(emmy) why did it have to be me?

Quinze heure. Kirin entra à l'intérieur de la boutique par la porte arrière afin d'éviter la foule qui était venue l'acclamer. Heureusement, il n’avait pas (encore?) besoin de garde du corps, mais quelqu'un était venu l'accueillir et l'emmener jusqu'à la salle principale où une table et une chaise n'attendaient que lui. L'unique raison de sa venue par ici résultait à promouvoir la sortie de son dernier roman, ou plutôt grande nouvelle, qu'il avait baptisé Door n°23 pour la simple et bonne raison que toute l'histoire se déroulait dans une chambre d’hôtel.
A en juger par le nombre de personne présente pour venir l'écouter et ensuite lui demander une dédicace, Kirin se demanda s'il allait réellement partir à dix huit heure comme il était prévu. L'ennui avec ce genre d’événement, c'était qu'on avait envie de faire plaisir à tout le monde mais que c'était impossible. Evidemment, l'espace de trois heures seulement était trop court, et c'était prévisible... mais tout de même! En vérité, Kirin avait encore du mal à réaliser sa soudaine notoriété. Pour lui, il n'était encore qu'un petit écrivain amateur qui se faisait sa place dans le métier et qui devait continuer à percer pour devenir aussi talentueux que ses artistes préférés.
Il commença par saluer tout le monde et à évaluer rapidement la salle d'un coup d'oeil furtif. Il pouvait sentir la pression de la foule qui se tassait à quelques mètres de lui et comme la dernière fois, les poils de ses bras se hérissèrent et il se mit à trembler doucement. Il était ravi d'être là, mais il éprouvait également une sorte de terreur, comme s'il doutait soudainement de la raison de sa présence ici. Après quelques petites minutes, la première personne s'avança, le livre tendu à la première page, et il démarra ainsi une longue séance de gribouillage. On lui demanda à ne pas perdre de temps parce qu'il y avait beaucoup de monde, et il dut renoncer à toutes les demandes de prise en photo avec lui, malgré lui. Le temps défila à une vitesse que seule la douleur qu'il éprouva à la main lui rappela qu'il ne faisait que cela depuis au moins deux heure et demie. Lorsque enfin, on décida que la séance était terminée, Kirin secoua frénétiquement la main afin de faire partir le début de tendinite dont il allait être victime. Il se leva en s'apprêtant à partir tandis que le personnel annonçait au reste de la foule qu'ils pouvaient repartir chez eux. Puis, alors qu'il sortait de table, son regard croisa aussitôt des yeux clairs qui étaient en train de se faire refourgués. La peau claire, petite tête blonde, elle allait partir pour toujours si Kirin n'avait pas décidé de s'avancer vers elle en tendant le bras vers l'avant pour arrêter immédiatement ce qui était en train de se passer. Une poussée soudaine qui le fit se sentir honteusement ridicule une fois qu'il se rendit compte de ce qu'il était en train de faire. Mais quelque chose au fond de lui lui avait convaincu de le faire. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais aucune parole ne se décidèrent à sortir.
".. Je dois y aller." finit-il par dire en décidant de faire volte face, changeant une fois de plus d'avis parce qu'il n'avait rien d'intelligent à exprimer.

@Emmy Hawkins :choupi:

❝ Why did it have to be me? ❞
Kikimy

Tout avait commencé quelques jours auparavant alors que je m’étais rendue dans cette même librairie à la recherche d’un nouveau livre à dévorer. Après avoir arrêté mon choix sur un tout nouveau roman, mon regard s’était attardé sur une affiche, signalant une séance de dédicace le samedi suivant. Kirin Ta'Avao était un nom qui ne m’était pas inconnu puisque j’avais adoré son dernier roman. J’avais pourtant laissé cette information dans le coin de ma tête avant de rentrer chez moi et de reprendre mes activités habituelles. Je n’avais jamais été du genre à passer des heures au milieu d’une foule pour rencontrer un auteur, tout aussi doué soit-il et pourtant, j’avais fini par me décider, sans trop savoir pourquoi… Lorsque le grand jour arriva, j’avais jeté un coup d’œil à ma montre, constatant que cette fameuse séance de dédicaces avait lieu quelques heures plus tard. Puisque non, cette information, tout aussi peu importante qu’elle avait pu me sembler être, avait continué à me trotter dans un coin de la tête, alors que je ne cessais de me convaincre intérieurement qu’elle n’avait finalement pas de réelle importance. Et puis, sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir ce qui m’avait poussé à le faire, j’avais pris la direction de cette fameuse librairie après avoir emporté au passage le dernier roman de l’écrivain.
Pendant des heures, j’avais patienté au milieu d’une foule qui ne désemplissait pas. J’avais l’impression de ne pas être réellement à ma place mais maintenant que je me trouvais là, l’envie de faire demi-tour ne m’avait absolument pas effleurée. De nombreuses fois, j’avais tenté de l’apercevoir, cachant difficilement une certaine curiosité puis finalement, après plus de deux heures d’attente, nous avions été priés de sortir, la séance de dédicace étant terminé. J’étais déçue, comme toutes les personnes présentes autour de moi et je me promettais déjà intérieurement de ne plus jamais réitérer ce genre d’expérience. Je pinçais les lèvres d’agacement avant de commencer à faire volte-face, obéissant sans broncher en sachant que quoique je fasse , je n’aurais pas gain de cause. J’avais l’impression d’avoir bêtement perdu mon temps alors qu’il s’agissait d’une de mes rares journées où je n’avais aucune répétition de prévue. Soudainement, je me stoppais dans mon élan en sentant quelqu’un m’attraper le bras. Je me retournais, surprise et posais mon regard sur l’homme qui venait de m’interpeler. Pendant quelques secondes, je restais silencieuse, en réalité, je faisais un véritable blocage alors que mon regard se plongeait dans le sien. Je savais de qui il s’agissait bien entendu et j'étais bien plus perturbée par ce qui était en train de se produire que par la raison qui l’avait poussé à me retenir. C’est lui qui rompit le silence en me confiant qu’il devait partir, puis il commença à faire volte-face à son tour.
« Non, attends ! » Cette fois-ci, j’avais moi-même prit l’initiative de le stopper, refusant de le laisser partir, sans trop savoir où cela nous mènerait en réalité… Je n’avais juste aucunement envie de le laisser filer, pas comme ça… Je laissais un nouveau silence s’installer puis finissais pas reprendre la parole, quelque peu gênée, troublée :
« Je… Tu veux bien.. ? » Je désignais le livre que je tenais entre les mains, trouvant ce prétexte pour capter son attention, même quelques secondes, pour expliquer mon comportement, qui pourrait paraître étrange en réalité. Je l’observais encore un instant, silencieuse. J’avais l’impression de l’avoir déjà vu dans le passé et cela ne faisait que de rajouter une gêne supplémentaire à l’état dans lequel j’étais déjà à cet instant.
« On s'est déjà vus quelque part.. ? » Me risquais-je à demander, prenant sur moi pour ne pas rester bêtement silencieuse, trop occupée à le regarder, allant jusqu’à en perdre l’usage de la parole.

Pando

@Kirin Ta'Avao :**:

Kirin était conscient que de nombreuses paires de yeux étaient braqués sur lui, guettant les moindre de ses gestes. Il s'était figé sur place, ne sachant quoi faire désormais. Il avait tourné les yeux partout où il le pouvait, la panique intérieur le gagnant, mais sans que cela ne se voit trop à l'extérieur. Finalement, il avait opté pour faire demi tour, abandonnant ce qu'il avait entreprit en venant rejoindre la jeune femme qu'il avait prit inconsciemment pour cible. Alors qu'il annonçait qu'il devait repartir, la petite tête blonde le retint en l'empoignant par le bras et le contact physique provoqué le fit doucement sursauter. Il était très tactile habituellement, mais la surprise de cette initiative l'avait prit de court.
"Non, attends !" lui dit-elle alors qu'il levait ses yeux dans les siens et les ouvrit en grand, totalement déboussolé par la tournure des événements. Il aurait très bien pu dégager son bras en lui priant de le laisser tranquille, mais ça n'était pas vraiment l'intention qu'il avait.
"Je… Tu veux bien.. ?" poursuivit-elle en lui présentant l'exemplaire de son bouquin qu'elle était venue faire signer. Il baissa les yeux sur l'objet, puis il décapuchona son stylo et s'exécuta.
- Bien sûr!
On vint alors l'entourer et lui faire les gros yeux. Heureusement, le reste de la foule avait tranquillement évacuée tandis que la jeune femme restait pile devant lui.
- On s'est déjà vus quelque part.. ? demanda-t-elle très sérieusement. Kirin échappa un rire alors qu'il était en train de terminer de signer le livre. Il releva alors la tête pour pouvoir mieux la voir et haussa les sourcils.
- C'est pas un peu démodé cette technique de drague? Je suis un homme marié tu sais... plaisanta-t-il. "Mais peut être bien. Je suis partout et nul part à la fois... surtout sur les écrans, apparemment."
Il reboucha son stylo et le refila au libraire qui patientait sagement à sa droite. La logique voudrait qu'à présent, il s'en aille de son côté en lui souhaitant au revoir, mais il ne pouvait s'y résoudre.
"Y'a-t-il autre chose que je peux faire pour toi? Comme t'offrir un verre par exemple? J'ai cru comprendre que tu as patienté longtemps pour me voir."
Non loin d'être son genre de profiter de sa notoriété, il avait seulement trouvé cette excuse (ridicule) pour pouvoir l'inviter à boire un coup. C'était assez ironique avec ce qu'il lui avait dit précédemment, il en était conscient, mais c'était bien lui après tout. D'autant plus que ce regard lui rappelait de vagues souvenirs, il ne savait seulement pas encore quoi bien que son cerveau avait la réponse quelque part et qu'elle ne parvenait pas à se dégager.

@Emmy Hawkins

❝ Why did it have to be me? ❞
Kikimy

Je n’avais rien trouvé de mieux que lui demander une dédicace pour le retenir un peu plus longtemps. Je me sentais ridicule, je devais passer pour une fan acharnée alors que bizarrement, l’auteur m’intéressait bien moins à cet instant que l’homme en lui-même. Je n’étais pas du genre timide habituellement et je ne me posais généralement pas de question, j’étais plutôt rentre-dedans, ne me laissant pas démonter quelle que soit la situation. Sauf que, cette fois-ci, j’étais réellement troublée, sans trop savoir pourquoi et tout un tas de questions se bousculaient dans ma tête alors que je savais très bien qu’elles étaient ridicules, voire déplacées. Il accepta finalement, me provoquant un sourire rayonnant mais qui devint quelque peu gêné alors que je constatais les regards accusateurs qui s’étaient portés sur nous.

« Merci beaucoup… » Je lui tendais alors mon livre, les lèvres légèrement pincées, avec cette impression désagréable d’être sans cesse observée. Je n’avais pas l’habitude de ce genre de situations, déjà parce que je commençais tout juste à me faire connaître mais aussi parce que le métier de danseuse était loin d’être médiatisée et seuls les réels connaisseurs étaient aptes à vous reconnaître en pleine rue…. Et encore, les cheveux détachés et habillée comme dans la vie de tous les jours, ce n’était pas aisé de faire le rapprochement. Cela m’allait plutôt bien, je n’avais jamais cherché à être sous le feu des projecteurs et encore moins à être reconnue, je voulais faire ce que j’aimais et si en plus de cela pouvait me permettre de gagner ma vie, je ne pouvais en être que comblée.

Je lui demandais finalement si nous nous étions déjà vus quelque part. J’ignorais pourquoi mais j’avais l’impression de l’avoir déjà croisé, il y a longtemps… Mais peut-être étais-je simplement en train de me méprendre, peut-être l’avais-je déjà vu à la télévision et que j’étais prise d’une confusion certaine vu la situation pour le moins… troublante. Je laissais pourtant échapper un rire à la suite de sa réplique, alors qu’il m’affirmait que ma technique de drague était démodée, me précisant ainsi qu’il était marié. Sans que je ne comprenne réellement pourquoi, un petit pincement au cœur me prit dans la poitrine mais je faisais en sorte de me reprendre rapidement, rebondissant immédiatement sur sa pointe d’humour pour en faire de même.

« Ah… Moi qui pensais te rappeler de bons souvenirs de ta jeunesse, apparemment ça n’a pas eu l’effet désiré, désolée. » Lançais-je tout en lui adressant un petit sourire taquin. « Plus sérieusement, si j’avais essayé de te draguer ça aurait été au moins aussi pitoyable… Mais j’ai des principes tu sais, je n’irais jamais draguer un homme marié. » Je n’avais jamais eu de relations avec des hommes mariés parce que ce n’était pas mon genre et que le statut de « maîtresse » ne m’attirait absolument pas. Non, je n’étais pas une briseuse de ménage, c’était quelque chose qui était important dans mon esprit, même si parfois, la tentation pouvait être grande…

Je chassais rapidement cette idée de ma tête, reportant mon attention sur l’écrivain qui m’invita à boire un verre. Je restais stoïque quelques dixièmes de secondes, me demandant si j’avais bien comprit ce qu’il venait de me proposer. En réalité, je n’en attendais pas tant, mais j’en étais ravie, bien évidemment.

« Va pour un verre dans ce cas, je n’ai pas peur de faire des envieuses… » Répondis-je en lançant un regard aux dernières fans, déçues, qui tentaient encore de l’apercevoir depuis l’extérieur de la librairie. Je glissais finalement mon livre dans mon sac à main avant de poser de nouveau mon regard sur Kirin, tentant d’ignorer les regards toujours rivés sur nous. Je me dirigeais finalement vers l’extérieur de la boutique, laissant échapper un soupir de soulagement en quittant cette ambiance un peu trop pesante puis je me tournais de nouveau vers lui.

« Ça t’arrive souvent d’inviter des jeunes inconnues de la sorte ? Tu sais que ça pourrait aussi être prit pour une technique de drague ? » Je ne pouvais m’empêcher de le taquiner à mon tour par rapport à cette invitation inattendue, jouant une nouvelle fois sur son statut, sans doute pour tenter d’alléger partiellement la situation. « En tout cas, aucun risque de voir surgir un mari jaloux de mon côté, tu peux te rassurer. » J’étais moi-même bien loin de tout cela, le mariage, les enfants, la vie de famille ou même les relations sérieuses, contrairement à Kirin, apparemment.

Pando

@Kirin Ta'Avao :**:

Il était rare que Kirin soit déboussolé, incapable de réagir. En général, il était plutôt du genre à maîtriser la situation quoiqu'elle fusse. Mais il arrivait que parfois, c'était lui qui se retrouvait au dépourvu et il avait horreur d'être dans cette situation là. Pourtant, c'était le cas. La rencontre avec cette jeune lectrice l'avait mis dans l'embarras parce qu'il s'était rendu compte qu'il avait agi bizarrement, d'une manière qui n'était pas dans ses habitudes. Il y avait des tas d'autres qui l'avaient attendus pour se retrouver finalement déçu parce que le temps d'attente était dépassé, alors pourquoi il avait insisté pour la recevoir, elle? Il avait presque envie d'en rire. D'une certaine façon, il aimait ça, les réactions imprévues, y compris les siennes. Ces retournements de situation où on ne vivait plus que l'instant présent, comme s'il n'y avait pas de lendemain. Ces défis fous, ces initiatives totalement inattendues qui embellissait soudainement une vie. Il aspirait à cela, parce qu'il considérait sa propre vie comme l'histoire d'un roman qu'on écrivait peu à peu. Et là, au moins, il y avait de l'action!

Evidemment, il avait compris où elle voulait en venir lorsqu'elle lui avait demandé s'ils ne s'étaient pas vus quelque part. Mais la blague lui avait démangé la gorge beaucoup trop pour qu'il ne la sorte pas du bout de sa bouche. C'était une perche trop grande pour qu'il ne puisse la rater. Heureusement, la petite blondinette entra dans son jeu, amusée par la réponse qu'il lui avait fournie.
"Ah… Moi qui pensais te rappeler de bons souvenirs de ta jeunesse, apparemment ça n’a pas eu l’effet désiré, désolée." lui avait-elle répliqué. Kirin échappa un rire et haussa les sourcils, surpris.
- Des souvenirs de ma jeunesse? Allons, je devais avoir quoi, vingt ans lorsque tu es née? Je ne sais pas si on peut aller cela une 'jeunesse' à proprement parler! Mais qui sait, je me serais probablement souvenu de ces merveilleux yeux si je les avais déjà croisés! continua-t-il de plaisanter d'une manière fortement amusé.
- Plus sérieusement, si j’avais essayé de te draguer ça aurait été au moins aussi pitoyable… Mais j’ai des principes tu sais, je n’irais jamais draguer un homme marié.
Kirin secoua les épaules.
- Ce sont de bons principes. Mais conquérir quelqu'un d'aussi talentueux et merveilleux que moi, je comprendrais qu'on puisse désirer passer outre ses principes, mmm? Blague à part, je ne suis pas idiot, j'imagine bien que tu ne me séduisais pas... Je crois? Mais si tu le dis, c'est que ça doit être vrai.
A bien y penser, il y avait sans doutes des femmes qui elles, auraient essayé malgré tout. Combien de célébrités, tout genre confondu, trompaient leur compagnon ou compagne avec des gens qui n'avaient pas froids aux yeux d'inciter à l'infidélité? Beaucoup trop. Il avait fréquenté pas mal de cas, alors forcément, il en savait quelque chose.
Et, ce fut dans la plus naturelle des façons qu'il lui proposa de boire un verre ensemble. Une demande des plus innocentes, il n'avait aucune arrière pensée si ce n'était que de faire plaisir à quelqu'un en lui proposant cela. bien sûr, cela restait plutôt paradoxale en vue de la conversation qu'ils venaient d'avoir, mais là encore, ça faisait parti de la personnalité de Kirin. La demoiselle accepta, en lui disant qu'elle n'avait pas peur de faire des envieuses, ce qui arracha un nouveau rire à l'auteur.
- Non, et puis même si c'était le cas, ma femme roule bien des galoches avec des types dans la plupart des films qu'elle tourne alors elle serait mal placée pour me faire la leçon, tu ne crois pas?
Lorsqu'il redressa la tête, il salua les quelques fans qui étaient en train de partir et qui passaient la tête pour l'entre-apercevoir en faisant de grands signes de la main. La question de l'inconnue qu'il venait d'inviter à prendre un verre le ramena aussitôt à la réalité et il reposa instantanément son attention sur elle.
- Ça t’arrive souvent d’inviter des jeunes inconnues de la sorte ? Tu sais que ça pourrait aussi être prit pour une technique de drague ? lui fit-elle remarquer. "En tout cas, aucun risque de voir surgir un mari jaloux de mon côté, tu peux te rassurer. "
Il retourna les bras afin d'affirmer son indifférence.
"Seulement lorsqu'elles sont blondes aux yeux clairs! Mais oui, j'en suis bien conscient, mais je m'en fiche parce que ça n'est pas le cas et toi non plus, mm? Et tant mieux, si je peux éviter d'avoir le visage éclaté avant la fin de la journée, me voilà à présent rassuré! On y va?"
Il lui présenta son coude pour l'inviter à le saisir puis il l’entraîna vers l'arrière boutique où la plupart des employés y étaient tous rassemblés. A son passage, il s'arrêta pour les remercier d'avoir été aussi accueillants et qu'il avait passé un excellent moment parmi eux. On lui désigna la sortie et une fois qu'ils franchirent la porte arrière, ils tombèrent sur une voiture noire qui les attendaient (ou plutôt l'attendait) depuis vingt bonnes minutes au moins.
"On ne rentre pas chez vous Monsieur?" demanda le chauffeur en écarquillant de surprise à la vue de son invitée.
"Non. Arrêtez nous au premier bar discret que vous croiserez s'il vous plait" demanda Kirin en toute politesse. Il ne se le fit pas demander une seconde fois. L'avantage d'être écrivain, bien qu'assez célèbre, c'était qu'on pouvait tout de même passer inaperçu aux yeux des gens, à moins d'aller dans des quartiers réellement branchés ou de s’appeler J.K. Rowling ou encore Stephen King.
"Au fait, je ne t'aie pas demandé... comment t'appelles-tu?" demanda-t-il en réalisant soudainement qu'il ne connaissait pas son identité.

@Emmy Hawkins

❝ Why did it have to be me? ❞
Kikimy

J’aimais les imprévus, j’aimais l’idée de vivre au jour le jour sans me soucier du reste, mettre les pieds dans une situation que je ne contrôlais pas et n’avoir aucune idée de l’issue de mes journées, c’était ni plus ni moins que ma principale philosophie de vie. Il y avait quelque chose chez Kirin qui m’intriguait tout particulièrement et je ne pouvais passer à côté de ce désire d’en savoir plus sur lui, sans pour autant chercher à comprendre ou cela allait nous mener ni même à me demander si c’était une bonne idée ou non. L’écrivain ne m’avait pas caché le fait qu’il était marié et même si je n’avais pu ignorer une légère déception, cela ne m’avait pas réellement rebuté pour autant. Oui, j’avais envie d’en connaître plus pour lui, lui il était séduisant, oui le courant semblait se passer incroyablement bien entre nous mais le fait de le savoir marié balayait immédiatement tout ce qui aurait pu être ambigüe dans notre relation naissante. Nous faisions connaissance, rien de plus, le reste devait passer totalement au second plan.

Kirin rebondit à ma plaisanterie en m’assurant que nous n’avions jamais du nous croiser dans le passé, puisque mes merveilleux yeux l’auraient probablement marqué. Je tournais légèrement la tête avec un petit sourire, soudainement pensive. Soit, il avait l’air plutôt sûr de lui mais ce n’était pas aussi évident de mon côté. Kirin était plutôt médiatisé, j’avais pu le voir à la télé ou autre mais ce n’était pas tellement son image qui me faisait douter mais bien une petite chose indescriptible dans son regard. Soit, je devais probablement me tromper, j’avais certainement besoin de repos et surtout de prendre du recul sur ce qui était en train de se passer. Après tout, en me rendant à la librairie, j’étais bien loin d’avoir conscience que j’allais passer un moment en tête-à-tête avec l’écrivain en personne.

« Je dois me faire des idées dans ce cas… » Me contentais-je de répondre, tournant de nouveau mon regard vers lui pour lui adresser un petit sourire. Il reprit la parole en faisant preuve d’humour, une nouvelle fois. Je laissais échapper un petit rire et secouais doucement la tête, avant de prendre, avec un air faussement important, qui n’était même pas capable de me convaincre moi-même : « Peut-être que je suis tellement talentueuse et merveilleuse moi-même que je suis capable de résister à la tentation… Ou alors j’ai une force d’esprit incroyable, qui sait. » Je n’étais pas insensible à son humour, c’était évident et je ne manquais pas la moindre occasion pour tourner ses propres propos à la dérision. Finalement, je reprenais la parole de façon un peu plus sérieuse, ne manquant pas tout de même de faire un nouveau clin d’œil à ses propos qui n’avaient rien de modestes en soit :
« Non, crois-moi sur paroles, je ne te séduisais pas… Et même si tu avais été célibataire, je ne me serais sans doute pas risquée à me prendre le râteau de ma vie, après tout tu es si talentueux et merveilleux… » J’en rigolais, soit mais ce n’était pas totalement faux dans le fond. Je n’avais jamais été attirée par la célébrité ou l’argent. Non, si j’avais voulu faire carrière dans la danse c’était ni plus ni moins pour me permettre de gagner ma vie grâce à ma passion et non dans des rêves de gloire et d’adulation. D’ailleurs, si cela avait été le cas, je n’aurais sûrement pas choisi ce domaine puisque les danseurs avaient plutôt tendance à rester dans l’ombre principalement, ou à n’être que très peu connus. Non, si j’avais vraiment voulu être célèbre pour être célèbre, j’aurais très certainement choisi une toute autre carrière, comme celle d’actrice par exemple (même si j’étais loin de penser que cela aurait pu être une réussite). Dans tous les cas, si réellement il aurait pu y avoir une relation de possible entre Kirin et moi, je ne me serais sûrement pas lancée tête baissée en croyant à mes chances. Bien au contraire, je n’aurais sûrement rien tenté du tout, bien consciente que je n’étais certainement pas le genre de femmes qui pouvait l’attirer. D’ailleurs, lorsqu’il me parla de nouveau de son épouse, je compris immédiatement qu’elle devait être une actrice, plutôt célèbre d’ailleurs, ce qui confirmait rapidement mes pensées.

« J’avoue que de ce point de vue, tu n’as rien à te reprocher. Tant qu’elle ne risque pas de débarquer comme une furie moi ça me va ! » Puisque si elle apprenait que son mari avait invité une petite jeunette à boire un verre, tournage ou non, n’importe quelle femme aurait pu voir rouge rapidement. Je n’étais pas spécialement gênée vis-à-vis d’elle puisque nous n’avions rien à nous reprocher dans le fond mais la situation pouvait porter à confusion tout de même.

Il reprit la parole en m’expliquant qu’il n’invitait que les demoiselles blondes aux yeux clairs. J’esquissais un sourire à sa réplique, ne sachant plus vraiment si je devais la prendre sur le ton de l’humour ou non cette fois-ci.
« Je suis flattée… Je crois ? » Je passais mon bras derrière son coude et hochais vigoureusement la tête. « Allons-y, je te suis ! » Quand nous nous retrouvions dans l’arrière-boutique, je restais particulièrement silencieuse, malgré quelques regards interrogatifs puis je le suivais à l’extérieur où une voiture avec chauffeur l’attendaient. Je haussais les sourcils, surprise.

« Ah oui, quand même… » Je me hissais alors à l’intérieur de la voiture, pas vraiment dans mon élément pour le coup mais cela n’avait rien de désagréable. J’étais surtout plutôt surprise, j’étais bien loin de ce genre de mondanités habituellement. « Je dois dire que je n’ai pas l’habitude, on ne vient pas du même monde toi et moi, la célébrité ça a du bon apparemment. »
Je me tournais de nouveau vers Kirin qui avait prit place à mes côtés. Le chauffeur démarra et l’écrivain me demanda finalement de me présenter, une chose qui ne m’avait même pas passé par la tête depuis le début de notre conversation.
« Ah oui, excuse-moi, je ne me suis même pas présentée… Moi c’est Emmy, Emmy Hawkins mais je doute que tu ais déjà entendu mon nom quelque part, nous n’avons manifestement pas la même notoriété toi et moi. »

Pando

@Kirin Ta'Avao :**:

Kirin plissa légèrement des yeux alors qu'ils étaient en train de discuter. Pourquoi parlaient-ils de cela au juste? Il échappa un rire lorsqu'elle lui affirma qu'elle était elle-même très forte et talentueuse pour résister à ses charmes et que même s'il avait été célibataire, elle n'aurait pas pris le risque de se recevoir le râteau de sa vie à cause de sa personnalité qu'il avait vantée comme merveilleuse.

- Eh bien, eh bien. Je suis impressionné! finit-il par répliqué sans quitter son rôle de faux séducteur célèbre et sur de lui. "Mais c'est bien dommage que tu n'aurais rien tenté. Il faut savoir prendre des risques, surtout lorsque l'on désire ardemment quelque chose. Je ne serais pas devenu écrivain sinon!"

Et bien que ça aurait dû en rester là, Kirin avait joué les prolongations. Il se sentais bien là, avec sa nouvelle rencontre. Ca lui changeait des "grandes" personnes qu'il avait l'habitude de côtoyer tous les jours. Ce monde là, il commençait à ne plus le reconnaître. Il adorait écrire évidement, et il adorait ce qu'il faisait. Mais il avait l'impression que sa vie avait eu un tournant auquel il ne s'était pas attendu. Qu'il était entré soudainement dans un autre univers et que ce qui avait été autrefois sa vie n'était plus qu'un souvenir dorénavant. C'était peut-être ce manque là qui l'avait poussé à engager la discussion avec cette parfaite inconnue. Cette envie de briser les habitudes à laquelle il n'avait pas eu l'occasion de saisir jusqu'à présent.
Et parler de sa femme était venu naturellement pour lui. Elle lui venait souvent en tête, parce qu'il l'aimait bien que cette dernière année s'était annoncée mal entre eux. Heureusement, elle gardait la tête sur les épaules grâce à son travail, et Kirin était fier d'elle, de son courage. Il attendait désespérément que ça aille mieux, et même s'il leur arrivait d'être un peu plus proche par moment, ça n’était jamais très long.
- J’avoue que de ce point de vue, tu n’as rien à te reprocher. Tant qu’elle ne risque pas de débarquer comme une furie moi ça me va ! se rassura la jeune blonde.
- Parfait! Alors, on peut continuer? s'enquit Kirin.

Ils finirent par quitter la pièce afin de pouvoir vaquer à d'autres occupations, comme celle de prendre une verre comme il venait tout juste de le suggérer. Convaincue, la jeune femme l'avait suivie en se saisissant d'un de ses bras puisqu'il lui avait tendu. Kirin salua une dernière fois toute la librairie avant de sortir une bonne fois pour toute. Au moins ici, il y avait moins de monde, voir même personne hormis la voiture qui les attendait. Elle ne tarda pas à exprimer ses impressions lorsqu'elle la vit, ce qui eu pour don d'arracher un sourire satisfait au quarantenaire. Il aimait bien en mettre plein la vue, ça n'avait pas loupé.
- Je dois dire que je n’ai pas l’habitude, on ne vient pas du même monde toi et moi, la célébrité ça a du bon apparemment, lui dit-elle. Kirin échappa un nouveau rire.
- Je viens du même monde que toi jeune fille. Mais je suis d'accord, je suis dans un autre monde là, tout comme toi.
A peine la voiture démarra qu'il se souvint qu'ils ne s'étaient pas présenté et qu'il était en compagnie d'une personne dont il connaissait totalement l'identité. Son âge, son métier, pas même son nom. Alors il lui demanda, afin de pouvoir résoudre à ce mystère au plus vite.
- Ah oui, excuse-moi, je ne me suis même pas présentée… Moi c’est Emmy, Emmy Hawkins mais je doute que tu ais déjà entendu mon nom quelque part, nous n’avons manifestement pas la même notoriété toi et moi.
Kirin remua les épaules.
- Emmy? Mmm, si, j'ai dû entendre ce nom quelque part au moins une fois. Peut être même deux, sinon plus. Cela dit, c'est un prénom charmant, ou plutôt, le diminutif charmant de Emmanuelle, n'est ce pas?
Le nom de famille lui rappelait vaguement quelque chose, mais son cerveau n'arriva pas encore à trouver quoi. Des Hawkins, il y en avait par centaine dans le monde entier, pas de quoi s'étonner. Mais tout de même.
- Et tu fais quoi dans la vie Emmy? s'intéressa-t-il alors que son cerveau s'était mis à faire une recherche précise pour avoir des réponses aux questions qu'il se posait.

@Emmy Hawkins

❝ Why did it have to be me? ❞
Kikimy

Je ne savais pas trop quoi penser, j’avais toujours cette impression de déjà-vu dont je ne réussissais pas à me défaire et la réaction de Kirin lorsqu’il me demanda mon nom me fit douter encore d’avantage. Certes, je n’étais sans doute pas la seule Emmy Hawkins dans ce bas monde mais cela commençait à faire beaucoup de coïncidences. Mais encore une fois, je cherchais à mettre cette impression persistante sur le fait que je n’étais pas réellement dans mon état habituel. Cette situation était étrange et imprévisible, tout comme cette rencontre qui n’avait rien d’ordinaire. J’étais quelqu’un de particulièrement sociable et discuter avec des personnes qui m’étaient totalement inconnues faisait partie de mon quotidien, mais aller boire un verre avec un écrivain rencontré lors d'une séance de dédicace, que j’étais presque persuadée d’avoir déjà vu dans le passé, ça ce n’était pas vraiment le genre de choses qui m’arrivaient tous les jours.

Je l’observais un instant, silencieuse en essayant de me défaire de cette impression en vain puis je fronçais légèrement les sourcils tout en m’efforçant de me sortir de mes pensées. C’était une coïncidence, une simple coïncidence. Je haussais alors les épaules puis hochais la tête avec un sourire à sa question, avant de reprendre, un peu ailleurs :

« Ce n’est pas un prénom très original n’est-ce pas ? »

Il me demanda finalement ce que je faisais dans la vie. J’avais envie d’en savoir plus sur lui mais pour l’instant, j’avais un train d’avance sur l’écrivain dont le nom (et donc la profession) étaient loin de m’être inconnus, avant même que l’on ne s’adresse la parole. Il était donc temps de faire en sorte de se mettre au même niveau avant de laisser ma curiosité le questionner jusqu’à ce que vienne le moment de se séparer. Définitivement ? Sans doute… Ce n’était qu’un moment passé après une rencontre comme Kirin en faisait probablement des dizaines par jour. A cette pensée, mon cœur se serra un peu mais mon sourire ne se décrocha pas de mon visage. Je voulais profiter de ce moment sans laisser quoique ce soit le gâcher, quitte à m’empêcher de penser à la suite, à ce qu’il allait découler de cette journée.

« Je suis danseuse professionnelle, depuis peu… » De la danse, j’en faisais depuis bien longtemps mais le fait d’avoir transformé ce passe-temps en gagne-pain, cela restait une très grande fierté. J’étais consciente que beaucoup de personne rêvaient de gagner leurs vies de cette façon et que peu d'entre elles réussissaient à se faire connaître, malgré le talent d’un bon nombre de danseurs… J’avais eu beaucoup de chance et j’avais toujours refusé de me laisser décourager. J’étais tenace, c’est sans doute l’une des choses qui m’avaient permises de réussir. « Disons que ma mère, Allison, m’a transmis sa passion, je danse depuis que je sais marcher, peut-être même avant… Mais je commence seulement à me faire connaitre, j’ai signé mon premier vrai contrat il y a un an de cela. » Allison était également professionnelle dans le milieu et c’était grâce à elle que j’avais cru en mes rêves. Avoir un professeur particulier à domicile, c’était un vrai plus pour progresser rapidement et je n’avais manqué aucun de ses conseils pour atteindre le niveau que je possédais à présent.

« Depuis, je continue ma route en espérant que tout ne s’arrêtera pas du jour au lendemain, j’ai encore un peu de mal à réaliser. » Je n’étais pas du genre à me dévaloriser ou à ne pas croire en moi, bien au contraire. Mais c’était un milieu compliqué, dans lequel tout pouvais basculer du jour au lendemain. Tout pouvait jouer en ma défaveur : les années qui passaient ou même une simple blessure et tout mon monde pouvait s’écrouler sans me laisser le temps de m’y préparer. Bien évidemment, je recommencerais ma vie comme elle l’était auparavant mais, me connaissant, je savais que je prendrais cela comme un échec et que j’aurais beaucoup de mal à remonter la pente.

A cet instant, le chauffeur gara la voiture sur le bord de la route, non loin d’un petit bar tranquille. Je regardais furtivement par la vitre avant de poser de nouveau mes yeux sur Kirin et son regard envoutant.

« Je crois que nous sommes arrivés… » Lançais-je avec un sourire alors que le chauffeur confirma rapidement mes dires.

Pando

@Kirin Ta'Avao :**: