Un petit repas entre célébrité - Feat Weston

Le pauvre chou avait été assez gêné par mes propos quelques instants auparavant, mais il avait réussi à repartir sur un autre sujet sinon, je ne sais pas ce qu'il aurait fait, peut être serait-il resté muet durant le repas alors que ce n'était pas le but, pas vraiment. Ce n'était pas le but, mais bon, je suis assez franche et directe, donc, parfois, des choses qui ne me choque pas, choqueront certaines personnes, j'en ai bien conscience. Alors j'allais essayé de faire en sorte de parler plus simplement, sans en faire trop, il ne manquerait plus qu'il soit si gêné qu'un aliment passe de travers ou alors qu'il me le recrache à la figure sans le faire totalement exprès. Quoique, ça pourrait me faire un beau masque de beauté, n'est ce pas ? Enfin, ce n'est pas ce soir que je vais m'amuser à le tester en tout cas. Ainsi, je l'invitais à ma prochaine séance photo, parce qu'au fond, j'avais envie qu'il soit là. Ne vous méprenez pas, c'est juste que j'ai décidé de cultiver quelques amitiés, plutôt que de continuer à me la jouer égocentrique. Je le resterais, mais j'essaye de faire des efforts, et comme je connais Weston, comme je sais qui il est, je me suis dis qu'il pourrait faire partie de ces personnes sur qui je peux compter. Se moquer n'est pas la solution à tout, si ce n'est de finir seul avec mes animaux de compagnie. Il ne refuse pas l'invitation même s'il a un tournage en cours.

" Cela va durer l'après-midi, tu sais quand ça commence, mais rarement quand ça finit parce que le photographe veut toujours faire plus de clichés de toi. Avant c'était mieux quand il fallait faire un nombre de photos plus limité avec une pellicule, mais avec le numérique, le photographe peut faire 1000 photos lors de la séance pour n'en choisir au final qu'une trentaine. Donc, si tu peux te libérer dans l'après-midi, à partir de 14h, ce serait sympa. "

Il n'est pas rare que les séances photos s'éternisent, heureusement pour moi, elles sont principalement durant les après-midi, comme ça, je peux dormir un peu le matin. Puis, il me dit que tout à l'air de bien fonctionner pour moi. Je dois avouer que je n'ai pas trop à me plaindre, non.

" Oui, ça va, je n'ai pas à me plaindre, comme tu as pu le voir. "

Je dois avouer que je ne regardais pas plus que ça les films où il jouait en général, mais j'étais toujours contente de le voir faire une apparition, je me disais : " tiens je le connais lui " et ça me faisait toujours sourire même si par exemple c'était une scène où il se faisait tuer. Puis, il revint sur le fait que je l'avais invité ce soir. Il ne comprenait toujours pas et cela me fit sourire. Il pensait que je préférais faire la fête, et il n'avait pas entièrement tord.

" Tu sais, je crois que j'ai pris conscience de quelques choses ces derniers temps. Je suis comme je suis, je ne peux pas fondamentalement changer du jour au lendemain, mais je me suis rendu compte que si je continuais à agir comme je le faisais, j'allais accentuer ce sentiment de solitude que je connais depuis quelques temps déjà. Alors, je me suis dis que je devais entretenir les amitiés que j'avais au lieu de m'amuser à les détruire. Je sais que j'ai pas toujours été sympa avec toi, en me moquant gratuitement parfois, et je m'en excuse, mais voilà, t'es quelqu'un qui compte, plus que beaucoup d'autres. Alors oui, j'aime faire la fête, mais la faire continuellement, c'est lassant à force. Si j'avais voulu, ce soir, j'aurais pu aller à une petite party en effet, mais c'était la même que hier et avant-hier ou presque. Là, je fais quelques choses de différent, de simple, et ça ne fait pas de mal. Faudrait qu'on fasse ça plus souvent même. "

Sans vraiment m'en rendre compte, je m'étais mis à beaucoup parler, à me confier presque à Weston chose que je n'avais jamais fait, pas avec lui en tout cas, chose que je fais très rarement en général.

Weston écouta Shanny lui donner les explications concernant le shooting photo et se fit une note mentale. "14h ! C'est noté, j'essayerais d'être là alors !" dit-il avec un sourire. Quant au fait du photographe qui prenait toujours mille photo, Wes comprenait parfaitement de quoi la blonde lui parlait car parfois, il se retrouvait dans le même cas qu'elle. Pour faire la promotion de tel ou tel film par exemple. Et parfois, au photographe, se rajoutait encore par dessus la production qui devait valider les photos, un vrai cauchemar. "Parfois, je me demande pourquoi les photographes prennent autant de photo. C'est vrai que si on bouge d'un micro-millimètre, on voit tout de suite la différence !" dit-il avec humour, se détendant peu à peu. "Et le pire c'est qu'ils nous ennuient pour prendre la photo parfaite pour tout photoshoper ensuite... C'est plutôt ironique." Weston avait horreur de ce logiciel. Pour lui, ce qui faisait les qualités d'une personne, c'était aussi ses défauts, et le fait de les gommer comme ça, en quelques coups de souris, il avait du mal à l'accepter. Ce qu'il n'aimait pas, c'était surement la fausseté de l'image que ça véhiculait. Il soupira rien qu'en y pensant.

Wes écouta à nouveau la jeune blonde, attentif, après tout elle était en train de lui avec le coeur, il aurait été rude de la couper maintenant. A la fin de son discours, il sourit doucement avant de dire. "C'est une merveilleuse idée ! Faire la fête c'est peut-être bien, mais il n'y a rien de mieux qu'un ami sur lequel on peut compter dès qu'on a un soucis. Je pense que des véritables amis, on n'en a pas beaucoup, peut-être qu'on même les compter sur les doigts d'une main, mais ce sont des personnes qui seront toujours là pour nous, quelque soit la situation." Il aurait bien citer en exemple Milo et le fait qu'il savait qu'il trompait sa femme, mais justement en tant qu'ami, il était là pour garder le secret et essayer au mieux de le soutenir dans cette histoire, même si moralement parlant, c'était un peu difficile pour lui. "Je suis vraiment content que tu me considère comme ton ami alors !"

Je venais d'inviter Weston à la séance photo, en espérant qu'il puisse se libérer, cela me ferait plaisir, mais peut être qu'il ne le pourra pas, je ne saurais vraiment dire ce qu'il en est. Mais sa réponse me rassura. Il se notait ça mentalement sans doute puisqu'il ne notait rien sur un bout de papier ou son téléphone en me disant qu'il essayerait d'être là. C'est un sourire qui répondit à cela, il pourrait ainsi voir le dessous de certaines de mes séances photos, et pas simplement les plus belles facettes des photos qui sont prises dans ces moments là. Il avait l'occasion lui aussi de participer à ce genre de séances pour la promotion de ces films, alors il ne pouvait que me comprendre. Ce qu'il me dit me fit sourire d'ailleurs, car il avait raison, totalement même.

" Je crois que c'est parce qu'ils n'aiment pas nos petites imperfections qui font que nous sommes humains. Mais c'est vrai, nous sommes parfaits pourtant, alors je ne comprends pas pourquoi ils se donnent tant de mal à prendre autant de photos et à les retoucher ensuite. Mais c'est comme ça, il faut que tout soit parfait, enfin dans leurs critères à eux, sinon ça ne va pas, ce n'est pas assez vendeur, ça risque de repousser le client, tout ce blabla là qui ne sert à rien, enfin si, ils se justifient avec quoi. Pourtant, je suis sûre que ça ne ferait pas fuir les gens s'ils me voyaient avec un petit bourrelet. "

Parce que oui, je suis bien en chair, alors si certaines jeunes femmes ont des abdominaux en béton, avec de belles tablettes de chocolat, ce n'est pas mon cas. C'est un peu flasque à ce niveau mais ça ne m'empêche pas de faire des photos très souvent. Puis, je lui parlais sincèrement, comme rarement je le faisais, et il semblait bien comprendre ce que je disais, ce qui me rassurait grandement. Je lui montrais qu'il comptait pour moi, et visiblement, ça lui faisait plaisir.

" Je m'appuyais un peu trop sur le proverbes qui aime bien châtie bien en règle général, mais je me suis rendu compte que je châtiais un peu trop. Je suis comme ça, mais j'aime être piquante, mais j'ai bien vu que ça allait me mener à ma perte. Alors, j'ai décidé de changer de fusil d'épaule et de plus aimer que châtier. "

Et Weston faisait partie en quelques sortes de cette rédemption avec moi-même. J'avais envie de passer plus de temps avec lui, pas forcément pour faire de grandes choses, mais des choses simples comme prendre un repas, ou regarder un film au cinéma par exemple.

Weston sourit doucement à la remarque de Shanny "Parfait... Je n'irais pas jusque là." Weston avait du mal à croire en la notion de perfection. Pour lui, tout était tellement subjectif : l'art, les goûts, les couleurs, mais surtout la perfection. Et même si cette notion pouvait changer d'une personne à l'autre, il avait du mal à s'imaginer que quelque chose soit avec zéro défaut. Son côté réaliste l'empêchait de s'imaginer une telle possibilité. Même envers les personnes et les choses qu'il aimait profondément, il arrivait à trouver un petit truc qui cassait cette image de perfection. De toute manière, Weston se trouvait loin, très loin, d'être parfait. Il connaissait ses défauts et les détestait, c'est bien pour cette raison qu'il essayait d'y remédier, même si c'était plus facile à dire qu'à faire. L'acteur rit à nouveau quand Shanny dit que ça ne choquerait personne de la voir avec un bourrelet. "Pour ça, il faudrait déjà que tu en ais... Regarde toi tu es toute mince !" Pas comme lui, qui avait tendance à être trop gourmand et à grignoter trop de gâteaux.

"C'est joliment dit" répondit Weston quand Shanny lui expliqua sa nouvelle manière de fonctionner. Il est vrai que l'acteur aimait bien les proverbes, et lui aussi avait tendance à trop s'y fier, mais parfois, ils étaient loin d'être sources de vérités. Surtout quand ces derniers se contredisaient "mieux vaut tard que jamais" , "L'avenir appartient à ceux qui se lève tôt" , "l'habit ne fait pas le moine", "La première impression est toujours la bonne", "qui se ressemblent s'assemblent" , "les contraires s'attirent"... Ouais, en fait, c'est totalement idiots les proverbes. "A cette nouvelle amitié alors !" dit Weston en souriant avant de lever son verre.

Oh oui, la perfection n'était pas de ce monde, mais disons que pour les photographes, il fallait que tout cela soit dans une perfection relative aux critères demandés par les clients. C'était comme ça, on ne pourrait pas le changer quoiqu'il arrive, mais ça ne me dérangeait pas de toute façon. C'était mon boulot depuis plusieurs années, et j'en avais l'habitude même si parfois, ce fait durer inutilement ou presque une journée de travail. En tout cas Weston me fit rire quand il dit que je n'avais pas de bourrelets. Visiblement, il n'avait pas l'habitude de me voir presque nue, en maillot de bain sur les affiches de certains produits. Je suis loin d'avoir les mensurations des mannequins squelettiques que l'on peut voir parfois dans les défilés. J'ai des formes généreuses de partout, même au niveau du ventre. Je me retenais de soulever mon tee-shirt pour lui montrer que même si j'avais une bonne forme physique, j'avais quelques bourrelets, et pas des abdos bien dessinés comme certaines. Mais je ne voulais pas le mettre à nouveau mal à l'aise, alors je me retenais même si ça me coûtait clairement un peu. Au lieu de ça, je prenais mon tee-shirt et prenait un bourrelet à travers pour lui montrer que je n'étais pas si fine qu'il se l'imaginait.

" Tu sais que je suis la plus grosse de l'agence ? Les autres sont bien plus minces que moi. Je suis presque l'ovni qui est là. Enfin, maintenant, il y a les mannequins grandes tailles. Je n'en fais pas partie, je suis entre les deux, et ça me va bien comme ça. Il ne faut pas avoir peur de ces petites rondeurs de toute façon. "

Puis je lui expliquais ma nouvelle façon de vivre, tout du moins, ce que j'allais essayé de mettre en pratique, un peu plus disons. Et je venais de l'appliquer avec lui, ce soir. Il semblait l'apprécier, et ça me faisait plaisir. Il leva alors son verre, et je fis de même avant qu'ils ne s'entrechoquent légèrement dans un tintement sonore reconnaissable.

" A cette nouvelle amitié. "

Puisse-t-elle être véritable et longue dans le temps. Du moins, c'était ce que tu désirais.