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  (louis) acte II, scène 3

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#MessageSujet: (louis) acte II, scène 3    (louis) acte II, scène 3 EmptySam 19 Jan - 20:38

- Julio nous dégotera une belle personne avec qui partager sa vie. Il suffit de tomber sur la perle ! commenta ma mère.
- Il l’a déjà trouvée, pourquoi pas Tess ? Hein Julio ?! Elle me plaît bien, elle m’a toujours plu, s’exclama mon père avec une affection palpable pour la blondie.
- C’est vrai que vous feriez vraiment un couple mignon !

Je me tournai vers le dernier locuteur, avec cette surprise dans le regard. Il devait sûrement détecter à quel point sa remarque était de trop. Je le fixai avec amertume pour qu’il se sente coupable d’insister là-dessus, sur ce couple probable, alors que mon esprit naïf avait dessiné bien d’autres projets pour nous deux. Nous. Un nous bousillé, qui prenait des airs de néant, depuis cette conversation déterminante. Louis était distant avec moi, tellement que je n’osais même plus l’approcher. Il prenait souvent cette tête fermée pour me saluer, me dissuadant alors d’approfondir la conversation ou de passer un moment avec lui. La phrase pénible à entendre qu’il prononça avec tant d’engouement et d’attendrissement me poussa à me demander s’il le croyait réellement. Je m’interrogeai surtout sur ce comportement qu’il adoptait depuis quelques jours, à vouloir – de là à sembler déterminé même – se rapprocher de mes parents. A quoi bon nourrir cette complicité, s’il n’avait pas l’objectif d’être leur gendre ? Je terrassai le cœur de cet hypocrite au sourire ravageur, de mes deux yeux noirs qui l’observèrent avec écœurement.

Je passai la suite du repas dans le brouillard total. Je me sentais pitoyable de ne recevoir que son indifférence, alors que je continuais désespérément à le désirer. Lui n’avait qu’une hâte, c’était de me trouver quelqu’un avec qui me caser pour se libérer du boulet que j’étais. Je comprenais que cela lui faciliterait sûrement la vie. Le poids situé au niveau de la gorge me coupait la faim, alors je ne mangeais rien. J’avais seulement envie de pleurer. Juste un bon coup, pour laisser la frustration disparaître. Je les laissais discuter, rire, se sourire, sans intervenir ou participer. J’avais le cœur trop en vrac pour me forcer à un sourire, à une parole enjouée. Si je prononçais un seul mot, les larmes allaient couler. Alors je me taisais et écoutais leur conversation. Ce fut seulement au moment de vaquer à nos occupations que je me précipitais vers notre hôte dans le couloir. « Louis ? » Je voulais qu’il se retourne, se confronte à mon regard. A mon vide intérieur. Même si mes yeux ne reflétaient que le chagrin éprouvé à cause de lui, mais aussi l’amour trop puissant qui les rendait bien souvent étincelants. La tristesse et l’affection se mêlaient dans ce noir brillant. « Arrête de dire ce genre de choses pour Tess et moi ! » Ce n’était même plus une demande, ça prenait tous les airs d’un ordre. J’avais envie de me décharger sur lui, j’en avais besoin surtout. Alors les mots glissaient de ma bouche avec rage, malgré la sonorité basse que j’utilisais. Je parlais sous forme de murmures, pour que mes parents ne soient pas alertés par notre dispute. « Parce que tu sais que ce n’est pas elle que je veux ! » C’était lui, lui, lui. L-o-u-i-s. « Et ça me gêne quand tu essayes de faire semblant d’oublier tout ce que j’ai pu dire ou faire ! » Je m’arrêtai un instant, avant de reprendre plus précisément : « … ça me crève le cœur en fait. » J’aurais encore préféré qu’il continue de m’ignorer et m’éviter comme il l’avait entrepris ces derniers jours.
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#MessageSujet: Re: (louis) acte II, scène 3    (louis) acte II, scène 3 EmptyDim 20 Jan - 11:09

Louis n’est pas du genre à regretter ses décisions. Il est un être de raison, qui a assez de discernement pour s’assurer de prendre les meilleures dispositions pour assurer son avenir. Pourtant, dans le cas présent, dans cette relation ou non-relation qui le lie au jeune homme qui se trouve à ses yeux, il ne parvient pas réellement à se dire qu’il a pris la bonne résolution. Depuis qu’il a éconduit l’étudiant, que leur lien s’est fragilisé au point que chaque rencontre fait éclater des remords et regrets, l’écrivain est contraint de faire face à une dure réalité : il lui manque. Cette tension le met à cran, rend ses pensées d’autant plus complexes entre raison et ce sentiment qu’il a développé pour le jeune homme, qu’il refuse encore de s’admettre. Il aimerait expier ce malaise pour laisser ce sentiment de complicité refaire surface, mais il lui semble bien difficile d’y parvenir. En conséquence, il se tourmente en silence, essaye d’user de chaque opportunité pour tenter de briser cette glace, dont il est peut-être même à l’origine sans parvenir à se l’avouer. Son affection s’exprime naturellement lorsqu’il murmure : « C’est vrai que vous feriez vraiment un couple mignon ! » Difficile de ne pas flancher face à cette petite bouffée de chaleur en songeant à ces moments passés en compagnie de ces deux êtres résolument attachés l’un à l’autre. Ils forment un duo attachant. Dans le cas présent, il essaye juste de le taquiner, car effectivement, il sait parfaitement que l’étudiant n’a pas d’intérêt amoureux pour la belle blonde, mais il prend conscience de sa maladresse, dès lors que le regard pénétrant de Julio se plonge dans le sien. L’amertume de l’étudiant est éclatante et ce sourire qui s’était niché sur ses lèvres s’effrite immédiatement. Sa tentative de rompre la glace se retrouve contrecarrée, ce qui le pousse à plonger de nouveau dans une conversation plus conventionnelle avec le chef de la famille. Il essaye de masquer son trouble sous ce sourire posé et charmeur qu’il lui colle à la peau. Il évite soigneusement le regard du plus jeune durant tout le repas, bien trop perturbé par cette vérité qui le tourmente. Il finit par prendre congés à la fin du repas, désirant se retrouver seul pour réfléchir à ce qu’il vient de se passer. Seulement, Julio ne lui en laisse pas la possibilité. Alors qu’il s’apprête à rejoindre sa chambre, l’étudiant l’interpelle dans le couloir. Le ton est bas, il pourrait prétendre de ne pas l’avoir entendu, mais il est incapable de l’ignorer alors qu’il cherche sa compagnie. Lorsque ses prunelles retrouvent celles de son hôte, son cœur vient naturellement se comprimer dans sa poitrine. Difficile de rester de marbre face à un regard si expressif et tiraillé. Son cœur s’emballe dans sa poitrine, tiraillé entre malaise et cette affection qui le dévore pour ce jeune homme bien malgré lui. Les paroles du jeune homme sont franches, déroutantes et émouvantes. Il lui exprime si vivement ses sentiments, ses émotions que sa carapace se fissure quelques secondes, le temps de souffler un simple : « Désolé… Je ne cherchais pas à te blesser. » Sa voix est tremblante, très hésitante. Son regard affiche la sincérité de ses propos. « Je cherchais juste à te taquiner… » Il avoue son méfait, pour révéler sa volonté de rebâtir une certaine forme de complicité avec lui, car cette relation lui fait cruellement défaut et créé un manque conséquent dans sa poitrine. Seulement, il est incapable de l’avouer ouvertement, car les mots lui manquent. Face à ce regard pénétrant et passionné, il perd ses moyens et cela le remue bien plus qu’il ne l’affiche.  
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#MessageSujet: Re: (louis) acte II, scène 3    (louis) acte II, scène 3 EmptyDim 20 Jan - 11:10

La conversation avec mes parents se déroulait avec lenteur, comme lors de chaque repas que l'on partageait avec Louis. Depuis qu'il m'avait fait comprendre qu'un nous serait impossible, je sentais la distance se creuser et l'incapacité de le supporter se renforcer. Il essayait pourtant de contrer cet éloignement, de feindre l'amitié forte devant le couple uni qui l'adorait. Il prononçait souvent quelques remarques pleines de taquinerie, jamais en privé, toujours à table devant eux. Si souvent je me contentais d'en sourire pour ne pas éveiller les soupçons et tenter de me montrer plus ou moins ouvert avec lui, celle qu'il glissa de ses lèvres me parut intolérable. Je ne pouvais pas l'accepter, la laisser passer. Il donnait la sensation de ne pas réaliser ou de se foutre de ce que je ressentais pour lui. Il me négligeait en laissant penser qu'un couple avec ma meilleure amie pouvait être possible. Le regard furieux que je lui accordais suffisait à lui faire comprendre. Ainsi il n'entreprit plus aucune remarque par rapport à Tess et moi, ou sur un autre sujet qui aurait pu être fâcheux.

Je sortis du salon pour le rejoindre dans le couloir et évacuer mes frustrations. Mon ton était à peine audible mais suffisait pour que lui entende les reproches que j'avais à lui fournir. Je percevais dans son regard qu'il était détestable pour lui de les écouter, qu'il s'en voulait presque d'avoir essayé de me dérider. C'était bel et bien mon intention de lui faire regretter pour qu'il cesse. Il se défendit platement, précisa même qu'il ne tenait pas à me blesser. Encore hors de moi, et bien déterminé à ne plus m'affaiblir devant son regard trop bleu et tout le reste qui avait longtemps freiné mon caractère, je rétorquai vivement : « Ah bon ? Pourtant j'ai l'impression que tu ne fais que ça depuis plusieurs semaines. » Il me torturait l'âme avec son comportement. A force de faire semblant qu'il n'existait rien entre nous deux, je commençais à croire que je n'avais aucune place dans son coeur. Même une toute petite. Je détestais l'impression qu'il désirait plutôt devenir l'ami fidèle de mes parents, plutôt que le mien. Mais surtout, je ne pouvais pas m'empêcher de le vouloir, tout entier, pour moi, pour des nuits endiablées. Cette volonté ne s'éteignait plus dans mes tripes, elle était même vorace, à se figer totalement dans l'espoir de ressentir une certaine satisfaction m'envahir. Sauf que Louis n'avait pas l'ambition de concrétiser ce désir, il fuyait et parfaisait sa comédie. Encore une fois, il ne lâchait ni son masque ni sa carapace, lorsqu'il me répondit qu'il ne cherchait seulement à me taquiner. Pour moi, il essayait surtout d'oublier notre moment charnel, mes sentiments amoureux. Je ne cherchais même pas à comprendre pourquoi. Il faisait copain-copain avec mon paternel et son comportement n'avait rien d'agréable pour moi. Je n'hésitais pas à lui souligner pour clôturer la conversation inutile. Je me demandais même pourquoi je l'avais lancée, alors que j'avais fini par réaliser que parler avec Louis serait vain. « Pas grave, Louis. Mais je préfère encore que tu continues de m'ignorer, s'il te plaît. » Je ne pouvais pas être plus franc ou montrer à quel point ses réactions étaient dérangeantes. Je le regardai une dernière fois avant de pénétrer dans ma chambre et de fermer la porte derrière moi. C'était tout noir ou tout blanc avec moi, mais le gris n'existait pas. J'aurais tellement voulu qu'avec lui, la teinte rouge éclate à notre figure et qu'elle soit représentative de l'amour, la passion. Je ne pouvais pas me défaire du brouillard dans ma tête, des crampes dans mon ventre, chaque fois qu'un clair indice m'était renvoyé à la figure, concernant l'impossibilité qu'il se passe quelque chose avec lui. Un jour, je me ferai à l'idée, elle intégrera mon crâne pour ne plus la quitter. Et alors, je pourrais vivre mieux, sans me soucier de ses lèvres ou de ses grandes mains. Mais je n'étais pas encore prêt à lui dire au revoir, pour toujours, parce que mon coeur, lui, aurait voulu le garder près de moi, à jamais.
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#MessageSujet: Re: (louis) acte II, scène 3    (louis) acte II, scène 3 EmptyDim 20 Jan - 11:10

L’irritation de Julio est perceptible. Il semble avoir atteint les limites par sa tentative vaine de se rapprocher de lui. Il le perçoit clairement dans la manière qu’à l’étudiant de s’exprimer. Cela le prend de court, le perturbe inexorablement. Une fissure se créée dans ce masque détaché qu’il s’efforce de porter. Il n’est pas insensible aux sentiments de son hôte. Ils lui éclatent au visage de manière inattendue. Du moins, d’une manière qu’il ne peut pas ignorée. Il ne peut pas se montrer plus aveugle qu’à cet instant. Le ressenti du jeune homme est bien trop fort. Cela lui retourne les tripes et cela se perçoit dans la lueur de son regard océan. Il se sent mortifié, profondément idiot, mais surtout très maladroit. Il aimerait s’excuser pour ces maux causés malgré lui, mais les mots demeurent bloqués dans sa gorge. Le nœud qui tort son ventre est bien trop intense pour qu’il en soit autrement. Il ressent l’envie impressive d’attraper une cigarette, de l’enflammer et enfumer ses paumons pour tenter de plonger ses pensées dans une activité qui lui permettra de se détendre. Il se rend compte qu’il fume plus qu’il n’en a l’habitude et que cela signifie qu’il est tracassé. La raison n’est pas une inconnue. Elle se trouve face à lui et est emplie de ressentiment à son égard. Les propos de Julio sont cinglants, sans doute légitimes. Après tout, il l’a éconduit, mais cela demeure difficile à encaisser. Il ne peut pas lui en vouloir, mais il a du mal à lâcher prise, à accepter que ce semblant de relation tissée ne soit plus qu’un lointain souvenir. Cette pensée est insupportable, elle lui retourne le ventre et lui fait perdre ses moyens. « Julio… Attends, s’il te plait ! » Il lui lance alors que ce dernier prend le chemin de sa chambre. Sa voix est très faible. Il s’approche de lui, cherche à réduire la distance entre eux, ne faisant même pas attention au fait que les parents de l’étudiant pourraient les entendre. Il finit par atteindre son poignet. Il le frôle pour l’agripper, l’inviter à lui offrir son attention. « Je ne veux pas te blesser, encore moins t’ignorer. » Il lâche pris dans l’engrainage d’une angoisse qui l’oblige à dépasser ses codes. « Je suis vraiment désolé de te faire vivre cela… Notre relation me manque. » Il lui avoue maladroitement, de manière sincère. Il lui manque. Il a appris à apprécier ces moments en sa compagnie, seul ou avec les autres, découvrir une facette de sa personnalité, tout comme de ses connaissances. L’affection qu’il lui porte est sincère et elle s’exprime par l’effleurement subtil de ses doigts contre cette peau qu’il relâche. « Mais si tu veux que je parte, dis-le-moi, je le ferai. Je ne veux pas que tu te sentes mal chez toi… » Son regard bleu océan se plonge dans celui de son vis-à-vis. Ses prunelles brillent d’une émotion qu’il ne parvient pas réellement à contenir. Son cœur est suspendu à ses lèvres. Des lèvres qui éveillent de nouveau ses pensées lubriques qui le hantent bien plus qu’il ne se l’avoue, mais qui sont bel et bien là, terriblement perturbantes et enivrantes. Si seulement, il se laissait aller à elle et arrêtait tout simplement de réfléchir pour vivre les émotions telles qu’elles l’embrassent. Cette passion, cette manière de se donner totalement, Louis lui envie cette capacité qu’il ne semble pas avoir, mais le désir est là, solidement caché par une réserve et une raison bien trop ancrée dans son éducation.
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#MessageSujet: Re: (louis) acte II, scène 3    (louis) acte II, scène 3 EmptyDim 20 Jan - 11:11

Je ne lui avais pas clairement exprimé que j'étais amoureux de lui, toutefois tout le prouvait. L'audace que j'avais eu cette fameuse nuit pouvait déjà lui donner suffisamment d'indice sur les sentiments que je développais. Je n'avais pas essayé de les cacher lorsqu'on avait discuté une semaine plus tard de ce qu'il s'était passé. Je lui avais partagé mon envie d'être avec lui, même si elle n'était pas encore aussi forte que maintenant. Ce n'était pas évident, mais assez pour qu'il détourne et me fasse comprendre qu'il n'existait pas de réciprocité. J'avais saisi qu'il ne voulait pas s'engager, surtout avec moi, qu'il n'y avait aucune chance que sa décision soit autre. Les mots peinaient à sortir distinctement quand son regard hypnotisait le mien. Il y avait tellement de chagrin et de rancune qui voulaient s'extirper de ma bouche, mais j'empêchais mon trop plein d'émotion d'intervenir dans cette conversation qui de toute façon ne mènerait à rien. « Alors tu veux quoi Louis, bon sang ? Qu'on fasse copain-copain devant les parents ? C'est trop difficile pour moi. » Au lieu de ça, je lui disais simplement : « Qu'est-ce que tu veux alors ? » S'il ne voulait pas me blesser, et pas m'ignorer non plus, je m'interrogeais sur ses intentions. Tout ce qu'il proposait semblait incompatible à mes yeux : je ne pouvais plus faire semblant, quand bien même je pourrais en être récompensé par sa présence permanente. L'amour était déjà trop ancré pour que je le mette simplement de côté. Il voulait être vécu, pas simplement ignoré, mis dans un coin du cœur. Cela ne fonctionnait pas ainsi, et j'étais bien incapable de me plier à ses exigences de français coincé. « Quelle relation ? » J'avais l'audace de lui demander pour savoir ce qu'il percevait du lien qui nous unissait, avant. De l'amitié ? Pour moi, il n'existait plus qu'une attirance à sens unique. Je ne m'en plaignais pas, ce n'était pas vraiment de sa faute, mais pas de la mienne non plus si je n'avais pas suffisamment de force pour lui offrir ce qu'il désirait. Il me retint ainsi devant la porte de ma chambre, par ses mots, ses regards. Je restai sous son influence, je n'arrivais pas à m'en détacher. En fait, je n'en avais pas envie. Mais j'aurais nettement préféré que le silence s'impose, que les mots soient transmis naturellement. L'échange était pénible, je voulais qu'il se termine vite. « Ce n'est moi qui décide ici, à moins d'avoir une raison valable. Sauf que mes parents ne t'en trouveront aucune, ils t'estiment trop. » J'admis sans lui préciser que j'avais quand même fortement envie qu'il reste. C'était insupportable, tentant, de l'avoir à mes côtés, et en même temps, il ne me paraissait rien de plus destructeur que cette absence que je redoutais. J'aurais préféré ressentir du soulagement, de l'enthousiasme à son départ. Même si je sentais que quelque part, c'est ce qu'il me fallait pour l'oublier, lui, et les sentiments qui allaient avec, je n'en éprouvais même pas l'envie. « Et puis tu n'as pas terminé ton roman. » Je soufflai pour donner plein de raisons valables de rester. J'osai toutefois une question, qui me turlupinait par moment, dans un élan de curiosité soudain : « Mais peut-être que quelqu'un t'attend à Paris ? » Par quelqu'un, je n'entendais pas son éditrice ou patron, et bel et bien une amante qui aurait pu être un élément important dans sa décision. D'une certaine manière, cela me rassurerait de savoir qu'il avait déjà une compagne de vie. J'aurais alors une raison bien particulière de comprendre pourquoi il ne pouvait, ou ne voulait pas, concrétiser tous les désirs que j'avais formulés cette nuit toute aussi singulière.
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#MessageSujet: Re: (louis) acte II, scène 3    (louis) acte II, scène 3 EmptyDim 20 Jan - 11:11

Que voulait-il vraiment ? Il était incapable de le dire. Tout était si confus dans son esprit et son cœur, et ce, depuis le début de leur rencontre. Julio a un pouvoir singulier sur lui qu’il ne peut pas ignorer, ni même réellement expliqué. Du moins, s’il s’autorisait à le faire, sans doute qu’il trouverait des raisons innombrables, qui justifie cette affection qu’il lui porte et qui le tourmente de cette manière. Une affection naturelle qui se mêle à une attirance, qui active son instinct de préservation, mais face à laquelle il a flanché et qui depuis le hante. Les questions du brun sont légitimes, mais il est incapable de lui fournir des réponses claires. Cela se lit dans la lueur de son regard, dans le chaos qui habite ses prunelles et son comportement. Il relâche la pression de sa main contre son poignet. Il abdique, car il est trop faible de faire du tri dans ses pensées, mais surtout dans son cœur. Il n’est pas encore prêt à faire face à la réalité qu’il fuit, sans réellement en prendre conscience. Seulement, il a du mal à supporter le mal-être et la douleur de Julio. Cela le perturbe bien plus qu’il n’ose l’afficher. Il sait que son comportement est ambigu, qu’il doit être encore plus perdu qu’il ne l’est, mais Louis, ne peut pas envisager que sa présence devienne un poids dans le quotidien de Julio. Cette confrontation le chamboule, titille des envies qui surviennent sans crier garde, mais qu’il contient, car il ne peut les exprimer. La pudeur fait partie de lui, notamment en ce qui concerne ses émotions, ses faiblesses, mais cette vulnérabilité est visible dans la lueur de son regard. Peut-être que Julio la perçoit. Il est suspendu à ses lèvres, mais les mots qui s’en extirpent ne montrent en rien ses pensées. Il use d’excuses sensées, qui pourraient le contenter, mais sans y parvenir. Il aimerait avoir une réponse franche, mais il n’a aucun droit de le faire. Il n’est même pas capable de lui exprimer ce qu’il ressent, ce qu’il veut pour eux deux et encore moins mettre un mot sur leur relation. Amitié ? Attirance ? Amour ? Cette pensée lui retourne le ventre, car il n’arrive pas à voir clair dans tous les chamboulements de ses sens. Il est en insécurité permanente. Et cette question indiscrète accentue encore plus cette réalité. Elle est un cadeau offert pour fuir définitivement ce chaos émotionnel qui l’ébranle. Il pourrait juste répondre « oui », mettre un terme à toute cette tension palpable. Il l’a déjà fait par le passé. Il a déjà éconduit des personnes de manière sincère sans vouloir les blesser, mais simplement parce qu’il n’avait pas développé une affection qui puisse le permettre de répondre favorablement à leur volonté. Mais il en est incapable dans le moment présent. « Je n’ai personne. » Il admet simplement dans un murmure, alors qu’il recule légèrement. Cette faiblesse face au regard perçant de l’étudiant le malmène. « Je ferai mieux de retourner dans ma chambre… Bonne nuit Julio... » Il lâche finalement en tentant de fuir ce sentiment de pesanteur dans sa poitrine. Il est lâche, car sa confusion est trop intense. Il a besoin de calme, de réfléchir. Si seulement, il y arrivait.

(terminé)
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