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 Drownin' in blue. | Sibel

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Anonymous

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#MessageSujet: Drownin' in blue. | Sibel   Drownin' in blue. | Sibel EmptyLun 27 Nov - 23:44



 
► Hard to say what caught my attention ...
Drownin' in blue.
Beauty & a Beast
Il avait ressenti ce besoin viscéral de s'en aller. De claquer la porte de son bureau, d'envoyer chier son employé qui lui avait couru après pour le harceler avec un énième souci dont il n'avait momentanément que faire. Le manque d'air frais l'avait asphyxié lentement, minute après minute, tout au long de la journée. Il avait eu tant de choses à régler, tant de problèmes à résoudre qu'il n'avait même pas pris la peine d'avaler quoi que ce soit. Marion s'était contenté de fumer un millier de cigarettes, d'enchaîner les cafés jusqu'à l'overdose.

La porte du Naughty H s'écrasa violemment contre le mur du bâtiment, et il lui sembla que l'air extérieur tenta de le noyer. L'armoire à glace qui gardait l'entrée de son lieu de vices sursauta. Il s'enquit de l'état de son patron d'un bref signe de tête qui n'eut droit pour toute réponse qu'à un vague grommellement. Marion redressa le col de sa veste autour de son cou pour se protéger de la douceur du début de soirée et fila dans les rues plus ou moins éclairées, comme l'ombre qu'il était, enserré de noir, comme bien souvent. Il bifurqua à droite au bout de la voie, remonta lentement l'un des boyaux de l'Eastside, ruminant de sombres pensées sans se soucier ni de l'heure, ni de sa destination.

Les mains dans les poches, le nez dans son col, Marion ne prêtait pas attention aux âmes qu'il croisait. Il avançait, simplement, machinalement. Inconsciemment, ses pas le mirent sur la route du petit diner qu'il avait l'habitude de fréquenter. Le restaurant ne se trouvait qu'à quelques mètres de son loft, ce qui en faisait un lieu de perdition idéal lors de ses fringales nocturnes. Il tourna sur une rue à l'écart des grandes avenues pour emprunter un raccourci qu'il connaissait par cœur. Après tant d'années passées dans ce coin de la Cité des Anges, il lui semblait que le quartier n'avait plus aucun secret pour lui. Et c'était réellement le cas.
Des éclats de rire et de voix attirèrent son attention. Un trio, sur le trottoir d'en face, semblait converser avec plus ou moins de virulence d'un sujet ou d'un autre. Le proxénète ralentit la cadence, espérant capter quelques bribes de conversation. Et ce qu'il entendit réveilla en lui une colère sourde.

S'il s'était toujours plus épanoui dans le rôle du vilain ou de l'anti-héros que dans celui du justicier masqué qui perdait son temps à secourir la veuve – que son éthique lui interdisait d'ailleurs de toucher – et son foutu marmot ; Marion mettait un point d'honneur à ce que les emmerdes se passent ailleurs que sur les trottoirs du quartier. Il se fichait du sort de la gamine qui se faisait harceler comme de sa première branlette ; pourvu que les ennuis lui sautent au visage à l'écart des regards indiscrets. Aussi entreprit-il de traverser discrètement la route pour rejoindre le trio d'infortune. Il reconnut sans mal l'un des deux hommes, cette petite fiotte d'Ewan dont il rêvait d'écraser la gueule sous sa semelle depuis qu'il s'était installé dans le coin. Le second, Marion l'avait déjà croisé plus d'une fois sans jamais retenir son nom, signe révélateur du peu d'intérêt qu'il lui avait porté lors de leurs précédentes rencontres. Et il y avait avec eux une petite blonde. Une jolie blonde, aux airs angéliques, qui lui était parfaitement inconnue.

« Je peux savoir ce que tu branles, lâcha-t-il sèchement en arrivant à la hauteur d'Ewan. »

L'adressé se figea une seconde en croisant le regard sombre que lui lançait le tatoué. Il couina un petit rire nerveux, écarta les mains en signe d'innocence alors que son visage se décomposait sous l'effet de la crainte qui avait dû planter ses crocs dans ses trapèzes vu la manière dont il se ratatina sur lui-même. Marion faisait parfois cet effet-là. Notamment lorsqu'il prenait sur le fait une personne dont la conscience n'était pas des plus tranquilles.
Derrière Ewan, le second homme dont le nom manquait toujours eut le réflexe de s'écarter de deux pas. Le trentenaire promena rapidement ses orbes émeraude sur lui. Il était brun, une petite barbe de quelques jours mal entretenue, des yeux fuyants et un nez qui défigurait l'harmonie que son visage aurait pu avoir sans cela.

Quelques longues secondes s'égrainèrent. Un ange passa. Marion l'encula en poursuivant pour Ewan : « Tu sais qu'on aime pas trop ce type de comportement dans le quartier. »

Et par on il entendait je.

Il glissa ses mains dans ses poches, attendant que les deux rats détalent sur les pavés par peur des remontrances, qu'ils filent se réfugier dans leur trou, comme les lâches qu'ils étaient probablement, au fond. C'était un problème générationnel qui touchait visiblement les moins de trente ans. Marion était amené à en fréquenter de plus en plus, des bellâtres qui avaient une grande gueule mais rien dans le caleçon.

« Je crois pas que tu sois le mieux placé pour parler de ça, M. »

Marion déchira son masque de mort d'un rictus mauvais. Il avait parfaitement saisi ce dont le gamin lui parlait. Le trentenaire avait beau avoir purgé sa peine, il n'en restait pas moins fiché comme prédateur sexuel. Et dans cette ville où bien des choses se savaient, son petit crime ne s'oubliait pas. Un grondement amusé résonna dans sa gorge alors qu'il réduisait considérablement la distance qu'il avait jusqu'alors maintenue entre le corps d'Ewan et le sien. Il s'était visiblement trompé à son sujet ; cette radasse avait plus de couilles qu'il ne l'avait imaginé.

« Tu passeras me voir au club demain. Y a des choses dont il faut qu'on discute, visiblement ... »

Il fit un pas en arrière, lança un regard en coin à la blonde qui n'avait pas bougé d'un millimètre depuis qu'il avait interrompu sa discussion ô combien prenante avec cette petite fiotte d'Ewan. Le tatoué reporta son attention sur ce dernier, arquant un sourcil inquisiteur.

« Un souci ? »

Ewan détourna les yeux pour ne pas avoir à affronter ceux du mort. Il se dandina d'une jambe à l'autre, bredouillant quelque excuse et un petit non qui lui vrilla les tympans.

« Pourquoi est-ce tu restes planté là comme une potiche, dans ce cas ? »

Le jeune homme ne se fit pas prier davantage. Il baissa le regard, fit signe à son ami de le suivre et remonta la rue, les entrailles nouées.

Marion les regarda s'éloigner calmement avant de daigner accorder un regard à la gamine qui restait toujours et encore là, droite sur ses jambes, comme un chêne aux racines millénaires. Il expira longuement, tâtonna les poches de son pantalon à la recherche de son paquet de gauloises dont il tira une cigarette. Il la fit lentement brûler de son zippo, darda ses prunelles dans celles de la jeune femme. Elle était mignonne. Le trentenaire la jaugea longuement, ses orbes verts la décrivant de haut en bas puis de bas en haut. Elle était plutôt petite, semblait frêle. Le type de fille qu'un coup de vent pouvait faire s'envoler, une étreinte trop brusque briser. Il fronça les sourcils, essayant de deviner qui elle était, d'où elle venait, et ce qu'elle était venue chercher dans son monde. Les gonzesses jolies comme elle ne se perdaient pas ici par hasard. Soit elle était venue vendre une partie de son âme, et peut-être son cul contre quelques grammes de blanche, soit elle faisait partie d'un nouvel arrivage dont il n'avait pas eu vent. Et il valait mieux pour ses hommes qu'elle ne soit pas issue de cette dernière option. C'est que le proxénète n'aimait pas qu'on cache volontairement certaines pièces de sa marchandise.

Il lâcha un bref soupir consterné, tira une bouffée de nicotine, son regard toujours planté dans celui de l'inconnue. Un nuage dense embruma l'air quand il recracha ce qui restait de fumée entre ses lèvres. Marion fit claper sa langue contre son palais

« Bonne soirée. »

Le trentenaire coinça sa dose de cancer des poumons entre ses lippes, enfonça ses mains dans ses poches et la contourna pour continuer son chemin. Un véritable héros !
Il n'avait pas fait une dizaine de mètres que son palpitant se serrait dans sa poitrine, l'empêchant d'aller plus loin. Marion s'immobilisa. Son connard d'esprit venait de lui rappeler les trop nombreuses fois où il avait laissé une fille qui n'avait rien demandé sur la touche, sans se soucier le moins du monde de la manière dont elle se portait. Il se remémora le visage de la Puce, la dernière fois qu'il l'avait vue. L'homme siffla un juron entre ses dents serrées, la mâchoire crispée. Il fit volte-face, revint sur ses pas pour rattraper cette apparition un peu trop belle, égarée dans un quartier trop lugubre.

« Ça va aller ? marmonna-t-il. J'allais prendre un café un peu plus loin, si ça te dit de m'accompagner ... »

Il ne s'attendait pas à ce qu'elle accepte, encore moins qu'elle lui adresse la parole. Mais au moins sa conscience ne serait-elle pas en mesure de venir le hanter, cette nuit, au point de l'empêcher de dormir.
 
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