Toi, ici ? (Ft. Juliet)

J’aime mon travail et il est vrai que je suis un peu trop obsédée à l’idée de tout bien faire, tout le temps. C’est dans ma nature, j’aime faire des listes, sans ça, je suis perdue. J’aime que tout soit carrée. Je ne pense pourtant pas être une maniaque du contrôle ; même si beaucoup pensent le contraire. Disons que oui, je me donne les moyens de réussir à faire tout ce que l’on me demande. N’est-ce pas le propre d’une bonne assistante ? C’est comme ça que je vois les choses. Mais du coup, lorsque vient le week-end, je ne sais jamais quoi faire. Bien sûr, je sais que Sally peut avoir besoin de moi n’importe quand, donc je me tiens prête, mais en ce moment, c’est plutôt tranquille, alors, je tourne en rond. Je ne sais pas quoi faire. J’aime la solitude et de se fait, je n’ai pas des masses d’amis et ma famille n’est malheureusement pas disponible alors je fais les cent pas dans ma chambre, dans un sens et puis dans l’autre. Et je recommence mon manège plusieurs fois jusqu’à en avoir le tournis. Et surtout, jusqu’à me trouver complètement stupide. Puis, sur un coup de tête, je décide d’aller faire les magasins. Généralement, lorsque je me rends dans le centre, c’est pour Sally. Alors pour une fois, ça sera pour moi, ce qui ne risque pas de me faire du mal. J’arriverais peut-être à me dégoter quelques vêtements. Je ne suis pas une adepte de la mode, loin de là, je ne dis pas que je suis mal fagoter, mais disons que je ne passe pas ma vie dans les défilés. J’arrive rapidement sur les lieux et pénètre dans la première boutique que je trouve. J’ai la surprise de reconnaitre la silhouette de Tao, le garde du corps de Sally. Je l’aime bien, mais, n’ayant pas envie de me retrouver nez à nez avec un collègue alors que c’est le week-end, je décide de battre en retraite, en espérant qu’il ne m’est pas vu.

Si parcourir les magasins pour satisfaire ma patronne ne me dérange pas ; tout comme pour faire plaisir à ma famille. Pour moi, c’est une autre paire de manches. En fait, m’acheter des vêtements, ça m’ennuie plus qu’autre choses. Faire mes courses, ça m’ennuie tout autant. Je n’aime pas ça, tout simplement. Mais, dans la vie, on ne fait pas toujours ce que l’on veut et surtout, on ne peut pas continuellement reporter une visite dans un magasin de fringues quand on en a besoin cruellement. Dans mon cas, ça devient même urgent. Ce n’est pas que je m’habille mal ; du moins je ne pense pas que ça soit le cas ; mais je n’ai plus grand-chose à me mettre sur le dos. Les saisons passent et je ne renouvelle pas systématiquement les pièces maitresses de ma garde-robe, tant et si bien, qu’elles finissent par s’usées. Mais, quand j’aperçois la silhouette de Tao, je préfère faire comme si je ne l’avais pas vu. On se voit très régulièrement, pour ne pas dire tout le temps, puisqu’il bosse également pour Sally, alors, ça me gêne de tomber sur lui pendant le week-end et qui plus est, dans un magasin de vêtements, alors que j’ai des petites culottes en dentelles entre les mains. Malheureusement, lui aussi, il m’a vu, et contrairement à moi, il ne fait pas semblent de ne pas m’avoir vu et m’interpelle. Je me sens stupide et aussitôt, je cache dans mon dos la lingerie que j’envisageais d’acheter. « Hum … Salut ! » fais-je, mal à l’aise. « Oui, ma garde-robe ne me laisse plus vraiment le choix ! » que je réponds, suite à sa question.

Je ne pense pas être parfaite. Loin de là. Je fais simplement de mon mieux pour faire mon travail le mieux possible. Je fais un travail exigent et je n’ai pas le droit à l’erreur. Je le sais. Voilà pourquoi, je tente toujours de réussir les tâches que Sally me confie, même si pour cela, je ne dois pas dormir tant que je n’y suis pas parvenue. C’est sans doute pour cette raison que la fille de ma patronne ne me porte pas dans son cœur. Mais, ce n’est pas vraiment mon problème. Je ne suis pas sensée être son amie, alors qu’elle m’apprécie ou pas, qu’elle importance ? En revanche, concernant Tao, nous sommes tout les deux sur un pied d’égalité, puisque nous sommes tout les deux au service de Sally. Mais, ce n’est pas pour autant que je suis à l’aise à l’idée de le croiser pendant un jour de congé et encore moins, alors que j’ai de la lingerie féminine dans les mains. Lingerie que je m’empresse de cacher dans mon dos, mais pour rien, puisque, à l’évidence vu sa remarque, il sait déjà ce que je cache. « Je n’aime pas le rouge ! » dis-je alors, encore plus mal à l’aise. C’est faux, mais, il n’a pas besoin de le savoir. Et puis, mince, c’est un homme, je suis une femme, nous ne sommes pas proches, alors, ce genre de remarque, c’est un peu déplacés. Enfin pour moi, pas pour lui. Je connais sa réputation. Il me demande ensuite ce que je compte faire après. Je hausse les épaules. « Je ne sais pas. Rentrer à la villa, je suppose ! » que je réponds alors. Après tout, que pourrais-je faire d’autre ?