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 Remembrances d'un connard idiot | La Puce

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#MessageSujet: Remembrances d'un connard idiot | La Puce   Remembrances d'un connard idiot | La Puce EmptyJeu 31 Mai - 21:47



► Les souvenirs qu'on s'invente sont les plus beaux.
Remembrances d'un connard idiot.
La Puce & Marion
Il écrasa nonchalamment le cul de sa gitane dans le cendrier devant lui. Le petit récipient en verre dégueulait d'un tas de cadavres, certains encore fumants. Ce n'était certainement pas ce soir qu'il arrangerait son cancer des poumons. Ni le sien, ni celui des quelques hommes qui l'accompagnaient et lui faisaient vaguement la conversation, d'ailleurs. Marion saisit son paquet de cigarettes et son zippo. Il alluma une nouvelle dose de bonheur en stick et la porta à ses lèvres tatouées. Le trentenaire se débarrassa de ses possessions sur la table basse, qu'il agrémenta bien vite d'une paire de grolles alors qu'il se lovait plus confortablement dans le fauteuil qu'il n'avait pas quitté de la nuit.

S'il était tard dans le monde des vivants, il était encore tôt dans celui du proxénète. Trois heures du matin, c'était le début de la journée pour ceux qui ne connaissaient que le rythme palpitant de la vie nocturne. Les autres, les diurnes qui n'y entendaient rien, ramassaient lentement leurs affaires, réglaient leurs consommations et abandonnaient les lieux. Le bar dans lequel ils traînaient se vidait lentement de sa population décente. Ne restaient que quelques tables occupées. Pas les clients les plus fréquentables, ni les plus sobres. Le tatoué avait descendu suffisamment de verres pour ne plus avoir à les compter. Et pourtant, il ne se sentaient pas plus ivre que cela. Pouvait-il seulement connaître l'ivresse, lui qui passait son temps à entretenir sa cirrhose ? La sobriété complète était si rare chez Marion qu'elle était affreusement douloureuse, aussi s'appliquait-il à l'éviter du mieux qu'il le pouvait.

« Putain lâche ton téléphone. »

Marion congratula l'un de ses hommes de main d'un regard assassin. Cole avait tout intérêt à faire disparaître son smartphone dernier cri s'il ne voulait pas que son patron le fasse disparaître dans un endroit sombre et profonde son anatomie.

« 'scuse M, j'essaie de filer l'adresse du bar à ma meuf. »

Un ricanement général secoua la tablée. Marion noya la raillerie qui lui titillait la gorge dans une rasade de whisky. Il interpella son sous-fifre d'un signe du menton.

« Tu vas me faire croire qu'il y a une fille dehors, il accompagna ses paroles d'un moulinet du poignet, pointant de son index l'extérieur du rade quand ses autres doigts tenaient fermement son verre, qui te cautionne, au quotidien … ?
- C'est compliqué ... »

Un clappement de langue entendu de la part du trentenaire servit de réponse. C'était toujours compliqué, lorsqu'il était question de femmes. Ce devait être pour cela qu'il avait finalement envoyé chier Sheila. Elle avait achevé de lui broyer les couilles plus souvent qu'elle ne les lui vidait, si bien qu'il l'avait congédiée sans plus de cérémonie. Elle avait versé une larme, l'avait insulté, puis était partie en claquant la porte. La scène ne lui avait pas été étrangère.  

« Ta gonzesse, ce serait pas une blonde un peu maigre, qui traîne souvent près du magasin d'Harv' ? »

L'amoureux transi leva les yeux vers son collègue, soudainement intrigué. Une lueur de méfiance brillait dans ses prunelles, ce qui ne manqua pas d'intéresser Marion.

« Si … Pourquoi ? »

Un lourd silence plana. Cole fronça les sourcils, sa curiosité piquée à vif. Il commença à se tortiller dans son fauteuil.

« Oh comme ça, s'amusa l'autre,
- Crache le morceau Tony, sans quoi le gosse risque de nous faire un AVC.
- C'est que je me demandais si elle te faisait payer, ricana le dénommé Tony. Elle m'a demandé un bon petit paquet pour que je puisse la fourrer y a quelques jours. »

Cole bondit soudainement de son assise, se jeta vers l'avant pour attraper au collet son acolyte qui l'esquiva en éclatant de rire. Marion se leva, le saisit par la nuque et le força à se rasseoir, jetant un regard au patron derrière son zinc qui fixait la petite troupe d'un œil mauvais.

« Calme-toi mon gars, trancha-t-il pour couper court à toute nouvelle esclandre. Si tu voulais jouer les hommes possessifs tu te serais pas maqué avec une nana qui fait le tapin. »

Il était sorti avec une pute un jour, dans une autre vie, en d'autres temps. Il était si jeune, alors, qu'il avait encore le visage de sa naissance, celui qui portait les traits de sa salope de génitrice et qu'il recouvrirait bien vite par la suite. Faith … elle avait un prénom qui donnait envie de devenir croyant, cette poule ; un goût sucré et des lèvres éperdues qui lui chuchotaient des « Je t'aime. » après l'amour. Non, pas l'amour. Après le sexe. Il ne l'avait jamais réellement aimée. On ne pouvait pas tomber amoureux des filles comme elles, celles qui vendaient leur cul et ne connaissaient rien à l'amour. Celles qui s'accrochaient au premier venu, au premier gars qui refusait de les payer parce qu'il n'avait pas assez de maille dans sa bourse pour qu'on vide les siennes et compensait en faisant croire monts et merveilles. Elles étaient dépendantes, les putes. Faith avait été dépendante, à l'époque. Elle lui avait appartenu, même en étant à d'autres. Parce qu'en fin de compte, c'était Marion qu'elle voulait dans ses draps quand elle rentrait du club. C'était lui qui pouvait passer son bras autour de ses épaules pour la ramener chez elle quand elle avait envoyé chier une bonne flopée de clients qui lui avaient demandé ce privilège au cours de la journée.
Elle avait été folle de lui, de la manière dont il la regardait, la possédait, la faisait frémir, rire, jouir. Mais elle ne l'avait pas réellement aimé. Elle avait aimé ce qu'il représentait, ce qu'il signifiait. Et elle l'avait détesté le jour où il l'avait cogné pour la première fois. Elle avait pris ses jambes à son cou ce jour-là, quitté le club et oublié les mots doux qu'elle lui avait tant de fois susurrés. Elle ne l'avait pas réellement aimé, sa pute.

« Elle s'appelle comment, ta blonde, s'informa-t-il en retrouvant le confort de son fauteuil.
- Charlie. »

Sa mâchoire se crispa un instant.

Il avait eu une sœur qui portait ce prénom ... Mais il ne l'avait jamais appelée ainsi. Et elle, elle ne l'appelait plus non plus, à présent. Elle ne l'appelait plus depuis sept ans, en réalité. S'il faisait les comptes, elle aurait bientôt passé plus d'années de sa vie sans lui qu'en sa compagnie. C'était peut-être mieux ainsi ; Marion finissait toujours par briser les filles auxquelles il tenait, et celle-là, il l'avait déjà bien amochée, même sans le vouloir. Alors il aimait mieux la garder jalousement recluse dans un coin de son esprit, dans le capharnaüm de sa mémoire, une boîte à souvenirs, où elle aurait toujours cinq ans, un rire innocent et des yeux pétillants, qui se recouvraient lentement de poussière. Bientôt il aurait oublié son visage. Un jour, à force d'occulter, il finirait même par effacer son existence.

« Elle cherche quelqu'un pour la chaperonner ?
- 'sais pas. Bah tiens, t'auras qu'à lui d'mander. »

Le petit excité désigna la porte d'entrée qui s'ouvrait sur une silhouette fine, quasi décharnée, trop peu vêtue, ce qui ne manqua pas de raviver l'intérêt du proxénète. Mais son égarement fut de courte durée. Marion se raidit sur son siège lorsqu'il vit la demoiselle s'approcher. Il braqua ses prunelles sur son homme de main qui se levait pour aller embrasser sa chère et tendre. L'envie de lui arracher les valseuses lui mordit la nuque.

Il n'avait pas cru la Bitch lorsqu'elle avait laissé entendre que la Puce pouvait être de retour en ville. Il avait espéré qu'elle serait venue le trouver si elle avait remis les pieds à Los Angeles.

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#MessageSujet: Re: Remembrances d'un connard idiot | La Puce   Remembrances d'un connard idiot | La Puce EmptyLun 4 Juin - 11:19


Poste de télévision allumée. Avachie sur le canapé. Simplement vêtue d'une culotte blanche en dentelle et débardeur t'arrivant aux fesses, tu écrases ta clope dans le cendrier sur la table à côté de ton canapé. Ce vieux canapé gris inconfortable et qui fait mal au dos. Dehors, il fait beau. Chaud aussi. Tu sens la chaleur d'ici avec ta fenêtre ouverte. Vivre à Los Angeles est une très bonne idée. La chaleur, le soleil ... t'adores ça. En revanche, t'as juste horreur de l'hiver, du froid et de la neige. Tu ne supportes pas ça. Si tu pouvais hiberner dans cette période glaciale de l'année, tu le ferais volontiers. Malheureusement, c'est impossible. Besoin de travailler, de manger. Besoin de vivre aussi. Quoi que dans ton cas, c'est assez drôle. En effet, depuis ta naissance tu survis. Enfant non-désirée, tu t'es toujours sentie comme une étrangère chez tes parents. Seul ton demi-frère s'est occupé de toi. Malheureusement pour lui, tu n'as jamais été la petite soeur idéale. T'aimerais tant être la fille qu'il veut que tu sois. Mais non, t'es pas celle qu'il veut que tu sois. Le bonheur, tu ne connais pas ce mot. Tout ce que tu touches se brise, se casse. Toutes les personnes que tu approches partent à l'autre bout du monde ou finisse par disparaitre de ta vie. Certaines fois, tu te dis que si c'est toi qui disparaissais personne ne serait triste. Pas tes parents en tout cas. Ça fait au moins dix ans que tu ne leur a pas parlé et ils ne se soucient même pas de toi. Qu'ils aillent au diable ! Ton frère est la seule personne que tu aimes et qui te manques. Toutefois, il ne sait toujours pas que tu es de retour à Los Angeles. Il ne va certainement pas tarder à le savoir vu que la Bitchcation l'a fait savoir sur l'un de ses messages. Ce n'est qu'une question de temps avant que Marion ne se ramène chez toi très en colère.
Journée à trainer chez toi en petite culotte et débardeur trop grand. Vingt heures. Tu pousses un profond soupir et te lèves du canapé. Dans la cuisine, t'attrapes un verre sur le bord de l'évier et te sers un verre d'eau. Tu le portes à tes lèvres et laisses le liquide couler le long de ta gorge. Les paroles de ta mère résonnent dans ta tête "Il est important de boire toutes les heures Charlie !!" Durant toute ton enfance, elle t'as répétée cela. Et durant toute ton enfance, tu ne l'as jamais écoutée. Encore aujourd'hui d'ailleurs. Ce n'est pas de l'eau que tu veux boire. Mais de l'alcool malheureusement, les finances ne sont pas au beau fixe en ce moment. Ton smartphone ce mets à vibrer. Soupir quand tu vois le nom s'afficher. C'est ce mec avec qui tu couches régulièrement. Il s'accroche à toi. Il croit qu'il se passe un truc entre vous deux. Mais toi, tu ne veux pas. Tu veux juste t'amuser. Sans attachements, rien. Mais non, il insiste. Il s'accroche. Toutefois, tu ne vas pas le virer de ta vie. Il te paie quasiment tout ce dont tu as besoin. Alors bon, s'il as envie de dire à ses potes que t'es sa copine et bien soit. Toi, en tout cas, dans ta tête t'es une femme libre. Tu ne te gênes pas non plus pour te taper d'autres mecs. Tant qu'ils paient pourquoi se gêner. Direction la douche. L'eau chaude qui coule sur ton corps recouvert de tatouages et de marques en tout genre. Rapide shampooing. Tu passes néanmoins un peu plus de temps sur ton corps afin d'être bien propre. Serviette enroulée autour de toi, t'enfiles des sous-vêtements noir en dentelle toujours. Devant ta penderie, tu attrapes un haut noir avec un assez grand décolleté, un short en cuir noir moulant bien ton postérieur. T'enfiles tes boots noires avec des clous dessus. Pas de coiffure, tu les laisses toujours détachées. En guise de maquillage, tu optes pour un simple trait d'eye liner, du mascara et un rouge à lèvres rouge. Histoire que l'on te voit bien en boite. Oui, le mec t'as invité en boite. Tant qu'il te paie à boire, le reste t'importe peu. Le bar n'est pas loin de chez toi. Pas besoin de taxi. Marcher ne dérange pas du tout. Téléphone dans la poche, tu sors de chez toi et rejoint l'homme qui t'as conviée à cette soirée.
Arrivée devant le bar, tu te poses un instant contre le mur pour fumer une bonne cigarette. Ça fait au moins deux heures que t'as rien fumé. Tu commences à être en manque. Dix bonnes minutes après ton arrivée, tu franchis le seuil d'entrée du bar. La musique bat son plein. Des gens sont déjà bien ivres. Au loin, tu vois le type avec qui tu couches régulièrement et qui t'as demandée de venir ce soir. Mais ce n'est pas lui que tu regardes. C'est le type à ses côtés. Non ! C'est pas possible ! C'est pas lui. C'est pas possible. Tu secoues la tête dans tous les sens. Mais non, tu ne rêves pas. C'est bel et bien lui. Ton frère. Tu ne lui as jamais dit que tu es revenue à Los Angeles. Il doit être en colère. Très en colère contre toi. Celui qui te fait passer pour sa copine vient t'embrasser. "Hey ma belle ! Jsuis content que tu sois venue !" Dit-il. Tu prolonges son baiser et lui mords doucement la lèvre avant de rompre le baiser. Doucement, tu t'avances vers ses potes et vers ton frère surtout. Ton coeur bat la chamade. T'as envie de l'embrasser sur la joue et de lui sauter dans les bras. Tu ne le fais pas. Tu vas certainement devoir t'expliquer sur le pourquoi du comment. "Salut .." lances-tu à son attention. L'homme te ramène un verre de vodka et tu le boit cul sec.
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#MessageSujet: Re: Remembrances d'un connard idiot | La Puce   Remembrances d'un connard idiot | La Puce EmptyDim 17 Juin - 22:24



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La Puce & Marion
Une chape de plomb lui lesta l'estomac quand elle croisa son regard. Il lui sembla que toute la chaleur de son corps venait de le quitter, que ses forces l'abandonnaient, et s'il n'avait pas eu tant d'encre pour masquer son visage, on aurait parfaitement pu y lire la pâleur qui le frappait. Il avait le souffle et le sifflet coupé, ce pauvre con de Marion, crucifié sur place par un dieu quelconque qui venait de lui pisser à la gueule pour lui faire payer toutes ses conneries.

Il vida son verre d'une traite, peinant à lever son coude, la fixant alors qu'elle s'approchait lentement. Elle avait dans le regard l'étincelle de crainte et d'appréhension qu'avait toute personne qui vivait, éveillée, son pire cauchemar. Ces yeux-là, il ne les avait jamais vus chez elle. Chez d'autres, tant d'autres. Mais pas chez elle. Ce fut comme une lame, froide et acide, qui frappa son palpitant et tourna. Tourna encore.
Son cœur ne battait plus – et lui qui avait souvent douté en avoir un constatait à présent la douleur de sa pompe qui venait de le lâcher. Sa gorge nouée lui filait la nausée. Il déglutit difficilement alors qu'elle le fixait, encore, de ces prunelles merveilleuses qui avaient un jour été celles de son bébé. De cette gamine souriante pour qui il construisait, utopiste, des rêves et un avenir meilleur.

Il n'aima pas le maquillage qui dénaturait la douceur de son visage. Il traîna, écœuré, ses orbes verts sur la carcasse émaciée de sa sœur, sur son décolleté provoquant qu'il crevait d'envie de cacher derrière son éternel blouson en cuir, sur ses bras maigres et ses jambes frêles, sur sa peau si pâle qu'elle semblait transparente, à tel point qu'il lui semblait apercevoir, d'où il se trouvait, le bleu de ses veines qui la crevait.
Ce n'était plus la Puce. Plus la sienne, en tous cas.

Ses paroles brisèrent le silence qui s'était installé dans son esprit. Et son cœur repartit, gonflant tant dans sa cage thoracique qu'il manqua de lui éclater quelques côtes. Même sa voix n'était plus la même. Ce n'était plus celle qui criait son nom, brisée de larmes, quand il claquait la porte de la maison après une énième engueulade avec beau-papa ; celle qui lui demandait, innocente, pourquoi l'encre qu'il avait sur les mains ne partait pas quand il les lavait ; celle qui l'avait supplié de ne rien faire d'idiot avant de lui vomir sa haine au visage, de lui hurler qu'il n'était qu'un connard, incapable de faire quoi que ce soit correctement ; celle qui s'était tue, durant tant d'années, et qui refaisait surface pour lui cracher à la gueule un simple « Salut. ».

Salut.
C'était pire qu'une claque dans la gueule. C'était plus violent, plus amer que toutes les raclées qu'il avait prises par le passé réunies. Et dieu, ce fils de pute, savait pourtant qu'il en avait encaissés, des torgnoles, des gnons, des coups de grolles.

« Les gars, j'vous présente Charlie, fanfaronna Cole. »

Et il passa son bras autour de sa taille, un sourire con planté sur sa sale tronche.

Des picotements tiraillèrent les doigts du proxénète, comme si ses phalanges se réveillaient lentement, retrouvant le sang qui les alimentait habituellement. La colère largua une bombe d'acide dans les entrailles du tatoué. Il roula sa langue de serpent derrière ses dents serrées, la mâchoire tant crispée qu'il s'étonna qu'elles ne se fendent pas, ne se brisent pas les unes sur les autres.

Il échappa un ricanement, passa ses doigts sur ses lèvres, décrochant son regard de sa sœur pour le planter dans celui de son homme de main. L'intéressé perdit immédiatement toute couleur, pressentant un événement mauvais, comme les chiens sentaient venir la tempête et les catastrophes naturelles.

« Tu la baises … constata-t-il pour lui même. Bien. C'est parfait. »

Cole se décolla de la Puce, fit un pas sur le côté, interdit, ne sachant plus que faire de ses mains. Il se rassit calmement, invitant sa petite amie à l'imiter.

Mais elle n'eut pas le temps de s'installer, elle. Marion sauta sur ses jambes, donnant un coup dans la table basse qui lui barrait le chemin. Certains verres vacillèrent, une bouteille s'étala, et l'attention des quelques rares restant dans le bar convergea vers eux.
Furieux, il attrapa le bras de sa sœur, la traînant, la forçant à le suivre alors qu'il prenait le chemin de la sortie. La scène lui rappela leur dernier échange, lui renvoyant à la gueule ses protestations alors qu'il la contraignait à s'asseoir dans sa voiture. Il tremblait ce soir, comme il tremblait alors, le corps enragé, nerveux d'adrénaline. Sa poigne se resserra davantage sur le biceps quasiment inexistant de la Puce alors qu'ils franchissaient la porte. Elle était petite. Si petite à côté de lui. Si fragile. Il n'avait pas conscience de sa force, pas conscience de ses doigts qui marquaient violemment la chair de la jeune femme. Et si elle protestait, il ne l'entendait pas. Son esprit était trop occupé à écouter en boucle l'un de ses sous-fifres qui la désignait comme une pute. Une putain de gosse qui vendait son cul.

Il la lâcha enfin lorsqu'ils furent dans la rue, la jetant en avant.

« Salut … ? »

Il répéta, consterné, d'une voix grave et forte qui éclata dans la nuit.

« Salut ?! Tu te fous de ma gueule ou quoi ?! »

Il s'approcha d'elle, la respiration saccadée, les narines dilatées, le corps galvanisé par la hargne et la rage qu'il ressentait.

Tout aurait été différent s'il n'avait pas passé tant de temps à l'ombre. S'il avait su garder sa queue dans son froc plutôt que de la fourrer entre les cuisses d'une gamine qui n'avait rien trouvé de mieux à foutre que de l'accuser de viol par la suite. Tout aurait été différent s'il avait été là. S'il était resté près de son bébé. Elle aurait eu une autre vie. Il l'aurait couvée, choyée, arrachée à ces parents qui n'avaient jamais voulu d'elle et l'auraient laissée crever s'il n'avait pas été là.

Marion, aveuglé, ne parvenait plus à raisonner.

« Putain M ! J'peux savoir c'que tu fous ?! »

Cole sortit précipitamment du bar, talonné par le reste de ses compagnons.

« Toi tu fermes ta gueule et tu retournes t'asseoir sagement dans ce bar si tu veux pas que je te fasse bouffer ton service trois pièces, lui gueula-t-il en le pointant du doigt.
- Écoute, je sais pas c'qu'i' s'est passé entre vous, mais si elle t'doit d'la thune ... je te rembourse pour elle, ok ? »

Il ne put retenir le coup. Son poing s'écrasa dans un craquement d'os sur le nez de l'amoureux qui tituba, se tenant le visage, prostré. Marion lui agrippa la nuque, le forçant à se redresser pour mieux le plier en deux d'un nouveau poing dans la gueule.

Tony le tira en arrière, passa ses bras autour de son buste pour le maintenir en place, pour l'empêcher d'aller démolir la gueule d'ange de son collègue.

« Lâche-moi, vociféra-t-il. Lâche-moi bordel ! »

Marion se dégagea de l'emprise de son homme de main. Il fit un pas en arrière, réajusta son blouson sans manches dont le cuir souffrait depuis qu'il l'avait percé d'une bonne tripotée de piques métalliques.

« Tu me le ramasses et tu le ramènes au club. Il va avoir besoin d'une petite mise au point. »

Le proxénète s'agita, frappa ses poches à la recherche de son trousseau de clés qu'il trouva rapidement. Il dégagea un petit jeu qu'il lança en direction de son sous-fifre.

« Passe par derrière. J'ai pas besoin que les clients voient sa sale gueule. »

Il passa ses mains sur son visage, inspirant profondément entre ses doigts qui sentaient le tabac froid et l'alcool. Les phalanges de sa dextre avaient pris une teinte écarlate, le sang de Cole, ou le sien, si sa peau avait décidé de craquer sous la violence du choc.

Marion tourna son visage vers le ciel, vers les étoiles masquées par la pollution lumineuse. Il entendit ses employés ramasser sa victime et l'entraîner sur les pavés, en direction du Naughty H. Ce ne fut que lorsqu'ils furent à une distance raisonnable qu'il se tourna enfin vers sa sœur. Il ne savait plus quoi dire, par où commencer, quelles questions lui lancer, quel sermon lui donner. Il ouvrit la bouche, mais la ferma aussitôt, muet.

Le trentenaire secoua la tête, un long soupir franchissant la barrière de ses lèvres.

« Je voulais juste une vie pour toi … murmura-t-il dans un souffle. »

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#MessageSujet: Re: Remembrances d'un connard idiot | La Puce   Remembrances d'un connard idiot | La Puce EmptyVen 29 Juin - 9:59

Tu n'es pas dupe. Tu savais très bien qu'en revenant vivre à Los Angeles, tu tomberais un jour ou l'autre, nez à nez avec ton frère. Tu savais que ce jour arriverait et tu remerciais le ciel jour après jour pour retarder ce moment. Mais, hélas, ce jour est arrivé. C'est ce soir que le destin a décidé de ramener ton frère dans ta vie. D'un côté, t'es heureuse. Marion a toujours été important pour toi. Il a toujours été présent pour toi. Bien plus que tes propres parents .. C'est triste non ?! Non, pas pour toi. Marion n'est peut-être que ton demi-frère mais tu l'estimes beaucoup. Et tu sais très bien que tu vas le décevoir quand il saura ce que tu fais de ta vie. Il a toujours voulu le meilleur pour toi. Tu vas le décevoir et ça, tu ne le supportes pas. Tu as tout fait depuis ton retour pour rester loin de lui mais à croire que le destin veut que tu renoues avec ton frère. Le coeur battant la chamade, tu rejoins l'homme qui t'as invité ce soir. Face à toi, Marion est là. Tu déglutis. Tu as peur de sa réaction. Tu sais qu'il ne supporte pas qu'un homme te touche. Mais là, c'est pire. Cet homme, il le connait. Tu lances un "salut" à tout le monde, y comprit à ton frère. Grosse erreur. Marion ne va pas l'accepter. Tu sens le regard de ton frère sur toi. Soudainement, tu regrettes d'avoir mis ces fringues sur toi. S'il le pouvait, Marion te lancerait son blouson de cuir pour te couvrir. Mais il ne le fais pas. L'homme passe son bras autour de ta taille. Un peu gênée, tu le laisses faire malgré tout. Le regard de ton frère te fait peur. Mais t'as pas peur de lui. Marion ne te fera rien. À part peut-être la morale mais ça c'est habituel avec lui. Quand ton frère te fait remarquer que Cole te baise, tu déglutis plus encore. "Non je .." Essaies-tu de dire mais c'est peine perdue. Marion a raison. Cole te baise. Et, de plus, tu es en train de le laisser espérer quelque chose avec toi. Quelque chose que tu n'as encore jamais donné à personne. Les hommes te font peur. Les hommes t'effraient. Tu ne sais pas ce que c'est d'être amoureuse. Jusqu'à ce que tu quittes Los Angeles, il y avait ton frère pour veiller sur toi, t'empêcher de faire une connerie et, surtout, pour éloigner les mecs de toi. Malheureusement, ça ne t'as pas gênée pour t'envoyer en l'air avec certains.
Tu t'écartes de Cole un instant. Il semble déçu et essais de revenir vers toi. "Non, s'il te plait." Grognes-tu à l'intention du garçon. Tu veux prouver à ton frère que t'es toujours toi. Que t'es toujours la même Charlie qu'il a connu autrefois. Que malgré ton apprence ravagée par le temps, la Charlie qu'il a connue est toujours là. Quelque part. Soudainement, Marion vient t'attraper le bras. Il est furieux, tu le vois dans son visage. "Marion .. Qu'est-ce .." Pas le temps de terminer ta question. Ton frère t'emmène à l'extérieur. Tu te retrouves dans la rue, juste en face de ton frère. Tu savaos que ton salut ne lui plairait pas. D'ailleurs, il te le fais bien remarquer. Cole arrive. Le ton monte entre les deux hommes. Tu pourrais disparaitre. Protéger Cole. Mais non, tu veux juste calmer et raisonner ton frère. C'est la seule personne qui compte dans ce monde. En un claquement de doigt, une bagarre éclate. Mains sur les hanches, regard noir lancée sur ton frère puis sur les autres, tu soupires. Tout le monde s'en va. Dehors, il ne reste plus que ton frère et toi. Sa voix se raddoucit. Tu lui souris. Ta main passe doucement sur la joue de ton frère. "Je sais M, je sais .." tu restes un petit moment dans le silence. Le fait que vous soyez seuls te rassure. Il est un homme différent quand vous n'êtes que tous les deux. "J'ai essayée d'avoir une vie correcte mais jdois pas être née pour toi .. Jsuis pas capable d'être heureuse tu sais.. Jsuis pas faite pour une vie de bureaucrate .." Essaies-tu d'expliquer à ton frère. T'es pas très douée avec les mots. Tu viens déposer un baiser sur la joue de ton frère et lui lances un sourire. "Sinon, jsuis contente de te revoir. Jcrois que t'es le seul dans cette ville qui m'as manquée.." Lui avoues-tu. Avec lui, tu peux être complètement transparente. Jamais il ne te jugera. Jamais.
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