pour recoller les morceaux, il faudrait déjà avoir des morceaux ★ ceelyana & orion

pour recoller les morceaux, il faudrait déjà avoir des morceaux ★ ceelyana & orion
(♫ un peu de musique ♫)
 Orion était adossé à côté de la porte de sortie de l’amphithéâtre avec un sourire aux coins des lèvres. L’autre jour, en discutant avec un collègue, comme ça, il lui avait dit qu’il avait visiblement sa fille dans un de ses cours. Après qu’Orion lui eût confirmé que c’était le cas, au début assez mal à l’aise d’avoir à évoquer le sujet, il s'était dit que c’était un parfait moyen pour prétexter une rencontre fortuite et pouvoir passe un peu de temps avec Ceelyana. Il ne savait pas vraiment pourquoi il se sentait obligé d’user de stratagèmes. Théoriquement, il aurait pu l’appeler et lui proposer de se voir. Mais ils n’avaient tout simplement jamais fonctionné comme ça. Se voir comme ça pour discuter, ce n’était pas un truc qu’ils faisaient, ça aurait été... bizarre. Ils ne parlaient pas vraiment. Pourtant, il tenait à lui dire qu’il emménageait définitivement à Los Angeles et qu’il avait envie qu’ils se connaissent mieux. Il allait sûrement lui faire tout un truc et finalement ne pas vraiment tenir parole, mais bon... Ce n’était ni la première ni la dernière fois. Il ne savait pas vraiment pourquoi il avait changé d’avis sur tout ça. Il n’avait pas non plus soudainement envie de devenir le père parfait, enfin, c’était un peu tard au bout de dix-neuf ans de toute façon. Non, c’était juste que récemment, il avait commencé à se dire que s’il mettait sa carrière en pause, autant qu’il en profite pour améliorer des choses dans sa vie. Ou alors peut-être qu’il l’avait mise en pause précisément pour améliorer des choses dans sa vie. Ce n’était pas très clair dans sa tête.

En même temps, il lui arrivait d’avoir assez honte de sa relation avec sa fille. Honte de par exemple être incapable de répondre lorsque des gens lui demandaient ce qu’elle faisait comme études, comment elle allait, si elle avait un petit copain. Honte d’avoir eu, ses derniers soirs de premières, à appeler des amis pour occuper les sièges vides réservés à la famille. Honte de réaliser que cela faisait probablement plus de sept ou huit ans qu’il n’avait pas mis les pieds dans une fête d’anniversaire ou un Noël. Bien sûr, la honte n’était vraiment pas un moteur pour Orion, c’était une émotion dont il se moquait éperdument. Mais à ce stade avancé, il ne pouvait plus fermer les yeux. Donc ils allaient parler, essayer du moins, parce qu’à vrai dire il n’était même pas vraiment sûr qu’elle accepte de passer du temps avec lui. C’était à voir. Orion se contente donc de l’attendre, en jouant avec le bord de son pull marine qui reposait sur un pantalon gris assez smart (trop peu pour lui les jeans). Au bout d'un moment, il commence à entendre le claquement des chaises de l'amphithéâtre, puis les premières têtes pressées commencent à sortir de la salle en discutant fort, ne lui jetant pas un regard généralement. Orion finit par distinguer en train de sortir une chevelure rousse qui sort évidemment du lot. Il redresse son dos du mur et, n'attendant pas qu'elle le remarque, appelle son nom d'une voix claire. Il tente de lui sourire de la manière la moins crispée possible. Afin d'éviter que de la gêne ne s'installe entre eux, il se lance directement. "Tu es libre là maintenant pour déjeuner quelque part, avec moi ?" Il ne savait pas pourquoi il précisait avec lui, c'était évident que c'était avec lui. Tant pis pour la rencontre fortuite, c'était évident que non, se rendant compte qu'il n'avait pas précisé comment cela pouvait se faire qu'il était là, il rajoute, son fort accent britannique tintant ses mots : "Je connais ton professeur, il m'a dit que tu étais là donc je me suis dit que c'était l'occasion." Orion perdait beaucoup de sa superbe habituelle lorsqu'il s'agissait de discuter avec elle. En même temps, il n'avait aucune envie de paraître hautain, et aussi il ne savait jamais vraiment de quel ton user. Il estimait qu'il avait environ 50% de chance qu'elle le rembarre. C'était plutôt honnête.

(c) noctae

pour recoller les morceaux, il faudrait déjà avoir des morceaux ★ Orion & Ceelyana

Assise dans les derniers rangs, Ceelyana passais de pages internet à des pages Word. Bien qu'elle suivait le cours assidûment, elle regardait de temps à autre facebook et twitter histoire de se divertir quelques secondes, même si au final il n'y avait rien de bien intéressant sur les réseaux sociaux. C'était le dernier cours avant la pause de midi, une fois de plus elle c'était loupée et n'avait pas assisté au premier cours. Hier soir, elle avait passé du temps avec son petit ami enfin ce n'était pas vraiment son petit ami mais elle voulait croire qu'il finirait par quitter sa femme, même si ce n'était pas gagné. Elle aimait vraiment passé du temps avec lui, être dans ses bras, sentir son odeur mais il n'était pas à elle et il fallait qu'elle se fasse une raison sans quoi elle souffrirait encore terriblement de cette situation. Alors, elle décidait de se fixer une règle, si à son anniversaire donc le 7 décembre précisément il ne quittait pas sa femme, elle le quitterai. Au fond d'elle, elle savait qu'elle ne le ferai pas mais elle voulait se persuader qu'elle en était capable. Quand sa voisine de table rangeait son pc, la jeune femme sortait de ses pensées en se rendant compte que le cours était fini. « On mange ensemble ce midi? » Ceelyana acquiesçait à son amie sans rien dire. Elle rangeait ses affaires et suivait la file de gens qui quittait l’amphithéâtre. 

Quand elle entendait son prénom au milieu de cette foule qui courait manger, Ceelyana restait sur place. Cette voix, lui était bien trop familière. Mais pourquoi maintenant? Quand elle tournait la tête et qu'elle eu la confirmation que c'était son père, elle s'approchait de lui toujours accompagnée de son amie. Sans même lui demander comment elle allait, il lui demandait d'aller manger avec lui. Une partie d'elle en avait envie mais une autre absolument pas. Elle regardait son amie puis son père. « Je devais aller manger avec une amie en fait. Et oui ça va et toi? Comment tu savais que j'étais là? » Orion répondait à sa deuxième question en oubliant la première. Il semblait gêner et Ceelyana eût un pincement au cœur, elle se tournait vers son amie pour s'excuser, ce midi elle déjeunerait avec son paternel. Une petite voix au fond d'elle savait qu'elle allait regretter ce choix. « Je suppose que si tu es là, c'est que ta quelque chose à me dire? » Ceelyana avait un gros problème avec le tact. Elle avait tendance à rentrer dans le tas directement sans trop se poser de question. Après tout son père le méritait bien, elle allait fêter ses vingt ans dans quelques jours et elle ne savait même pas si celui ci s'en rappellerait sans la notification facebook. Il n'avait jamais été là pour elle, jamais pour les moments importants. Est-ce qu'il savait au moins son deuxième prénom? Sa couleur préférée? La marque de son téléphone? Pour la dernière question, bien sûr que oui puisque c'était un énième cadeau reçu par la poste le noël dernier accompagné d'une carte "désolé de pas pouvoir être là. " La jolie rousse en voulait terriblement à son père.

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pour recoller les morceaux, il faudrait déjà avoir des morceaux ★ ceelyana & orion
(♫ un peu de musique ♫)
Ce n’est vraiment pas un regard ravi que Ceelyana lui lance en le voyant, ce qui est normal en même temps. Elle a l’air plutôt surprise, pas comme si elle avait vu un fantôme, mais quelque chose de cet ordre là. Elle demande à Orion comment ça va mais il ne capte pas vraiment et se contente de répondre à sa deuxième question, ce qu’il fait. Il ne précise pas non plus qu’il travaille à UCLA désormais, il ne sait pas trop si elle le sait ou l’a appris par des humeurs, mais il n’a pas vraiment envie de donner l’impression qu’il va être tout le temps sur son dos même si ça ne lui ressemble vraiment vraiment pas. La jeune femme rétorque aussi immédiatement qu’elle doit déjeuner avec une amie. Mais Orion n’est pas vraiment le genre de personne qui peut dire “non ne te dérange pas, va déjeuner avec ton amie”, il avait clairement l’intention d’insister. Il n’a pas besoin de le faire visiblement parce qu’elle se tourne vers son amie, sûrement pour lui expliquer qu’elle ne va pas être disponible. Orion glisse une main dans sa poche et l’autre le long de sa barbe naissante, s’efforçant de masquer la pointe de gêne qu’il sent en lui. La salle s’est déjà vidée alors que Ceelyana se tourne directement vers lui pour lui demander ce qu’il veut. Evidemment, qu’il vienne sans raison, c’est impossible. Il esquisse un de ses sourires charmeurs habituels.

"J'ai toujours des choses à dire. Pourquoi, tu préfèrerais qu'on se contemple en silence pendant tout le déjeuner ?" dit-il afin de contourner la question.

En même temps, peut-être que ça les aurait beaucoup plus arrangé tous les deux. Enfin, elle semblait avoir accepté l'idée de passer du temps avec lui, c'était déjà ça. Il prend la jeune femme légèrement par le bras pour l'entraîner à marcher avec elle hors du couloir jusqu'à la sortie. Il travaille déjà ici, aucune envie de camper sur place. Orion n'est pas du genre à parler de but en blanc mais il sent que la jeune femme ne le lâchera pas autrement, et il n'est pas le plus doué pour parler de la pluie et du beau temps. Il laisse planer le silence le temps qu'ils se retrouvent dehors devant le bâtiment de l'université, à marcher vers la rue commerçante la plus proche, pour mettre au clair ce qu'il souhaite lui dire.

"En fait, j'ai arrêté la scène, le cinéma, je m'installe en Californie. Je suis probablement une des seules personnes à venir habiter Los Angeles pour arrêter d'être acteur, ce que je trouve assez amusant." Il sourit pour lui-même. "Je voulais t'en parler parce que tu risques de me croiser un peu, j'ai pris un poste ici à la faculté d'arts de la scène, on me le proposait depuis quelques années donc..."

Il s'arrête de parler pour lui laisser un peu le temps de digestion vu que tout cela ne ressemblait absolument pas à Orion et qu'elle allait sûrement se demander quelle était sa motivation derrière tout ça. Elle allait aussi sûrement croire que c'était des conneries et qu'il serait dans trois mois de retour sous les feux des projecteurs en costume paillettes de l'autre côté du pays, ou de l'Atlantique. Sa mère ne savait pas encore, mais elle avait tendance à beaucoup plus regarder ce qui se disait sur Orion sur Internet pour pouvoir bien placer des arguments lorsque, rarement, il leur arrivait de se voir, et de s'engueuler par la même occasion. Après, il racontait tellement d'idioties à la minutes qu'elle n'y avait sûrement pas cru.

(c) noctae