Voilà plusieurs semaines que j'évite Jonathan.
Depuis les récents événements du gala de charité, je préfère me montrer discrète. Par ma faute, il a encore faire la Une de la presse à scandale. Sauf que cette fois-ci, j'étais à ses côtés. Et pas pour les raisons que j'aimerais...
Holalala, si quelqu'un m'entendait qu'est-ce qu'il penserait ? M'enfin... au point où j'en suis. Mes collègues chuchotent déjà dans mon dos, faisant circuler la rumeur d'une histoire de fesses avec mon boss... que dis-je : un fictive histoire de fesses bien entendu. Quel intérêt auraient les rumeurs si elles s'avéraient être vrais après tout ?
Bref, mes collègues bavent et Trévor de la compta' me méprise. En même temps, vu l'état dans lequel son nez se trouve je peux comprendre. Mais je ne peux m'empêcher d'être triste, lui qui était si gentil et si prévenant avec moi... comment ai-je pu être aussi bête ? Il ne voulait rien d'autre qu'une bonne partie de jambe en l'air. Voilà tout...
Je pousse un profond soupire en avançant d'un pas dans la file d'attente. Je ne pensais pas qu'il y aurait autant de monde à la banque à cette heure-ci. Quand je suis arrivée à mon bureau après la pause déjeuné, Jonathan m'a laissé une enveloppe avec un mot écrit : " à déposer à la banque de toute urgence " avec le mot urgence surligné trois fois en rouge.
Sur le mpment, voir ce petit mot écrit de sa main... ce mot froid et dénué d'émotions après cette soirée intense.. ça m'a brisé le coeur. Même si concrètement, il n'a rien laissé paraître, son acte a été très important à mes yeux. Un acte que je n'explique toujours pas aujourd'hui...
J'ai donc pris l'initiative, moi et mon esprit en ébullition, à prendre la route direction la banque après le boulot.
Pourquoi est-ce à moi d'effectuer cette tâche et pas Trévor, je l'ignore. Pourquoi Jonathan m'évite-t'il lui aussi? Je l'ignore doublement.
Pourquoi moi je l'ignore alors que je devrais ... je sais pas... lui être infiniment reconnaissante de m'avoir sauvé d'une éventuelle tentative de viole ? Parce que je suis la pire des idiotes.
Quand ce fut mon tour, je dépose l'enveloppe et tourne les talons. Quand je pense à tout ce fric que je viens d'innocemment emporter... ma vie n'aurait plus été la mienne avec une liasse pareille dans les poches. J'ai un bon salaire, mais un surplus ce n'est jamais de trop.
C'est la tête ailleurs que je m'éloigne, le regard perdu dans le vie à tourner et retourner toute cette histoire dans ma petite caboche.
Tout ceci n'a aucun sens...
Je plonge les mains dans mon blouson en m'extirpant de la file d'attente. Je suis tellement distraite par mes divagations que je rentre dans quelqu'un. Le choc est tel qu'il en est fait tomber son téléphone par terre.
« Oh! Je suis vraiment désolé! Je… Vous savez, les vieux comme moi et la technologie. Je me suis laissé distraire. Je ne vous ai pas fait mal j’espère ? »Je lève les yeux vers un homme de belle allure aux cheveux légèrement grisonnants. Même très légèrement. Physiquement, je le décrirait comme à peine plus vieux que moi, mais je suis pas très douée pour deviner les âges. Déstabilisée par sa gentillesse et son sourire, je bégaie et rougis un petit peu de gêne.
« Oh mince je.. je suis vraiment désolée ! » je me confond en excuse et m'agenouille pour ramasser son téléphone. Prenant soin de ne pas y jeter un coup d'oeil, curieuse comme je suis je ne m'en rendrait pas compte...
« Je suis désolée ce n'est pas votre faute. Je ne regardait pas où j'allais... » je lui tend son téléphone.
« J'espère que je ne l'ai pas cassé ? Si c'est le cas, je vous dédommagerais... »Depuis mon plus jeune âge, j'ai toujours été très serviable et agréable avec les gens. Cela provient sûrement de mon éducation, mais pas que. J'ai toujours eu cette facilité d'approche et de mise en confiance avec les gens, c'est presque inné.
Je lui souris avec douceur en tendant toujours le téléphone vers lui.
« Mais comme disait mon père, il vaut mieux que ce soit matériel plutôt que physique ! »EXORDIUM.