Camila | Confidences under blanket... on a blanket.

C'est en cette journée bien morose que je passe la porte de ma maison. Ma vie est devenue une succession de mauvaises blagues, une caméra cachée où je suis à la fois l'arroseur et l'arrosée. Quelle plaie. 
Il est 17h quand je passe la porte et une douce odeur de gâteau vient chatouiller mes narines. Hélas, même ça, ça ne va pas me réconforter. 
J'ai du passer la journée avec une tête déconfite car j'ai les joues endoloris. Moi qui suis toujours joyeuse et le mot pour rire, j'ai l'impression d'être l'ombre de moi-même. Et pour ne rien rajouter de bon, un grondement orageux vient claquer juste au-dessus de nos têtes au moment où je ferme la porte d'entrée. Ou serait-ce le petit nuage au-dessus de ma tête qui passe en mode pluie torrentielle ? Indicateur de ma mauvaise humeur...

« Salut ! » me lance Astrid d'un air joyeux depuis la cuisine. Astrid est ma colocataire depuis peu et ça a tout de suite accroché entre elle et moi. Si bien que je la considère comme ma meilleure amie à l'heure actuelle. 
De plus, elle est si douce et si gentille qu'elle m'écoute avec plaisir lui raconter mes déboires sentimentaux inexistants avec mon bosse. Et pour cela, je l'en remercie...
Astrid devait sûrement être en repos aujourd'hui, elle en a profité pour faire la cuisine. Je suis une véritable quiche en matière de cuisine donc je suis bien contente quand elle s'y met. C'est d'ailleurs un véritable cordon bleue. 

« Hmmh... » je répond dans un grondement distrait pour la saluer en enlevant mes chaussures. Je sent que je ne vais pas avoir le coeur à manger ses délicieuses sucreries aujourd'hui.
Je caresse brièvement la tête de Mocca en passant et file dans ma chambre sans un mot de plus. 
Je suis rarement comme ça et je déteste quand ça arrive. Mais visiblement, monsieur le boss ultra sexy va déchiqueter le coeur jusqu'à la moelle. 
Les souvenirs de hier soir et de sa chemise tachée me reviennent en tête, je grogne et m'affale sur le lit parmi mes coussins. 
J'entends à peine Astrid pénétrer dans la pièce tant je suis occupée à me lamenter sur mon existence. 

« Hey ma belle, qu'est-ce qui ce passe ? » me demande-t'elle de sa voix douce en s'approchant de mon lit. « Dure journée aujourd'hui ? Tu veux en parler ? ».
Ce que j'aime chez Astrid, c'est son côté maternelle qui me donne l'impression d'être en sécurité. Entre les gâteaux et les confidences, je suis plutôt pas mal lotie ici.
Je soupire et m'allonge sur le lit, les jambes sur le mur en regardant le plafond. 


« J'ai la gerbe...  » je lance de bute en blanc avant de laisser traîner un silence pesant. Après quelque secondes, je regarde Astrid dans un sourire complice et me met à rire. Qui aurait cru que sa présence suffirait à me faire retrouver le sourire ? « J'ai abusé sur le champ' hier soir... »

Astrid n'est pas sans savoir que je me suis rendue à un gala de charité de mon boulot hier soir. Elle s'est même libérée pour m'accompagner trouver une tenue adéquate. Moi qui me faisait une joie de passer la soirée aux côtés de John... 
J'étais tellement survolté que j'en devenait insupportable les jours qui ont précédés cette soirée. 
Et aujourd'hui, la gueule de bois en plus, j'ai passer ma journée à essayer d'éviter Jonathan avant de savoir qu'il était à un rendez-vous d'affaire et ne serait pas présent de la journée. Bref, je me suis fatiguée pour rien...

« Mmmh.. je doute malgré tout que ton humeur maussade soit la cause d'un mal de tête. » répond simplement Astrid en me regardant.
La capacité d'analyse de mon amie est assez bluffante. Elle est capable de sonder mon âme pour déceler  le moindre petit mensonge. Ou c'est moi qui ment très mal avec ma mine renfrogné et mes petits yeux. Il faut dire que je n'ai que très peu dormis la nuit dernière, tournant et retournant sans cesse les derniers événements dans mon esprit. 
Je doute avoir fermé l'oeil d'ailleurs, surprise par mon réveil alors que je feuilletais un des derniers romans que j'ai acheté et qui traîne sur ma table de chevet depuis 6 mois. Le poids de la fatigue et l'incompréhension pèse sur mes épaules. Je gémis et attrape un coussin à sequin violet que je place sur ma tête pour cacher mes joues rouges naissantes.

« Tu as perdu ta robe en plein milieu de la soirée et tes retrouvée les seins à l'air ? » tente Astrid avec humour pour m'arracher un rire qui ne vient pas. Je grogne pour baisse légèrement le coussin pour que n'apparaisse que mes yeux plissés par la honte. « J'aurais préféré ! » je m'exclame dans un gémissement en me remémorant les coups et le sang qui gicle. Je ne sais même pas comment j'ai pu me rendre au bureau aujourd'hui, affronter tout ces regards sur moi... ces regards qui me jugent et qui vont m'accuser de je ne sais quoi de moralisateur.

«  Attends, tu sais quoi je vais aller chercher les muffins que j'ai passé l'après-midi à cuisiner... Et tu me raconteras tout ça pendant qu'on les mange ça te va ? » .

Je roule sur le ventre, entraînant le coussin sous moi, et me redresse. « Non Astrid j'ai vraiment pas... » sans me laisser le temps de protester, elle disparaît dans l'embrasure de la porte avec une détermination que j'admire.
Elle a une façon de me materner... c'est... agréable. Je n'avais pas ressentis ça depuis belle lurette.
Je n'ai jamais été proche de mes parents et pourtant, pour quelqu'un d'aussi sensible que moi, ça ne m'a jamais posé de problèmes. Peut-Être parce que je suis née ainsi...

Je soupire et me frotte les joues pour me remettre d'aplomb. Après tout, ce n'est pas la mer à boire...et je devrais être heureuse qu'enfin Jonathan m'ai accordé de l'importance après toutes ces années de mutisme. Et pourtant, je n'arrive pas à sourire... je ne sais pas comment interpréter tout ces événements et ça commence à me faire flipper. 
Je regarde mon reflet dans le miroir accroché à mon armoire, soupire une énième fois avant de me laisse tomber sur le dos, les yeux tournés vers le plafond.
J'ai le teint terne et des cernes jusqu'au menton. Je devrais prendre une bonne douche pour me requinquer mais l'odeur des muffins qui montent les escaliers suffit à me redonner le sourire.

« Décidément... tes pâtisseries sont un véritable anti-dépresseur... » je lance à mon ami quand elle pénètre dans la chambre avec son plateau. Je me redresse et en attrape un du bout des doigts. « Pour résumer ... » je croque dans le muffin avec un râle de plaisir, les yeux baissés « Devine qui va faire la première de couv' d'un journal à scandale dès aujourd'hui... ? » je repense à la horde de journalistes et aux flashs sur ma peau. J'ai envie de mourir...
Et je vais devoir donner des explications à mon père...