LACF #4 - Le jardin magique

La Los Angeles County Fair. Dinah n'avait pas la moindre idée de ce que c'était mais elle avait voulu s'y rendre tout de même. Ça avait encore été toute une épopée d'arriver jusque là en bus. La brune soupira doucement, arrangeant ses lunettes de soleil sur son nez avant d'entrée dans ce qu'ils appelaient Le jardin magique. Bon, c'était un beau jardin, certes, mais pourquoi magique ? Dinah se fraya un passage à travers la foule qui semblait camper l'entrée et commença à parcourir les allées de fleurs, observant ici et là les diverses variétés présentes. Étrangement, ça lui rappelait sa communauté et sa stupidité qui l'avait poussé à chambouler toute sa vie, si jeune. Dix-huit ans d'apprentissage ne pouvaient visiblement pas être effacé aussi facilement qu'elle l'aurait voulu. Tout le monde semblait si à l'aise dans cette univers et Dinah restait bloquée dans l'idée qu'elle n'avait rien à faire ici, qu'elle n'avait pas sa place. Elle était de trop oui. La chute était brutale mais le retour en arrière le serait encore plus. Depuis quelques jours, Dinha se demandait si ce n'était pas mieux pour elle que de rentrer dans sa communauté et de reprendre la vie qu'on lui avait déjà écrite. Certainement. Alors qu'elle était perdue dans ses pensées, une main lui tapota l'épaule, la faisant sursauter en se retournant. Elle observa la demoiselle qui lui faisait face -guère plus vieille ou plus jeune qu'elle sans doute- puis les fleurs désignées. « Oh... Oui. Ce sont des Tulipa. Des tulipes. » Dinah afficha un petit sourire timide. Voilà qu'elle jouait à l'herboriste maintenant.

Dinah observa la demoiselle cueillir une fleur, haussant un sourcil. La demoiselle semblait vouloir jouer la complicité avec l'amish mais la brune se disait qu'elle n'était pas vraiment le genre de personne à aller balancer quoi que ce soit. Pourquoi elle le ferait en même temps ? La jeune femme se détourna, contemplant les fleurs avec intérêt. Elle songea un court instant à ce qu'avait lancé la demoiselle à propos de son professeur de science. Dinah pinça les lèvres. « En fait... » Elle marqua une pause, se demandant si c'était vraiment important de le souligner. Bien entendu que ça l'était. « Les plantes font parties de la biologie... » Ajouta t-elle en souriant. Non mais c'était quand même logique, il fallait vraiment être idiot pour confondre. Enfin, pourquoi Dinah parlait de ça ? Elle n'avait pas fréquenté les écoles normales et n'avait pas appris la même chose. Elle avait déjà de la chance d'avoir appris à lire et à écrire et d'avoir réussi à entrer à l'université. La brune s'accouda à la barrière et attrapa une fleur, la coupant avec douceur, comme si elle ne voulait pas lui faire de mal. « J'aime bien les fleurs. Mais je préfère les roses. Les roses sont particulières. » Un peu comme elle.

Un petit sourire se dessina sur le visage de Dinah alors qu'elle observait les fleurs qui jonchaient le sol devant elle. Ça lui donnait un sentiment d'évasion, d'être revenue quelques années en arrière quand elle aidait sa mère dans le jardinage. Elle se serait volontiers prise au jeu de la plantation si on le lui avait demandé. La petite brune leva les yeux vers l'autre brune qui ne semblait pas aimer les mêmes choses qu'elle. Si Dinah était douce et mignonne, sa partenaire de conversation semblait tout aussi piquante que la plante dont elle parlait. Dinah manqua de rouler des yeux terrorisés avant de baisser son visage pour ne montrer aucune expression. Autant dire qu'elle n'allait pas continuer à parler de fleur tout de suite. Le pavot était une fleur assez jolie mais grossière selon Dinah. Et tout le monde savait bien que l'opium en était tiré. Enfin, chacun faisais ce qu'il voulait et Dinah n'était pas du genre à juger les autres. Tripotant l'ongle de son pouce, Dinah fit une moue songeuse. « Les goûts et les couleurs ça ne s'explique pas réellement. Beaucoup de choses ne s'expliquent pas. L'important c'est d'aimer ce qu'on aime et de ne pas essayer d'être dans une case, non ? » Si Dinah l'avait mentionné tout haut, elle se faisait une réflexion à elle même en vérité. La petite brune se sentait souvent comme Alice de Alice au pays des merveilles -d'ailleurs, elle soupçonnait que son prénom ne vienne de là- mais la conversation actuel lui donnait encore plus cette impression. Se redressant, la brune regarda autour d'elle. Le parc commençait à se remplir un peu.

Tu hausses les épaules à la réponse de la jeune brune, le visage impassible, mais laissant tout de même échapper un petit soupir. L'important est d'aimer ce qu'on aime... Tu as l'impression d'entendre un bisounours. La preuve, elle disait que l'important était de ne pas être dans une case, tu n’es pas de cet avis. C’est triste à dire, mais tu as ce sentiment que pour vivre dans la société actuelle, il est important d’appartenir à un groupe social, qui t’attire et te définisse en tant que personne. Bien sûr il n’y a pas qu’une seule case fixe, il en existe des milliers, mais tu as ce sentiment qu’il fallait au moins appartenir à une. Sinon, si on ne trouve sa place nul part, on se retrouve seul. Mais tu soupires à nouveau, la sociologie c’est loin d’être ton truc. Même si tu es capable de réflexion, tu détestes en faire preuve… Tu regardes la jeune femme, il y a vraiment quelque chose de naïf chez elle. Alors que pour beaucoup, cela peut avoir un côté attachant, pour toi cela t’énerves. Pour toi naïveté est synonyme de faiblesse et tu te demandes comment les gens peuvent être ainsi quand on voit tout ce qui se passe aujourd’hui. A vrai dire, tu n’as plus vraiment envie de rester ici maintenant. Tu as réussi à t’énerver toute seule, un peu pour un rien, et tu préfères rentrer chez toi pour te calmer.  «Bon en tout cas, merci pour votre aide et bonne journée» dis-tu un peu séchement avant de tourner les talons.

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