une belle palette de température ce que Adelina Flores appréciait tout particulièrement, surtout étant donnée qu’elle venait de passer 48h coincée à l’intérieur du bâtiment froide et antiseptique du Ronald Reagan Medical Center. Elle avait eu une longue garde compliqué par deux opérations cardiaques ainsi qu’une arrivée massive de patients aux urgences suite à un accident de bus. Lorsqu’à 7h ce matin-là, elle était sortie de l’hôpital, son propre cœur avait presque manqué un battement en voyant s’annoncer une superbe journée qu’elle allait probablement manquer.

Une fois rentrée et douchée, la jeune femme s’était tournée vers son lit et avait rejoint les méandres de son sommeil pendant une sacrée paire d’heure. A 14h, la maman avait émergé et avait pris le relais auprès de sa mère qui elle devait partir travailler en ce samedi après-midi. Adelina avait désormais le temps et la volonté de s’occuper de son poupon devenue presque grand. Rafael avait désormais 19 mois soit 1 ans et 7 mois. L’enfant se tenait désormais assis, rampait, et avait des dents mais il avait encore du mal à marcher et à se mettre debout. La jeune femme, voyant que son bambin approchait les 2 ans et ne marchait toujours pas, s’était inquiété et avait demander son avis à un ami pédiatre qui lui avait déclaré qu’avec une maman aussi occupée, c’était souvent normal de retarder la marche pour l’enfant qui ne se sentait pas assez en confiance pour se lever et commencer à marcher de lui-même. A cette annonce, Adelina s’en était voulu des semaines durant.

La journée encore assez jeune, malgré la sieste d’Adelina, celle-ci avait décidé d’emmener son bambin au parc pour le pousser à apprendre à marcher et ainsi passer un moment privilégié avec son fils. Elle était donc arrivée au parc armée de son sac à bébé, sa poussette dans lequel bébé secouait vivement les jambes heureux de voir d’autres enfants. Il poussait des cris de joie et s’essayait à phrase tel que « Maman pousse ! » qui signifiait qu’il était content de partir en vadrouille.

Perdue dans ses pensées et surtout à la recherche de ses linguettes pour nettoyer les mimines de son fils en cas de chute, la jeune maman ne vit pas tout de suite que son garnement venait de se faufilait  dans l’herbe et filait en rampant vers une autre maman. La jeune femme leva donc la tête vers son bambin  qui ne se trouvait plus à l’emplacement elle l’avait installé l’instant d’avant et qui filait à toute allure. «  Rafael ! » s’écria t-elle avec un fort accent mexicain. « Rafael, mais où es-tu donc ? » Une pointe d’inquiétude perça sa voix tandis qu’elle cherchait le bambin du regard soudain prise de panique. Mais bon sang où était-il ?

Puis quelqu’un sembla interpeller la jeune maman. Il s’agissait d’un jeune femme blonde d’un peu près le même âge que l’hispanique. Elle était très jolie et son visage semblait refléter le bonheur pur. C’était probablement une toute jeune maman au vu de la  poussette toute neuve qu’elle tenait fermement d’une main. De l’autre elle protégeait une petite tête brune de la chute. Cette petite tête brune, Adelina la reconnut en battement de cœur. Elle attrapa sa poussette, et ses sacs avant de se diriger vers la jolie blonde. «Ô mon dieu Rafael, mais où étais-tu donc passé ! Maman a eu très peur ! » Une fois arrivée au niveau de son fils, elle abandonna tout pour le prendre dans ses bras et le serrer tout contre son cœur. Elle soupira de bonheur avant de s’adresser à la jeune femme. « Merci, mon dieu, merci ! Je suis vraiment désolée pour cela, il a dû du vous déranger ! »

Puis se souvenant qu’il lui fallait respirer, Adelina se calma et inspira un grand coup. «  Merci encore une fois. Je m’appelle Adelina et vous ? »

@Beth Drixen

Spoiler:

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Son petit monstre en fuite, Adelina avait paniqué. Certes il ne marchait pas encore mais il avait déjà l’art de s’enfuir et de se faufiler hors de portée de sa maman. L’enfant avait une énergie folle que sa mère avait dû mal à réprimer. Le pédiatre lui avait pourtant dit qu’il ne fallait pas réprimer cette énergie et plutôt s’employer à développer ses capacités cognitives et à lui trouver des activités pour utiliser cette énergie à bon escient. La panique dans les yeux de la jeune maman se transforma en soulagement lorsqu’elle aperçut le bambin accroché à la poussette d’une autre jeune maman.

La jeune maman avait désormais la responsabilité obligée de s’occuper du petit tant que sa mère n’avait pas récupéré Rafael. Le sourire de la jolie blonde rassura la brune, elle sentit en elle comme une vague de soulagement intense mais aussi qu’elle pouvait faire confiance à la blonde.
Lorsqu’elle arriva à leurs hauteurs, elle attrapa son enfant dans ses bras. « Oui, ce petit monstre a une certaine tendance à être attirer par les autres bébés. Il se met à pleurer lorsque je le sépare de bébés plus jeunes. Encore heureux qu’il ne parle pas encore sinon il me demanderait probablement un petit frère ou une petite sœur. » Dit-elle dans un éclat de rire digne d’elle. « Il a 17 mois. Je vois que vous aussi vous avez un adorable petit bébé. Il est tout jeune, je suppose ? » Elle se posta au dessus de la poussette et regarda le petit bébé. Il n’avait que quelques mois et ressemblait en tout point à sa maman. Adelina montra le bébé à son fils. « Regarde comme il est mignon, Rafael. Toi aussi tu as été aussi petit. » Puis s’adressant à la jeune femme « C’est votre portrait craché. Comment s’appelle t-il ? »

Adelina observait le petit bébé qui dormait paisiblement serrant son adorable ourson. « Enchantée Beth. Avec grand plaisir. Je serais heureuse de faire votre connaissance et celle de votre Magnifique poupon. » Elle adressa un superbe sourire à la blonde, récupéra ses affaires et retourna s’asseoir auprès de Beth.  « C’est votre premier ? »

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Adelina regarda son bambin. Elle tenait tant à ce petit bout de chou qui la faisait courir partout. Elle s’en voulait de ne pas passer assez de temps avec lui et de se laisser submerger par son travail. A l’heure actuelle, la jeune femme de presque trente ans désirait prendre son indépendance et vivre enfin toute seule. Mais avec son fils qui allait entrer dans une nouvelle crèche bientôt  et ses gardes prenant certaines de ses 48h complètes, la brune se demandait si c’était vraiment une bonne idée. « C’est normal, la curiosité est vivace chez les jeunes enfants. Vous verrez quand votre petit bout de chou aura grandi. Il passera son temps à courir. » La brune caressa la tête de son bébé avant de le faire s’asseoir sur ses genoux. « Oui, il est un peu en retard dans cet apprentissage là mais c’est un peu ma faute. Je travaille trop… » soupira t-elle. L’enfant se mit à se débattre. Il commença à s’agiter en tapant le visage de sa maman. « Ouuuh Monsieur s’énerve. » dit-elle en le posant. « Hiro ? C’est japonais n’est-ce pas ? »

Remarquant le carnet et le stylo au sol, Adelina devina que c’était de la faute de son adorable bambin destructeur. « Veuillez m’excuser si vos affaires sont tombés par terre à cause de ce petit monstre. » Adelina observait le bébé en tenant la main de son propre fils. « Le papa doit être très beau. Car votre bébé est magnifique. » Elle attrapa une bouteille d’eau dans son sac bébé et remplit le biberon de son fils avant de le lui donner. Rafael attrapa le biberon et se mit à boire avidement. Le papa… Le pauvre bambin en avait un certes mais il n’était pas dans leur vie. Triste histoire. « Oui, vous êtes complètement gaga de votre bout de chou. J’étais pareil. On refuse de lâcher bébé. » Puis elle ajouta « Il est beaucoup plus calme que Rafael au même âge. »

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Rafael tenait son biberon avec ses deux petites mains et observait les autres enfants qui jouaient tranquillement. Il s’était calmé au moment où il avait pris la bouteille.  Manger avait un effet dingue sur cette enfant qui dès qu’on lui tendait un biscuit s’arrêtait pour venir l’attraper et le mettre dans sa bouche d’une manière ou d’une autre. La maman blonde semblait soutenir la brune et cela réchauffait le cœur d’Adelina. « Merci. Cela fait plaisir d’entendre de tels mots. Toutes les amies de ma mère me le reproche. Il est vrai que ce serait bien que je profite un peu plus de lui avant de me rendre compte qu’il a déjà 18 ans. » Il était compliqué pour la jeune femme de pouvoir prendre le temps de s’occuper de son fils sachant qu’elle faisait des services de 48h une fois par semaine et travailler souvent de nuits. Les américains avaient un sérieux problème de cholestérol et mettaient vraiment leur santé en danger tous les jours. « Oui, il a le même caractère que sa mère. C’est donc un petit démon en création. Une petite boule de feu. » Puis marquant une pause, la brune ajouta : « Vous êtes née au Japon ? Ce n’est pas courant ça. Vous y avez vécu longtemps ? » Il n’était pas étonnant que l’on juge la brune par ses origines visibles et qu’on la prenne de haut malgré ses hautes études, son travail et tout le chemin qu’elle a fait pour en arriver là.

Se rendant compte qu’elle avait probablement fait une boulette, Adelina se sentit obligé de s’excuser elle-même auprès de la jeune femme. « Veuillez m’excusez. Je ne savais pas que… Que… » Ne voulant pas remuer le couteau dans la plaie et ne sachant pas vraiment quoi dire, elle ajouta : « Je vous comprends, c’est pareil pour moi. Croyez-moi on finit par s’y faire.. » Elle espérait de tout cœur que cela irait mieux pour la jeune femme aussi. Elle posa une main sur l’épaule de cette nouvelle amie.

Adelina rit aussi doucement. Rafael aussi avait été un bébé bruyant dans son temps. Temps qui n’était pas si loin. «Cela lui passera, il finira par se calmer et devenir un bébé un peu plus calme. Enfin, je l’espère pour vous. » Puis lorsque Beth commenta sur l’admiration qu’avait son poupon pour son propre fils. « Je crois qu’il s’admire mutuellement. C’est peut-être le début d’une merveilleuse mais drôle amitié. » Plaisanta t-elle. « Le début est toujours compliqué. Je n’ai pas eu réellement le temps de comprendre ce qu’il se passait que je devais le quitter. »

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Adelina jeta un oeil à son téléphone, celui-ci lui rappela brièvement que son travail allait bientôt prendre le pas sur sa vie de famille. La jeune maman avait eut la chance de pouvoir passer un agréable journée avec son fils et avait pu faire autre chose que dormir tandis que l’enfant se faisait garder par sa grand-mère. Être chirurgien- cardiologue à 30 ans et être maman ce n’était pas la plus facile des vies. Peut-être qu’elle aurait avorter alors qu’il en était encore temps. Parfois, elle se demandait ce qu’elle aurait pu devenir et comment sa vie aurait était si elle n’avait pas eu Rafael. Puis bien sûr, elle rappelait tous les bonheurs que son fils lui apportaient et se rendait compte qu’il était stupide de penser à ce qu’elle serait sans lui. « Toutes les mamans font de leurs mieux, je suppose. Certains doivent juste pousser plus dans leur vie professionnelle. Je peux toujours essayer de m’arranger oui mais cela me coutera sûrement chers. »

Le caractère de la famille Flores était connu dans le quartier dans lequel elle avait grandit. Les Flores étaient incandescent, flamboyant mais impossible à dresser. C’était aussi pour cela que la brune était une grande célibataire. « Oh, tout s’explique ! C’est une chance que vous avez eu de vivre là-bas ! Je n’ai vécu qu’au Etats-Unis et c’est un de mes petits regrets. »

Elle aurait aimé plus voyager mais elle adorait les études supérieures et n’avait pas eu l’opportunité de partir mais elle avait fait des choix qui l’avaient mené à ce qu’elle était désormais. En face d’elle se trouvait une femme qui se confia à elle et qui visiblement en avait besoin. « Je m’excuse encore une fois. Je n’aurai pas dû vous demander ça. Je n’aime pas qu’on me le demande. J’espère qu’il reviendra… »

Un nouveau sourire se posa sur les lèvres de la pseudo-mexicaine. « Ils grandissent bien trop vite. » En septembre, son fils allait déjà avoir deux ans et il devenait de plus en plus indépendant. C’était étrange que de voir un très petit être humain devenir grand. « Je viens de temps en temps, dès que je peux à vrai dire.  Et vous ? »

Jetant un second coup d’œil à son portable, elle se rendit compte qu’elle devait bientôt partir bien qu’elle aurait préféré rester un peu plus longtemps ici. « Je suis désolée, il va me falloir me rendre à mon travail dans deux heures. J’espère cependant que nous pourrons nous revoir bientôt. »

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