The twins gathering ft Maya H. Whanau

Maël était très content des retrouvailles avec son aînée : il avait passé une très bonne après-midi à discuter avec elle et immédiatement une bouffée de chaleur réconfortante l'avait enveloppé au fur et à mesure que passaient les minutes. Il était de retour chez lui, et c'était bon comme croquer à pleines dents dans la madeleine de Proust.

A présent , il était en direction d'un autre lieu, pour d'autres retrouvailles : celles avec sa jumelle, Maya. Il aimait beaucoup Zoey, même s'il ne lui avouerait jamais en face, mais retrouver sa sœur jumelle, sa moitié, son alter ego, c'était d'un tout autre niveau. Avec Zoey c'était affectif, avec Maya, ça serait viscéral. Ils étaient nés ensemble, ils avaient tout vécu ensemble, jamais ils ne s'était quittés une demi-seconde, jusqu'à son départ. Sa décision de partir à l'étranger était ce qu'il avait vécu de plus terrible dans sa vie : déjà, il s'était retrouvé pour la toute première fois seul, dans la même situation que la plupart des mortels, et ce sentiment d'isolement l'avait conduit en quasi dépression les premiers mois où il mit les pieds à Sydney.

Ensuite, le plus douloureux, fut d'annoncer la nouvelle de son départ à sa moitié. Au début, elle ne l'avait pas crû et elle lui avait même ri au nez. Puis vint la colère, les reproches d'abandon puis la tristesse, ce qui fut pour lui le plus pénible. Il détestait voir sa jumelle souffrir, il en avait cassé des figures à des sales types qui lui avaient fait du mal, ou pire, qui lui avaient brisé le cœur ! Et quand il ne pouvait pas le faire, il se vengeait de sorte à ce qu'ils n'oublient pas de sitôt le crime qu'ils avaient osé commettre envers sa frangine. Or là, dans cette histoire, c'était lui le coupable, et il ne pouvait pas se casser lui-même la figure. Elle l'avait supplié de changer d'avis, de rester, mais il savait au plus profond de lui-même que ce voyage était aussi initiatique et qu'il devait se découvrir en tant que personne à part entière.

A présent, il était sûr qu'elle lui en voulait à mort et un nœud d'anxiété se formait dans son estomac. Malgré les nouvelles technologies, la distance et les fuseaux horaires avaient fait leur jeu et aujourd'hui, il ne connaissait pas les dernières nouvelles la concernant. Cette ignorance l'avait vraiment tué les premiers mois et souvent, il avait eu des bulles anxiogènes qui naissaient de manière inexpliquée dans sa poitrine. Il avait  entendu un jour que c'était un pouvoir de connexion qu'avaient les jumeaux, un sorte de ressenti des émotions négatives que vivaient l'autre malgré l'éloignement, et il ne manquait alors jamais de l'appeler dans ces cas pour savoir comment elle allait, ainsi que pour se rassurer.

Malgré cela, il savait qu'une tranchée avait été creusée entre eux avec le temps et la distance. Pourrait-il corriger ce tort en revenant aujourd'hui auprès d'elle ? Lui pardonnerait-elle cette trahison de l'avoir quittée un jour, le rabaissant à d'autres garçons qu'elle avait connus ? Autant de questions terrifiantes qui le faisaient trembler quand il portait sa cigarette à la bouche. Cela faisait dix minutes qu'il attendait devant l'immeuble, cherchant un courage qui ne venait pas. Maya était la seule femme sur Terre pour qui il pourrait faire des miracles de peur qu'elle ne le repousse : se trainer sur du charbon ardent pour la reconquérir lui semblait être un juste prix à payer.

Il sortit en tremblant le téléphone de sa poche et se décida enfin à taper maladroitement sur son clavier un sms à sa destination :

" Hé, il y a ton frère jumeau préféré qui t'attend en bas de l'immeuble "

Il tira nerveusement sur sa cigarette en attendant sa réponse, laissant la fumée blanche lui brûler la gorge et le nez alors qu'elle lui ressortait par ses narines.

@Maya H. Whanau

Maël guettait depuis le trottoir, les yeux rivés sur la fenêtre de leur appartement. Il espérait voir Maya en surgir et venir se jeter dans ses bras, comme l'avait fait un peu plus tôt Zoey. Mais la fenêtre demeurait irrémédiablement vide et seule la lumière qui s'en échappait l'informait qu'elle était bien présente. Il soupira, écrasa au sol sa cigarette pour s'en allumer une autre, stressé. Il savait qu'avec Maya ça serait une autre paire de manches, qu'elle lui ferait payer son départ lors de son retour et qu'elle y mettrait du cœur dans la tâche, mais cela lui faisait déjà mal de la voir l'ignorer ainsi alors qu'il était sûr qu'elle avait déjà reçu son sms.

Son cœur ne fit qu'un bond en sentant le portable vibrer dans sa poche et il lut aussitôt le message qui y était inscrit. La peine qu'il ressentit à parcourir ces mots, qui étaient autant de coups de couteaux dans son coeur, assombrit ses traits et il regarda encore la fenêtre devant laquelle elle refusait de se présenter.

" Ton jumeau moins préféré alors... " Écrivit-il, l'âme en peine, avant de se rallumer une autre cigarette.

Il se demandait si elle allait lui faire passer la nuit dehors, à attendre devant l'immeuble qu'elle veuille bien lui ouvrir et surtout qu'elle accepte de le revoir. Elle en était capable. Il soupira et rédigea un autre sms :

" Tu sais que je ne partirai pas, même si tu me le demandes ?"

Il sortit un pull de sa valise et se l'enfila, car l'air commençait à être frais. Les nuits étaient froides mais cela ne lui faisait pas peur avec les variantes de climats qu'il avait connues en Australie. Si elle n'acceptait pas de le voir ce soir, il attendrait devant l'immeuble jour et nuit qu'elle veuille de nouveau le rencontrer. Il ne pouvait pas s'imaginer de vivre dans la même ville qu'elle et de ne plus avoir aucun contact ensemble. Il avait un besoin viscéral d'être de nouveau auprès d'elle et son cœur hurlait de désespoir qu'ils soient encore séparés alors que la distance était si réduite...

S'il-te-plaît, Maya, ouvre-moi... Chuchota-t-il pour lui, les yeux humides en tirant sur sa cigarette comme si sa vie en dépendait.

@Maya H. Whanau

Regardant la nuit étoilée depuis la marche de l'immeuble devant lequel il était assis, son portable sonna de nouveau et il lut avec angoisse le message de sa jumelle. Il eut une moue embêtée. Il savait qu'il l'avait fait souffrir et il avait souffert tout autant, même si elle ne voudrait jamais le croire. C'est vrai que c'était Maya qui était abandonnée mais cela ne l'avait pas moins coûter de s'arracher à elle et de malmener leur lien fusionnel pour se jeter dans le grand vide et fuir aussi une personne qui lui tourmentait l'esprit. Il soupira et se mit à rédiger :

" Je suis revenu maintenant et je ne partirai plus."

Il posa son menton sur ses bras croisés sur ses jambes, recroquevillé sur lui-même. Il avait l'air d'un petit garçon perdu et ses yeux de chien battu en avaient toujours fait craquer plus d'un, ce qui était fort pratique quand il faisait des conneries avec sa sœur et qu'ils devaient se faire pardonner des parents ou toute autre grande personne lorsqu'ils étaient plus jeunes. Mais avec sa frangine ça ne prenait pas et il n'hésitait pas alors à se jeter à terre et se traîner à ses pieds pour la satisfaire, totalement dépendant de sa personne. Il faisait pour elle ce qu'il n'avait jamais fait et ne ferait sans doute jamais pour une autre femme. C'était elle qui était le roc de leur relation, que ce soit pour sa force ou son côté tranchant, et il ne pouvait que la suivre dans ses prises de position bien tranché. Cette situation qui ressemblait celle à un amant éploré avait fait jasé plus d'un durant leur adolescence : ils avaient longtemps partagé le même lit jusqu'au jour où il eut sa première érection matinale, ce qui avait fait bien rire Maya mais l'avait affreusement gêné et depuis ils avaient dormi séparément, mais les autres ne pouvaient pas comprendre à quel point des jumeaux, même faux, avaient besoin de l'autre. Plus qu'émotionnellement, c'était viscéral, et c'était pourquoi la quitter avait été l'expérience la plus douloureuse de sa vie. Il aurait voulu plus que tout au monde qu'elle le suive dans son projet mais il ne pouvait lui demander cela alors qu'elle venait de s'inscrire dans une fac de mode pour réaliser son rêve. Alors il avait dû être pour la première fois de sa vie le roc de leur relation, fort et inébranlable, et plus jamais il ne voudrait revivre cela.

Son cœur fit un bond en entendant sa voix et il se leva comme sur des ressorts pour se précipiter vers l'interphone, complètement heureux :

- S'il-te-plaît, s'il-te-plait, s'il-te-plait, reine de mes nuits, astre de mes jours, impératrice de mon cœur ! La suppliait-il avec empressement.

Il en devenait complètement fou et lorsque la porte lui fut ouverte, il écrasa son mégot, se jeta dans l'immeuble avec sa valise et monta tous les étages à pied, trop impatient pour attendre que l'ascenseur arrive. Il fut complètement épuisé devant la porte de leur appartement mais il lui restait encore assez de force pour tambouriner frénétiquement la porte en bois devant lui. Plus rien ne pourrait l'arrêter maintenant et s'il lui fallait la défoncer pour pouvoir rejoindre sa moitié, il n'hésiterait pas à se fracasser l'épaule tout contre pour y arriver et la prendre enfin dans ses bras.

@Maya H. Whanau

Alors qu’il frappait tant qu’il pouvait contre la pauvre porte de bois qui n’avait rien demandé, il vit enfin celle qui faisait le soleil et le beau temps dans ses journées. C’était trop bon de la revoir en chair et en os, à se tenir devant lui dans l’ouverture de la porte, toute menue et pourtant si forte à la fois. Il s’imprégnait de nouveau des traits fins et familiers de son visage, son petit nez mutin, ses yeux de biche noirs d’encre qui pouvaient presque tuer en un regard, sinon deux, avec ses longs cheveux noirs de geai.

Elle se tenait enfin de nouveau devant lui et il la regardait d’un air béat, le plus heureux au monde :

« Si tu insistes ! HE TOUT LE MONDE, JE VIENS DE RETROUVER MA JUMELLE ET SI CA NE VOUS CONVIENT PAS J’VOUS EMMEEEEERDE ! » Hurla-t-il dans la cage de l’escalier avant de venir s’enfermer dans l’appartement en riant comme un bossu.

Il y eut un moment d’hésitation où Maya hésita visiblement entre lui foutre un poing ou le prendre dans ses bras, heureusement la seconde solution l’emporta dans son cœur, même s’il n’aurait pas démérité la première, et le jeune homme n’hésita pas lui un seul moment pour venir attraper fort la brunette dans ses bras. Il savoura la collision de leurs deux corps, s’imprégnant de son parfum et de la douceur de sa peau, qui étaient des véritables madeleines de Proust. Il se sentait de nouveau entier et plus rien au monde ne pourrait les séparer.

« Toi aussi tu m’as manqué, princesse… » Chuchota-t-il contre son oreille, ému de leurs retrouvailles.

Lui aussi avait les larmes aux yeux et de nouveau il se voulait terriblement d’être parti, de l’avoir laissé derrière lui. Avait-elle autant souffert que lui de son départ ? Lui avait-on fait du mal pendant son absence alors qu’il se trouvait si loin ? La culpabilité le rongerait encore longtemps mais maintenant qu’ils étaient de nouveau réunis, il ne laisserait personne lui faire quoi que ce soit.

Il se mit à rire légèrement en l’entendant parler et il passa sa main sur sa joue avec tendresse :

« Bien sûr que c’est toi la femme de ma vie, comment peux-tu en douter un seul instant ? »

La rumeur de la Bitch (https://losangelestimes.forumactif.org/t3519-bitchcation-137?nid=9#64140 ) lui revint en mémoire mais il tenta de la chasser de son esprit. C’était sûrement faux, il se protégeait toujours, comment une fille aurait-elle pu tomber enceinte de lui aussi facilement ? Malgré tout, il était anxieux d’imaginer une femme seule quelque part et en détresse à cause d’une nuit de passage… Toutefois, il ne voulait pas que la Bitch lui pourrisse ses retrouvailles avec sa moitié, retour qu’elle fêtait à sa manière…

« Ce n’est pas grand-chose mais je t’ai rapporté des souvenirs. » Dit-il pour masquer son angoisse.

Il sortit alors de sa valise une paire de pantoufles koala qu’il lui tendit en souriant :

« Ça te plait ? J’ai trouvé ça aussi… »

Il eut un petit sourire malicieux en lui présentant les bracelets « partners in crime ».

@Maya H. Whanau

Spoiler:

Bien sûr qu'il était con, Maël était surpris que Maya puisse encore en douter. Comme cela faisait un an qu'ils ne s'étaient pas vus, cela n'arrangeait pas son cas, et il était comme un chien fou devant sa maîtresse à lui faire la fête et à aboyer partout même si ça dérangeait le voisinage. Il lui pissait à la raie au dit voisinage, et il s'il devait se vider sur le pallier, il ne se gênerait pas pour le faire. Il savait avec Maya comment mater les gens à l'usure et ils en avaient fait déménager plus d'un avec leurs ruses...

- C'est qui Mme Jones ? Une vieille fille ronchonne en manque de bite ? Demanda-t-il grossièrement en prenant ses aises dans l'appartement. Elle t'emmerde ? Plus pour longtemps, maintenant que je suis là ! Ajouta-il avec un grand sourire entendu en souvenir du bon vieux temps.

A la réponse de Maya, le jeune homme se tint le coeur, comme si elle venait de lui briser :

- Je serai donc malheureux toute ma vie... ! Soupira-t-il avec emphase en exagérant franchement sa tristesse.

Si la Bitch avait été dans la pièce, elle aurait adoré voir la scène. Après tout, peut-être qu'elle y était effectivement... On ne savait toujours pas comment elle obtenait ses informations, peut-être que des personnes malveillantes dénonçaient des comportements qu'ils considéraient comme "déviants" chez autrui... la nature humaine était si pernicieuse parfois, sa moitié et lui étaient un bon exemple !

Pour le moment en tout cas, c'était la Bitch qui étaient vainqueuse et elle le tourmentait avec sa dernière rumeur qu'il ne savait pas comment vérifier.

- Arrête de lire dans mon âme, c'est chiant ! Répondit-il avec un petit sourire gêné sur les lèvres.

Il soupira avant d'aller s'asseoir. Il avait effectivement oublié qu'il ne pouvait rien cacher à sa jumelle qui arrivait à le cramer à des kilomètres. C'était parfois lourd car elle ne lâchait pas l'affaire jusqu'à ce qu'il se confesse mais comme il avait ce même pouvoir sur elle, c'était de bonne guerre.

- Il y a la Bitch qui a dit sur moi que j'ai laissé derrière moi une fille enceinte en Australie... Soupira-t-il enfin en la regardant dans les yeux avec tristesse.

Il fut content que les cadeaux plaisent à sa frangine : il avait toujours un mal fou à se décider alors il en faisait peu. Il préférait être là quand les gens avaient besoin de lui plutôt que d'acheter leur amitié ou de l'entretenir par des cadeau. Malgré tout, s'il était revenu d'Australie avec rien dans les mains, il se serait senti ingrat après une année d'absence.

- Je sais... Souffla-t-il à sa remarque, souriant toutefois en la regardant essayer ses présents.

@Maya H. Whanau