Aarid | Oh my Valentin !

Astrid avait passé une bonne partie de son après-midi dernière les fourneaux. Ce qui lui avait valu les rires de sa colocataire avant que celle-ci ne parte pour sa soirée. En effet, la jolie brune avait invité Aaron à venir dîner, elle n’avait pas encore trouvé l’occasion de vraiment le remercier pour ce qu’il avait fait pour elle lors du tremblement de terre ni même pour l’attention qu’il lui avait donnée. Ce que la jeune femme n’avait pas pris en compte… C’est qu’on était le 14 Février, pour elle s’était un jour comme les autres, mais c’était aussi et surtout la Saint Valentin. Ce qui était totalement sorti de l’esprit de la jeune femme qui mit ses cassolettes au four avant de filer à la douche non sans avoir ouvert à Moka qui grattait à la porte pour sortir dans le minuscule jardin.  Elle se prépara rapidement, assez simplement en vérité mais plus apprêtée que tous les jours. Elle portait une petite robe bleue marine avec une paire de ballerine noire. Elle avait relevé ses cheveux qu’elle avait coupé en une queue de cheval un peu fouillons et s’était légèrement maquillée. Rien de bien extraordinaire en somme, mais elle ne s’était plus apprêtée ainsi depuis un moment et avait l’impression d’en faire trop pour un simple dîner.  Elle redescendit et rouvrit à Moka qui aboya joyeusement en remuant la queue. Astrid sourit et lui le câlina un peu avant d’aller voir où en était ses cassolettes océanes. Elle espérait qu’Aaron aimerait les fruits de mer, elle n’avait absolument pas pensé à le lui demander. Elle prépara la table, et terminait de déposer les verres lorsque l’on sonna à la porte. Moka courut en aboyant
- Du calme Moka ! dit la jeune femme, en attrapant le collier de son chiot. Il avait bien grandi le petit père et avait presque un an maintenant. Elle ouvrit et un sourire étira ses lèvres lorsqu’elle vit Aaron,
- Bonsoir ! Entre ! Excuse Moka, il est un peu fou-fou…, dit la jeune femme en retenant son chien et s’effaçant pour laisser entrer Aaron. Une fois la porte refermée elle relâcha Moka qui fit la fête à Aaron. Il lui tournait autour en remuant la queue, heureux de voir que sa maîtresse avant de la visite et puis cela sentait bon et il avait l’air d’avoir des choses intéressantes dans les mains peut-être aurait-il droit à sa part lui aussi ?
- Moka stop ! dit Astrid en attrapant son chien par le collier pour le pousser plus loin dans la pièce, elle s’avança elle fit la bise à Aaron se sentant rougir. La dernière fois qu’il était venu… Il l’avait embrassé sur le pas de porte. Bon, certes c'était sur la joue... Mais elle avait bien sentie que c'était plus qu'une simple bise mais quoi ? Elle n’avait pas su comment réagir à ce moment-là et avait été d’autant plus déstabilisée que dans les semaines qui avait suivi… Aaron avait été assez distant avec elle, jusqu’au tremblement de terre où il l’avait sauvé des décombres. Depuis cela semblait aller un peu mieux. Elle lui était même plutôt reconnaissante de ce qu’il faisait, il était plutôt attentionné et cela lui avait pas mal changé les idées. Elle avait eu une petite phase de déprime après avoir avoué à Ulysse qu’elle l’aimait. Elle le voyait surtout au Red maintenant, il n’avait rien refait depuis. Et elle s’en voulait un peu, mais… Elle n’avait pas osé l’inviter.
- Tu vas bien ? lui demanda-t-elle en l’emmenant dans la pièce à vivre qui abritait à la fois le salon et la cuisine un petit espace pour manger. Ce n’était pas très grand mais, rien que cette pièce faisait la superficie totale de son ancien appartement et cela lui faisait un bien fou d’avoir plus d’espace elle était très reconnaissante à son amie de lui avoir proposer de venir vivre avec elle. Elle débarrassa Aaron en le remerciant et après lui avoir demander si le dessert allait au frigo ou non, posa le tout pour le consommer plus tard.
- Tu veux boire quoi ? demanda-t-elle en sortant des verres à apéro.

Devant ton téléphone, tu avais été comme un gamin. Gloussant, sautillant... Heureusement, tu étais dans ta chambre, à ce moment là. Astrid qui te propose de passer la Saint-Valentin chez elle, dîner en tête à tête... C'était presque Noël. Alors tu prends ton temps pour te faire beau, te préparer, et décides même de faire avec tes petites main un gâteau au chocolat mi-biscuit, mi-mousse. Une tuerie ! Enfin, tu ne l'as pas encore goûté, mais il est beau, avec quelques framboises pour décorer le dessus. Tu te sens fier, enfin remarqué. Tu ne doutes pas que tout ce qui s'est passé entre vous est aussi la raison de tout ça. Après tout, Astrid avait réussi à te faire comprendre qu'elle tenait à toi et de ton côté tu avais fait des efforts pour ne pas paraître trop étouffant. Bref, tout serait parfait.

Tu avais mis une belle chemise et une veste. En arrivant, tu prépares ton plus beau sourire, mai ce n'est pas Astrid la première à le recevoir mais Moka, visiblement intéressé par le chocolat. Tu rigoles alors un peu, donne deux ou trois caresses à a boule de poil avant d'entrer et d'embrasser Astrid sur les deux joues. Ca va très bien ! Et toi ? Tu poses ton manteau, ton gâteau, et regarde un peu partout autour de toi comme pour inspecter le lieu que tu découvres enfin. Astrid s'occupe de tout cela pendant que tes yeux parcourent la pièce. Photo, décoration, tout ça te fait sourire. J'ai amené du vin ! Que serait un tête à tête sans vin, il avait donc pris une bouteille de rouge pour le repas, et une de blanc pour l'apéritif.

Tu montres du doigt le canapé, devant lequel se trouvent ce qui ressemble à de gâteaux apéritifs, comme pour demander si tu peux t'asseoir et finit par y aller. C'est chouette chez toi ! Je n'étais jamais entré, du coup...

Astrid avait été surprise de la tenue d'Aaron, mais agréablement, ce n'était pas tout les jours qu'elle avait l'habitude de la voir habillé ainsi et cela avait touché quelque chose en elle, bien qu'elle soit bien incapable de dire quoi. Elle lui fit la bise lui demandant comment il allait,
- Très bien, tu es superbe habillé comme ça ! dit-elle en l'entraînant dans la pièce à vivre. Elle se sentit un peu rassuré aussi, il n'aurait pas l'impression qu'elle en avait fait trop pour un simple diner. Elle réserva le gâteau au frai, se doutant qu'il ne serait que mieux, elle devinait de la mousse et ne voulait pas risquer de la faire tourner.
- Installes-toi, fais comme chez-toi, dit-elle après l'avoir vu désigner le canapé du doigt, devant lequel elle avait placé quelques petit four qu'elle avait fait dans l'après-midi, il la complimenta sur l'intérieur de la maison alors qu'elle revenait avec les verres et la bouteille de blanc. Avec l'apéro cela ira très bien ! Elle sourit
- Oui, c'est vrai, merci, c'est principalement ma colloc qui a fait la déco j'ai surtout équipé la cuisine rit-elle, ce n'est pas tellement son point fort. Elle s'assit sur le canapé près d'Aaron après avoir débouché et les avoir servit. Elle sourit, et attrapa son verre, le levant pour trinquer,
- Je n'ai pas pu te remercie correctement pour tout ce que tu as fais pour moi... Alors, merci dit-elle en cognant doucement son verre contre celui d'Aaron, le regardant dans les yeux. Elle croyait un peu à la superstition qui disait que trinquer sans regarder dans les yeux portaient la guigne, elle le faisait donc à chaque fois. Elle porta ensuite son verre à ses lèvres, buvant une gorgée.
- Hmm, il est bon, dit-elle après l'avoir goûter. Elle était plutôt amatrice de blanc même si elle n'en buvait que rare, pour les grandes occasions comme ce diner par exemple. Même si, elle était plus libre niveau finance, elle avait garder son habitude de faire attention. Il n'y avait pas de petite économie... lorsqu'il ne s'agissait que d'elle. Pour ses amis elle était moins attentionnée, et elle ne comptait plus le nombre de fois où elle n'avait manger que des pâtes pendant un mois lorsqu'elle vivait seule. Elle entendit le four biper,
- Je reviens, dit-elle, en se levant pour aller ouvrir le four vérifiant la cuisson de ses cassolettes, j'espère que tu n'as rien contre les fruits de mer, dit-elle tandis qu'une bonne odeur envahissait la pièce. Elle remit son four en maintient chaud, remettant les cassolettes à leur place un léger sourire aux lèvres. Elle adorait cuisiner, même si elle s'amusait plus en pâtisserie, lorsqu'elle le faisait, elle n'hésitait pas à innové faisant des mélanges parfois surprenant mais qui n'avait jamais déplu à personne. Du moins, les plats étaient toujours vide lorsque le repas se terminait, elle en avait déduit qu'elle devait se débrouiller plutôt bien.

Assis sur le canapé, tu rougis un peu en pensant au compliment d'Astrid, pas peu fier de ta chemise choisie pour l'occasion. Ça ne t'étonne pas qu'elle te dise s'occuper de la cuisine, tu ne sais pas vraiment pourquoi, mais tu imagines bien Astrid derrière les fourneaux, à l'aise avec l'idée de faire plaisir à quelqu'un en le régalant de bons petits plats. Lorsqu'elle te rejoint, tu prends une grande inspiration et trinque avec elle, heureux que le vin soit bon. Mais à peine êtes vous enfin assis ensemble qu'elle est de nouveau appelée dans la cuisine. Tu soupires un peu, sans pour autant le lui montrer, car tu voudrais pouvoir te retrouver avec elle plus de sept secondes...

Tu te bauges alors un peu dans le canapé, portant le verre de blanc à tes lèvres. Puis, sans réellement t'y attendre, Astrid te parle depuis la cuisine. Tu n'avais pas prévu cela, toi qui croyais devoir encore être seul dans ton coin tant que tout ne serait pas fin cuit. Sursautant un peu à la mention des fruits de mer, tu renversas donc une partie de ton verre sur le sol. Oh, put... Oui oui ! Nickel les fruits de mer ! J'en mange pas souvent, alors c'est parfait, haha ! Tu ris jaune, les yeux rivés sur la minuscule flaque de vin qui gît devant tes pieds. Le verre, terrible coupable, est maintenant posé sur la table - sur laquelle il ne manquera pas de laisser un cercle parfait - et te voilà, agitant les bras, ne sachant que faire. En regardant de droite à gauche, tu finis par apercevoir ce qui ressemble à un torchon et l'attrape donc pour éponger le vin. Victoire ! Ni vu ni connu, te voilà sauvé.

Jusqu'à ce que tu remarques les deux manches qui sortent du torchon, et l'étiquette d'une marque de vêtements que tu connais bien. Entre tes mains, tu tiens ta deuxième victime de la soirée. Et il ne t'aura fallu que 2 minutes de solitude dans le salon. Tu lèves alors les yeux au ciel avant de paniquer. Et le résultat de cette panique se fait vite sentir, te voilà à vite cacher ce qui semble être un t-shirt derrière le canapé... Intérieurement, tu pries pour que ce soit celui de la colocataire. Presque en sueur et le visage bien rouge de honte, tu replonges vite dans le canapé, avale un grand coup de vin blanc et engouffre un petit four dans ta bouche aussi vite que possible, comme pour oublier toi-même les bêtises que tu fais. Hm ! Les petits trucs apéros sont super bons ! Tu essayes de te sauver en changeant de conversation. Ca va, tu t'en sors avec la cuisine, besoin d'aide ?

Astrid fut soulagée lorsque Aaron lui dit qu'il aimait ça et n'en mangeait pas souvent. Elle régla son four, inconsciente de l'inconfort d'Aaron. Elle se retourna un large sourire aux lèvres lorsqu'il lui dit que ces petits fours étaient supers bons.
- Je suis contente qu'ils te plaisent ! dit-elle ravit en s'essuyant les mains, j'ai fais un truc nouveau, il y en a au pesto et d'autres avec de la ricotta et de la tomate séchée. Elle avait trouvée l'idée sur une site de recette, évidement, elle l'avait arrangée à sa sauce comme souvent, elle adorait innovée et puis, elle avait envie de faire quelque chose de spécial pour Aaron. Elle avait vraiment envie de le remercier et avait donc mis les petits plats dans les grands pour cette soirée. Elle revint et déclinant son aide en cuisine.
- Non merci, c'est bon, je vérifiais juste la cuisson pas qu'on mange brûler, ce serait bête quand même, dit-elle en se rasseyant et souriant. Moka s'approcha posa sa tête sur les genoux de sa maîtresse faisant des yeux de cocker, ce qui tira un rire à Astrid, non Moka il n'y a rien pour toi, dit-elle en lui caressant la tête. Le chiot garda tout de même sa tête sur les genoux de sa maîtresse, tirant la langue et remuant la queue. Même s'il n'avait pas eu à manger avoir quelques caresses le ravissait au final tout autant. Astrid de regarda Aaron,
- Tu sais... Je tenais vraiment à te remercier. Pour tout ce que tu as fais pour moi pour toutes ses années et... plus particulièrement ces derniers mois, dit-elle en sentant le rouge lui monter aux joues, Par rapport à... mon passé, ma maladie mais aussi pour m'avoir sauvé lors du tremblement de terre... Merci beaucoup... ajouta-t-elle.
Elle détourna un peu le regard, timide. Elle se sentait bête et maintenant qu'elle lui avait dit ça, elle se sentait surtout maladroite. Elle se rendait compte que dit à voix haute ses remerciement sonnaient maladroits. Elle avait l'impression d'être très formelle alors que ce n'était pas ce qu'elle recherchait. Elle se mordit la lèvre, prenant son verre avant de finalement oser relever le regard vers Aaron. Ses joues la brûlait et devait certainement avoir cette tinte rouge qui lui colorait joliment le teint, mais qui à son avis ne faisait que relever la pâleur de ce dernier.

Tu es encore à moitié en train d'hyperventiler, lorsque Astrid revient de la cuisine. Tu espères qu'elle ne remarquera rien de tes bêtises, toi qui est pourtant habituellement sincère et qui assume tes erreurs, avec elle c'est un peu autre chose. Tu ne veux pas paraître empoté, sûrement. Assis sur ce canapé, avec Astrid qui te rejoint, tu sens ton cœur qui bat trop vite. Tu avales un grande gorgée de vin pour essayer de te déstresser et souris niaisement lorsqu'elle commence à prendre la parole. Et soudain ça te frappe. Ses mots te font plaisir, ça te touche cette reconnaissance, mais tout s'explique. C'est simplement pour te dire merci qu'elle t'a invité ce soir. L'expression sur son visage, tout te le confirme.

Oh non, t'en fais pas, c'est normal. Je m'inquiète pour toi et je suis content si tu vas mieux. Tu as l'air. Tu souris alors, la mine quelque peu renfrognée en baissant les yeux. Tu espères te tromper, mal interpréter, te faire des films. Ça fait longtemps que tu as cette tendance à dramatiser plutôt que de te nourrir d'espoir, tu n'as jamais été vraiment touché par la chance alors tu t'es fait une raison. Mais ce soir, oh comme tu espérais que la roue tournerait. En la voyant te regarder, tu lui souris alors et dépose ta main sur la sienne comme pour la réconforter. Le message est passé ne t'en fais pas, ou quelque chose du genre. Tu apportes ton verre contre le sien, faisant sonner entre eux les deux récipient et te relève car tu remarques que Moka commence à tirer sur ton pantalon. Tu rigoles alors, et grattouille le chien.

Je vais aller me laver les mains, je reviens ! Tu pars alors dans la salle de bain, retrouver un peu de solitude un instant pour faire le point. Est-ce que tu lui demandes pourquoi elle t'a invité, cash, en croisant les doigts ? Est-ce que tu t'en moques et profites simplement de cette belle soirée ? Est-ce que Astrid se rend seulement compte que c'est la Saint-Valentin ? Devant la glace, tu te dévisages et commence à te faire un mini-crise de la quarantaine. Tu te trouves fatigué, pourtant si jeune. Ta vie n'est pas motivante, ni exaltante, tu vis en colocation avec une armée de gamins, même si tu les aimes tous à ta manière... Qu'est-ce que tu fous Aaron, qu'est-ce que tu fous ?

Quand tu en ressors, tu plisses ta chemise d'un revers de main et retrouve Astrid dans la pièce principale. Ca va être prêt ? On peut passer à table ? Après tout, c'est bien pour ça qu'on est là, haha ! La seconde qui suit tu te sens déjà stupide d'avoir fait cette remarque, mais tu essayes vite de passer outre. Non mais, blague à part, tu sais Astrid n'importe quel ami t'aurait aidé. Tu n'as pas besoin de me remercier. Je préfère te savoir en sécurité qu'ignorer tout de toi. Tu rougis un peu et reste là, debout, comme un piquet, à attendre de savoir où il est préférable que tu ailles t'asseoir : salon apéro ou table à manger.

Astrid eut l'impression.... de décevoir Aaron et cela la fit stresser. Avait-elle fait une erreur en le remerciant ? Elle voulait bien faire ! Aaron dit alors vouloir se laver les mains et la brunette lui indiqua où se trouvait la salle de bain. Elle le regarda s'éloigner se mordant la lèvre. Qu'avait-elle raté ? Elle voyait bien qu'il était déçu... Elle se leva terminant de dresser la table le temps qu'il se lave les mains et en allant au frigo pour sortir la carafe d'eau... Elle vit la date et percuta. Astrid... ma pauvre Astrid ! Et elle compris alors la réaction d'Aaron mais se rappela aussi et surtout... de tout ce qu'Ulysse lui avait dit à propos d'Aaron mais surtout tout ce que ce dernier avait fait pour elle. Elle sentit son coeur s'emballer et porta sa main à sa poitrine. Voyons. Elle se faisait des films, comment un garçon comme lui, aussi bon et doux pouvait être intéressé par une fille comme elle ? Encore plus en connaissant son passé ? Ce serait du suicide ! Elle... Arrête de te mentir Astrid... entendit-elle sa conscience lui soufflée. Mais elle ne pouvait pas se permettre de se faire de faux espoir et perdre cette relation à laquelle elle tenait ! Elle posa la carafe sur la table essayant de se calmer. Comment pouvait-elle rattraper la situation ? Elle avait des questions à lui poser du coup, des centaines, mais elle n'oserait jamais ! Si elle s'était fait des films... Et bien elle pourrait toujours engueulé Ulysse mais de quoi aurait-elle l'air aux yeux d'Aaron ? D'une godiche au coeur d’artichaut...? Même si... son coeur ne battait pas de la même manière. C'était plus fort ici, elle avait une vraie peur. Cela lui importait vraiment... Elle sursauta en entendant Aaron revenir.
- Oui bien sûr ! dit-elle en l'invita à passer à table juste à côté de la cuisine avant d'aller chercher l'entrée dans le frigidaire. Ce n'était pas grand chose, quelques tomates découpées en rondelle tapissait le fond d'un plat avec des grains de mais, des morceaux de coeur de palmier et des asperges, juste assez pour deux personnes et plutôt léger histoire qu'ils ait encore faim pour le plat principal. Lorsque Aaron dit que n'importe quel ami aurait fait la même chose pour elle... Elle secoua la tête déposant le plat entre leur deux assiettes.
- Je ne suis pas d'accord et c'est pour ça que je tenais à te remercier... Et puis..., elle rougit légèrement, cela m'a fait plaisir que ce soit toi plutôt que  quelqu'un d'autre dit-elle avant de déposer un baiser sur sa joue, peut-être un peu trop proche de ses lèvres, mais tant pis. Peut-être qu'ainsi elle aurait des réponses à ses questions sans avoir à les poser ? Qui sait.

Tu n'as jamais aimé le sentiment de doute, tu es comme ça , tu aimes contrôler les choses. Mais après avoir suivi la maîtresse de maison jusqu'à la table, c'est le doute qui s'installe. Ce baiser qu'Astrid a déposé au creux de ta joue te fait frissonner. Il ressemble à celui qui avait conclu cette fois où tu l'avais ramenée chez elle. Aussi doux et peu confiant, maladroit et touchant à la fois... Mais tu doutes. Tu ne sais pas si ce baiser a la même signification que celui que tu as donné, et tu n'es pas assez aveugle pour ignorer ce que toi tu voulais dire par ce geste. Tu l'aimes ton Astrid, tu le sais bien, mais à force de nager dans un océan trop sombre, tu risques de remonter bien vite à la surface et te mettre à chercher une nouvelle mer à arpenter.

Il faut que tu saches, que tu arrête de tergiverser à en souffrir. Alors tu craques. Tu te lèves sur tes deux jambes sans même vraiment le calculer et place tes mains entre elle et toi. Wow, stop ! Astrid, je... Je te comprends pas. Je sais pas si tout ça c'est qu'un jeu ou si c'est vrai... Tu as les sourcils baissés et ta voix tremble un peu, comme saccadée par la vague de stress qui te transporte. Enfin, tu... Tu sais ce que je ressens pour toi, pas vrai... Tu peux pas l'ignorer. Je suis pas à l'aise avec ça mais quand même. Tu abaisses tes mains puis en passe une derrière ta tête gêné mais étonnement si soulagé... Te voilà léger, enfin. Tu l'as dit, même si ce n'est un secret pour personne, tu t'es enfin bougé. Ta timidité te tuera un jour, mais pas aujourd'hui. Tu soupires alors.

Qu'est-ce que ça veut dire, Astrid ? Qu'est-ce qu'on est ? J'ai besoin de savoir... Tu te sens un peu mal de jouer ta scène maintenant, alors que le repas est servi, mais trop c'est trop. Tu attends donc, planté sur tes deux jambes, avec qu'une envie : que Astrid te donne enfin le feu vert pour que tu arrêtes de vous retenir, toi et tes valeurs, de la prendre dans tes bras et ne plus la lacher.

- Je ne joues pas Aaron, dit la brunette.
Astrid sentit son coeur s'emballer comme jamais auparavant. Avait-elle fait quelques choses de mal ? Elle se mordit la lèvre inquiète avant de sentir des centaines de milliers de papillons lui envahir le ventre. Alors c'était vrai ? Il l'aimait ? Mais comment pouvait-il aimer une fille comme elle ? Que... Elle ouvrit la bouche regardant Aaron et prenant sa main. Elle était chaude. Elle serra la main d'Aaron, cherchant ses mots. Elle avait l'impression de découvrir quelque chose de nouveau en elle, comme si... Tout ce qu'elle avait pu ressentir avant ou croire ressentir... N'avait en rien exister, c'était... cent fois plus fort.
- Aaron..., commença-t-elle, elle n'était pas sûre d'elle et si elle se trompait ? Elle avait bien cru aimer Ulysse et si... Elle se trompait ? Qu'elle interprétait les choses de travers ? Qu'elle fichait tout en l'air ? Leur amitié comme elle avait l'impression de l'avoir fait avec Ulysse ? Elle se mordit la lèvre, Est-ce que... Ce baiser sur le perron s'était... plus ? demanda-t-elle osant enfin le regarder dans les yeux. Elle se perdit alors dans son regard, et fit quelque chose dont elle ne saurait jamais cru capable.
- J'ai peur... Je sais que c'est irraisonné, que tu ne me feras jamais de mal, mais j'ai peur... Et cette foutue peur m'a toujours retenue... Je crois que c'est pour ça que j'ai cru aimer Ulysse plus qu'un simple ami. Elle savait qu'Aaron s'en doutait, et puis avec ce que la Bitch avait dit, et son attitude durant les quelques semaines qui avait suivit sa "déclaration", elle avait été dans la lune. Elle savait qu'elle n'aimait pas Ulysse de cette manière, cela n'avait surement jamais été le cas, mais elle petite orpheline qui n'avait jamais connue d'amitié aussi forte avec quelqu'un avait penser à tord que c'était ça, l'amour. Elle ne saurait dire si ce qu'elle ressentait pour Aaron était de l'amour, mais... C'était différent et plus fort. Bien plus fort que de l'amitié, elle était beaucoup plus inquiète quand à leur relation,  l'avenir de celle-ci si elle se trompait. Régulièrement, elle s'était surprise à penser que telles choses ou tels choses ferait surement plaisir au beau noir face à elle, à vouloir faire des sorties avec lui sans pour autant jamais oser le lui demander de peur de le déranger. Elle était plus jeune, que de peu d'année certes mais... Elle avait parfois l'impression d'être une vraie gamine comparée à lui. Elle inspira à fond, sentant son cœur battre la chamade dans sa poitrine. Allez Astrid, un peu de courage. Il ne peut rien se passer de pire, tout ira bien. s'encouragea-t-elle en penser.
- Je n'ai pas su distinguer... reprit-elle mais elle perdit ses mots et laissa finalement parler son coeur, suivant une impulsion. Elle se hissa sur la pointe des pieds, déposant maladroitement ses lèvres sur celle d'Aaron. Elle l'embrassa de la plus maladroite des façons.
Voilà, les dès étaient jetés. Il l'avait littéralement à sa merci, son cœur battait la chamade, elle avait l'impression de se jeter dans le vide et de tomber sans savoir s'il y aurait quelqu'un au bout pour la rattraper ou si elle coulerait...

Tu l'écoutes, sans un mot. "J'ai cru aime Ulysse". Croire. Comment peut-elle à peine croire en ses propres sentiments et ne pas savoir ? Est-ce que ce qu'elle ressent pour toi, elle croit que c'est quelque chose proche de l'amour, aussi ? Car toi, tu veux quelque chose de stable, tu n'en peux plus de jouer à la girouette, ne rien comprendre, attendre de peur de te faire remballer. Trop de choses se bousculent en ce moment, trop de choses changent, et toi tu stagnes. Seul dans ton bar, à regarder les gens de ton âge avoir leur deuxième enfant et leurs plans de maisons construites sur des flancs de montagne. Toi tu as un bar, une maison remplie d'enfant, et la vie sentimentale d'une héroïne de série pour adolescents.

Tu as la tête baissé, prêt à craquer et faire demi-tour car voir Astrid aussi peu sûre d'elle te met hors de toi. Tu voudrais partir, arrêter de faire cette fixette enfantine sur elle... Mais ce sont ses lèvres qui te coupent dans tes pensées. C'est donc cela leur goût, leur douceur. Tu avais attendu ce moment si longtemps que ton cœur ne peut que s'emballer, laissant de côté ton cerveau qui était en ébullition tout juste une seconde avant. Te voilà qui avance d'un pas, saisit le visage d'Astrid entre tes mains pour lui caresser les cheveux et continuer de l'embrasser. Il était évident pour toi que tu ressentirais un sentiment de finalité, de soulagement, mais rien. De la joie, évidemment, mais les papillons sont toujours là, le stress et le peur aussi. Ça n'a pas l'air vrai ni sincère. C'est cette pensée qui t'arrête, de stoppe au milieu de ce baiser et fait que tu viens délicatement poser ton pouce sur les lèvres de la brune, comme pour t'empêcher de continuer de les embrasser sans réfléchir.

Tu souris jaune, frustré, avant de soupirer une fois encore. Tu veux pas vraiment ça... pas vrai ? Tu recules légèrement la tête pour aller la regarder droit dans les yeux. Tu sais pas ce que tu veux Astrid. Après Ulysse, tu sautes juste sur l'occasion de la facilité. Mais ça se voit, tu m'aimes pas vraiment. Pas pareil. Le pouce que tu avais déposé sur ses lèvres finit par se décaler. Tu caresses ses joues du bout du doigt.

Tu mérites pas ça - JE mérite pas ça. Faut qu'on trouve quelqu'un avec qui c'est vrai. Naturel... Avec toi j'arrive pas à savoir, donc c'est que ça va pas, finalement. Après une toute petite pause, tu fini par lâcher ton étreinte, reculer d'un pas et réfléchir à toutes ses envies de futur qui t'habite. Finalement, tu ne l'as jamais vu clairement dans ton futur, ton Astrid. Le visage de la femme qui t'accompagne a toujours été flou dans ses rêves de perfection. Alors tu te retourne, attrape ton manteau et murmure Je suis désolé... Le repas avait l'air délicieux.. Puis tu commences à te diriger vers la porte, en traînant encore un peu les pieds.