une histoire de sandwich | mabel

mabel wilson & patrick winkfield

une histoire de sandwich

Ce n’était peut-être pas si tragique que ça, essayait de se dire Patrick. Oui, c’était forcément plutôt embêtant de perdre son travail lorsqu’on avait investi pas mal de son temps, de son énergie et de sa créativité dans une entreprise. Mais ils étaient dans la mouise financière, qu’est-ce qu’il y pouvait lui. Donc ça l’avait un peu abattu, très certainement, il s’était demandé s’il avait fait de son mieux. Mais il essayait de voir les choses du bon côté : ça lui ferait un peu de vacances alors qu’il avait bossé comme un dingue ces derniers temps. Et puis changer de travail c’était peut-être pas si mal que ça, peut-être qu’il trouverait mieux, après tout il était encore assez jeune. Il pouvait prendre son temps pour faire le tour de ses possibilités. De toute façon, il n’était même pas vraiment obligé de travailler, avec les rentes qu’il recevait de l’entreprise de son père. Bon, cet argent prenait la poussière sur un compte parce qu’il ne voulait pas y toucher par orgueil, mais ça c’était une autre histoire. Non, en fait le seul truc qui le faisait chier dans cette histoire, c’est qu’il fallait trouver à s’occuper. La première semaine, ça avait été très fun, de rien faire et de traîner chez soi en pyjama en bingeant des séries, de geeker. Mais bon, on tournait quand même assez vite en rond. Ce jour là il avait donc décidé de sortir un peu de chez lui et d’aller poser ses fesses (et son ordi) au Nickel Diner. Pourquoi ce diner en particulier me direz-vous ? En fait, l’autre jour, il avait mangé chinois à emporter, et il y avait ces petits gâteaux à la con, ceux avec les messages là. Dans le sien, il y avait marqué qu’il devait laisser ses faiblesses de caractère de côté et prendre sa vie en main. Une personne de bon sens aurait probablement haussé les épaules et jeté le truc à la poubelle. Pas Patrick. Il s’était dit “Ouais c’est bien vrai ça” et l’avait affiché sur le frigo. Et il ne s’était pas dit à cette occasion qu’il devait faire un travail de fond sur une de ses nombreuses faiblesses de caractère, non, ça aurait été beaucoup trop sensé. Non, il avait tout de suite pensé à la serveuse du Nickel Diner qui l’avait viré l’autre fois parce qu’il avait protesté contre un manque d’hygiène dans la fabrication de son sandwich. Dieu sait pourquoi, ça lui avait paru d’un coup être son problème numéro 1 dans la vie. Assez ironique en sachant qu’il venait d’être licencié, et accessoirement aussi de découvrir qu’il était gay. On aurait pu penser qu’il avait d’autres chats à fouetter. Il se souvenait très bien avoir limite pris peur devant l'agressivité verbale de cette racaille de serveuse et s’être cassé vite fait la queue entre les jambes. Mais en lisant son petit papier avec les signes chinois, il s’était dit que ça ne pouvait pas se finir comme ça. Il devait y retourner. Et cette fois, ne pas se laisser faire. C’était son destin.

C’est ainsi qu’il poussa les portes du diner, un air déterminé au visage. Il avait bien l’intention de rester tout l’après-midi ici. Surtout que c’était presque vide, à cette heure en semaine. Bon, au fond de lui, il se disait quand même que c’était peut-être une mauvaise idée. Et oui, quelque part en lui il espéra secrètement qu’elle ne soit pas de service, ou que quelqu’un d’autre s’occupe de sa table. Finalement, il n’avait peut-être pas vraiment envie qu’elle le fasse sortir de force par la porte de service pour lui mettre des patates dans la gueule sur le parking. Bah quoi ? On ne sait jamais sur qui on peut tomber… Bien évidemment, c’était trop facile qu’elle ne soit pas là. Cinq minutes à peine après qu’il se soit installé, il vit arriver la jeune femme en sa direction et eut une petite montée de stress. Allez Patrick, ressaisis toi, n’oublie pas ton message chinois. Il fit mine de regarder le menu le temps qu’elle arrive vers lui et releva la tête lorsqu’elle fut arrivée devant sa table.

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hrp:

@Mabel G. Wilson

En cette journée caniculaire d'août, Mabel avait élue résidence dans la chambre froide du Dinner. Elle s'en foutait totalement de chopper la crève, au moins, elle était au frais. La chaleur ambiante dehors était tellement insupportable, elle suait à grosses gouttes dans son uniforme de merde qui puait déjà assez la friture et cela lui tapait carrément sur le système. Déjà qu'en temps normal, elle avait un caractère de merde, mais aujourd'hui, elle était encore plus exécrable. Autrement dit, il ne valait mieux pas la faire chier sinon elle se transformerait rapidement en gorgone. Alors qu'elle était au calme, au frais, la porte de la chambre froide s'ouvrit et une vague de chaleur s'engouffra dans la pièce, tout comme de la lumière et Mabel grogna, tel un vampire exposé au soleil. "Mabel, tu fais quoi là ? Bouge-toi, on a des clients !" Et voila. Le travail l'appelait. Malheureusement. Elle retourna dans la pièce principale en y mettant toute la mauvaise volonté du monde. Elle commença à prendre les commandes, servir les plats, préparer le café (d'ailleurs elle se demandait comment on pouvait boire une boisson chaude par une chaleur pareille) quand un nouveau client passa le pas de la porte.

Tiens... Il lui disait quelque chose celui-là. Il était déjà venu ici non ? Pourtant Mabel n'était pas du tout physionomiste et oubliait rapidement le visage des clients du Dinner. Même les habitués, elle avait du mal à se souvenir d'eux. Alors, si elle se rappelait de lui, c'est qu'il avait du bien la faire chier. Putain, c'était lequel déjà ? Réfléchis, réfléchis, réfléchis, cerveau en éruption ! C'était le gars qui lui avait chier une pendule car il avait trouvé un de ses cheveux dans son sandwich #grosrelou. Le gars il chialait juste pour un putain de cheveux alors qu'il y avait bien pire dans la vie. Parfois, la priorité des gens dépassaient l'entendement selon Mabel. Adossée au comptoir et les bras croisée, elle soupira tout en le regardant s'installer. Elle se demandait s'il allait encore faire son gros bourgeois aujourd'hui. Elle espérait pour lui que non, elle n'était clairement pas d'humeur. "Mabel, t'attends quoi ? Va prendre sa commande" la chassa son patron. "Ouais ouais j'y vais..." Elle prit son calepin (elle n'était pas une de ses serveuses qui prétendaient pouvoir retenir la commande de tête alors que tout le monde savait qu'elles finissaient par se foirer) et se plaça en face du client.

"Bonjouuur et bienvenue au Nickek Dinner. Avez-vous fait votre choix ?" dit-elle machinalement. Elle allait faire comme si rien ne s'était passé la dernière fois, c'était pour le mieux. Pour une fois, elle n'allait pas faire sa chieuse raleuse. Allez Mabel, on y croit. "Par contre, je suis au regret de vous annoncer que nous sommes en rupture de notre spécialité, les sandwichs aux cheveux." Oups, ça lui avait échappé. Mince alors... C'était ballot ça...

@Patrick D. Winkfield

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Patrick ne se considérait pas réellement comme un chieur. Il n’avait pas vraiment de convictions fortes, ni n’était particulièrement borné ; on lui disait même assez fréquemment depuis son enfance qu’il se laissait beaucoup trop faire. Par contre, il était certainement un peu maniaque, et venait d’un milieu dans lequel on n’était pas vraiment spécialement éduqué à la considération pour les petits métiers du service. En plus de cela, il n’était vraiment pas à l’aise avec les autres et parfois s’emmêlait sérieusement dans les tons avec lesquelles les adresser. Sans l’excuser, on comprenait facilement comment tout cela avait pu mener à l’épisode fâcheux du sandwich. Il fixa le menu pendant un moment avant de relever la tête vers elle. Il crut qu’elle ne l’avait pas reconnu, ce qui aurait réglé son problème, mais comprit ensuite que c’était loin d’être le cas. Il fronça les sourcils. Le truc avait l’air d’une blague mais elle disait ça avec un ton si agacé que visiblement ce n’était pas à prendre comme une blague. « Je... » Il plissa les yeux. Il avait très envie de faire comme s’il n’avait rien entendu de sa remarque passive-agressive et commander tranquillement sans faire de vagues. Mais il avait dit qu’il ne se laisserait pas faire. Allons Patrick. « Ah ? Du coup je vais avoir droit à quoi cette fois ? Milkshake aux ongles de pieds ? Omelette saveur crotte de nez ? » Patrick souleva un sourcil avec un léger air de défi avant de reposer ses yeux sur le menu. Quand il pouvait, il arrivait à parler aux gens avec un minimum de confiance en lui. Au moins, cette expérience lui aurait prouvé ça. Il suffisait qu’il ait une source de motivation suffisante. Du genre le premier fortune cookie venu. Il finit par tousser et énoncer très sérieusement de sa manière habituelle. « Une limonade et une salade césar. S’il-vous-plaît. » finit-il avec un regard appuyé. Le client est roi, non ? Elle pouvait le détester autant qu'elle voulait, il aurait toujours sa salade. Enfin, il supposait. Si ça se trouve dans deux secondes il serait mis hors du restaurant avec un pied au cul.

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Tiens ? Mais c'est qu'il faisait de l'humour. Qui l'eut cru ? Mabel l'avait imaginé bien plus con que ça. Elle en aurait presque rit si la remarque n'avait pas été dirigé contre elle. "Si si, on doit avoir ça en réserve, si vous tenez tellement à y goûter. Franchement je vous conseille le milkshake ongle de pieds, vous verrez, il est fameux." répondit-elle sur le même ton. Honnêtement, s'il voulait jouer aux idiots, il allait perdre. Mabel était très douée pour ça. Il finit alors par donner sa commande que Mabel nota vaguement sur son calepin avant de retourner en cuisine, sans adresser un mot de plus au client. Elle passa la note au cuisiner avant de lui glisser discrètement "Le client qui a prit ça est un vrai chieur, alors si tu veux cracher dans sa sauce caesar, je te l'autorise." Ce qui lui valu un éclat de rire de la part de son collègue. Mabel s'entendait bien avec le cuistot du Dinner, ils avaient à peu près la même philosophie de vie. Tout les deux étaient arrivés au Dinner totalement par hasard, détestaient leur patron et adoraient se foutre de la gueule des clients. Si elle avait dit la même chose à Mary, elle aurait surement eu le droit à une petite remontrance, car la jeune femme défendait toujours les clients.

Mabel retourna vers le comptoir avant de préparer la boisson et aller la servir. Quand elle retourna à la table, elle posa le verre assez brutalement devant le client. "Voilà pour vous." Mine de rien, il l'avait plutôt énervé. Et cela n'était pas dû uniquement à sa remarque, mais rien que sa présence suffisait. Elle avait toujours pas digérer son scandale de la dernière fois. Une fois la salade prête, elle alla récupérer cette dernière avant de l'emmener au client. Et là, en arrivant en face de lui et avait qu'elle ai le temps de dire ouf, elle se prit les pieds dans un sac traînant sur son chemin, renversa le contenu de l'assiette sur le jeune homme avant de s'écraser lamentablement sur le sol. "Putain de merde !" dit-elle en se relevant et en se massant le coccyx. "Vous ne pouvez pas ramasser vos affaires ?!" C'était quand même ironique comme situation. A croire que son subconscient ou l'univers la poussait à faire chier ce pauvre client qui n'avait rien demandé.

@Patrick D. Winkfield

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mabel wilson & patrick winkfield

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Franchement, Patrick avait supposé que la fille allait juste l'ignorer et faire comme si il n'avait rien dit. Enfin, il avait un peu supposé qu'il aurait le dernier mot quoi. Malheureusement pour lui, avec elle il ne semblait pas qu'il risquait de l'obtenir de sitôt. Il n'était pas têtu de nature, donc il laissait tomber immédiatement et dit sa commande d'un ton neutre. Bon, bien sûr, il le regretta quelques secondes plus tard, pleins de répliques possibles lui vinrent à l'esprit et il se dit qu'il ne devrait vraiment pas laisser à ce genre de personne le plaisir d'avoir le dernier mot dans ce genre de situation, c'était bien trop mauvais pour leurs égos. Et à propos, il était venu pour se soulever un peu, non ? Le temps qu'li regarde deux trois trucs sur son téléphone, elle était déjà de retour avec sa limonade. Il marmonna dans sa barbe : « Merci. ». Fallait pas exagérer, il était quand même poli. Bon, on voyait là ses limites. Patrick en train de se rebeller c'était un peu comme Che Guevara faisant sa première communion, un truc n'allait pas quoi. Il ne vit même pas la jeune femme arriver car il pensait à autre chose, et fut tiré de ses pensées en se retrouvant d'un coup couvert de sauce, de bouts de salade et de morceaux de poulet. Voyant la serveuse par terre en train de jurer, il mit bien une seconde à comprendre ce qui venait de se passer. Il n'avait pas juré lui même, enfin pas à voix haute, il insultait probablement toutes les mères de la terre dans sa tête, et s'efforçait d'enlever la nourriture de son t-shirt. En l'entendant lui faire une remontrance par contre, il commença à marmonner : « Et vous vous... ». Et là il se dit qu'elle ne l'entendrait pas et qu'encore une fois il se laissait marcher sur les pieds. Il se leva instinctivement et éleva la voix. « Et vous vous pouvez pas regarder où vous mettez les pieds ?! » puis il la regarda et se souvint de la dernière fois, parut sûrement beaucoup trop énervé pour un si petit incident. « Comme si c'était ma faute ! C'est quand même incroyable ça ! ». Il regarda ensuite par terre et remarqua qu'elle avait en effet trébuché sur sa sacoche d'ordinateur qui traînait dans le passage. Au lieu de reconnaître que c'était un petit peu de sa faute et s'excuser, il s'énerva encore plus en la ramassant. « Putain mon ordinateur en plus ! Si vous l'avez cassé je vous jure que... » Il ne dit rien parce qu'il ne savait pas vraiment quoi proférer comme menace. Il le regarda pour vérifier qu'il n'avait rien. En même temps, c'était un peu comme son enfant. Il se rassit, il se sentait hyper tendu, c'était trop bizarre parce qu'il ne s'énervait jamais, il avait vraiment l'impression d'être une autre personne. Les fortune cookies devaient réveiller le Capitaine Lorca sommeillant en lui. Cette fois, il se remit à marmonner : « Génial, vraiment... génial. Quelle conne... »

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Mabel écouta la réponse de son client avant de ricaner bêtement. Bravo, quelle répartie... Il avait du aller loin pour chercher ça. Elle commença à ramasser les débris d'assiette, tout en laissant le blond raler avant d'aller les jeter dans la poubelle. Le tri sélectif ? Mabel ne connaissait pas. "C'est bon, vous avez fini votre petite crise de merde ? Vous avez réussi à attirer l'attention ?" En effet, un calme olympien c'était installé dans le restaurant et tout les regards étaient braqués sur eux. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle allait lui faire des excuses. Mabel était revenue avec une pelle et un balais pour ramasser les denrées alimentaires qui s'étaient également étalé sur le sol, tout en poussant le blond pour qu'il lui laisse la place. Ce n'était pas tout, mais elle devait se dépecher car si son patron voyait ce qui était arrivé, il retiendrait la note sur son salaire et il était hors de question qu'elle perde de la thune à cause d'un connard qui ne sait pas ranger ses affaires. "Ah ouais ? Pas de votre faute ? Et donc votre sac au milieu de l'allée, il a été mit là comme par magie peut-être ?" Les gens jouant l'innocence comme ça, à chaque fois, ça donnait des envies de meurtres à Mabel. "Même les gosses de cinq ans ne laissent pas leur sac au milieu du chemin putain..." Elle lui jeta un regard dédaigneux, montrant bien qu'elle le prenait de haut et qu'elle n'avait même pas honte pour cela. Et voilà que maintenant il la menaçait. Vraiment ? Il voulait lui faire peur ? Bon sang, pour Mabel, ce mec avait l'air tout d'une crevette et que même si ce n'était pas une grande athlète, elle pouvait sans soucis le mettre au tapis. "Vous jurez que ?Allez-y... Finissez votre phrase, ça m'intéresse." dit-elle en croisant les bras et se mettant en face de lui pour montrer qu'elle n'était pas du tout impressionnée. Le jeune homme marmonna un truc dans sa barbe, malheureusement pour lui, Mabel avait parfaitement entendu et son sang ne fit qu'un tour. "Vous avez très exactement, dix secondes pour vous excuser sur ce que vous venez de vous dire si vous ne voulez pas que je sorte d'ici à coup de pieds au cul... Dix... Neuf..."

@Patrick D. Winkfield

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La plupart des gens qui connaissaient Patrick, même très bien, en aurait probablement tombé la mâchoire de le voir agir comme ça. C'était plus que rare. Après, il auraient peut-être plus ri qu'autre chose, voire ils auraient dit que c'était bien qu'il fasse preuve d'un peu de caractère. Il avait tendance à jouer un peu les mollusques face à ce genre de situation, et là c'était même lui qui l'avait provoquée, plus ou moins. Ils se donnaient en spectacle devant tout le restaurant, surtout qu'il s'était levé comme un con, et les regards étaient surpris et braqués sur eux. Bof, sûrement que les gens adoraient voir un peu d'action dans un après-midi calme au diner, ça divertissait. Patrick se sentit presque gêné quand elle mentionna qu'il attirait l'attention et qu'il se rendit compte que c'était bel et bien le cas. Bon sang il détestait attirer l'attention. Mais un simple regard à nouveau vers la fille lui donna un petit accès d'énervement qui lui fit complètement oublier autour. Il la regarda nettoyer avec les mains sur les hanches alors qu'ils s'engueulaient mutuellement. Faut pas exagérer son sac était pas non plus en travers de l'allée ou quoi. Et puis on s'en fiche non ? Il essaya de faire un regard agressif comme celui qu'elle lui lançait, mais ça se voyait vraiment que ce n'était pas naturel pour lui et il avait l'air franchement moins farouche. Probablement que s'ils se battaient il serait à terre en quatre secondes. Mais pourquoi il pensait à ça, il n'allaient pas se battre c'est débile, ils n'étaient pas en maternelle... En plus il lui avait fait une menace mais il ne savait pas trop comment la conclure.« Ben je... je ferais... De toute façon il n'est pas cassé donc vous avez de la chance ! » dit-il en guise de pirouette. Il aurait pu dire qu'il connaissait des gens, genre en mode gang comme ceux qu'il y avait à L.A. Oui non en fait, Patrick faisant partie d'un gang c'était à peu près dans le même spectre de probabilité qu'un.e muet.te gagnant The Voice. Bref, il s'était rassit mais pour autant son énervement n'était pas passé. Il jura entre ses lèvres contre la serveuse, mais elle entendu tout de suite. Les yeux de Patrick se relevèrent vers elle et il déglutit. Il fut tenté de s'excuser immédiatement mais cette petite voix en lui n'arrêtait de lui dire de ne pas se laisser faire. Il ne devrait vraiment pas écouter ses petites voix. Il croisa les bras et tenta de prendre l'air impressionnant en mentant avec aplomb. « Je n'ai rien dit. Et c'est moi le client ici, je pars quand j'en ai envie. » Il fit tout un spectacle d'ouvrir son ordinateur pour commencer à taper un email (en fait il appuyait sur des touches un peu au pif dans un brouillon pour faire genre qu'il écrivait un email). « Arrêtons ça, j'ai... du travail à faire de toute façon. » dit-il en essayant de rester sérieux même si au fond il espérait juste qu'elle n'allait pas vraiment faire ce qu'elle disait qu'elle allait faire. En vérité il devait admettre qu'au fond cette fille le terrifiait. Et c'est sûrement pour ça que lui répondre de la sorte était aussi grisant.

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Mabel trouvait cela assez comique la façon dont le client lui envoyait un regard noir. Quoi ? Il voulait lui faire peur ? C'était censé être terrifiant ? On aurait dit un enfant qui en voulait à sa mère car elle l'avait privé de glaces. Ridicule. "Whoa, mais quelle chance que j'ai ! Une vraie chance de cocue apparament" dit-elle avec une ironie déplacée quand le blondinet lui dit que son ordinateur n'était pas cassé, et qu'elle en était chanceuse. Elle avait presque envie de le lui prendre des mains pour le jeter au sol et sauter dessus à pieds joints. Oui rien que ça. Ça la démangeait horriblement qu'elle en avait des picotements dans les mains. Elle préféra donc recentrer son attention sur son nettoyage, quitte à ramasser deux fois le même bout de salade. "Avec toute la chance que j'ai, je devrais même jouer au loto. Heureusement que vous étiez là pour me le faire savoir !" Elle poussa un soupir avant de retourner rapidement derrière le comptoir pour ramasser ce qui était tomber. Plus elle y réfléchissait, plus elle était sûre que cela allait être retenu de son salaire. Connard de patron. Et puis elle voyait le cuistot qui était dans son coin en train de se foutre de sa gueule. Elle fit discrètement un fuck avant de retourner auprès du client.

Apparemment le blondinet n'assumait pas ce qu'il disait, ce qui énerva encore plus Mabel. "Vraiment ? Car j'ai cru entendre le mot Conne. Mais peut-être que j'entends des voix. Je devrais me faire examiner" reprit-elle, son ironie ne la quittant jamais. Elle attendait des excuses et n'en démordrait pas. Même si elle devait rester toute la semaine ici sans bouger, elle ne partirait pas, et ne laisserait pas sortir le blondinet tant qu'elle n'avait pas eu d'excuses, même si elle mourrait aussi d'envie de le sortir de là en l'insultant de tout les noms. "J'attends toujours vos excuses. Ne m'obligez pas à aller chercher mon patron. Il n'est pas aussi aimable que moi." Bon, pour le coup, c'était un peu des paroles en l'air car si elle allait vraiment chercher son patron, ça serait elle qui serait dans la merde. Pour lui, c'était plus "Le client est roi" même si ce dernier était un gros con. Mais elle se disait qu'avec la menace, elle obtiendrait peut-être ce qu'elle voulait.

Elle ne pu s'empêcher de rouler des yeux quand le blondinet lui dit qu'elle avait du travail à faire. "Bien sûr, monsieur est occupé. Monsieur doit avoir un agenda de ministre. Je laisse monsieur vaquer à ses occupations ultra importantes et je retourne à mes non activités de pauvre petite serveuse..." A vrai dire, elle aussi avait énormément de travail, comme ignorer ça, s'occuper des autres clients, débarrasser les tables, refaire le café... Mais c'était tellement plus marrant d'emmerder les clients chiants.

@Patrick D. Winkfield

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Qu'est-ce qu'elle pouvait être sarcastique... C'était une manière de paraître intelligente ou ? En tout cas elle exagérait beaucoup trop. Patrick voulait juste dire que si jamais elle avait cassé son ordi il aurait probablement été plus énervé que ça. C'était un truc pour lequel il aurait pu s'énerver en temps normal, quand il n'était pas sur les nerfs comme aujourd'hui, ce temps normal où il était plutôt du genre agneau trop docile. Mais alors son ordi c'était son ordi. Toute sa vie était dedans. Et surtout son trav... ah ouais, non. Pour ce qui était de mentir et faire comme s'il n'avait rien dit, c'était juste parce que c'était un beau froussard Patrick. Et même là qu'il avait décidé de se rebeller un peu, il avait ses limites, et insulter une personne en face en était une. Son frère était le seul qui avait ce privilège. « Peut-être. » acquiesça Patrick en se croisant les bras sur la poitrine. Bon, il abusait sûrement, mais qu'est-ce que vous voulez, il n'avait pas l'habitude d'être comme ça. Son patron ? Elle lui faisait vraiment le coup du patron là ? L'informaticien n'était pas d'un naturel borné, autant dire qu'il devait se faire violence pour ne pas baisser les bras et s'excuser platement à la jeune femme. Cela aurait été reconnaître qu'il se laissait malmener par les gens - et par la vie - comme un vulgaire sac de patates. Et cela devait arrêter. C'était tombé sur elle pour aucune autre raison que parce qu'il avait besoin de se sentir maître de la situation pour une fois. « Appelez le parce que je suis vraiment curieux de voir comment on peut être moins aimable que vous. » lui répondit Patrick. Il fut tellement fier de sa petite punchline qu'il ne put réprimer un petit sourire narquois. Pour une fois qu'il pouvait répondre tout de sutie et non pas avoir un flash trois jours plus tard genre "j'aurais trop dû répondre ça". Et puis c'était vrai qu'elle était désagréable. Lui aussi à ce moment, en l'occurrence, mais après tout il n'était pas serveur ou quoi que ce soit dans ce genre, il n'avait pas fait un métier d'être aimable avec les gens. Lorsqu'il essaya de la faire partir en faisant mine de travailler, il se sentit un peu fier également, mais un peu honteux aussi. C'était faux. Et après tout, s'il n'avait pas eu tout l'argent de l'entreprise de son père pour vivre confortablement au chômage, qui sait s'il n'aurait pas été obligé d'exercer un petit boulot comme serveur pour survivre ? Donc c'était un peu hypocrite, et facile. Mais il n'y songeait pas à cet instant, il n'avait aucun remord. Ses ami·e·s ou son petit-ami auraient probablement pâli de le voir agir de la sorte. Inopposable. « Qu'est-ce que vous me voulez à la fin ? » balança-t-il à la jeune femme avec un air un peu las. Il ne savait pas s'il avait encore la foi de jouer les gros durs. D'un autre côté ce n'était peut-être pas une bonne idée d'avoir l'air aussi saoûlé, il ne voulait vraiment pas qu'elle le retrouve à la sortie pour lui péter la tronche comme elle avait l'air d'avoir très envie de le faire. « Bon d'accord, pardon. C'est bon ? Ça vous va ? »

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Et voilà que l'autre répondait par l'affirmative. Mabel leva les yeux au ciel, ne sachant vraiment si c'était de l'ironie ou non. Il paraissait tellement con qu'il la prenait sûrement au premier degré. "Ok, je le ferais. Mais ne comptez pas sur moi pour partagez avec vous le gros lot" continua-t-elle tout de même, avec sa mauvaise foi habituelle. En tout cas, son coup de bluff ne semblait pas avoir marché et le client confirma l'idée de voir le patron. Merde, elle ne s'était pas trop attendue à cette réponse. "Ok, très bien, j'y vais." dit-elle avant de fuir vers la cuisine. Maintenant, elle devait réfléchir et vite. Il était hors de question qu'elle aille chercher réellement son patron, il allait encore râler, lui dire que le client était roi et que si elle continuait ainsi, elle allait se faire virer. Le même refrain qu'il lui sortait depuis des années maintenant. Elle avait bien une petite idée, mais elle n'était pas sûre que ça marcherait... Bwarf, de toute façon qui ne tentait rien n'avait rien et qu'est-ce qu'elle risquait ? L'autre abruti de client n'avait pas l'air de porter réellement ses couilles, il n'irait pas l'agresser quand même ? Elle revient donc dans la salle, l'air sérieux avant de dire "Il finit quelque chose et arrive dans dix minutes." En espérant que son mytho passe comme une lettre à la poste.

Et voilà qu'il demandait ce qu'elle lui voulait, faisant sa pauvre victime. Elle allait retoquer, mais un petit sourire victorieux s'afficha sur le visage de Mabel quand elle entendit des excuses. Boum ! Elle avait encore gagné ! "Et bien voilà, ce n'était pas si compliqué quand même ?" dit-elle avant de repartir vers la cuisine et revenir avec une nouvelle salade et la poser devant le jeune homme que le cuistot avait refait entre temps. "Sur ce, bon appétit !"

@Patrick D. Winkfield

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