(-18) laiden | our bodies are young and blue |

Lucy n’étant vraiment pas une fille très portée sur le bling-bling en soirée. Du bon son, du bon whisky et des potes lui suffisaient amplement, et elle avait tendance à préférer les odeurs de pieds familières d’un bar convivial plutôt que le buffet avec 3 sortes de crevettes différentes d’une villa toute pimpante. Mais ce n’était pas le cas de tous ses amis. Bien évidemment, et étant né à L.A. elle en avait l’habitude, beaucoup de gens autour d’elles étaient attirés par la gloire et par tout ce qui brillait. Pas d’une manière malsaine, ou mauvaise, il s’agissait simplement soit de personnes qui rêvaient de cette vie pour eux et faisaient tout pour y arriver, soit de curieux qui aimaient soulever un peu le rideau de la richesse et de la célébrité de temps à autre, pour se sentir un peu spécial, voir ce qu’il en découlait. C’est pourquoi Lucy se retrouvait souvent dans des plans “incruste” à des soirées huppées. Certaines de ses amies en avait fait un art et connaissaient toutes les techniques pour y arriver, même si elles n’arrivaient pas toujours à leurs fins. Des tenues extravagantes ou très classes selon l’endroit, connaître des videurs, une personne ou deux qui étaient toujours là. Lucy rentrait toujours assez facilement, ce qu’elle trouvait bizarre parce qu’elle ne se trouvait vraiment pas de ce monde. On lui avait souvent dit qu’elle “dégageait un truc”, peut-être était cela, son physique avantageux aussi. Elle avait également une confiance en elle d’apparence inébranlable, et portait des robes à paillettes et autres des années soixante-dix tellement étranges qu’il fallait tant d’audace pour assumer que les videurs ne pouvaient pas croire qu’elle n’était pas une quelconque directrice artistique ou créative d’Hollywood. La combinaison de ces facteurs faisaient qu’elle arrivait généralement à suivre ses amies dans leurs aventures VIP. Enfin, restons modeste, on n’était pas non plus dans les hautes sphères, juste le petit monde artistique moyen de Los Angeles. Elles racontaient toujours qu’elles avaient parlé à James Franco à une soirée alors que c’était un acteur qui avait joué un rôle de deux phrases dans un film de James Franco. C’était le genre de choses qui amusaient Lucy de loin, mais force était de constater que ce n’était vraiment pas le type d’ambiance qu’elle appréciait le plus. Elle avait souvent l’impression que tout le monde était très faux et essayait juste de se faire bien voir par des personnes influentes. Et pour ce qui était de croiser des stars, les vraies idoles de Lucy étaient principalement toutes mortes, de toute façon.

C’était exactement à cela qu’elle pensait, exactement à une soirée de ce genre, alors qu’elle sirotait une caïpirinha bien fraîche devant un disque collector signé par David Bowie accroché à un mur. Elle se tourna et chercha les amis avec qui elle était venu du regard, sans conviction parce qu’ils devaient déjà être dispersés partout, juste histoire de. En passant en revue la pièce, son regard s’arrêta sur un jeune homme qui parlait dans un coin avec une fille. Ou plutôt la jeune femme lui parlait. Il avait l’air de détester la conversation qui se déroulait mais elle était très enthousiaste au contraire. Il avait l’air très jeune, genre carrément mineur, mais elle ne pensait pas qu’il l’était. Quelque chose lui plaisait dans cette petite scène du jeune homme donnant tous les signes possibles que la personne ne lui plaisait pas mais sans réussir à provoquer aucune réaction. A un moment donné il soupira et tourna la tête, leurs regards se croisèrent un instant. Lucy sourit doucement avant de se mettre à siroter son verre, comme si elle regardait le spectacle. La jeune fille caressait son bras du dos de la main d’une manière vraiment perturbante. C’était presque douloureux à voir. Lucy décida de venir s’interposer. Elle était curieuse aussi de parler au jeune homme qui avait l’air d’avoir un certain charme. Elle franchit les quelques vingt mètres qui les séparait et tapota sur l’épaule de la fille avec un petite sourire. “Mais c’est toi ! Y a une de tes amies là-bas qui te cherche partout depuis tout à l’heure ! Elle est sur la terrasse je crois.”. Visiblement Lucy visait juste car la jeune femme écarquilla les yeux comme si elle venait d’être surprise en train de faire une bêtise. Elle s’éloigna à grand pas, non sans avoir dit bien sûr de l’attendre et qu’elle reviendrait dans une seconde. Attendant qu’elle soit plus loin, Lucy lâcha ensuite un soupir et sourit au jeune homme. “Tu respires mieux là ?” ironisa-t-elle. Elle regarda ensuite la porte vitrée qui se trouvait un peu plus loin et haussa les épaules. “On sort fumer une clope ?” C’était très banal comme demande mais Lucy était quelqu’un de très spontané et très peu délicat. Elle s’était juste dit à l’instant qu’elle avait envie d’une cigarette, c’est tout. C’était fréquent qu’elle demande ça alors que son interlocuteur ne fumait pas, mais pas grave, ça lui apprenait quelque chose sur la personne.

Lucy avait généralement de bonnes intuitions sur les gens. Elle voyait souvent en un regard qu'elle pouvait bien s'entendre avec une personne. C'était comme ça avec le jeune homme, en dehors de son physique, un petit truc dans ses yeux lui avait plu. Maintenant qu'elle se trouvait plus près de lui, elle réalisait que ce n'était pas seulement son intuition personnelle. Ses habits, ses cheveux et sa manière de se comporter avaient bel et bien quelque chose d'inhabituel. Vu l'endroit, il était possible qu'il soit riche. Ouais, c'était peut-être ça. Cela intriguait Lucy, même si la raison l'intéressait un peu moins. Bref, elle lui demande de confirmer qu'elle l'a bien sauvé de quelque chose, ses yeux bleus se posant sur lui alors qu'il ricane. Sa manière de parler arrache un sourire en coin à Lucy. Rien ne vaut un tel franc parler pour la faire chavirer. Elle ricane à son tour et lui propose donc immédiatement d'aller fumer dehors. Elle la suit alors qu'il sort dans le jardin. Il semble connaître l'endroit mieux qu'elle. Tant mieux. Elle glisse une cigarette dans sa bouche et le regarde faire de même en silence. Lorsqu'il se présente, elle ne peut s'empêcher de froncer les sourcils. Elle trouve ça bizarre de parler de ses parents alors qu'ils ne se connaissent pas mais c'est peut-être l'habitude que les gens lui posent la question, donc il anticipe. Lucy n'étant absolument pas branchée sur ce genre de choses et n'ayant pas mis le pied dans un cinéma depuis belle lurette, elle doit avouer qu'elle ne voit pas du tout de qui il parle, là comme ça. Aussi, elle répond sur un ton à moitié blasé à moitié amusé : “Non, désolée, connais pas.” Elle hausse les épaules et le regarde en fumant doucement. Donc il doit être riche et célèbre alors, c'était ça son air inhabituel ? Lucy ne peut s'empêcher de sourire à sa question. Est-ce qu'il croit qu'elle aussi est de ce monde là ? Est-ce qu'il est du genre à se désintéresser en découvrant que non, comme tous les snobs de ce genre de soirée ? “Je m'appelle Lucy. Mais aucune nomination aux Oscars à mon actif, à moins que meilleure caissière de supermarché devienne une catégorie.” Elle rit doucement. Elle n'essaie pas d'être sarcastique. Juste de présenter ça de manière un peu plus avenante. Dit comme ça, ils ont l'air très différents, alors que pourtant elle s'était tout de suite sentie à l'aise avec lui. La preuve que ça ne voulait rien dire. De toute façon, ce n'était pas comme si elle tenait à le connaître au plus fin de son être. Très honnêtement, elle avait pour l'instant surtout l'intention de l'avoir dans son lit. “Donc la conne là, une fan hein ?” C'est sûr que la situation se comprend mieux. Lucy regarde la nuit au-dessus d'eux en continuant à fumer doucement.

Lucy sourit en entendant la question d'Aiden. Cela a l'air de le surprendre et de compter pour lui donc elle a presque envie d'exagérer un peu sa réponse par défi. Son sourcil s'arque. “Non pas vraiment non. Je suis plus branchée vraie vie.” Le sourire de la brune s'agrandit. Sans le savoir elle venait de forcer André Bazin à se retourner quatre fois dans sa tombe. En vrai, elle trouvait juste ça un peu plus provocateur que juste de dire "j'ai pas le temps et j'ai pas 20$ à gaspiller pour voir une bande de super-héros se taper dessus pour la millième fois". Enfin, il était peut-être un peu vrai qu'elle avait du mal à être emportée par les films. Ils l'intéressaient rarement, et elle avait beaucoup de mal à rester en place pendant une heure et demie. Et elle n'avait pas la télé chez elle ou Netflix pour en regarder. Ça s'était limité ces dernières années à des date avec des garçons, mais soit c'était une étape qu'elle sautait, soit elle ne regardait pas vraiment le film... Le compliment d'Aiden la fait à la fois rouler des yeux et sourire doucement. Elle se mord la lèvre puis se contente de détourner les yeux un instant pour fumer. Lucy l'écoute raconter en finissant sa cigarette, pouffant en entendant que la fille s'est imaginée des choses. Enfin, elle rit mais, elle verrait très bien une de ses amies qui l'ont amenée ici tenter un truc comme ça. Simplement, elles verraient directement si ça marche ou pas, elles. Là cette fille devait être carrément aveugle, ou carrément désespérée. Lucy avait parfois du mal à réaliser que certaines personnes avaient vraiment ce genre de métier, come acteur. Un peu ironique pour une fille née à LA. Mais c'est vrai quoi, est-ce que ces gens se levaient tous les matins et avaient des horaires comme les autres gens, ou est-ce qu'ils venaient juste vite fait comme ça enregistrer leur truc ? Nan oui, elle ne savait vraiment comment tout cela fonctionnait. Elle se l'imaginait un peu comme un truc où tout étaient permis aux stars et elles faisaient leur vie comme elles voulaient. “Honnêtement, j'ai pas rencontré beaucoup de stars d'Hollywood dans ma vie, mais je suis sûre que tu es différent.” dit-elle sincèrement. Pour une fois, elle était un peu sérieuse. A sa question, elle laisse échapper un sourire amusé. “Vraiment ? Ça t'intéresse ? Tu vas me faire croire que tu fais tes courses toi même ?” Elle savait bien que ces gens des beaux quartiers avaient des employés qui faisaient leurs courses ou se faisaient livrer. Elle n'essayait pas d'être mystérieuse, simplement elle se sentait terriblement attirée par le jeune homme et le taquiner était sa manière à elle de le montrer. “Et puis, je sais pas si j'ai envie que tu viennes me distraire.” dit-elle avec un sourire en coin en le fixant. Elle regarde le ciel. “Mais c'est cool que tu sois ambitieux. Ça aide à savoir où on va.” Ses sourcils se froncent et elle voudrait rester évasive mais sa langue se délie d'elle-même. Tout ne sera pas dans un sens, ce soir du moins. “Mon père était Lieutenant Marine et j'ai toujours voulu faire pareil que lui, comme pour tes parents. J'avais de l'ambition à une époque.” Elle sourit sombrement et ajoute, pour éloigner l'atmosphère. “Tu veux pas rentrer chercher un truc à boire ? J'ai laissé mon verre là-bas tout à l'heure.”

Lucy n'arrivait pas exactement à mettre le doigt sur le pourquoi du comment, mais quelque chose chez cet homme l'intriguait. Elle le trouvait assez plein de contradictions au premier abord. Lui qui lui avait d'abord semblé très secret et mystérieux était finalement ouvert et bavard. Il était célèbre et avait de l'argent mais semblait aussi simple que n'importe qui. Tout cela lui plaisait. Elle n'aimait pas toujours les gens dont on pouvait deviner toute la personnalité en un regard. Et puis, si on oubliait tout cela, il était assez son genre. Elle souriait tout en fronçant les sourcils en l'entendant parler de la manière dont même s'il avait de l'argent il essayait de garder les pieds sur terre. Venant de n'importe qui d'autre à un autre moment elle aurait sûrement trouvé ça prétentieux et idiot, mais il fallait croire que c'était l'alcool, ou le charme d'Aiden, mais cela la fit simplement sourire. Pourquoi pas, après tout mieux valait ça que l'inverse, non ? "Tant mieux alors. Quand j'entends certaines histoires parfois je me demande si les gens de ton monde on une notion du respect humain le plus basique. Une fois un donateur potentiel pour le foyer pour jeunes où je travaille voulait qu'on envoie les ados faire le service à ses réceptions. Genre l'esclavage c'est fini connard...". Le récit de ses courses le samedi amusa Lucy. Elle se demanda par contre soudainement quel âge il avait. L'âge légal au moins, parce que sinon qu'est ce qu'elle faisait. "Tes courses avec tes parents ? Dis moi, t'as bien plus de dix-huit ans ? Je veux pas de problèmes avec la police. Enfin, pas pour ça." Elle ricana bien sûr. Ce n'était pas fait pour le vexer du tout, simplement il avait l'air jeune et puis on ne sait jamais. Elle ajouta : "Et d'ailleurs "notre cuisinière" et "on est normaux" dans la même phrase ça marche pas mon chou." Lucy sourit malicieusement. Bien évidemment elle le taquinait, c'était un signe qu'elle appréciait quelqu'un, il fallait juste éviter de prendre la mouche trop facilement. Elle roula des yeux en pincant ses lèvres en entendant qu'il voulait en savoir plus sur sa remarque et ce qu'elle ressentait en sa présence. "Ouais, pourquoi donc..." répondit-elle avec un regard en biais assez aguicheur. Mais tout naturellement elle est tout de suite honnête et directe avec lui. Lucy connaît assez peu d'autres manières de communiquer. "Tu es... physiquement distrayant. J'en ferais tomber mes piles de boîtes de conserve." Elle ricane en s'imaginant le cliché de la scène. Oui, elle vient de lui dire qu'elle le trouvait beau mais de toute façon à quoi bon tourner autour du pot pendant des heures. Ils savaient déjà tous les deux ce dans quoi ils s'étaient embarqués, le reste n'était affaire que de confirmer, et pour sa part c'était déjà assez confirmé. "Tu as raison de saisir ta chance de faire ce métier, c'est unique." C'était vrai. Surtout à LA, tant de gens devaient se dire qu'être acteur ou réalisateur est le seul métier qu'ils peuvent et veulent faire et finissent garçons de café toute leur vie à enchaîner les auditions sans retour. Pour quelqu'un comme Aiden beaucoup de barrières étaient baissées, donc raison de plus pour poursuivre son rêve. Elle mentionna son père et son rêve d'être dans la Marine à Aiden qui parut comprendre. Ce rêve elle y repensait parfois, mais il était clairement mort et enterré depuis le temps. D'autant plus depuis que Thomas était mort, il n'avait vraiment plus de sens. Eux deux dans cet uniforme, c'était une autre vie. Elle ne s'était pas attendue à la question d'Aiden, qui pourtant était logique. Elle plissa les yeux en approchant son mégot du cendrier. "Hmmm. Tu le sauras quand on se connaîtra mieux." Non pas qu'elle pensait qu'Aiden réagirait mal au fait qu'elle était trans, même si on ne pouvait jamais vraiment anticiper les réactions des gens là-dessus, mais elle n'avait vraiment pas envie de parler de cela maintenant. Elle tenait à son temps à elle où elle n'avait pas à s'expliquer ou rien. Lucy propose d'aller chercher quelque chose à boire au lieu de s'étendre sur le sujet. Aiden se propose d'y aller et Lucy n'objecte pas. Elle se rend compte que par réflexe elle voudrait lui demander tout de suite un truc fort et dans une envie soudaine de corriger ses mauvaises habitudes elle hausse les épaules : "Je veux bien une bière s'il te plaît.". Elle regrette deux secondes après qu'il soit parti mais tant pis. A-t-elle envie vraiment d'être déchirée ce soir encore ? Briser le cercle... Qui lui a dit ça déjà ? En entendant des voix de l'autre côté d'une barrière elle se tourne pour apercevoir ses amis s'en aller en groupe à quelques dizaines de mètres. Ils lui font des signes de bras pour lui demander si elle vient, elle répond en secouant la tête puis en faisant un doigt d'honneur amusé à deux de ses amies qui gloussent entre elles. Même sans sa voiture ils ont assez de place pour rentrer donc pas de problèmes avec ça au moins. De toute façon Lucy n'aurait jamais filé ses clés, elle était prêteuse mais la vieille Chevrolet de son père était la prunelle de ses yeux. Elle sourit pour elle-même en regardant ses amis partir alors qu'Aiden revenait. "Oh tu es dur, moi je la trouvais amusante. J'adorerais me faire plaquer contre un mur par une fille sans cervelle obnubilée par la célébrité et la couleur de son vernis à ongles de pieds. Trop sexy." Elle ricane et entame sa bière. "Putain sérieux tu dois tout le temps avoir affaire à des gens comme ça non ? Ça te rend pas fou ?" Lucy était bien placée pour penser que les gens étaient généralement des abrutis. Pour autant elle n'en était pas arrivée à généraliser toute la race humaine, mais il fallait avouer quand même que certains... Elle revint ensuite à une de ses interrogations. "Y a vraiment plus personne ? Je viens de voir mes amis partir en même temps..."

Aiden est probablement le genre de personne avec qui Lucy pourrait parler des heures sans trop s'ennuyer. Il parle beaucoup et vient d'un monde si différent du sien qu'ils auraient probablement énormément à apprendre l'un de l'autre avant d'épuiser les sujets de conversation. Encore heureux que sa famille donne de l'argent pour les plus démunis, il fallait vraiment être un connard de riche pour ne pas le faire, même Trump donne à des associations non ? Lucy ne doute vraiment pas de la bonne foi d'Aiden, même si on ne sait jamais sur qui on tombe elle a souvent très bonne intuition sur les gens au premier abord. Qui sait. Elle essaie, sous le prétexte d'une blague, de savoir quel âge a le jeune homme. Non pas qu'elle en ai particulièrement quelque chose à faire, mais elle se demande vraiment. Il a un air un peu sans âge, genre seize ans ne la surprendrait pas mais vingt-cinq non plus. Finalement, il en a vingt. Lucy fait comme si elle était outrée. "Quoi ? Mais je suis beaucoup trop vieille pour toi. Et que du jus d'orange pour toi ce soir." Elle se met ensuite à ricaner avant de lui lancer un sourire espiègle. Lucy, qui ne connaît pas la langue de bois, n'hésite pas à dévoiler à Aiden qu'elle le trouve à son goût. Oui, forcément c'est évident si tu te mets à flirter avec quelqu'un, mais à quoi bon ne pas le dire juste parce que c'est l'usage. Il y a d'autres raisons aussi. Depuis quelques mois que Thomas était mort, Lucy se donnait un peu à n'importe qui, d'une manière pire que d'habitude. Elle n'était presque plus sélective. Elle semblait chercher à la fois à remplir le vide qu'il avait laissé et à oublier ce vide en sautant d'un mec à l'autre. Spoiler : ça ne marchait pas très bien. Lucy sourit doucement aux mots d'Aiden. Mystérieuse ? Tient, on ne dit vraiment pas toujours ça d'elle au premier abord, on la trouve souvent d'abord trop franche puis mystérieuse. Il semblerait que le jeune homme ait sauté la première étape, peut-être parce qu'elle était encore assez sobre pour jouer la subtilité. Oui, probablement cela. On dirait qu'il n'a pas l'habitude. En même temps si toutes les filles étaient du genre à se jeter à son coup comme celle de tout à l'heure, pas étonnant. Les poules auront des dents le jour où notre brune se mettra à sauter au coup des mecs. Lucy apprécie à quel point Aiden est direct en lui parlant carrément de voir son corps nu, ça l'amuse. Et elle n'aime pas les gens qui tournent autour du pot. "Alors je ne veux surtout pas manquer ça." répond-elle en frôlant légèrement son avant bras de la main. Il n'insiste pas pour savoir ce qu'elle cache, ce qu'elle apprécie. Elle se demande par contre s'il est vraiment aussi intéressé par elle qu'il le dit ou si c'est juste pour l'attirer dans son lit. Bizarrement, elle préfèrerait que ce soit la deuxième option. Elle sourit pour elle-même alors qu'il part chercher à boire. Elle suppose que c'est ce qu'on appelle une soirée réussie, pour l'instant. Après avoir croisé ses amis, il revient avec sa bière, dont Lucy apprécie la fraîcheur finalement, même si elle aurait voulu prendre quelque chose de plus costaud. Elle ne sait pas si elle est censée rire à ce que dis Aiden, mais en tout cas c'est ce qu'elle fait. Comme il le décrit, elle l'imagine sortir d'une limousine avec des lunettes de soleil poursuivi par une ordre de fille comme un Jonas Brothers en 2009. Il parle de ça très naturellement comme si ce n'était pas un truc de gros frimeur, du coup elle ne trouve pas ça tellement arrogant, juste drôle. Elle sent à ses mots qu'il en profite, probablement du genre à papillonner, mais ce n'est pas Lucy qui va le juger là-dessus. Plus le temps avance plus elle a l'impression qu'Aiden lui ressemble terriblement. Elle ne sait pas si c'est une très bonne chose, franchement. "Tu as vraiment des problèmes dramatiques. On va appeler l'ONU." commente Lucy pour le taquiner. Elle en profite pour lui demander si tout le monde est parti. Elle n'a pas vu le temps filer, et ce genre de soirée a tendance à se vider vite par vagues. En entendant la proposition très directe d'Aiden, qui pose la main sur sa cuisse, elle plonge son regard dans le sien. "Ils m'ont pas laissé en plan, je leur ai dis de partir sans moi." Elle rapproche son visage de celui du jeune homme et pose sa main sur sa hanche. "J'ai ma voiture en fait mais je sais très bien faire semblant que je ne l'ai pas et que tu dois absolument me ramener chez toi." dit-elle doucement, presque en murmurant, avant de sourire doucement. "Ce serait avec plaisir." conclut-elle avec un léger sourire, pressant son corps contre le sien. Elle se détache ensuite soudainement de lui et finit sa bière cul sec. "Allons-y." affirme-t-elle, glissant devant lui pour se rendre dans la rue. Un sourire en coin placardé sur le visage, elle lui lance : "Ce torse et ce cul ne vont pas se dénuder tout seuls.".