Le ronchon et la jolie assistante [Aline]

LE RONCHONS ET LA JOLIE ASSISTANTE
Owen & Aline

« MON PLUS GRAND HANDICAP, C'EST PAS D'ÊTRE EN FAUTEUIL, C'EST D'ÊTRE SANS ELLE. »

Owen était assis dans son fauteuil roulant et il regardait par la fenêtre du salon, observant la vie à l’extérieur de cette maison qui lui semblait maintenant trop grande, ne plus être la sienne… Depuis son retour de l’hôpital, il recevait tous les matins la visite d’aides médicales qui s’assurait de faire bouger ses jambes afin qu’elles ne se gangrènent pas. De 12 à 13 et de 18 à 20h30, sa petite sœur venait le voir pour lui préparer à manger, lui donner le bain et le coucher. Cette dernière, qui aurait dû repartir en France depuis ce temps, avait décidé d’emménager à Los Angeles chez cet oncle toujours bien heureux d’aider et elle recherchait un travail ainsi qu’un appartement. Chaque jour, il avait droit à un appel ou à un courriel de la part de sa deuxième sœur et de ses parents afin de s’assurer que tout allait bien. C’était trop pour lui et depuis son accident, il commençait à se refermer sur lui-même. Il ne pouvait plus supporter la douceur de sa petite sœur ni les appels inquiets de sa mère qui lui certifiait qu’ils pouvaient quitter la France pour Los Angeles n’importe quand. Il n’était plus un homme, il était redevenu un bambin qu’on devait protéger de la vie. Sa sœur ne voulait pas le laisser faire la cuisine. Les comptoirs étaient trop haut, disait-elle! Elle refusait qu’il fasse les courses seules. Trop dangereux! Trop de gentillesse le tuait à petit feu.

Un jour comme les autres, à l’approche des cours, il attendait l’arrivée de sa jeune frangine avec un regard morne. Il la vit arriver dans un taxi, descendre du véhicule et se diriger vers la porte. Rapidement, sa voix se fit entendre. Elle annonçait qu’elle lui préparait vite le petit déjeuner, qu’elle l’aiderait à se changer et qu’elle lui présenterait la demoiselle qui prendrait soin de lui. Elle avait une entrevue d’embauche à 11h et elle avait encore beaucoup à faire. Il n’eut d’autre choix que de la laisser faire, restant dans un silence de plomb. Lorsqu’il eut fini de manger, la sonnette l’avertit que quelqu’un était arrivé.

- Tu es sûrement content de la voir arriver, pas vrai?!, demanda la cadette de la famille.
- Énormément…, il dit sur un ton monotone pendant qu’il la fusillait du regard.
- Je compte sur toi pour être poli avec elle! Attends ici, je vais la faire visiter, puis je vous présenterais!

L’homme, son cellulaire en main, écrivait un dernier message pour une jeune femme pour qui son cœur battait. Son pseudo sur l’application sociale était Lupin, comme Remus Lupin de Harry Potter.

Lupin : «« Ma journée va être pénible. Profite bien de la tienne, Sexy. Je t’embrasse! » »

Son pseudo était Raven comme Ravenclaw , mais il la surnommait de mots doux la plupart du temps. Il avait commencé tout simplement par « ma belle » après un an de connaissance, puis les années ont passé et ils ont commencé à se connaître plus intimement et il a fini par l’appeler Sexy après une nuit de sextos très chaud agrémentée de jolies photos… Ils avaient voulu se rencontrer en vrai avant de se dire officiellement en couple, mais l’accident l’avait empêché d’aller au rendez-vous. Prétextant beaucoup de travail, il n’avait jamais avoué à sa correspondante et amie de jeu de rôles qu’il était maintenant en fauteuil roulant. Il ne voulait pas la faire fuir et lorsqu’il lui parlait, il avait l’impression d’être normal, d’être comme n’importe quel homme. Il ne voulait pas perdre cela.

Les voix féminines se rapprochaient et son regard se posa sur une rousse. Il s’étouffa avec le verre d’eau qu’il avait pris. Il reconnaissait cette femme! Aline… Davis? Non… James! Oui, c’était ça! Aline James… Pourquoi devait-il s’humilier devant une ancienne étudiante?

- Donc… Vous croyez pouvoir m’assister? Faire les tâches que ma sœur vous a demandé de faire à sa place ainsi que de me suivre dans mes cours pour faire ce que je vous demande de faire, c’est bien cela ?! Sachez que vous serez payées à ne rien faire ou presque. Je n’ai pas besoin d’aide, dit-il avec froideur.
- OWEN!, s’offusqua sa sœur. Vous devrez faire le ménage, la cuisine, lui donner son bain, le divertir, l’aider dans ses cours, assurer sa sécurité et le mettre au lit. Une fois couché, vous pourrez rentrer chez vous et revenir toujours à la même heure. Sachez qu’une heure après votre arrivée, un homme bien sympathique viendra lui faire ses exercices de la journée.
- Je n’ai pas besoin d’aide… Surtout pas de la sienne!

(Gras = Owen)

Un nouvel emploi débutait pour elle aujourd'hui. Son employeur avait décidé de lui retirer ses travaux itinérants de petits vieux en petits vieux pour lui confier la charge de s'occuper d'un homme jeune, aisé, qui n'avait pas fait appel à leurs services. C'était la sœur de ce dernier qui les avait sollicités pour lui et elle sentait déjà que ce n'était pas une excellente idée. Si l'homme n'avait pas demandé lui-même de l'aide il y avait de fortes chances pour qu'il se braque en voyant arriver la jeune femme et que leur cohabitation quotidienne ne soit pas des plus aisées, ni des plus sereines. Elle allait peut-être devoir s'imposer et cela lui faisait un peu peur. Jusqu'à maintenant elle avait surtout rencontré quelques petits vieux qui se laissaient souvent faire, ou qui trouvaient le moyen de faire une proposition déplacée ou deux, qu'ils ne pourraient jamais assumer. Contrairement à ces derniers qui profitaient largement, le plus souvent, de recevoir l'attention d'une jeune femme, un trentenaire en pleine possession de ses moyens ou presque devait être un cas on ne peut plus difficile.

Elle arrive bientôt à destination et se gare pour rejoindre le numéro de l'appartement indiqué sur les papiers de son employeur et elle ne tarde pas à manifester sa présence, attendant un peu avant que l'on ne vienne ouvrir. C'est un visage avenant qui la salut et l'invite à entrer avant de l'entraîner sans perdre de temps pour faire le tour du propriétaire. La jeune femme sent son téléphone qui vibre dans sa poche et elle ne peut pas répondre pour le moment, continuant de suivre la sœur de son patient qui lui montre chaque pièce et les emplacements de tout le matériel dont elle peut avoir besoin tout en lui parlant des habitudes d'Owen. Consciencieusement, Aline note tout dans son bloc note pour ne rien oublier des préférences de l'homme et pouvoir s'occuper de lui au mieux.

Enfin elles prennent la direction de la cuisine, alors que son interlocutrice lui indique les habitudes alimentaires de son patient, ainsi que les aliments qu'il déteste et qu'il est impossible de lui faire avaler. Aline note toujours quand elles entrent dans la pièce. Mais comme son regard se relève, elle s'arrête net. Lui !? Son ancien professeur ? Voici bien la preuve qu'elle devrait toujours regarder d'avantage les informations relative au patient quand on lui donne un dossier, il n'avait pas pensé, n'avait pas vu, pas réalisé, que c'était lui. Et elle se demande ce qui lui arrivé pour que ce dernier se retrouver dans ce fauteuil désormais. Mais elle ne pose pas la question en pensant que ce n'est clairement pas le moment et l'homme lui donne raison par sa réaction vive avec elle. Elle ne peut pas répondre, comme la sœur de ce dernier s'en charge à sa place.

«- Pour ce qui est du ménage, l'agence envoie du personnel plus qualifié, ce ne sont pas les mêmes contrats ni les mêmes assurances donc ce n'est pas moi qui me chargerait de cela mais si vous avez des consignes particulières je pourrais les transmettre !» indique la jeune femme. «Pour tout le reste j'en fais mon affaire.» annonce-t-elle en gratifiant son interlocutrice d'un sourire, faisant comme si son patient n'avait pas été désagréable. «Je ne me souviens pas vous avoir donné des raisons d'avoir une si piètre opinion de moi.» remarque-t-elle tout de même en se tournant vers lui.

Il a honte. Sa fierté d’homme est largement touchée en voyant la jolie demoiselle rentrée dans sa cuisine pendant que sa sœur annonçait qu’elle devrait prendre soin de lui comme s’il était un bébé qu’on confiait à une gardienne d’enfants. Au final, c’était tout à fait la même chose dans les deux cas. Elle devait l’aider avec sa toilette personnelle, l’aider à aller aux toilettes, lui faire à manger, le coucher… Pourquoi devait-on lui envoyer une magnifique femme comme Aline James? Il espérait un homme. Ce serait moins gênant et il s’en ficherait bien de ce qu’il avait l’air. Non, voilà qu’il avait à faire à une demoiselle, mais en plus elle avait été son étudiante. Sa sœur refuserait qu’Owen refuse qu’elle soit son assistante. Elle ne lui laisserait pas le choix.

Ce qui expliquait en partie cette honte, c’était dans leur passé commun. Il s’était surpris à la trouver fort jolie, très attirante. Ses amis lui avaient conseillé de lui proposer un café après la fin de l’année scolaire. Il ne serait plus son enseignant après tout, mais il n’avait pas osé. Le professeur ne l’avait jamais invité et s’était finalement rendu compte de son amour pour sa correspondante, Raven. Actuellement, ils n’étaient pas officiellement en couple, mais c’était compliqué. Devant lui se trouvait une personne absolument magnifique et il n’avait pas envie de lui montrer une telle image. C’était pour cette raison qu’il repoussait toujours la rencontre entre lui et sa bien-aimée. Il voulait qu’elle garde cette image qu’elle s’était forgée grâce aux photos sexy. Un handicapé ne faisait pas du tout partie des fantasmes de ces dames.

- Vous avez été mon étudiante. Disons que je n’ai pas forcément confiance en une personne que je n’ai jamais vraiment connue. Rien ne me dit que vous n’en profiterez pas pour rependre des choses intimes sur ma vie privée dans l’université, voir même sur cette stupide application de rumeurs! Alors, je ne le dirais pas deux fois. Si quelque chose que j’ai dit qu’à vous sort d’ici, je vous ferais renvoyer… Compris? Bien! Chère sœur, tu peux partir et aller vivre ta vie! Je suis assez grand pour prendre soin de moi malgré ce que peut laisser sous-entendre ce fauteuil! Bon vent!

Il n’allait attirer rien avec ses jambes paralysées, à part peut-être la pitié et la charité qu’il ne voulait absolument pas. Il se cachait derrière une froideur qui ne lui ressemblait pas afin d’éviter de souffrir lui-même. Il ne voulait pas qu’on lui rappelle que sa vie ne pourrait plus jamais être la même qu’avant.

Alors que la demoiselle est plantée devant son nouveau patient, elle s'étonne de voir que ce dernier ne veut surtout pas d'elle comme assistante, pour lui venir en aide au quotidien et elle ne comprend pas vraiment ce que l'homme peut avoir à lui reprocher alors qu'elle ne se souvient pas d'avoir donné des raisons à ce dernier de garder un mauvais souvenir d'elle par le passé. Elle ne se prive pas pour le faire remarquer, alors, à haute voix et informe donc dans un même temps son employeuse qu'elle connaît déjà le frère de cette dernière, sans dire d'où toutefois mais c'est une information que la jeune femme ne tarde pas à recevoir comme Owen lui-même indique avoir été le professeur de la demoiselle, assez brièvement, comme son propos constitue surtout une menace à son encontre. La jeune femme a un petit air agacé en le regardant avant de reprendre la parole.

«- Je vois, si vous connaissez beaucoup de personnes qui travaillent dans mon domaine et qui seraient en mesure de vous aider, alors dans ce cas je suppose que vous pouvez entrer en contact avec eux. Mais puisque l'on a fait appel à moi, je suppose que ce n'est pas le cas. Je ne vois pas bien pourquoi «surtout moi», en quoi je pourrai être pire qu'une autre. A moins que vous ne pensiez m'avoir donné, à l'époque, des raisons de vous en vouloir ou me venger aujourd'hui ?» suggère la demoiselle en levant un sourcil. «Si c'est le cas, il est idiot de ma part de ne pas me souvenir de cela.»

Pour qui la prend-t-il au juste cet imbécile, à supposer qu'elle pourrait parler de lui dans l'application du bitchcation ? La jeune femme vaux clairement mieux que ça. Elle ne supporte pas cette application, même si l'homme ne le sait pas. Mais elle est loin de s'amuser avec cette connerie alors qu'elle a parfaitement conscience du fait que l'application peut lui faire du tord également. Elle n'est pas parfaite et ne doute pas que les personnes derrières cette saloperie trouveraient à redire.

«- Je ne me souvenais pas que vous étiez à ce point sceptique et suspicieux, monsieur. Mais je m'en souviendrais. Comptez sur moi pour ne rien dire sur cette application, je la déteste profondément. Et vous savez que la personne qui gère cela a des yeux et des oreilles partout !» fait remarquer la demoiselle, clairement agacée d'imaginer que ce type puisse lui apporter des ennuis pour rien, si elle est innocente.

Laissant la sœur de son ancien professeur partir, la jeune femme refait un petit tour de la maison pour prendre ses repères et envoyer un message à Lupin. *Je sens que la journée va être longue, c'est un connard finit, j'le voyais pas comme ça dans le temps !*

Il se contente de grogner aux paroles de la rouquine. Que pouvait-il dire de plus? Au final, elle avait sûrement raison. Il avait besoin d’elle et bien plus qu’il ne voulait l’admettre. Il ne pourrait pas cuisiner ni se glisser seul dans le bain et dans son lit. Owen n’avait pas le choix, il devait la laisser faire son travail, mais il ne voulait pas lui faciliter la tâche pour autant, tel un enfant boudeur qui voulait s’obstiner durant sa phase du « non », mais c’était normal à l’âge de 2 ans, pas à son âge. Pendant que la demoiselle s’éloignait, il reçut un message texte.

- Parfois, lorsqu’on souffre, on a tendance à montrer une certaine image pour nous protéger. Je te souhaite bon courage, ma journée de sera pas plus agréable. Tu me manques déjà. J’ai hâte à ce soir pour te parler plus longuement.

Il eut un soupir et il ferma son téléphone portable avant de le déposer sur le comptoir. Sa vie était merdique et insupportable. Il avait envie d’être regardé comme n’importe qui de normal… d’ordinaire, mais avec une assistante avec lui, comment pourrait-il éviter les regards de pitiés ou hautains comme s’il n’était plus qu’un demi-humain ne méritant plus l’attention de quiconque. Il avait peut-être tort de craindre autant le regard des autres au point de faire du mal à ceux qui voudraient s’approcher de lui. Il savait qu’il avait tort, mais Owen n’avait pas la force de faire autrement.

L’homme resta silencieux, posant son regard autour de lui sur cette cuisine. Qu’est-ce qu’il payerait cher retrouver sa vie d’avant et avoir le courage de rejoindre la femme qui le rendait fou depuis plusieurs années. Même s’il ne l’avait jamais rencontré, il savait qu’elle comptait pour lui et il avait peur de la décevoir en découvrant ce qu’il était devenu.

- Vous avez fait le tour, c’est bon? J’aimerais bien déjeuner…

Elle soupire devant le message de son pseudo petit ami, relation compliqué. Oui, elle le sait. Malheureusement les personnes en souffrance, parfois, ont besoin de s'en prendre aux autres pour se sentir mieux, c'est comme ça. Les gens n'y peuvent rien. Ils n'ont pas forcément l'intention d'être de parfaits connards mais se comportent comme tel malgré eux à cause de la douleur. On lui a apprit tout cela pendant ses études mais y être confronté, tout les jours, est autre chose et elle comprend de plus en plus chaque jour comme il faut être bien fait, avoir un moral d'acier. Elle soupire, envoie une petite réponse et finalement repose son téléphone alors qu'elle ne veut pas que monsieur Andrews puisse se plaindre d'elle pour l'utilisation de celui-ci. La voix de ce dernier, d'ailleurs, la rappelle à l'ordre comme il souhaite manger et elle revient dans la cuisine et ouvre le réfrigérateur pour voir ce dont elle dispose. Se tournant vers lui au milieu de son analyse, elle lui adresse un sourire en espérant le détendre ainsi.

«- Que souhaitez-vous manger, monsieur Andrews ?»

Quelques minutes plus tard, la jeune femme mitonne en chantonnant, alors que l'odeur de poulet commence à envahir toute la cuisine. Surveillant la cuisson des pommes de terre, elle lave rapidement un peu de salade pour composer une assiette équilibré et finalement, appelle bientôt l'homme à venir à table, en lui souhaitant un bon appétit. Installée avec lui, elle n'ose pas regarder son téléphone pendant le déjeuner et cherche à briser le silence.

«- Monsieur... Puis-je vous demander comment c'est arrivé et de quoi vous souffrez exactement ? Pour vous aider au mieux dans la kiné...» questionne finalement la jeune femme en ayant un peu peur de se faire rabrouer par son interlocuteur au vu de l'humeur de ce dernier.

L’homme, la suite du regard comme elle rentre dans la cuisine et va fouiller dans le frigo. Il aimerait bien faire la cuisine seule, mais c’est un peu compliqué lorsque sa cuisine n’est pas adaptée à une personne en chaise roulante. Alors, il n’avait pas le choix de lui demander le faire. Ça ressemblait comme un ordre, mais dans sa tête s’était un appel à l’aide, mais il se refusait de lui dire « s’il vous plaît » et « merci ». Fierté exige… C’était stupide, probablement. Cette femme était là pour l’aider et semblait très douce, mais il avait toujours peur de s’attacher à de nouvelles personnes pour les voir disparaître.

- Faites-moi une surprise, mademoiselle. Je ne suis pas difficile.

Sur ces mots, il quitta la cuisine et gagna son bureau où il travaillait. Devant ses feuillets, il préparait ses prochains cours, et principalement l’examen de fin de session. Très à fond dans son travail, il put se calmer un peu, mais il restait légèrement irritable. Owen l’était toujours depuis son accident… Aline l’appela pour manger. Alors, il sauvegarda son fichier et il roula pour rejoindre son aide qui leur servait deux assiettes. Il commença à manger en silence, mais cette dernière ne semblait pas vouloir rester silencieuse. Il soupira et ne dit rien pendant quelques minutes, mangeant du bout de sa fourchette.

- À part mes jambes inutilisables, vous voulez dire? Mes bras… J’ai du mal à les lever. Ils disent que cela peut se replacer. Heureusement… Je peux faire des taches simples, mais j’ai du mal à les lever trop haut et ce n’est pas très pratique afin d’écrire au tableau. Puis ce que c’est l’une de mes principales tâches, écrire, il faudrait que je puisse travailler cela, si vous pouvez y faire quelque chose.

Il remarqua qu’elle jetait de petits coups d’œil à son téléphone. Il haussa un sourcil.

- Je n’ai rien contre à ce que vous regardiez si votre pauvre petit-ami se porte bien, tant que vous faites votre travail. Ouvrez-le si vous voulez!

La jeune femme soupire comme il ne l'aide pas vraiment mais si l'homme dit ne pas être difficile, elle devrait pouvoir préparer quelque chose de bon. Ou de comestible tout du moins et elle découvrirait mieux les goûts de ce dernier prochainement, assurément, au fur et à mesure du temps passer ensemble. Car il était évident que du temps ensemble, ils allaient en passer. Et dire qu'elle l'avait estimé à une époque, elle n'était pas certaine que ce soit encore le cas après ce qu'il avait fait aujourd'hui. L'avenir le lui dirait certainement. Elle n'avait pas d'autres choix que de se laisser porter de toute façon, maintenant qu'elle avait accepté ce contrat.

A table, elle le sent tendu et obtenir une réponse de sa part semble difficile. La demoiselle soupire alors qu'elle note que ce ne sera pas évident si elle doit l'aider mais qu'elle ne sait pas plus que ce qu'elle voit. Elle a pourtant besoin de savoir de quoi il souffre pour lui offrir les soins les plus adaptés. Il semble se décider enfin à se confier et elle acquiesce d'un mouvement de tête. Mais ne peut s'empêcher d'être légèrement étonnée par ses manières tout de même alors qu'il parle des cours.

«- Alors... vous êtes devant la classe ? Et ils vous voient ?»

La question peut sembler stupide, mais elle a une très bonne raison pour la poser, en ignorant la réflexion que l'homme lui fait sur son téléphone qu'elle peut utiliser si elle le désire. Elle ne relève même pas la mention de son potentiel amoureux. Non, autre chose occupe son esprit.

«- Pardonnez moi. C'est seulement que je ne comprends pas en quoi, alors, il était si terrible que je sois une de vos anciennes étudiantes...»

Puisque de fait un nombre incalculable d'étudiant pouvait voir sa condition physique. Non, elle ne comprenait pas ce qui lui avait valu que l'homme se montre si froid et fermé en la voyant arriver, du coup.

«- Alors... vous êtes devant la classe ? Et ils vous voient ?»

Owen haussa un sourcil à sa question qui le laissa un peu stupéfait, hésitant à la trouver lunatique ou complètement bête.

- Vous vous moquez de moi, mademoiselle? Comment voulez-vous que j’enseigne sans me montrer? Je ne peux pas demander à mes étudiants de regarder un écran dans une classe vide! Je dois être sur place afin de répondre plus efficacement aux questions, afin de me montrer disponible entre deux périodes ou tout simplement pour garder un œil sur ces irrespectueux qui textotes durant que j’enseigne. Même si j’aimerais mieux ne pas me montrer, mon travail demande une présence humaine. Je ne pourrais pas travailler seulement de chez moi. Certains Élèves ont besoin d’explications de vive voix et un e-mail ne leur suffirait pas. Alors, oui, je pense aux études de mes élèves avant ma crainte d’être jugé. Pour répondre à votre deuxième question, c’est tout simplement une évidence ! Vous devrez être en classe afin de m’aider dans mes tâches. Je voudrais éviter que des… propos mal compris ou des gestes mal interprétés puissent nous nuire. Si les ragots étaient choses courantes avant, elles sont plus dangereuses avec cette application sur nos téléphones. Nous n’avons plus de vie privée. Nous n’avons plus rien! Un mensonge peut se mélanger aux vérités et c’est fichu!

Il soupira et continua à manger ce qu’elle lui avait préparé. Elle pouvait remarquer qu’il aimait cela, mais il allait bien se garder de le lui dire.

- Bref, changeons de sujet vous voulez bien? Parlons de votre travail… Quelle est votre manière de travaillez avec… vos clients? J’aimerais que nous nous mettions d’accord sur ce qui sera requis ou non. Déjà, j’aime le silence. Alors, ne vous sentez pas obligée de faire la conversation. Vous le pouvez, mais évitez les banalités comme le beau temps. J’ai des yeux, je suis capable de regarder dehors pour découvrir quel temps il fait dehors!

Quel con finit, décidément, à lui parler comme si elle était une idiote. Elle sait bien que pour enseigner il faut être devant une classe. Elle fait seulement référence au fait que l'homme, plus tôt dans la journée, a mentionné le fait qu'elle avait été son étudiante comme étant une tare. Mais soit, elle ne dit rien de plus, elle n'a pas envie de parler de toute façon, le laisse partir dans ses délires en ce qui concerne l'application bitchcation qui sème la zizanie en ville. La plupart du temps ce qui est raconté là-dessus n'a aucun fondement, Aline s'est déjà retrouvé dedans et les faits reprochés n'étaient pas réels. Cette application est une nuisible en effet, mais elle ne comprend pas cette fixette qu'il fait là-dessus. Que veut-il que les gens pensent ? Ses élèves d'aujourd'hui ne connaissent pas la demoiselle, ils ne savent pas qui elle est et ils s'en foutent. Ils verront bien qu'elle n'est qu'une aide, de toute façon, vu comme il semble décider à la traiter, ce ne sera pas bien difficile pour eux de ne pas se méprendre, et elle se sent comme détestée par toutes les pores de la peau de l'homme, sans avoir rien fait à ce dernier. Soit.

«- Je doute que qui que ce soit interprète quoi que ce soit. L'inimitié palpable et infondée que vous me portez d'ores et déjà suffira à dissuader qui que ce soit de la moindre interprétation. Et je ne vois pas quel geste pourrait sembler déplacé dans un amphithéâtre, au juste.»

Elle l'écoute donner quelques informations sur lui, comme ce dernier demande plus d'informations sur son job et elle hausse les épaules à sa question. Mais il ne lui laisse pas l'occasion de répondre tout de suite et elle continu de manger alors, le laissant terminer. C'est qu'il parle beaucoup, mais enfin, elle a l'occasion de lui répondre.

«- Je m'adapte aux besoins de mon patient. Donc ça dépend de son handicap, de sa mobilité... ça peut être très polyvalent en soit.»