Strange Little Girl, Where are you going ? ft. Matthew

Matthew & Alma

Strange little girl, where are you going?

Encore une journée resplendissante sur la ville de Los Angeles, donnant des envies de balades auxquelles tu as cédé. Avec un soleil comme ça, il est impossible pour toi de rester enfermée, tu as besoin de bouger ! Et puis, même si tu es là depuis septembre déjà, il te reste encore beaucoup à découvrir. Los Angeles est une ville si grande qu’il te faudrait plus d’un an pour la visiter dans son intégralité et ça… Ce n’est que les coins touristiques. Tu as envie de découvrir des petits coins secrets, que l’on ne trouve qu’au détour de rue, en prenant des chemins hasardeux. Bref, à peine sortie du lit, tu as enfilé ta petite robe, tes sandales, un coup de toilettes et tu es sortie de chez toi. Tu as aussi pris ton petit sac d’affaire que tu as préparé la veille. Dedans : ton guide, tes sous, de quoi se sustenter et surtout ton inséparable appareil photo. Tu avances dans L.A laissant tes pieds te guider, de temps en temps, tu jettes un coup d’œil dans ton guide quand tu vois un nom de quartier, pour savoir s’il y a des choses d’intéressantes dans le coin. Là par exemple, ils disent que dans ce bar, il y a les meilleurs smoothies de la ville. Tu décides d’en prendre un et à peine tu y as trempés tes lèvres que tu ne peux être qu’en accord avec le guide. C’est un délice ! Et c’est ainsi toute la journée, toi avançant, les yeux fixés sur tes pensées. Le soir fini par tomber et tu te dis qu’il est peut être temps de rentrer. Tu regardes autour de toi, avant de murmurer un « Mierda ». A force de marcher sans aucun but, tu n’as nullement fait attention aux directions que tu as pris. Tu ne sais pas du tout où tu es. Tu regardes rapidement sur la carte de ton portable, mais ce dernier te place à l’autre bout de chez toi. Double mierda. Tu jettes un dernier regard dans les alentours, tu sembles être dans un quartier paumé et craignos. Apparemment ton état de baroudeuse te faisait voir le monde d’une autre manière mais maintenant que tu es de retour dans un état d’esprit normal, tu remarques que c’est vraiment un quartier glauque ici. Tu essayes de ne pas te laisser gagner par la panique. Tu te dis que tu peux toujours choper un taxi ou retrouver le métro. Seulement voilà, depuis 20 minutes que tu es ici, tu n’as toujours vu aucuns taxis et tu n’as foutrement aucune idée d’où se trouve le métro. Tu es officiellement perdue...

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Tu savais que tu n'aurais probablement pas dû sortir aujourd'hui, que ce n'était pas raisonnable de ne pas te reposer pendant ton seul et unique jour de repos de la semaine mais ça avait été plus fort que toi, une nouvelle fois.
Après avoir passé quelques heures chez toi à essayer de te concentrer sur une série Netflix, à mettre l'épisode sur pause, puis le reprendre, recommencer depuis le début, puis arrêter, tu avais juste fini par fermer ton PC en soupirant bruyamment, il fallait te rendre à l'évidence, tu étais incapable de rester concentré sur quoique ce soit, tout te paraissait insupportable, que ce soit le jeu des acteurs, leurs voix, le bruit de tes voisins, les odeurs de ce qu'ils étaient en train de cuisiner qui te parvenaient, les cris des enfants dans la rue, même chez toi tu ne te sentais pas vraiment seul et pourtant c'est ce dont tu avais besoin, de solitude, besoin de te retrouver un peu avec toi-même, de pouvoir souffler, alors tu avais juste attrapé une veste, ton paquet de cigarettes qui traînait sur la table, espérant que tu n'avais pas pris celui qui était vide, tes clefs de voiture, ton téléphone et tu t'étais éclipsé, tu savais que ton corps allait te le faire payer, que tu regretterais probablement dès le lendemain cette escapade diurne mais pour le moment, ce n'était pas ce qui comptait le plus.

Après une dizaine de minutes, tu finis par te garer sur une place de parking, dans le quartier que tu estimais le plus paumé, reculé et moins fréquenté de la ville, tu te doutais qu'il était probablement glauque aussi à la nuit tombée mais tu espérais bien être parti avant ça, dans le pire des cas ce n'était pas vraiment comme si tu étais incapable de te défendre, sept années de service dans l'armée, trois années dans la police, tu n'étais pas vraiment une petite chose fragile, tu saurais te débrouiller.
Après avoir déambulé quelques instants dans le quartier, tu finis par simplement grimper sur un muret, avant de t'y poser, une cigarette à la main.
Tu ne sais pas combien de temps tu étais resté là, combien de cigarettes tu avais fini par fumer, combien de temps à te perdre dans un dédale de pensées, l'une entraînant l'autre, sans la moindre cohérence, passant tantôt d'une pensée pour les jumeaux, leur attitude qui même si elle t'amusait, même si tu les encourageais, t'inquiétait aussi parfois, à Noah, son sourire, sa voix, son accent inimitable, la douceur de ses lèvres, à quel point il pouvait te manquait encore malgré les années qui s'étaient écoulées depuis sa mort avant de revenir plus terre à terre sur ce que tu allais manger en rentrant, te demandant si tu ne devrais pas plutôt t'arrêter au Burger King, au KFC ou quelque chose du genre, loin d'être motivé à faire l'effort de ne serait-ce que mettre un plat dans le micro-onde.
Ce fut finalement une voix qui te sortit de ton introspection, Mierda, ton espagnol était certes un peu rouillé, pour ne pas dire que tu avais complètement oublié tout ce que tu avais appris au lycée, mais ça tu comprenais. Un sourire amusé se dessina sur tes lèvres malgré toi alors que tu repéras bien vite à qui appartenait la voix, une jeune fille à quelques pas de là, regardant alternativement son téléphone, puis les alentours avec un regard désespéré, il ne fallait pas être un génie pour comprendre qu'elle était complètement perdue et connaissant bien le quartier, tu savais qu'à moins d'un miracle elle ne s'en sortirait probablement pas.

Décidant de lui venir en aide au lieu de simplement te moquer, tu finis par descendre de ton perchoir, glissant une cigarette entre tes lèvres à nouveau avant de te diriger vers elle, regrettant un peu sur le moment de ne pas être en uniforme, tu savais que dans tes vêtements normaux tu avais bien plus l'air d'un délinquant que d'un policier

« T'as besoin d'aide ? »

Matthew & Alma

Strange little girl, where are you going?

Alors que tu hâtes le pas, terrifiée, tu entends une voix à tes côtés. Aussitôt, tu fais un énorme bond. Tu regardes le jeune homme qui s'est adressé à toi, sorti de nul part. Encore un peu sous le coup des émotions, tu sens ton coeur qui bat à mille à l'heure. Tu restes un moment silencieuse, ne sachant quoi répondre. Tu ne sais pas qui tu as en face de toi et tu n'es pas rassurée. En voyant le quartier dans lequel tu trouves, tu te mets aussitôt à imaginer le pire. Tu prends vraiment ton temps pour analyser la situation et surtout la personne en face de toi. Il n'a pas l'air méchant et son visage inspire la confiance. Pourtant, tu entends distinctement la voix de ta grand-mère dans ton esprit "El hábito no hace al monje"... L'habit ne fait pas le moine. Mais tu te dis aussi qu'elle ne s'est surement pas retrouvé dans une situation où elle était complétement perdue dans une ville inconnnue. Abuela n'a jamais quitté Malaga. Finalement après un petit moment, suffisant pour installer un malaise, tu finis par répondre "Je suis perdue..." Tu inspires avant de reprendre "Pouvez-vous me montrer où est la station de métro la plus proche s'il vous plait ?" Tu resserres ta poigne autour de ton sac. Tu te souviens que ta mère t'avait conseillé de prendre une bombe lacrymo avec toi. Tu avais trouvé cela un peu ridicule sur le moment. Maintenant, plus vraiment. Peut-être que tu ne l'aurais pas utilisé, mais au moins, cela t'aurait rassuré. Tu attends la réponse de ton interlocuteur, prête à prendre tes jambes à ton coup si besoin, comme si tu pouvais semer quelqu'un comme ça avec tes petites jambes.

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