Mary | Everybody talks too much.

Une journée de travail comme les autres pour Mabel. Quoique, aujourd'hui c'était plutôt calme comme c'était un dimanche. Les gens préféraient aller bruncher plutôt que de prendre leur repas dans un vieux Dinner démodé sentant la graisse et les frites. Elle pouvait donc glander entre deux ou trois clients et elle ne se faisait pas prier pour ça. Pendant que sa collègue faisait la plonge, elle était en train de regarder les dernières nouveautés sur instagram, facebook et autres réseaux sociaux de ce genre quand elle reçu une notification. Bitchcation. La fameuse. Fidèle à elle-même et toujours au rendez-vous, elle avait mis en ligne une nouvelle publication. Mabel ouvrit aussitôt l'application. Elle faisait partie de ces personnes qui ne détestait pas la bitch. Après tout, elle se foutait carrément de ce qu'elle pouvait dire sur elle, ça la faisait même marrer de voir ce qu'elle pouvait trouver. Comme cette fois où elle avait prétendu qu'elle avait modifié son prénom pour que ça sonne comme Ma Belle. Où elle allait chercher ces idées ? Il y avait aussi eu cette fois où elle avait reçu un sms comme moi, elle n'avait pas couchée depuis longtemps et qu'elle allait finir seule. Bon, cette fois c'était vrai, mais ça ne lui avait rien fait étant donné que c'était déjà quelque chose qu'elle pensait d'elle-même. Au final, la bitch et elle se retrouvait sur de nombreux points. Bref, toujours était-il que Mabel trouvait la bitch fort divertissante et que jamais elle ne loupait une de ses publications.

Mabel lisait tranquillement la publication de la journée, assise sur le comptoir, quand l'un des noms retient son attention. "Hey Mary ! Viens voir !" cria-t-elle à sa collègue et amie qui était dans la cuisine. Dès que la blonde arriva à sa hauteur, elle lui tendit son portable avant de lui dire : "La bitch parle de toi." Elle attendit que Mary ai fini de lire la partie la concernant et de voir sa réaction. Elle savait que son amie n'avait pas la même vision qu'elle de la bitchcation et qu'elle était plus sensible à ce qu'elle pouvait dire. "Tu sais, si tu veux les pousser à la faillite, fallait m'en parler, je t'aurais aider, je peux facilement devenir la pire des serveuses s'il le faut ! Quoique, je le suis déjà en fait" dit-elle avec un grand sourire avant de rire, montrant qu'elle blaguait, mais surtout qu'elle ne croyait pas à un traître mot de ce que la bitchcation avait pu dire sur Mary. Encore, si elle avait parlé d'elle, ça aurait pu être crédible, mais Mabel savait que sa collègue était blanche comme un agneau et qu'elle n'irait jamais faire de mal à quelqu'un intentionnellement. Après, elle savait que tout le monde ne connaissait pas Mary aussi bien qu'elle, comme leur patron par exemple... Elle espérait que cette histoire n'allait pas retomber sur la blonde, et surtout qu'elle ne se fasse pas virer à cause d'une connerie comme ça.

Comme elle s'y était attendue, la réaction de sa collègue fut bien différente de la sienne. L'avait-elle vexée à rire pour ça ? Elle espérait que non, même si elle se doutait plus ou moins que Mary savait qu'elle ne se moquait pas d'elle et se foutait plus de la gueule de l'application. "Mary, franchement, n'écoute pas ce que peut dire cette application. Elle raconte tellement de conneries que plus personnes ne finit par la croire de toute manière." Enfin, elle disait surtout ça pour remonter le moral de son ami. Elle savait très bien que certaines personnes buvaient toutes ses paroles, comme si c'était le messie, même si elle disait des conneries aussi grosses que le cul de Nicky Minaj. "Et puis, de quoi as-tu peur ? Que le patron le lise, y croit et te vire à cause de ça ? Ce serait un mal pour un bien, tu pourrais enfin sortir de ce trou à rat." Après, elle savait que Mary accordait plus d'importance à son travail qu'elle. Si jamais Mabel se faisait virer, elle s'en foutrait totalement, elle irait chercher ailleurs, surtout qu'elle avait déjà eu une proposition d'emploi. Mais pour Mary... Elle ne sait pas comment elle réagirait. Elle secoua la tête avant de reprendre "De toute manière, ne t'en fais pas. Je ne pense pas que le patron va croire ce qui a été dit. Si c'est moi qui avait été nommé peut-être, mais toi, il t'apprécie..."

Mabel descendit de son perchoir avant d'aller vers la cuisine pour aider Mary à ranger la vaisselle.  "Ouais, elle a déjà dit des trucs sur moi, elle en dit sur tout le monde !" répondit-elle à la question de son amie. "Elle a dit que Mabel n'était pas mon vrai prénom et que je l'avais changé pour qu'il sonne comme Ma Belle. Je suis surprise, je n'aurais jamais cru qu'un jour quelqu'un devine que mon vrai prénom est Géraldine" dit-elle avec ironie. Ça l'avait bien fait rire quand elle avait lu ça et elle se demandait où elle avait été pêcher cette idée. Parfois, elle se demandait si la personne qui était derrière cette application ne prenait pas de la drogue avant d'écrire ses rumeurs. Vu ce qu'elle pouvait sortir, il y avait de quoi se poser la question. "J'ai aussi reçu un sms de sa part disant que j'étais frustrée sexuellement... Bon, j'avoue que sur ce point, elle n'a pas tort." dit-elle en haussant les épaules avant de rire. "J'ai l'impression d'être malchanceuse en ce moment car les seuls mecs qui m'abordent sont les gros beaufs de la boite de nuit, des beaux kékés." Elle plissa le nez à cette idée, certes ça faisait peut-être un moment qu'elle n'avait pas eu de relations, mais elle n'allait pas se mettre à coucher avec n'importe qui non plus. "L'autre jour, il y en a qui m'a sortit : "Excuse moi, je suis perdu, tu peux m'indiquer le chemin qui mène à ton cœur ?" Ça m'a tellement surprit que je lui ai ris au nez...Je crois que ça l'a vexé."

Mary semblait vraiment agacée par la publication de la bitchcation. En soit, Mabel pouvait la comprendre. C'était jamais agréable de voir son nom là dedans et qu'on s'immisce dans sa vie privée. Mabel, elle, s'en foutait totalement, après tout, elle n'avait rien à caché de sa vie privée. Aprèd, elle essayait de relativiser, Mabel avait déjà vu des rumeurs bien pires qui pouvaient passer et qui pouvaient vraiment détruire des vies. "Tu sais, tu ne t'en sors pas trop mal, parfois elle peut-être dix mille fois plus langue de pute. Au moins, elle n'a pas raconté à tout le monde que tu ouvres tes cuisses à toute la ville, et ça c'est quelque chose qu'elle est capable de dire que ce soit vrai ou non." Mabel n'arrivait pas à détester la bitchcation. Peut-être parce qu'elle n'avait pas encore eu affaire à elle de manière violente. Elle avait quand même le droit à des petites réflexions de ci de là, mais jamais rien de bien méchant. Mais à vrai dire, ce que Mabel aimait de cette application, c'est qu'elle disait tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Après, ce n'était pas parfait, et ce qu'elle aimait moins, c'est que tout le monde se cachait derrière elle pour casser du sucre sur le dos des personnes qu'ils n'aimaient pas. Elle se disait que ça serait marrant si un jour le nom des personnes ayant envoyé des rumeurs à la bitch étaient révélé. Elle serait sûre que le résultat fouterait un bordel monstre, mais ça serait surement marrant à voir.

Mary lui parla de son projet de restaurant, disant qu'elle avait déjà assez de mal sans que la bitch en rajoute. Mabel réfléchit un moment avant de dire "Je suis sure que tu vas finir par trouver quelqu'un pour t'aider. Et contrairement à ce que tu peux penser, il y a des tas de gens qui seraient intéressés pour ouvrir un restaurant. Tu as essayé d'aller voir des forums métier ou des trucs de ce style ?" Mabel ne s'était jamais vraiment penché sur son insertion professionnelle mais elle savait que ça existait, c'était déjà ça, et que beaucoup de personnes arrivaient à y trouver leur bonheur. Donc peut-être qu'avec un peu de chance ce serait le cas pour son amie.

Mabel ne put s’empêcher de rire quand son amie dit que le patron était susceptible. "C'est gros con, ouais." Et encore, ce mot était un euphémisme. Mabel détestait littéralement cet homme. Elle avait l'impression que pour lui, une seule chose comptait : la thune. Et il faisait tout pour en avoir, quitte à lécher les bottes des clients. "Mais ne t'inquiète pas, tu es totalement dans ses bonnes grâces. Il ne te dira rien... Je crois même qu'il a un peu le béguin pour toi." dit-elle avant de lui donner un coup de coude amical.

Mabel haussa les épaules à la remarque de son amie. Ouais, on ne choisissait pas son prénom, malheureusement. "Il est toujours possible de le modifier en mairie." De toute façon, si elle avait pu le faire, elle ne l'aurait surement pas fait pour Mabel... Elle trouvait son prénom moche...

"Personnellement, je ne cherche pas à m'engager dans une relation pour le moment, donc ça me convient très bien comme ça." dit Mabel quand son ami parla de garçon. "Mais c'est pas pour autant que je vais dire oui à n'importe qui..." Elle soupira avant de reprendre. "Mais il doit avoir des gens bien dans le lot. Je suis sûre que trouvera le mari parfait."