Can’t you see we’re trying to have an awkward conversation ? (Alex & Lou)

Le vaisseau file à travers l'air, ou plutôt à travers le vide. Les étoiles scintillent et forment le visage d'un jeune homme qui chante un tube de Michael Jackson. Alex évolue au milieu d'une allée métallisée, rouge, entièrement rouge, il porte un pantalon de cuir qui couine et un bruit strident le pousse à se mettre en boule sur le côté d'un couloir. Une main se pose sur son épaule, disparaît lorsqu'il tourne la tête, puis réapparaît contre son torse. Lorsqu'il se relève, il est devant une de ces maisons sublimes qu'il a aperçut à Beverly Hills, et autour souffle une sorte de tornade qui emporte toutes les autres maisons. Il avance sur les graviers et court vers un homme qui monte dans sa voiture. Il n'a pas de visage, mais il sait qui c'est. Il veut le jeter au sol mais il disparaît et il reste de la fumée rouge entre ses doigts. Il monte dans la voiture et roule, alors que le bruit de la tornade se rapproche. Tout d'un coup, une vitre se brise et une vague de fraîcheur se propage sur tout son corps.

« Alex, tu te lèves ! » Il est en calbut dans son lit, sans aucun drap puisque sa mère vient de le retirer pour le réveiller. « Mais y a quoi merde... », lâche-t-il, pas même énervé, encore dans les brumes de sa rêverie. Sa mère a déjà quitté la pièce et il l'entend mettre son manteau. Est-il encore en train de rêver ? C'est possible. Il tend le bras pour attraper son smartphone et regarder l'heure. Eurgh. 2 heures. C'est un des rares jours où il ne travaille pas la nuit. C'est un des rares jours où il a réussi à s'endormir à une heure correcte. Décidément, l'univers semble souhaiter qu'il reste insomniaque à tout jamais. Lorsqu'il se lève du lit, il a un peu envie de vomir pendant quelques instants, il faut dire que lorsqu'il arrive à dormir, son sommeil est lourd. Il enfile un pantalon qu'il trouve sur le sol, lentement, et en avançant vers la sortie. Alors qu'il arrive près de la porte de sa chambre, il entend sa génitrice lui dire d'une voix assez forte pour qu'il l'écoute bien. « Il y a le feu chez les voisins, il faut qu'on sorte de l'appartement, tu mets ton manteau et tu descends. » Il aimerait bien lui dire non, mais qu'est-ce qu'il peut y faire. Il se demande pourquoi son oncle n'est pas là. Il a sûrement découché, ce qui pourrait expliquer la pointe d'agacement dans la voix de sa mère, il sait qu'elle déteste ça. Elle claque la porte et il reste un moment dans le couloir à écouter les bruits de pas dans la cage d'escalier, et à essayer de renifler une odeur de fumée qui le pousserait à croire que tout ceci est bien réel. Lorsqu'il la sent venir chatouiller ses narines depuis la fenêtre entrouverte du salon, il attrape un veste et dégage en un éclair du couloir. Arrivé dans la cage d'escalier, il contemple la porte qu'il vient de refermer en y laissant ses clés, puis le haut de son corps découvert. Il n'a pas pensé à se rhabiller correctement. Et il a laissé son smartphone. Super. Son état second l'empêche d'être réellement agacé. Il dévale les marches des étages, dont il connaît par cœur les moindres aspérités, et dont il se dit depuis des années qu'il devrait compter le nombre pour le fun mais ne l'a jamais fait par flemme. Il ferme tant bien que mal le plus de boutons possibles de sa veste, qu'il a depuis des lustres et qui est trop petite depuis longtemps. Il a l'air parfaitement ridicule et son jean est sale. En arrivant dans la rue, il constate finalement que c'est le cas de la plupart des gens de son immeuble, tous forts d'une tête mal réveillée et d'affreux sweatshirts de diverses couleurs immondes. Alex lève sa tête vers l'immeuble en flammes. Il trouve cela très beau en vérité, mais il a peur que ça se propage jusque chez lui, il sait combien de temps les pompiers peuvent mettre à arriver dans un quartier comme le sien. S'il n'avait pas oublié son téléphone, il aurait sûrement fait une jolie photo pour Snapchat. Oui, il est un de ces connards. Alors qu'il observe le feu en silence, comme des tas d'autres yeux brillants d'un mélange de peur et de fatigue, il entend une voix percer à travers la résignation des voisins. « Oh sa mère ! On va tous mourir ! Eh, c'est chaud, hein ? » Il ne peut s'empêcher de pouffer doucement, se demandant si cette personne, cette fille au vu de la voix, est complètement à la masse ou a simplement un humour très idiot. Il se tourne vers la direction du bruit avec un sourire, alors qu'il entend des soupirs énervés provenant de la foule de gens. Celle qui a parlé semble être une jeune femme qu'il n'a jamais vue, qui bat son record en terme de ridicule. Elle n'a même pas de pantalon décent, elle. Mais en tout cas, il trouve les voisins cons. Si on ne peut plus rire, hein... Après tout, qu'on-t-il de mieux à faire maintenant qu'ils sont plantés là ? Peut-être un barbecue géant... Avec des brochettes géantes... Ça ce serait plutôt cool. La jeune femme qui avait parlé s'approche d'Alex doucement, et se présente d'une façon qui l'amène à pouffer à nouveau. Est-elle seulement sérieuse ? Et dire que son voisinage l'a toujours trouvé bizarre avec son obsession pour la science-fiction... « Alex. » annonce-t-il simplement en souriant en coin avant de regarder à nouveau les flammes pendant un instant, n'osant pas trop raconter une idiotie à quelqu'un qu'il ne connaît pas. Au bout d'un moment, il ne peut vraiment résister. « Les zombies castors, c'est rien à côté des tomates tueuses, crois moi.  »