CCD ou cours de cuisine pour débutant ft Alexander

Le dimanche midi, l'Eden était fermé, il reprenait du service pour le soir, ou la clientèle était quand même plus présente. J'avais donc appelé Alexander pour programmer ce fameux cours de cuisine. J'étais donc devant mon plan de travail, préparant les ingrédients et les différents ustensiles dont on pourrait se servir. Moi qui aimait quand tout était à sa place et ranger dans une cuisine, ce que je voyais mettait mes nerfs à rude épreuve. En attendant qu'il arrive, j'ai commencé à dessiner quelques dressages d'assiette pour ce soir, je voulais changer la carte et proposer des plats plus frais. J'ai entendu la porte claque.
- La porte grise Alexander !
Dis-je en haussant la voix. Enfin, normalement, il devait trouver facilement. Normalement, après, certaines personnes ont un sens de l'orientation plutôt douteux. J'ai ouvert un bouton de ma tenue, il faisait trop chaud. J'avais même sorti un tablier pour Alex. Certes rose, mais quand même un tablier.

Aramis avait vraiment été cool. J'avais hâte de voir comment étaient les pros dans ce genre de domaine. Je ne savais pas si j'allais m'averer bon ou désastreux, mais autant essayer quand c'est proposé. Surtout maintenant, même si j'avais une légère appréhension du fait que je n'avais vu Aramis qu'une quinzaine de minutes dans un parc et surtout que j'allais sûrement être complètement nul et me ridiculiser, maintenant que j'étais sur le chemin j'étais impatient. Il y aurait sûrement Megan, la Megan ! Ah mais non, car nous serions à l'Eden et pas chez lui. J'ai ri, je devais voir ma soeur bientôt. J'allais retourner à Boston. Ça me ferait bizarre mais bon. Peut-être que je montrerai à mes parents mes connaissances culinaires. Pour rire, parce qu'eux non plus ils étaient pas bien calés, genre encore moins qu'en informatique : ma mère sait allumer un téléphone mais pas un four. Du coup, on mangeait des kébab et des plats au micro ondes. Faites que si un jour j'aie des enfants ils n'aient pas à subir ça.
Je suis sorti du métro et ai rapidement repéré la porte qu'Aramis venait de m'indiquer au téléphone. J'ai sonné et Ara est venu ouvrir, l'air tout à fait prêt pour une leçon de cuisine.

- Salut ! Quoi de neuf ? ai je lâché en regardant autour de moi, c'était à peine le début.

Je me suis reculé pour le laisser entrer, me rapprochant du plan de travail, mon espace vital, espace de travail et autres. En gros, j'y tenais beaucoup, j'avais passé beaucoup de temps entre ses murs et j'étais fière de pouvoir faire connaître, montrer et faire apprendre mon savoir faire. Je n'avais pas eu beaucoup d'élèves, je préférais que ça soit mon second qui les prenne en charge, je ne suis pas toujours très patient et un rien peut parfois me faire monter sur mes grands chevaux. Surtout quand on parle de cuisine, mon domaine.
- Rien de spécial.
Dis-je en le guidant, j'ai machinalement fait craquer mes articulations. Vieux réflexes. Avant, même si parfois, j'en faisais encore, je jouais au basket. Je m'étais même blessé et j'avais cru que ma mère allait me tuer, faire craquer mes articulations me destressaient. Parce qu'en fait, c'est du à des bulles d'air entre les os. C'est pas mauvais mais c'est juste atroce à entendre.
- Tiens. dis-je en lui tendant son tablier. Trop sexy. Tu connais déjà quelques petits trucs ?

- Rien de spécial non plus , à part que j'ai eu 4 à mon rattrapage d'éco, enfin j'avais eu 2 à l'examen, je progresse ! ai-je lancé soudainement tendu. Je ne sais pas pourquoi. C'est venu comme ça. Alors que tout allait bien et que j'étais tout à fait... intégré ? J'ai commencé à me sentir mal à l'aise, à l'idée d'être ici, dans les cuisines d'un resto chic. Je n'allais jamais manger au resto, et là je me trouvais de l'autre côté ! C'était exaltant, sans mentir. Mais un peu bizarre. J'ai inspiré puis expiré. Après tout c'était lui qui m'avait proposé... pourquoi ça se passerait mal ? Quand il m'a donné mon tablier, j'ai ri. Rose Layette. C'était assez marrant. Je l'ai enfilé.
- À quoi je ressemble là ? dis-je en tentant de m'imaginer. Mouais, valait mieux pas en fait... après, si je connaissais quelques petits trucs? Oui, comme allumer un four, mettre une pizza surgelée dedans. Ou cuire des pâtes comme je l'ai dit.
- Franchement, vraiment pas. Désolé, tu as affaire à un boulet.

4 en éco, oui, c'est vrai, c'est toujours mieux que 2 mais 4 quoi ! J'ai secoué la tête, ce n'était pas mon rôle de le sermonner. Je n'étais ni son frère, son cousin et encore moins son père, je ne pouvais pas le permettre. Et puis, vu ce qu'il voulait faire, l'économie, c'est pas très important, franchement !
- Tu ressembles à ma grand mère. dis-je en riant T'inquiète pas ma grand mère était très belle dans sa jeunesse.
Mes rires redoublèrent, j'ai essuyé des larmes aux coins de mes yeux avant de l'entendre dire qu'il était un boulet.
- Déjà, on se lave les mains.
Dis-je en montrant le bon exemple. J'ai pris du savon que j'ai fait mousser avant de m'en frotter les mains puis de les rincer. Un moment très intéressant. J'ai fermé l'eau avant de me les essuyer et de regarder Alexander faire de même.
- Ensuite, tu as déjà eut une idée de ce que tu veux faire ? Plat et dessert ?

Mon dieu, c'était trop, j'ai éclaté de rire. Je me rappelle un jour au collège, en cours d'anglais où j'ai eu un fou rire suite à une imitation très réaliste des pestes du bahut. Je m'étais fait virer de cours car on devait m'entendre à l'autre bout du bâtiment. Ben là c'était exactement pareil. Je ne pouvais m'arrêter. Je baissais la tête mais quand j'ai croisé à nouveau le regard d'Ara c'est reparti de plus belle. J'ai mis cinq bonnes minutes à me calmer.
- Et encore là c'était rapide. Ne me dis plus de choses si drôles ! Mais si je ressemblais vraiment à la grand mère d'un type de 30 ans... qui devait donc avoir 90 ans...
Je me suis lavé les mains après lui. La base quoi. Ok, au moins maintenant je savais ça. Par contre, non,je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire... pas d'idee surtout, mais plat et dessert, ça me semblait réaliste et assez pour ma fierté.
- Ouais. Plat et dessert ! Et, euh... de la viande peut être ? lâchai je un peu gêné. Pour le dessert, un gâteau au chocolat amélioré ?

Je savais ce que c'était les fou rire. Une fois, pendant un contrôle d'histoire très ardu -heureusement, j'avais décroché un 18 ou un 19-, le professeur avait écrit "Qui est Jésus ?", une question qui donnait lieu à une rédaction explicative d'environ cinq lignes. Je me suis tourné vers mon voisin avec un grand sourire est j'ai lancé à voix basse "Mon voisin". On est parti tout les deux dans un fou rire incontrôlable, j'en avais les larmes aux yeux.
- D'accord, dorénavant, je me contrôlerai.
Dis-je en souriant avant d'écouter ses idées. Au moins, il était d'accord pour un plat et un dessert, un basique. Mais évidemment, il a fallu que mon esprit sorte sa science.
- Qu'elle sorte de viande ? Blanche ? Rouge ? Du gibier ? j'ai porté une main à ma nuque, gêné Vieux réflexe, on va faire des escalopes de dinde forestières, sauf si t'as un problème avec les champignons. dis-je en réfléchissant un fondant au chocolat coeur caramel ?

- Enfin un peu d'humour ne fait pas de mal de temps en temps... A condition qu'il ne soit pas poussif, lachai-je. Une voix intérieure m'a rappelé que l'humour poussif, très poussif, c'était ma spécialité. Mais non, conscience ! Je suis drôle parfois.
Bref. Maintenant concentrons nous sur ces cours de cuisine... Peut-être que je pouvais ne pas tout rater ? Une escalope de dinde forestière. J'en avais déjà mangé.
Certes ce n'était pas le genre de plat hyper sophistiqué dans un restaurant gastronomique, mais m'imaginer moi avoir fait ça, je pouvais pas. Sinon, c'était une bonne idée, j'imagine que ça ne devait pas demander trop de temps ni de ressources. Quant au fondant chocolat coeur caramel ? Oh. D'accord 100 % ! Ca me mettait l'eau à la bouche rien que d'y penser.
- Je n'ai aucun problème apparent avec les champignons. J'ai répliqué en souriant. Maintenant, à voir comment j'allais me débrouiller. Et encore moins avec le chocolat, et le caramel.

L'humour poussif, la spécialité de ma petite sœur. Parfois, elle me racontait ses blagues avec sa meilleure amie. Pour craindre, ça craignait vraiment beaucoup. Bon, d'autre fois je riais de bon cœur mais je ne l'avouerai pas. Pas devant elle. J'ai sorti les champignons et de l'échalote.
- Bon, tu vas couper, le plus finement possible l'échalote et les champignons.
Dis-je en me tenant à distance, l'observant.
- Ensuite, tu vas prendre une des poêles à ta gauche, la mettre sur le feu avec une noisette de beurre, tes champignons et l'échalote que tu vas laisser dorer.
C'était une des premières recettes que j'avais appris à faire. J'avais l'impression de me voir à son âge, peut être en beaucoup moins paumé.

J'ai observé avec sceptiscisme les ingrédients qu'a sorti Aramis. Ma plus grande question était : "est ce qu'éplucher des échalotes ça fait comme des oignons ?" Je pense que c'est une question légitime, non ? Mais comme je passais déja assez comme ça pour un idiot avec mon tablier et mes connaissances culinaires, j'ai pas poussé. Même si éplucher des oignons c'était assez horrible.
J'ai hoché la tête avant de prendre un couteau qui me semblait approprié, pas trop grand mais à la lame assez tranchante. J'ai commencé à couper l'échalote en petits dés, je me suis tourné vers Aramis afin de rechercher l'approbation ou le contraire d'ailleurs. Puis j'ai lavé rapidement le couteau avant de me mettre à l'oeuvre avec les champignons.
-Euh, ça va comme ça ? Dans ma tête c'était plutôt, Dieu si tu existes fais que je n'ai aps fait ca pour rien ! Ça se rejoignait à Jésus le voisin d'Aramis, Dieu est le locataire de ma maison.
J'ai pris la poêle qu'il m'avait indiqué et j'ai étalé le beurre. J'avais l'impression d'en avoir mis trop mais bon, j'ai placé les dés que j'avais coupé sur la surface noire.
- Alors comment je me débrouille ?