Quel étage ? ft Barthelemy

C'est avec peu de motivation que Barthelemy se rendit au centre commercial. Il avait horreur de cela ! La foule, les gens s'agglutinant devant les cabines d'essayage, la climatisation poussée à fond si bien que tu passais de la canicule à un froid polaire en un instant... Il ne comprenait pas comment certaines personnes pouvaient passer leur journée à faire les magasins. Il savait bien qu'on était tous différents mais quand même... Faire les magasins étaient plus une plaie qu'autre chose. Il aurait de loin préféré aller se baigner avec Blake et Harmonie à la plage, profiter du beau temps plutôt que de s'enfermer dans un bâtiment. S'il était venu au centre commercial aujourd'hui c'était plus par obligation que par envie. C'était son anniversaire de mariage avec Harmonie et il devait lui trouver un cadeau. Le fait qu'il aime sa femme et celui de lui faire plaisir étaient les seuls motivations qui le poussait à faire les magasins. Il avait réfléchit longuement à ce qu'il allait pouvoir lui offrir, faire des cadeaux n'avait jamais été son fort puis il se souvint qu'il y avait une bijouterie au Hollywood & Highland Center qu'Harmonie appréciait tout particulièrement.

C'est donc un bon quart d'heures après être partit de chez lui que Barthelemy arriva au centre commercial. Il laissa sa voiture au parking souterrain (dans un endroit frais surtout) et entra dans l'ascenseur pour monter dans la galerie marchande. Les portes allaient se fermer quand il entendit quelqu'un lui demanda de retenir l'ascenseur. C'est marrant, il avait déjà entendu cette voix mais, il ne se souvenait pas où. Toutefois, étant poli, ce dernier retint l'appareil. C'est quand la personne entra dans ce dernier qu'il put voir d'où il connaissait la voix."Bonjour Mademoiselle Jones" dit-il poliment en retenant un soupir. C'est marrant (ou pas) mais il avait l'impression de la voir, partout où elle allait. "De rien..."

Alors que l'ascenseur partait, au bout de quelques secondes à peine, ce dernier eu un mouvement brusque avant de s'arrêter. Sam vacilla mais, se rattrapa de justesse à l'épaule de Barthelemy qui encaissa facilement le poids de la jeune femme. "Ça va ?" demanda-t-il. Car vu la manière dont elle avait trébuché, il ne manquerait plus qu'elle se soit tordu une cheville. Cependant, la jeune rousse se remit vite sur ses pieds et se contenta de ramasser ses affaires qu'elle avait fait tomber. En soupirant, Barthelemy regarda sa montre, il était encore tôt et espérait juste que cette panne ne serait l'affaire que de quelques minutes, il avait d'autres chats à fouetter, en plus, il détestait les espaces trop confinés. Enfin c'était un peu le cas de tout le monde, certes. Il finit par se baisser, pour aider Sam à ramasser ses affaires. Quitte à perdre du temps, autant le mettre à profit.

Sam finit par demander à Barthelemy s'il pouvait appeler l'assistance aide, étant le plus diplomate des deux. Ce dernier hocha la tête, pour une fois qu'elle disait quelque chose d'intelligent. Il se releva avant d'appuyer sur le bouton d'alarme. Après un moment, toujours pas de réponse. Il appuya a nouveau en soupirant puis une voix finit par s'élever, il allait commencer à parler pour expliquer la situation mais cette dernière le coupa en disant. " Tout nos techniciens sont actuellement en déplacement. Merci de patienter. On reviendra vers vous quand l'un d'entre eux se sera libéré" avant de couper court à la conversation. Barthelemy regarda une deuxième fois sa montre en soupirant, cette journée commençait très mal. "Je crains qu'on en est pour un moment..." dit-il avant de s'asseoir.

Tout comme Sam, Barthelemy regarda sur son portable mais, il n'avait également pas de réseau. Il soupira en se demandant comme c'était possible que dans une ville comme Los Angeles, il n'y ai pas de réseau partout. Ou alors, c'était l'ascenseur qui bloquait les ondes mais dans ce cas, c'était certainement illégal. En tout cas, une chose était sûre, quand il sortira de cet ascenseur, il n'irait pas se gêner pour se plaindre auprès de la direction car, c'était tout simplement inimaginable de laisser des personnes sans aide de la sorte. Imaginons que l'un deux ai fait un malaise et qu'ils n'aient pas pu appeler à l'aide... Enfin, là n'était pas le problème, heureusement. Barthelemy inspira un grand coup, essayant de rester calme. Même s'il n'était pas claustrophobe, ce n'était jamais très plaisant de rester enfermé de la sorte dans un espace aussi clos mais surtout, sans aucune aération. Et avec la chaleur qu'il fait, il se doutait qu'il ne faudrait pas attendre longtemps avant que l'habitacle se transforme en un vrai sauna.

Puis Sam commença à discuter, parlant de William Blake avant de remettre en cause le talent de ce dernier. Enfin du moins, c'est ce que comprenait Barthelemy vu la fin de sa phrase. "Je ne vais pas vous obligé à l'aimer mais, ne crachez pas sur ses œuvres, s'il vous plait. William Blake est le génie visionnaire du romantisme anglais. En plus c'est un artiste qui excelle dans de nombreux domaines que ce soit la poésie, la peinture, la gravure... Il a même écrit des scénarios pour des films, qu'il n'a pas réalisé, malheureusement. Mais... Enfin, je suis désolée mais, j'ai du mal à comprendre comment on peut ne pas l'aimer. On y trouve de la folie, du romantisme, de la subjectivité... C'est un artiste aux multiples talents et ses illustrations de la bible sont d'un réalisme impressionant."

Barthelemy fini enfin son monologue. Comme à chaque fois qu'on lui parlait de William Blake, sa langue se déliait. Il essayait de rester objectif mais, il avait du mal à concevoir le fait qu'on ne puisse pas aimer cet auteur. Il avait beau essayé de lui chercher des points négatifs, il n'en trouvait aucun. Une vraie groupie...

"Dites-moi mademoiselle Jones, pourquoi avez-vous choisit de faire des études de Lettres Classiques ? Car je n'ai pas l'impression que ça vous passionne plus que ça" ne put-il s’empêcher de demander. Après tout, à chaque fois qu'elle venait en cours, elle n'écoutait pas, foutait son bordel, discutait avec ses camarades... Mais avait pourtant des notes excellentes. C'était un peu un mystère pour Barthelemy car, même en étant intelligent, les études demandaient un minimum de travail et Sam n'avait pas l'air d'être une grande bosseuse... Du moins, en apparence.

Alors qu'il faisait son laïus sur William Blake, Barthelemy avait bien remarqué que cela avait l'air d'amuser la rousse. Ce qu'il disait avait-il quelque chose de drôle ? Elle lui avait posé une question et il y répondait, tout simplement. Il ne voyait pas ce qu'il y avait de comique dans la situation. Il soupira, il avait l'impression que ce n'est pas la même langue, que c'était un dialogue de sourd et qu'ils ne pourraient jamais s'entendre. Pourtant, il essayait de garder un peu d'espoir, se disant qu'il n'y avait pas que du négatif chez Sam. Il en était même persuadé. Déjà, il savait que c'était une personne intelligente, ses résultats le prouvaient et elle devait avoir d'autres qualité mais, son entêtement avait tendance à prendre le dessus et à effacer ces derniers.

Suite à sa question, Sam expliqua à Barthelemy qu'au lycée, elle écrivait des nouvelles et que même l'une d'entre elle avait été publié dans le journal local. "Vraiment ?" demanda-t-il étonné. "Quel était le nom de votre nouvelle ? Je lis le quotidien tout les jours et notamment la rubrique des nouvelles, chose qui semble logique quand on est un professeur de littérature... Il est possible que j'ai lu la votre." Sam expliqua aussi qu'elle n'avait pas la manière d'apprendre que les autres élèves. Barthelemy pouvait concevoir ce point, chacun avait ses propres méthodes, mais il ne voyait pas pourquoi le fait de foutre sa merde l'aidait à apprendre. Toutefois, il ne dit rien, voyant que Sam n'avait pas fini de parler. Elle lui expliqua que pour elle, il fallait qu'un texte la marque pour qu'elle s'en rappelle et s'y intéresse, qu'elle avait besoin que ce dernier lui donne des sentiments.  "Donc, vous n'aimez pas les textes étudiés en cours ? Vous pouvez le dire si c'est le cas, peut-être que je me vexerais mais je préfère ça plutôt que de vous voir foutre le bordel. Et puis, au début de l'année, je vous ai proposé de citer des auteurs que vous aimez pour les étudier. Pourquoi ne pas l'avoir fait à ce moment ? Au moins, vous vous seriez intéressée aux cours."

Puis Sam posa une question qui surprit Barthelemy. Pourquoi était-il devenu prof ? Est-ce que ça l'intéressait vraiment ? Il prit un moment pour réfléchir avant de dire : "C'est surtout la littérature qui m'intéresse dans ce métier. Depuis que je suis tout petit j'aime ça mais j'adore aussi transmettre des connaissances, un savoir. J'estime qu'il est important d'avoir une bonne culture littéraire et le meilleur moyen pour ça c'est d'en parler autour de soi mais aussi à des gens qui ont l'envie d'apprendre. Du coup, le métier d'enseignant est un peu paru comme évidence..."

Barthelemy réfléchit un instant, le titre lui disait quelque chose. En remontant dans ses souvenirs, il se rendit compte que, en effet, il avait bien lu la nouvelle qu'avait écrite Sam. Un petit sourire s'afficha sur ses lèvres, de ce qu'il se souvenait de l'écrit, il n'en était pas étonné et retrouvait le style de la jeune femme, de ce qu'il avait lu par les devoirs qu'elle avait rendu d'une part mais aussi car elle gardait dans sa plume ce côté cinglant qu'elle affichait en permanence. «Oui, en effet, je l'ai lu» annonça Barthelemy. «Et je comprends pourquoi vous avez gagné une bourse littéraire, c'était vraiment une très belle nouvelle. Maintenant que je sais que vous aviez écrit ça, je vais en demander plus de votre part" dit-il avec humour. «Vous avez placé la barre haute !»

Suite à ce qu'il avait dit concernant le fait qu'elle n'ai pas proposé d'auteurs en début d'années, la rouquine se défendit en clama que si et que c'était lui qui ne l'avait pas écouté. Barthelemy leva les yeux au ciel. Pourquoi devait-elle être tout le temps sur la défensive ? «Soit, si vous voulez...» dit Barthelemy. "En tout cas, il n'est pas trop tard pour que vous en proposiez si vous le souhaitez... Par contre de citer des stupidités comme Twilight ou 50 nuances de jesaispasquoi. Je ne juge pas cela comme de la littérature et encore moins classique.»

Suite à la conversation, Sam ajouta que les choses devaient être facile quand tout paraissait comme une évidence. Barthelemy réfléchit un moment à cette phrase avant de hausser les épaules. «Je ne sais pas... Enfin... Je ne pense pas que ce soit si facile, au contraire, quand tu te fixes des objectifs précis, la chute est encore plus difficile si on ne les atteint pas. Et puis, ce n'est pas parce qu'on fait des plans sur notre vie que cela ne veut pas dire qu'on n'a pas de doute. J'en ai eu plein dans ma vie par exemple...» Après avoir dit cela, il regarda l'heure sur sa montre. Dix minutes qu'ils étaient coincés dans l'ascenseur et encore personne n'était venu les aider. Il soupira, il avait bien le sentiment qu'ils en avaient encore pour longtemps.