La clôture d'un chapitre ▬ BILLIE&ANDREW

Un profond soupir s’échappa de ses lèvres tandis qu’il fermait la valise contenant une partie des affaires de sa femme. Andrew avait le cœur lourd. Prendre cette décision n’avait pas été chose facile, mais le vétérinaire avait dû se mettre à l’évidence. Il n’arrivait plus émotionnellement à prendre soin de sa femme, même physiquement, il commençait à fatiguer. Ses nuits étaient de plus en plus courtes tellement la nervosité était présente dans son ventre. Il ne savait pas si savoir sa femme entre de bonnes mains allaient réellement le rassuréer, mais il le fallait. Ça faisait des années qu’il se démenait, il avait besoin d’une pause et surtout, il avait besoin de penser à lui. Même si les gens autour de lui ne comprenait pas nécessairement, Andy avait décidé de fermer les yeux sur les commentaires potentiels qu’il aurait. Mise à part Rita, ses enfants n’étaient pas trop au courant de la situation. Andrew n’avait pas osé leur en parler. Il craignait leur réaction. Tandis qu’il savait bien qu’avec Rita, tout était plus simple. Andy et Rita avaient toujours été extrêmement proches au point où Andy lui avait confié pour Amelia… Même s’il n’était pas certain que sa fille ait compris toutes les raisons derrière ce choix, elle ne lui en tenait pas rigueur. Ce qui avait été un énorme soulagement pour le vétérinaire.

« Je crois que j’ai tout. » dit-il en descendant avec la valise de sa femme à une brunette qui se trouvait dans le hall. « Merci d’avoir accepté de faire ça avec moi. » souffla-t-il en sentant sa gorge se serrer. Son regard se posa sur Billie, l’une des meilleures amies de sa femme et il lui sourit. Un sourire avec une légère pointe de tristesse. Ce n’était pas un jour facile pour l’homme qui avait quand même l’impression d’abandonner sa femme. « Tu pourras mettre ta touche de décoration, ça va lui faire plaisir. » ajouta-t-il dans l’optique de détendre l’atmosphère. C’était surtout lui qui était nerveux et qui se sentait réellement inconfortable. Cette mauvaise impression ne le lâchait pas et c’était pire depuis qu’une voiture spécialisée était venue récupérer Olivia ce matin afin de l’amener à sa nouvelle chambre. Billie et Andrew allaient suivre pour l’installer correctement et lui apporter ses affaires. Andy avait l’impression que ça serait une question de minutes avant qu’il craque. Il avait le regard larmoyant lorsqu’il se plaça derrière le volant après avoir rangé la dernière valise d’Olivia dans le coffre. Il prit une profonde inspiration avant de démarrer.

@Billie Robinson

Aujourd'hui était un jour spécial. Billie ne savait pas si elle approuvait où si elle était là uniquement pour soutenir son ami. En vérité, elle n'aimait pas réellement ce qu'il se passait dans cette maison où elle était souvent venue pour boire un verre, voir les enfants grandir, entendre le rire d'Olivia et voir l'amour d'Andrew envers cette dernière. Ils avaient toujours été son couple fétiche, un couple qu'elle aurait aimé avoir. Mais ce n'était pas à sa portée, ni dans son destin. Sa bonne étoile avait décidé de lui faire prendre une autre voie, de la confronter à des saloperies dont elle peinait à se débarrasser. Billie suivait un traitement et elle allait en thérapie depuis de longues années maintenant. Comment sa vie avait pu être brisée de la sorte à cause d'un connard qui avait jugé bon de la traiter comme un objet qui lui appartenait ? Billie soupira doucement en mettant le dernier carton remplit d'affaires personnelles dans le coffre de la voiture puis alla attendre Andrew dans l'entrée. C'était donc ça de grandir et d'avancer dans la vie. Des changements qu'on acceptait pas forcément. Enfin, Andrew arriva avec la valise d'Olivia dans la main.

« Je n'allais pas te laisser tout seul quand même... Et puis bon, c'est plus facile à deux que tout seul... »

Billie suivit Andrew, un peu étonnée par sa demande. Il était vrai que Olivia avait toujours aimé les tableaux de Billie mais elle n'aurait pas pensé que Andrew accepterait qu'elle y mette sa touche de décoration. La brune sourit légèrement.

« J'apporterai un tableau tout spécialement fait pour elle alors. Je sais que ça lui plaira. »

La jeune femme prit place dans la voiture, attendant que Andrew démarre. C'était étrange de se dire que sa meilleure amie allait finir dans un établissement spécialisé. Elle était encore jeune et Billie avait encore du mal à s'y faire. Parfois, elle viendrait rendre visite à Andrew mais ce ne serait plus comme avant. Il n'y aurait plus Olivia pour la faire rire ou pour lui faire des cookies dont elle se goinfrerait en se plaignant de devoir aller au sport pour dépenser toutes les calories qu'elle était en train d'ingurgiter. Andrew conduisit la voiture jusqu'au centre spécialisé où Olivia allait désormais être. Billie observa le bâtiment comme si elle le jugeait puis sortit de la voiture en soupira doucement, venant attraper quelques affaires dans le coffre pour les amener à la chambre d' Olivia. Cette dernière était déjà installée dans un fauteuil, près de la fenêtre. Billie vint près d'elle, regardant alors l'extérieur. Il y avait un beau jardin et c'était calme.

« Eh bin... je t'envie presque... » D'un sourire, elle se pencha vers son amie pour lui embrasser la joue.

Beaucoup ne comprenait pas. Les quelques personnes avec qui Andrew avait parlé de son dilemme n’avaient pas été de son avis. Pendant longtemps et encore aujourd’hui, le vétérinaire se sentait comme un sans cœur d’envoyer sa femme dans un endroit plus adapté pour elle. C’était facile pour les gens de lui reprocher d’abandonner sa femme alors qu’il avait longtemps été seul pour s’occuper d’elle. Certes, Olivia avait des visites régulièrement, mais le reste du temps, c’était Andy qui la veillait presque nuit et jour avec des infirmières à domicile qu’il avait engagé. L’homme avait fini par arrêter de se soucier des pensées externes pour penser avant tout à sa femme. Elle serait beaucoup mieux et surtout en sécurité dans un endroit spécialisé pour des cas comme elle. En cas de crises, Andrew ne savait pas comment réagir. Il n’était pas habilité pour ça. Ça devenait dangereux autant pour lui que pour sa femme.

« J’apprécie énormément. Ça me touche. Tout le monde ne comprend pas pourquoi je fais ça. Ce n’est pas facile. » confia-t-il. Il ne connaissait pas exactement la position de Billie sur la question, mais sa présence ici comptait énormément pour lui. Même si elle n’approuvait, elle était quand même là. Ce n’était pas rien. « C’est sûr que oui. Le tableau qu’on a dans notre chambre lui a toujours énormément plu. Avant, elle me demandait souvent de lui rencontrer son histoire. J’en inventais une nouvelle à chaque fois, elle adorait. » En parlant, Andy avait un petit sourire nostalgique sur les lèvres ainsi que les yeux brillants. Il gardait en souvenirs les meilleurs moments. C’était très important pour lui. Même dans la maladie, Olivia et Andrew avaient vécu des bons moments. Aujourd’hui, ça n’arrivait plus, mais avant, elle pouvait avoir quelques heures de lucidité pendant lesquelles, ils discutaient.

Par la suite, Andrew se mit derrière le volant en direction de l’hôpital. Le trajet fut silencieux. Le vétérinaire était nerveux. Même s’il avait déjà vu l’endroit à plusieurs reprises ça serait la première fois qu’il allait y avoir sa femme. Ça allait lui faire étrange et il allait vraiment devoir se retenir de la ramener à la maison. Même s’il avait pris sa décision, parfois, il la regrettait et il sentait que ça allait lui prendre un moment avant de l’accepter entièrement. « J’ai fait tous les endroits de Los Angeles. C’est le plus beau, le plus calme, le meilleur… » dit-il à l’endroit de Billie lorsqu’elle sembla dévisager le bâtiment. Andrew n’avait pas choisi le premier édifice pour se débarrasser de sa femme. Au contraire, il avait visité chaque endroit, il avait lu toutes les évaluations sur Internet et il avait des trentaines de brochures à la maison qu’il connaissait par cœur. À la suite de Billie, Andrew entra les valises de sa femme et se dirigea vers l’hôpital spécialisé pour finalement rejoindre la chambre d’Olivia. « Bonjour chérie. » souffla-t-il en passant une main dans la longue chevelure de sa femme. Cette dernière leva à peine les yeux vers lui fixant plutôt Billie. « C’est Billie, ton amie, tu te souviens ? » Il connaissait la réponse, mais c’était plus fort que lui. Olivia se contenta de sourire avant de fixer l’extérieur. Pour sa part, Andrew se mit à faire le tour de la chambre. « Ça va aller, tu crois ? » demanda-t-il à l’endroit de Billie. Il avait réellement besoin d’être rassuré. Au fond, il avait peur.

@Billie Robinson

Dans un sens, Billie avait un peu de mal à comprendre la décision de Andrew. Il se séparait de la femme qu'il aimait et ce n'était pas quelque chose de simple à faire. Au fond d'elle, elle ne pouvait pas se permettre de le juger dans sa décision. Lui, il était encore bien portant et actif dans son métier. Combien de temps tiendrait-il comme ça ? L'état de santé d'Olivia c'était sacrément détérioré en si peu de temps que Billie ne voyait pas comment Andrew pouvait continuer à s'occuper d'elle, tout seul. Elle avait besoin d'une assistance perpétuelle et la brune savait que l'endroit où elle allait maintenant n'était pas une vulgaire maison de retraite où les pensionnaires n'étaient pas bien traités. De toute manière, elle ferait de son mieux pour rendre visite à son amie aussi souvent que possible. Elle savait aussi que l'épouse d'Andrew recevrait la visite de ses enfants. Au moins, eux ils étaient toujours là pour l'aider et l'aimer. Billie posa son regard sur Andrew avant de baisser les yeux. Un léger sourire apparut sur les lèvres de la brune.

« Te connaissant, tu devais lui raconter des histoires loufoques et gâcher mon merveilleux talent ! »

Il fallait qu'ils détendent l'atmosphère. Cette journée semblait beaucoup trop oppressante pour être prise à la légère. Billie inspira doucement alors qu'elle venait de monter dans la voiture. Elle aurait franchement préféré ne jamais vivre ça mais elle voulait être près de cette famille qu'elle avait longtemps idéalisé. Olivia lui avait souvent demandé quand est ce qu'elle comptait faire un enfant mais Billie se contentait de rire et de dire qu'elle en avait fait assez pour elles deux. Les quatre têtes blondes d'Olivia avaient toujours été une bouffée d'air pur pour la brune. Pourtant, elle n'oubliait pas qu'elle avait un enfant quelque part, qu'elle avait décidé de ne pas élever. Billie passa une main sur son visage et poussa un profond soupir, se sentant soudainement épuisée de penser à son passer. Finalement, ils arrivèrent dans la maison spécialisée pour Olivia et Billie se sentit soulagée de voir que l'endroit était si beau. Elle sourit légèrement.

« C'est très bien choisi. »

Elle quitta le véhicule pour récupérer les valises qu'il y avait dans le coffre et se dirigea vers la chambre d'Olivia. C'était un nouvel endroit mais la femme ne semblait même pas perturbée par ce soudain changement. Billie s'approcha d'elle, s'installant sur l'accoudoir du fauteuil où Olivia était installée. Elle avait une jolie vue depuis sa fenêtre mais Billie se doutait qu'elle n'en avait rien à faire. Elle ne devait même pas s'en rendre compte. Doucement, la brune repoussa une mèche de cheveux derrière l'oreille de son amie et sourit.

« Oui. Je crois qu'elle sera bien ici. » Elle tourna son visage vers Andrew. « Ne t'inquiète pas. Je viendrais aussi souvent que mon travail me le permet. Je ne vais pas arrêter de venir la voir sous prétexte qu'elle est ici maintenant. Mais c'est un chouette endroit, tu as vraiment bien choisi Andrew... » Elle le gratifia d'un léger sourire avant de reposer son regard sur Olivia. « Tu sais, je pense qu'elle préférerait être ici si elle en avait conscience. Elle n'a jamais voulu être un poids pour toi... Hein Olivia ? T'as toujours pris soin de ton petit mari... »

Un air presque coupable se dessina sur son visage quand Billie lui dit qu’il devait rencontrer des histoires loufoques et gâcher son talent. Il finit par se mordiller la lèvre inférieure et préféra ne rien ajouter. Au départ, Andrew avait raconté la vraie histoire du tableau, mais n’en pouvant plus de se répéter, il avait commencé à inventer des histoires plus drôles les unes que les autres juste parce qu’il aimait cette lueur de joie dans les yeux d’Olivia et qu’il aimait la voir sourire ou rire. Ça lui manquait, donc il essayait de le provoquer comme il pouvait. Andy arrêta la voiture finalement devant l’édifice où allait loger sa femme. L’homme n’avait pas seulement choisi à la beauté de la place, mais également au confort et selon les évaluations. Il avait rencontré les directeurs de certains endroits et il les avait presque passés en entrevue pour conforter son choix. Certes, il avait encore des incertitudes et s’il sentait qu’il y avait le moindre problème, il n’hésiterait pas à la changer d’endroit où à la reprendre chez lui. Au péril de sa propre santé, s’il le fallait. Le confort de sa femme avant tout, même si elle n’avait pas réellement conscience de ce qui se passait autour d’elle. Elle le savait sur le moment, mais après tout s’effaçait de sa mémoire. Avant elle posait beaucoup de questions. Andy pouvait lui répéter plusieurs fois la même chose dans la journée, maintenant, elle ne parlait presque plus. Elle fixait dans le vide et réagissait à peine à ce qui pouvait se passer autour d’elle. « J’espère que les enfants vont penser la même chose… » souffla-t-il avec un demi-sourire lorsque Billie confirma qu’il avait bien choisi. Le brun était extrêmement nerveux, car il savait pertinemment que les enfants étaient contre ce transfert. Et pourtant personne ne s’était proposée à prendre sa place. Certes, Andrew n’était pas seul, les enfants étaient toujours dans le coin, mais jamais totalement, jamais plus de quelques heures dans la journée. Pouvait-on réellement lui reprocher quoi que ce soit ?

L’homme observait la meilleure amie de sa femme prendre soin cette dernière ce qui le fit sourire légèrement tandis qu’il commença à déballer les vêtements présents dans les boîtes. « Elle n’a jamais été un poids… Elle ne le sera jamais… » Justifia-t-il. Il ne l’envoyait pas ici pour se débarrasser d’elle, au contraire. « Si la situation n’était pas devenue dangereuse pour elle, elle serait toujours avec moi. » Il se justifiait encore… Il ne pouvait pas s’empêcher de se sentir coupable. Il avait la sensation d’être un mauvais mari… De l’abandonner. L’homme prit place au pied du lit d’Olivia et cacha son visage entre ses mains quelques secondes. « Mais Billie, les enfants et moi, on va venir te voir le plus souvent possible. Ça sera comme à la maison. » finit-il par dire en levant la tête vers la femme qu’il aimait. « Je suis sûr qu’au fond elle est extrêmement contente que tu sois là. Elle t’aime beaucoup. Tu as toujours été très importante pour elle. Et je t’en suis reconnaissant d’avoir toujours été là et d’être là aujourd’hui. » Il s’était relevé et posa une main se voulant amicale dans le haut du dos de Billie. « Merci ! » dit-il même si l’inquiétude était toujours présente sur son visage.

@Billie Robinson

Billie était occupée à recoiffer cette femme qui avait été son meilleur soutien. Elle l'avait rencontré par hasard et malgré leur grand différence d'âge, elles s'entendaient à merveille. C'était même presque effrayant de savoir que leur fille aînée n'avait que dix ans de moins que Billie. Mais ça, elle s'en fichait. L'amitié n'avait pas d'âge, pas de sexe et pas de couleur. Entre Olivia et Billie, ça avait été aussitôt sincère et depuis elles ne s'étaient plus lâchées. La brune se demandait encore comment une femme aussi parfaite qu'Olivia pouvait alors subir une chose aussi horrible que cette maladie ignoble. Le pire était que l'un de ses enfants l'avait aussi. Doucement, elle soupira légèrement en faisant une moue songeuse.

« Elle n'était pas un poids mais toi oui ! » S'amusa t-elle a répondre. « Quel horrible mari tu as été de lui avoir fait quatre beaux enfants et lui avoir donné la meilleure des vies ! »

Bien sûr, c'était un compliment déguisé. Olivia n'avait eu de cesse de faire l'éloge d'Andrew au point que parfois, Billie la priait de se taire et de parler d'autre chose. Elle avait bien compris qu'Andrew était l'homme parfait pour elle. Un léger sourire se dessina sur le visage de la brune alors qu'elle observait Olivia avant de remarquer qu'Andrew commençait à ranger les affaires de sa femme. Billie reposa son regard sur Olivia, faussement insurgée.

« Regarde, il en profite pour renifler tes culottes ! C'est dégueu ! » Billie se leva. « C'est bon Andrew, arrête de te justifier... »

La jeune femme vint lui tapoter l'épaule avant ranger quelques affaires, mettant des bibelots ça et là et posant une plante verte près de la fenêtre. Elle observa Olivia un court instant avant de continuer à ranger, se demandant comment ça se passait dans la tête de sa meilleure amie. Andrew la tira de ses pensées. Billie haussa les sourcils en le regardant. Il n'avait pas besoin de préciser qu'il allait venir rendre visite à sa femme. Billie le connaissait assez pour savoir qu'il viendrait. Ses enfants également. La jeune femme sourit légèrement quand il la remercia, venant le prendre dans ses bras.

« Ne me remercie pas. Vous êtes ma seconde famille et je ne serais jamais ailleurs que près de vous, quoi qu'il arrive. »

Doucement, elle se détacha d'Andrew après lui avoir déposé un bisou sur la joue, reprenant le rangement. Une fois que la décoration fut terminée, Billie se frotta les mains, presque satisfaite de ce qu'elle avait fait. L'heure des visites allait bientôt se terminer. Si Andrew pouvait rester car il était le mari, Billie n'était pas de la famille et ne pourrait pas rester plus longtemps. De plus, son estomac commençait à grogner sa faim. La jeune femme récupéra son sac à main.

« Tu restes ici ? Sinon j'ai bien envie d'aller manger un shawarma ( )... Ou deux. »