Emmy ♦ Mon petit bébé

Angel descendit de son vélo en précipitation. Il fallait dire que l'imposante créature de coton qui se trouvait dans le panier avant lui avait gâché la vue tout le long du trajet et qu'il avait de la chance de ne pas avoir eu d'accident jusqu'à présent. D'ailleurs, de façon générale, on ne pouvait pas dire qu'il était un bon cycliste, au contraire, il était le genre de cycliste qu'on aimait pas avoir dans ses pattes, même lorsqu'il essayait d'être prudent...
Il se hâta de détacher son passager volumineux et se plaça à la sortie de la salle de danse, avec engouement et jovialité. Il était extrêmement pressé de voir sortir sa fille, son bébé, celle qu'il voyait grandir, mais qu'il ne pouvait imaginer plus vieille qu'une enfant. Elle ne le connaissait que comme son oncle, mais pas n'importe lequel, celui qui avait toujours été présent pour elle. C'était ce qui importait le plus. Il s'adossa à un petit muret, attendant tranquillement que les personnes présentes sortent, mais le temps commença à se faire long, très long même... Sans arrêt, il regardait l'écran de son smartphone, se perdant ensuite dans des pensées plus inquiètes les unes que les autres. Les scenarii dramatiques et les "Si" se poussaient encore et toujours dans sa tête, par dizaines, même vingtaines, même centaines. Emmy lui avait pourtant dit qu'elle finissait vers 17heures ses répétitions, et il était près de 18heures, et aucune blondinette admirable à l'horizon. Pourtant, d'autres personnes étaient déjà sorties. Notre papa poule lui avait déjà envoyé une dizaine de textos, lui indiquant qu'il l'attendait devant la sortie de derrière... Mais aucune réponse. Sans doute était-elle occupée ou discutait-elle avec des collègues, voire amis ? Mais Angel ne put attendre davantage, la crainte le rongeant de l'intérieur. Il poussa un large soupire, rangea son téléphone nonchalamment dans sa poche arrière et la peluche dans les bras, pénétra dans les lieux. Il demanda la salle de répétitions à l'accueil, et fit en sorte qu'on le laisse passer.
"Emmy!" s'exclama-t-il fortement en poussant la porte d'entrée à la salle. Elle n'était pas seule, mais il était si rassuré de la retrouver, qu'il n'y pensa guère. "Mon petit coeur, je m'inquiétais! Tu m'as dit que tu fnissais à 17h... Et regarde l'heure qu'il est! 19H approche à grands pas! Je t'attendais moi!" s'exclama-t-il simplement, en sautillant. Il n'avait pas un ton énervé ou moralisateur, mais plutôt une voix soulagée, et un air si heureux de la voir qu'on ne pourrait sans doute pas lui en vouloir longtemps de son extrême paranoïa. Il avait toujours été craintif en ce qui la concernait... Il l'avait perdue une fois, il ne survivrait pas à une seconde fois.
"Tiens, c'est pour toi! Un cadeau pour ta chambre!" ajouta-t-il ensuite, tendant le magnifique énorme ours en peluche à son interlocutrice, un immense sourire sur les lèvres. "Je t'aime, Mimi!" ajouta-t-il ensuite, toujours aussi fier de lui, s'approchant pour la prendre dans ses bras.

❝ Mon petit bébé. ❞
Angel & Emmy

Les répétitions avaient été éprouvantes et complexes. Tous les danseurs étaient sur les rotules mais malgré tout, la durée de l’entraînement s’était prolongée plus que de raison. C’est une bonne heure plus tard que prévu que nous avions finalement été libérés. Quelques applaudissement de félicitations résonnairent dans la salle alors que j’allais attraper ma bouteille d’eau, en sueur et épuisée. Je défaisais mon chignon après avoir terminé d’un traite ma boisson et j’allais rejoindre un groupe d’amis qui discutaient joyeusement. Je n’avais aucune obligation, je n’avais plus qu’à rentrer chez moi et me changer les idées ne me ferait sûrement aucun mal. Le minutes avaient défilées sans que je ne m’en rende compte et surtout, sans que je ne lance un regard, même furtif, à mon téléphone portable qui était toujours dans mon sac, dans un coin de la salle. Quand la porte s’ouvrit à la volée, tous les regards se tournèrent vers l’homme qui venait de faire irruption dans les lieux en criant presque mon prénom, victime d’une espèce de panique disproportionnée. Cet homme ne m’était pas inconnu, bien évidemment, puisqu’il s’agissait de mon oncle, un brin surprotecteur voir étouffant. Angel, je l’aimais beaucoup et j’avais toujours été très proche de lui, mais ce genre de situations, c’était juste… gênant. Il ne manqua pas d’en rajouter une couche supplémentaire en me faisant part du fait qu’il s’était inquiété et ni une ni deux, je me retrouvais avec une peluche énorme dans les bras. « Je… » Je n’eus pas le temps de continuer ma phrase qu’il me prit dans ses bras, faisant de moi un espèce de doudou supplémentaire, comme si le premier ne suffisait pas. Je laissais échapper un petit rire nerveux en m’échappant rapidement de son étreinte et lançais un petit regard gêné à mes amis. « Désolée tonton, j’arrive tout de suite… Tu peux m’attendre dehors s’il-te-plaît ? » C’était gênant, bien trop gênant pour lui laisser la possibilité de continuer à m’humilier d’avantage, malgré lui bien sûr. Angel avait toujours été très démonstratif concernant l’affection qu’il avait pour moi, quand j’avais cinq ans c’était mignon, en privé ça pouvait l’être aussi, mais dans une situation telle que celle-là, ça ne l’était plus vraiment. Je le regardais partir et lorsqu’il ferma la porte derrière lui, je me tournais de nouveau vers mes amis et collègues. « Bon, je vais devoir vous laisser du coup… On se voit demain ! » Je les saluais d’un signe de main, enfilais un gilet, enlevais mes chaussons avant de mettre mes chaussures, j’attrapais ma veste, mon sac puis je sortais pour rejoindre Angel. « C’est pas pour te vexer mais… si tu peux éviter ce genre de scènes devant mes amis ce serait sympa… C’est extrêmement gênant tu sais… » Je lui déposais finalement un baiser sur la joue, histoire de faire passer la pilule. « Comment tu vas ? » Demandais-je en lui adressant un sourire sincère, laissant un peu retomber l’agacement que la scène avait pu me faire ressentir. Je savais qu’Angel était quelqu’un de sensible et j’essayais de prendre des pincettes mais ce n’était pas toujours très simple de prendre sur moi à ce point. « Tu veux qu’on aille manger quelque part ? »

Pando

@Angel Brown

Il était si heureux et excité de la voir, si rassuré surtout, qu'il en avait oublié les bonnes manières. Il avait complètement ignoré toute autre personne présente dans la pièce pour venir se jeter dans les bras de la demoiselle, avec une fougue certaine et très peu compréhensible pour un oeil extérieure. Leur relation était très intime, il avait toujours pris soin d'elle, sans jamais dévoiler ce secret qui les liait au sein de la famille... Et en même temps, il était parfois trop collant. C'était sa crainte de la perdre, qui revenait sans cesse et le prenait aux tripes. Il savait que, d'un côté, s'il se montrait trop envahissant, il risquait également de la perdre, car elle pourrait très bien en avoir marre. Mais, d'un autre côté, se trouver trop longtemps loin d'elle était aussi une source énorme d'anxiété, qu'il ne parvenait presque jamais à combattre. Emmy lui avait pourtant souvent répété d'être plus proportionné dans ses actions, et dans leur relation, mais le message avait du mal à passer. Ou plutôt, Angel avait du mal à le mettre en oeuvre, car il le comprenait très bien. "Ok, à tout de suite..." souffla-t-il en reprenant la peluche pour la débarrasser et lui laisser le temps de se préparer, avant de sortir d'un pas joyeux. Il resta devant la porte, guettant le moindre passage, et afficha un magnifique sourire alors qu'il la voyait s'approcher de lui. Une fois à sa hauteur, elle lui souffla quelques mots, qui même dits gentiment, lui ôtèrent un peu de sa gaieté.
"Désolé..." indiqua-t-il tout doucement. "Je m'excuse, mais... j'ai eu peur. Tu ne répondais pas à mes messages. J'ai voulu en avoir le coeur net. Mais promis, la prochaine fois, j'essayerai d'être plus... discret." déclara-t-il finalement, son visage s'illuminant de nouveau, presque aussitôt, comme si le chagrin n'était même pas apparu, pas même quelques minimes secondes.
Angel serra l'imposante peluche contre lui. "Tout va bien. Je crois. Personne n'est mort aujourd'hui." indiqua-t-il en faisant référence à sa journée de travail. "Et toi? Comment s'est passé ta répétition?" demanda-t-il ensuite. "Tu ne t'es pas fait mal? Tu as pu avancer comme il faut? Les autres danseurs sont sympas avec toi?" Il avait l'air réellement inquiet en posant ses questions. Car, en vérité, il l'était.
"Avec plaisir..." répondit-il à son invitation à manger. Angel n'était qu'un très petit mangeur, mais cela tombait bien, car Emmy était aussi du genre à ne manger que la quantité nécessaire à la survie d'un moineau. "Tu veux aller où? On peut déposer ton cadeau d'abord?" demanda-t-il ensuite. Ce serait bête que quelqu'un vole M. Ours. Quoi qu'en vérité, Angie serait carrément capable de le prendre avec lui à table. Parfois, il avait cet air enfantin, surtout en présence d'Emmy. C'était un peu comme s'il retrouvait cette enfance, et cette jeunesse qu'on lui avait volé... Et d'autre fois, comme avec ses conquêtes, il savait se montrer très convaincant, et très... différent.

❝ Mon petit bébé. ❞
Angel & Emmy

Parfois, Angel pouvait se montrer réellement étouffant et parfois, cela pouvait créer des tensions entre nous. La plupart du temps, j’essayais de prendre sur moi, comme je le faisais à cet instant mais parfois, c’était compliqué. Je savais qu’Angel était très attaché à moi et qu’il avait du mal à comprendre que je n’étais plus une enfant, je savais aussi que cela partait d’une bonne intention et qu’un simple mot de travers pouvait parfois le toucher profondément. La plupart du temps, j’essayais donc de faire en sorte de lui faire comprendre les choses de façon détournée, même si je tenais fortement à mon statut de femme libre et indépendante et que le fait d’être chouchoutée comme une petite princesse de cinq ans, c’était aussi mignon que cela pouvait s’avérer gênant, surtout en public. Puisque, bien évidemment, Angel ne faisait pas la différence entre nos moments passés dans l’intimité et au beau milieu d’une foule d’inconnus. « Je ne peux pas répondre à mes messages pendant mes cours de danse… Cesse donc de t’inquiéter, tu vas vieillir avant l’âge... » Lui répondis-je avec un petit sourire, l’air un brin taquin. Parfois, je me demandais s’il n’aurait pas fallu que je me greffe un téléphone à la main et que je trouve la faculté de lui répondre même pendant mon sommeil pour faire en sorte qu’il ne se fasse pas trop de films en s’imaginant ce qui avait bien pu arriver si je ne lui répondais pas à la minute. Il s’excusa finalement en me promettant d’essayer de faire en sorte d’être plus discret la prochaine fois. Je n’y croyais que moyennement mais l’intention y était, c’était le principal après tout. Après cela, il m’assura que tout allait bien, avant de me noyer sous un tas de question par rapport à mon état de santé physique et moral. Cela ne me surprit pas réellement, c’était une question d’habitude et c’est donc tout naturellement, après avoir laissé échapper un rire face à la situation qui pourrait paraître improbable pour n’importe qui (sauf pour Angel apparemment), que je répondais, ironiquement : « Je me suis cassée une jambe et ils sont tous super méchants avec moi, ils ont même gribouillés sur mon cahier de coloriage ! » J’appuyais mes propos avec une petite moue comme aurait pu le faire une jeune enfant puis je reprenais rapidement, de peur qu’il ne me prenne au mot, sait-on jamais.. : « Je plaisante, tout va bien, je suis une grande fille maintenant tu sais… » Cela aurait pu paraître logique pour n’importe qui mais je n’étais pas certaine que ce soit le cas pour Angel. Je me demandais même parfois si réellement, il avait capté que j’avais passé le stade des 5 ans ou si, dans sa tête, j’étais toujours la petite fille qu’il avait connu il y a bien des années. Finalement, je lui proposais de manger un morceau, sachant qu’il ne refuserait pas mon invitation. Il accepta donc et me proposa de déposer d’abord mon fameux ours en peluche géant avant de nous rendre au restaurant… Ah oui, je l’avais presque oublié celui-là… « Je connais un petit restaurant sympa pas loin de chez moi, comme ça on pourra déposer cette énorme peluche avant. » Je prenais finalement l’ours tout doux entre les bras avec un petit sourire, ayant une nouvelle fois l’impression d’avoir atterrit quelques années en arrière. Mon oncle m'offrais tellement tout un tas de peluches et babioles de ce genre... Je commençais sérieusement à me demander où j’allais finir par les mettre… Et j’étais presque certaine que s’il ne les voyait pas tous dans ma chambre, il se poserait tout un tas de questions ridicules. C’est d’ailleurs à cette pensée que je posais une question qui me traversa l’esprit et que j’avais hésité à lui poser depuis bien longtemps déjà, sans penser qu’il aurait pu le prendre mal où quoi que ce soit d’autre… Dans mon esprit, c’était une question des plus innocentes. « Dis tonton, t’as jamais pensé à avoir des enfants... ? »

Pando

@Angel Brown

Toujours inquiet, Angel ne pouvait s'empêcher d'avoir peur qu'il arrive quelque chose à Emmy. Sous une certaine forme, il l'avait déjà perdue une fois, alors il ne survivrait certainement pas de la perdre une deuxième fois... Ce serait si déchirant que son coeur cesserait probablement de battre. Il la regarda, le sourire aux lèvres alors qu'elle lui expliquait qu'il n'avait pas à s'en faire car elle ne pouvait pas répondre à ses messages en plein cours. "T'aurais pu juste envoyer un sms pour dire que tu finissais plus tard!" s'exclama-t-il cependant avec entrain.En effet, cela aurait résolu le problème qu'il rencontrait depuis le début de sa vie, à savoir son angoisse chronique. Bon, cela dit, il aurait certainement inventé une autre menace fictive.
Il arqua un sourcil, alors qu'à sa question, elle lui fournissait une réponse ironique, presque sarcastique. Bien sûr, il ne la prit pas au sérieux, il n'avait pas atteint ce niveau de visualisation d'Emmy en tant qu'enfant (enfin, ce serait à discuter sérieusement). "Si tout va bien, alors parfait." finit-il par répondre simplement, un nouveau sourire sur les lèvres. Tout ce qu'il voulait, c'était le bonheur de sa fille, et elle avait l'air heureuse. Elle exerçait la profession qu'elle souhaitait, elle vivrait bien de sa passion à temps plein. Elle s'épanouissait et c'était le plus grand bonheur d'Angel. Lui, il n'avait plus trop de but, ni d'envie pour lui-même, cela faisait longtemps qu'il était éteint. Pouf, plus de lumière.
Il proposa d'aller d'abord déposer la peluche, afin de ne pas s'encombrer, ce à quoi Emmy lui expliqua connaître une restaurant sympathique à proximité de chez elle. "Parfait!" s'exclama-t-il. Il se fichait du lieu, du moment qu'elle restait un peu avec lui. Et alors qu'ils marchaient tous les deux, d'un pas assuré, la question de son interlocuteur le frappa en pleine poitrine, tel un boulet de canon. Il ne s'y attendait pas, et pourtant, c'était là. Des enfants. Mais elle était son enfant, et il ne pouvait rien lui dire. On la lui avait enlevé de force. Son sourire joyeux s'évapora en quelques secondes, et ses yeux se parèrent d'une lueur de tristesse. "Pourquoi tu me demandes ça?" demanda-t-il, clairement sur la défensive. "Je t'ai toi, tu es comme ma fille, ça me suffit." finit-il ensuite par ajouter, dans un semblant de détente, mais il était tout crispé de l'intérieur, tout tremblant, comme si ses entrailles le remuaient. Elle avait touché un point sensible, terriblement sensible. Elle ne se rendait même pas compte à quel point. Angel croisa les bras sur sa poitrine, s'avançant pour passer devant elle, sans doute afin qu'elle ne voit pas davantage l'expression de tristesse sur son visage.