"and I crash and I break down" willa

Nous venions de franchir une étape sans doute. Une qui me faisait comprendre que nous nous blessions tout les deux. Nous n'avions qu'ignoré les souffrances de l'autre, moi restant figé sur la douleur d'avoir perdu Samuel, lui sur la douleur d'avoir vu mourir ces hommes. Nous avions attendu de l'autre qu'il nous aide, et cela avait été impossible. Alors aujourd'hui, ça avait éclaté, il m'avait enfin reproché de ne pas avoir été là pour lui, de ne plus le regarder, de ne plus l'aider. Folle de rage, je lui avais retourné ces mots, la souffrance qu'il n'avait pas su effacer. Il hurla alors que si cela n'avait été que ça, il nous suffisait de refaire un enfant, que Samuel, nous ne le connaissions pas, qu'il fallait dépasser ça. Sérieusement ? Je l'avais giflé avant qu'il ne me saisisse par le bras pour me pousser sous la douche. Une douche froide, c'était sa façon de régler le problème ? Je n'étais pas un de ces hommes et nous n'étions pas à l'armée. Nous nous étions déjà fortement disputé, mais là, nous avions dépassé les limites. Sortant donc de la douche non sans le pousser, je pris la direction de la chambre pour sortir une valise et commencer à la remplir. Me saisissant à nouveau par le bras, il me fit mal, mais ce n'était rien par rapporte à la suite. J'étais mouillé, nous avions du parquet, à vouloir le repousser, je finis par glisser et tomber sur un miroir qui se brisa sous mon poids. Rapidement la pièce fut couverte de sang et rapidement il devint livide. Il n'était pas violent, il ne jugeait juste pas sa force. L'empêchant de le toucher, je pris seule la direction de l'hôpital. Verdict ? Quelques points de suture sur un bras et sur les flancs, mais rien de grave, rien qui ne cicatriserait pas tout seul. Pour le reste, il s'agissait d'un énorme bleu au bras, et de petites coupures un peu partout. Je venais de régler les frais et j'allais sortir de l'hôpital lorsque je le vis. J'avais presque failli lui rentrer dedans d'ailleurs.

A cet instant, je fus alors heureuse d'avoir prit une veste longue pour cacher une grande partie de mes blessures de guerre, il n'y avait donc de visible uniquement les éraflures sur mes mains et les deux légères sur mon visage. Mais le plus étonnant dans l'histoire ne fut pas la peur de le voir ici et de devoir l'affronter, mais davantage ce que je savais de lui, de sa famille qui me fit peur. « Tu… Tu vas bien ? », demandais-je sans penser à dire quoi que ce soit d'autre avant. « Rien de grave ? », ajoutais-je à moitié désespéré. Puis secouant un instant la tête, « Désolée… Hum, bonjour. », soyons poli malgré la peur qu'il puisse avoir finalement quelque chose, ou avoir perdu quelqu'un ou… Je faisais pitié par vrai ?

Je venais de faire un don. Oui cela n'était pas top quand sincèrement on voulait avoir des enfants avec une jeune femme, que cela soit le fruit de notre amour, etc. Et bien cela rapporte quand même des sous. Et les sous, c'est bel et bien ce qu'il me manque en ce moment. Le bar, ça rapporte mais pas tant que cela et n'en parlons même pas de la musique. J'avais une envie un peu folle de m'enroler dans l'armée mais mes soeurs m'en voudront et ne seront jamais d'accord. Et puis que ferais-je de la musique?

Concentrer sur la fiche que l'infirmière venait de me donner, je ne vis pas la jeune femme qui s'approchait de moi. Je relève alors la tête lorsqu'elle s'adressa à moi. Mon regard fut attiré par ses éraflures.

"Non mais je rêve? Que t'a-t-il fait?" lui dis-je alors en étant à la fois furieux et paniqué. La vue de ses érraflures avaient non seulement eu le don de me mettre hors de moi mais en plus de cela, cela me confortait dans la question que je me posais depuis que je l'avais rencontrée... Mais que fait-elle avec lui bon dieu??

Je ne m'étais pas attendu à ce genre de réaction, en fait, je n'aurais pas cru qu'il me porterait la moindre attention. Reculant d'un pas en l'entendant hausser le ton, je déglutissais difficilement, incapable de lui apporter une raison correcte. Il ne m'avait rien fait dans le fond, si ce n'est une douche froide, si ce n'est le bras qu'il avait meurtri. Pour le reste je m'étais blessé comme une grande. « Je me suis fait ça toute seule. », répondis-je en m'approchant à nouveau de lui. « On s'est bien disputé, mais je suis tombé toute seule. », je continuais à le défendre alors que clairement, cela avait été la dispute de trop. Regardant autour de nous, je repris, « Si tu veux vraiment toute l'histoire, je préfère qu'on en parle dehors si ça ne te dérange pas. », je ne le forçais à rien, mais je ne voulais pas que certaines oreilles trainent et comprennent certaines choses. Je voulais aussi sortir d'ici, depuis Samuel, je détestais les hôpitaux. Et en parlant de ce dernier, si il voulait vraiment comprendre, je devrais lui dire, lui avouer les derniers secrets, les dernière fêlures de ma vie.

Je regarde la jeune femme toujours aussi furieux. Elle réagissait comme n'importe quelle femme battue amoureuse de son mec. Regardant alors autour de moi, je vis des regards se poser sur nous. Son envie de sortir était assez compréhensible mais après tout si réellement elle était en danger elle pourrait se faire aider au moins. Passant mon bras autour de ses épaules je l'emmène dehors calmement. Je la dirige même vers ma voiture. Dévérouillant alors l'automobile, je lui murmure alors.

"Monte..."

Ce n'était pas vraiment un conseil ou autre c'était plus un ordre qu'autre chose. Elle n'avait pas du moins plus le choix. Je fais le tour de la voiture et monte du coté conducteur. Je met le contact et attend qu'elle mette sa ceinture.

Je réagissais comme n'importe quelle femme battue en fait. J'avais peur des moindre mouvement, des moindres bruits. Pourtant, lorsqu'il passa son bras autour de moi, j'eus plus l'impression d'être soulagée, du moins jusqu'à ce qu'il nous conduise devant sa voiture et qu'il m'ordonne de monter. Le coeur battant, je m'exécutais, ne tardant pas à mettre ma ceinture avant de le voir lancer la voiture. J'avais rencontré Will, il m'avait littéralement sauvé et… J'étais incapable de lui rendre la pareille. Pourtant aujourd'hui et pour la première fois depuis mon mariage, j'avais décidé de partir, même si cela n'était que temporaire, j'avais décidé de partir. « On va-t-on ? », demandais-je en le voyant fulminer dans son coin. J'avais peur ne serais-ce que dire quoi que ce soit, comme j'avais peur que sa colère le pousse à faire n'importe quoi. Dans le fond ça devait sortir maintenant. Sans doute pas le bon moment, je le savais, mais je devais le dire, « Arrêtes toi. Will. », je le suppliais sans doute, mais j'avais peur qu'il prenne de mauvaise décision. Ou qu'il me répond, qu'il fasse quelque chose mais qu'il ne me donne pas l'impression d'être en colère contre moi Qu'il ne me donne pas l'impression de m'en vouloir pour chaque chose. C'était sans doute difficile à comprendre, mais la seule chose que je voulais vraiment c'était lui dire, pour le rester, je rentrerais chez moi, je prendrais un sac, et j'irais à l'hôtel pour m'éloigner le plus possible de Raphaël. Pour toujours, ou pour un temps, je n'en savais rien, mais je ne pouvais plus rester dans la même maison.

Mon envie première a été de quitter le pays, de ne revenir qu'en cas d'extrême urgence. Mais j'avais mon job ici, ma famille... Et elle avait son mari, son job sa vie ici. Je regardais la route concentrer, je ne voulais pas exploser sur elle et encore moins m'en prendre à elle. Je n'avais qu'une envie, me rendre chez elle, et le tuer... Mais c'était pas possible, cela la ferait souffrir et je la perdrais sans doute.

Je finis par tourner dans une rue que je ne connaissait que trop bien. Je me garai au moment où elle m'ordonna de m'arrêter. Je me tourne alors furtivement vers elle.

"Bienvenue à la maison..."

En effet, je venais de me garer devant ma petite maison. Ma dernière idée était qu'il ne savait certainement pas où j'habitais puisqu'elle ne le savait pas elle même. Je sorti alors de ma voiture et me dirige vers l'entrée. J'ouvre alors la porte d'entrée et me tourne a nouveau vers la jeune femme.

"Installe toi, je dois d'abord me calmer avant quoi que ce soit."

Quelques jours plus tot, j'avais découvert les vertus qu'une cigarette pouvait offrir à l'homme. Je pris alors mon paquet dans ma boite à gant et entrepris d'en fumer une assis sur les marche de mon pavillon.

Je m'étais presque attendu à ce qu'il ne fasse rien, mais à la place il se gara, m'indiquant à sa façon que nous étions chez lui. Regardant un instant l'habitation, j'avais l'impression d'avoir prit un bus. J'étais incapable de réagir réellement, à la place, je me laissais guider jusqu'à l'intérieur. Il avait besoin de se calmer, soit, j'avais besoin de souffler pour ma part. Le laissant quitter les lieux je le regardais fermer la porte alors qu'il me laissait à présent seule dans une habitation que je ne connaissais pas, et qui pourtant lui ressemblait réellement. Ôtant ma veste, je la déposais sur une chaise avant de laisser mon regard parcourir les lieux. Il y avait plus de vie ici que chez moi. C'était blessant de vérité. Tout comme le fait que mon téléphone ne cessait pas de sonner au point que… Je ne sais pas ce qui me prit exactement, mais une colère sourde accompagné d'un désespoir sans nom me prirent et l'appareil finit par être projeter au sol. Il ne pourrait plus m'appeler si il était cassé non ? Idiot. J'avais juste cassé l'écran et piqué une crise digne d'une enfant de cinq ans. J'étais pathétique ce soir. Réellement. Ramassant les débris pour poser le cadavre sur une table je finis par m'assoir par terre, contre un mur. Je voulais disparaitre. Disparaitre d'ici. Si bien que lorsqu'il ouvrit à nouveau la porte quelques longues minutes plus tard, je me surpris à me relever d'un bond, pas la peine de lui faire davantage pitié. Je ne savais toujours pas à quoi m'attendre, « Will je… », le téléphone vibra une nouvelle fois et cette fois, ce ne fut pas une crise quelconque, mais bien mon doigts sur le bouton d'allumage. Il était temps de le faire taire en gardant le peu de dignité qu'il me restait.

Après quelques bouffées, je rentrai à nouveau. Intérieurement, j'espérais qu'elle n'était pas allergique aux chats et que Gipsy et Gaspard étaient, comme à leur habitude dans la chambre d'amis à l'étage. Je rentre dans la maison et par habitude je crie doucement.

"Papa est rentré..."

Entendant quelque chose vibrer, je lève les yeux vers la jeune femme.

"C'est lui?"

J'entendis alors des petites pattes dans les escaliers et je souris.

"Laisse moi, juste deux secondes pour leurs donner à manger et je suis à toi... Et t'inquiète pas si tu trouve Gipsy un peu grosse, c'est parce qu'elle ne va pas tarder à mettre bas je crois... Bref, je vais devenir un vrai hotel pour chat..."

Je souris alors doucement à ma remarque et donne à manger aux chats avant de retourner au salon.

"Viens assieds toi et parlons en franchement... Pas de je suis tombée toute seule ou de il ne m'a rien fait. Sois franche et dit clairement tout ce qu'il s'est passé, sauf si ton souhait est que je te ramène auprès de lui... Bien sûr je le ferai... Je ne peux pas te garder enfermée ici contre ta volonté. Mais si maintenant tu veux rester ici, j'ai une chambre d'amis...

Des chats, je ne savais pas qu'il avait des chats et à vrai dire, lorsqu'il se fit accueillir comme un roi, je ne pu retenir un sourire. Il prenait soin des choses qui l'entourait, ça ne m'étonnait pas. Il m'expliqua même que l'une des chattes allaient sans doute avoir des petits, ce qui me donnait presque envie que ça arrive maintenant. Je n'avais jamais vu un animal mettre bas. Le regardant revenir, j'étais toujours droite comme un i au milieu du salon, si bien que lorsqu'il m'invita à m'asseoir, je mis quelques secondes à m'exécuter. J'avais étrangement peur de tout lui dire. Soupirant, je m'approchais avant de m'asseoir et de baisser les yeux. « Il y a une chose que tu dois savoir, une chose que je n'arrivais pas à dire quand on s'est rencontré. », soyons franche. Relevant doucement les yeux vers lui, je repris. « À la fin de mes études, je suis tombé enceinte, Raphaël ne voulait pas que son enfant naisse sans porter son nom et nous nous sommes marié. Il est partie en mission un mois plus tard. J'ai passé six mois de ma grossesse à lui montrer des échographies une fois par semaine, jusqu'à ce qu'une doctoresse se rend compte que… », ma gorge se noua brutalement. « Samuel avait une maladie rare et mortelle. Dès qu'ils l'ont confirmé, ils ont déclenché l'accouchement. Il était vivant, il a serré mon doigt avant de mourir. », des larmes commencèrent à perler le long de mes joues, j'étais à présent obligé de regarder le plafond si je ne voulais pas m'effondrer. « Raphaël est rentré peu de temps après, choqué et traumatisé par ce qu'il avait vu et fait. Je lui en voulais de ne pas m'aider à traverser ça et lui m'en voulait de ne pas être là pour lui. », et tout avait commencé à s'effondrer. Baissant les yeux pour le regarder à nouveau, j'avais réussi à me reprendre, ce qu'il voulait savoir ce situé aujourd'hui. « On s'est encore une fois disputé et il en est venu à la conclusion que si je n'arrivais pas à oublier Samuel, nous n'avions qu'à en fait un autre. Je l'ai giflé et il m'a traité comme il aurait traité un de ses hommes sur le front, il m'a fait rentrer dans la douche pour me rafraichir les idées. Après je l'ai forcé à me lâcher, je suis partie dans la chambre pour faire mes valises et quitter la maison, sauf qu'il est arrivé, qu'il m'a saisit par le bras et ayant trop mal, je me suis débattue pour qu'il me lache. C'est là que j'ai glissé sur le miroir de notre chambre. Tu connais le reste. », venais-je de lui avouer que j'avais trouver la force de le quitter ? Sans doute, mais je venais surtout de lui donner un aperçu de ma vie jusqu'ici.

J'écoute la jeune femme attentivement tout en regardant du coin de l’œil les chats. Tous les deux me regardaient avant de se faire des petits calins, comme si ces chats souhaitaient me dire quelques choses. Je secoue doucement la tête et écouta la jeune femme. Lorsqu'elle me parla de son enfant perdu, j'eu une boule au ventre. Puis lorsqu'elle parla de la réaction de son mari, je ne la compris pas. Comment faire un autre enfant pourrait effacer ce qu'il s'est passé?

"Je ne le comprend pas... Pourquoi faire un enfant pourrait changer quelque chose? Il y a quelque chose de briser entre vous et soit vous êtes un couple fort et vous surmontez cela a deux soit vous n'êtes pas l'un de ces couples et vous allez droit dans le mur. Maintenant, moi je suis là... Je reste la je bouge pas... Tu peux rester ici tant que tu le souhaite voir même à vie tu sais bien... Mais fais le bon choix, que cela soit pour toi ou pour ton couple... Tu peux réfléchir... Je vais regarder un peu à Gipsy... Elle semble boiter ou autre."

Je me lève, me dirige vers la chatte, je la pris dans mes bras et lui caresse doucement le ventre.

"Tu veux qu'on prenne un thé, un café ou un soda sur la micro terrasse que j'ai?"