[Jour 1 - Trajet] Super Quatre Fromages

Ça commençait à bien faire. Personne ne semblait vouloir les dépanner, même pour quelques kilomètres. Ils allaient devoir trouver une solution, mais laquelle ? Evan tentait de garder son calme car s'énerver ne servirait clairement à rien du tout et ne les aiderait pas à avancer. Mais tous ces refus étaient frustrants. Après avoir tenté sa chance auprès d'une automobiliste, le jeune homme crut qu'elle accepterait, mais finalement, ce fut la douche froide. Patrick repéra un bus et tenta sa chance, mais le conducteur ne semblait pas vouloir attendre. Evan réprima un soupir et plaqua une main sur son visage avant de se mettre à rire comme un con. "Il a dû croire que tu lui demandais de se barrer." Il préférait évidemment en rire qu'en pleurer et puis, ils n'avaient pas dit leur dernier mot ! Il regarda autour de lui et repéra un petit groupe de jeunes à moto. Peut-être que deux d'entre eux accepteraient de les faire monter à l'arrière ? Ce serait fun, en plus. "Je vais tenter ma chance par là. Sinon...je pense qu'on va devoir se faire pousser des ailes et voler jusqu'à destination !" Il mit une tape dans le dos de Patrick et s'avança vers le groupe, l'air confiant et, comme à son habitude, le sourire aux lèvres. Car ce n'était certainement pas en faisant la gueule qu'on voudrait les aider. Il tenta donc de communiquer en anglais, tout en leur montrant la carte et surtout, en priant intérieurement que cette fois soit la bonne.

Patrick regarda le bus s'en aller comme au ralenti en les ignorant totalement, Mad World jouant dans son cerveau. Il se pencha et appuya ses mains sur ses cuisses pour reprendre son souffle, mine de rien il avait courut vite. Entendant Evan rire un peu plus loin, il se releva et avança dans sa direction avec un sourire, toujours un peu haletant. Ce dernier repartit à l'assaut d'un groupe de motards. Patrick avait beau être un voyageur assez aguerri, il commençait à s'agacer de la situation. Il se demandait surtout quel était le problème avec eux, s'ils avaient l'air louche, bref pourquoi personne n'acceptait de les emmener quelque part. Il regarda Evan à quelques mètres puis vit que les motards n'étaient pas intéressés. Il attendit qu'il revienne vers lui pour lui lancer un petit sourire. « Bon, comment ça se passe pour les ailes ? » Il ricana légèrement puis regarda autour d'eux. « On dirait bien qu'ici on ne trouvera pas... donc allons dans cette direction à pied pour commencer à s'avancer et voyons si on trouve une solution sur le chemin ? » Ils se mirent à marcher un peu le long de la route, arrivant rapidement dans des quartiers moins fréquentés. Il était clair que les quatre heures qu'il leur restait n'étaient pas suffisantes pour faire tout le chemin à pied. Il leur aurait fallu au moins des vélos ou un truc dans le genre. Ils passèrent devant une jeune femme qui surveillait quelques animaux dans un enclos, dont deux ânes robustes. Pris d'un éclair de génie, Patrick s'avança vers elle pour lui expliquer la situation, pensant au début qu'elle avait sûrement un véhicule pas loin pour transporter ces animaux, mais voyant que non se demandant s'ils ne pouvaient pas emprunter les ânes pour aller plus vite.

Depuis combien de temps essayaient-ils de partir de là ? Evan commençait à croire que ce pays n'avait rien d'accueillant. Et il ne pouvait évidemment pas jouer la carte de la police ici. Finalement, après plusieurs échecs, ils décidèrent de commencer à marcher. Même s'ils n'iraient pas vite, au moins, ils ne resteraient pas au même endroit pendant des heures et peut-être auraient-ils plus de chance un peu plus loin. Refusant de laisser tout ça lui miner le moral, Evan se mit à siffloter joyeusement. Malgré les galères dès le départ, se retrouver comme ça dans un autre pays, en compagnie de son petit ami, était tout de même quelque chose d'exceptionnel. Lorsqu'ils virent une femme avec des animaux et que Patrick tenta de la convaincre de leur prêter des ânes, Evan ne put s'empêcher de rire comme un con. "Des ânes ? T'es sérieux ?" Il pouffa de rire en imaginant la scène. Hélas, ou heureusement selon le point de vue, la femme refusa et ils se retrouvèrent une nouvelle fois sans rien. Ils se remirent donc à marcher jusqu'à ce qu'un petit camion arrive sur la route qu'ils longeaient. Evan s'arrêta et leva le pouce pour tenter de l'arrêter. "S'il s'arrête pas, je crois que je vais me faire pousser une paire de seins. Ce sera peut-être plus efficace." Quel idiot !

La jeune femme regarda Patrick comme s'il était complètement timbré et le recala poliment. Il essaya de ne pas trop mal le prendre, mais il était à deux doigts de sérieusement perdre l'envie d'essayer. Mais bon, au moins ils n'auraient pas l'air de parfaits idiots, c'était toujours ça de pris. Ils allaient perdre, mais bon au moins il leur resterait leur honneur ? Les deux hommes se remirent en route. Ils auraient pu être un peu dépités, mais ce n'était vraiment pas le genre de la maison. Evan préféra plaisanter alors qu'il tentait une nouvelle fois sa chance avec un camion qui passait. « Oh non pitié. » ricana Patrick. Miraculeusement, le camion ralentit et après lui voir indiqué où ils voulaient aller, il hocha la tête et leur indiqua de grimper. Patrick fit un signe silencieux de victoire à Evan. Ils s'installèrent sur la banquette un peu défoncée de l'avant et le camion redémarra dans un silence religieux. Patrick appuya son coude contre le rebord de la fenêtre pour regarder le paysage défiler dehors. Il pouvait encore arriver un tas de choses pour faire ralentir ce trajet, mais au moins à cet instant tout allait bien. Ils arrivèrent à un croisement de route, l'une était une route bien entretenue qui continuait bien droit et l'autre un chemin caillouteux beaucoup plus douteux.

Enfin. Ils avaient enfin un peu de chance. Quelqu'un avait finalement accepté de les emmener. Certes, un camion n'était pas le véhicule le plus rapide, mais à ce stade, ils ne pouvaient pas vraiment se permettre d'être difficiles. Alors, ils montèrent à bord du véhicule et Evan remercia évidemment chaleureusement le chauffeur avant de donner un petit coup de coude à Patrick. "C'est peut-être enfin la fin des emmerdes !" Mais sans doute avait-il parlé un peu trop vite car voilà que le camion s'engouffrait sur une route qui avait l'air tout sauf fiable. Où diable les emmenait-on comme ça ? Evan haussa un sourcil en voyant cette route accidentée, mais ne dit rien. Ils n'avaient pas vraiment le luxe de douter de leur chauffeur. Ils continuèrent leur route tant bien que mal, mais au bout d'un moment, le camion se mit à faire un bruit un peu bizarre. Le chauffeur ne semblait pas du tout s'en inquiéter, alors peut-être que c'était normal ?