I want to know what love is — Mason/Abel (LAS VEGAS)

♛ I want to know what love is

L'amour n'est pas terre promise, un seul dérape et tout le monde plonge.

Ça faisait déjà une semaine qu’on avait emménagé à Los Angeles. Ça me faisait bizarre, je devais tout recommencer, au final, mais il n’y avait pas grand chose à faire. Je n’avais pas réellement d’amis là-bas, puis pour les camarades avec qui je gardais contact, je le faisais via internet. Je m’étais réfugié un peu dans mon monde, depuis ce déménagement, et surtout depuis le baiser avec Mason… J’avais encore du mal à y croire, mais ça m’obsédait. Et je n’arrêtais pas de ressasser ce moment en boucle, surtout celui où il est venu me voir quelques minutes après, et que c’est moi qui l’ai embrassé, comme pour lui prouver ce que je ressentais vis à vis de ça… Ça m’était apparu comme une évidence, dès qu’il a posé ses lèvres sur les miennes. Et c’est à ce moment même que je me suis dit que je m’étais mis dans un sacré bourbier… Je sais qu’on ne choisis pas qui l’on aime, mais le destin est sacrément fourbe, tout de même… Ces journées et ces soirées passées ensembles, ces moments partagés, cette complicité naissante… Tout avait joué en faveur de cette explosion. Depuis ce baiser, qui avait été comme un déclencheur, je n’arrêtais pas de penser à lui, encore plus que d’habitude. A cette sensation qui ne me quittait plus, sur mes lèvres, et dans mon coeur. Lui comme moi savions qu’il fallait que nous prenions nos distances, mais ça me faisait vraiment bizarre, d’être reclus comme ça dans ma chambre, et ne plus passer de moments avec lui… Ça me faisait mal, en fait.

Mais le karma/destin avait encore décidé de frapper, j’imagine. Nous étions vendredi soir, et je venais de rentrer de cours, quand j’avais interrompu ma mère et Mason en train de parler. Elle semblait heureuse, Mason un peu moins. J’ai vite su ce qu’il se passait, quand elle est venue vers moi, se mettant à mon niveau, avec un grand sourire.

Sara — Mon chéri tu tombes bien ! Ce week-end, on part à Las Vegas !

Las Vegas ? Sur un coup de tête ? Je m’étais demandé pourquoi. Je ne comprenais pas trop, alors j’avais levé les yeux d’un air interrogateur sur ma mère, en souriant de moitié, je ne me réjouissais pas à l’avance, mais elle avait ce qu’on appelle un sourire communicatif. Elle continua, sans que j’aie le temps de demander.

Sara — Mason traîne un peu, tu sais, pour le mariage… Il fait son timide, visiblement. Alors comme j’en ai marre d’attendre, on va faire ça entre nous, à Las Vegas, voilà !

Sur le moment, j’avoue que je n’ai même pas eu d’émotion, parce que ça m’avait fait comme un choc. Ce qui devrait me rendre heureux pour ma mère, venait de briser quelque chose dans mon coeur. Je savais que ça allait arriver, mais pas si tôt, pas si subitement. Mais c’était prévisible, avec l’impatience de ma mère. Alors je me suis contenté de sourire, comme je le fais si bien, même si j’étais brisé. Je n’ai même pas regardé Mason à ce moment. Non, j’ai enlacé ma mère, les yeux dans le vide, et je l’ai félicitée, avant de dire que j’avais à faire avant de manger, et je suis monté dans ma chambre.

Ils allaient se marier… Mais oui, je m’attendais à quoi moi ? Je savais très bien que ça allait arriver, et je n’ai pas le droit de le reprocher. Mason est le fiancé de ma mère, et mon beau-père… Rien d’autre. Non… Rien d’autre.


Ca y’est, nous y étions. Le trajet avait été long, et j’avais écouté de la musique tout du long. J’avais traîné la veille pour faire ma valise rapidement, et ne rien oublier de mon costume, et de mes petites affaires. Tout se précipitait, j’étais profondément stressé, mais j’essayais de ne pas le montrer. Ma mère semblait si heureuse… Comment je pouvais penser à mon bonheur avant le sien ? Je devais être heureux pour ma mère. C’est tout, comme tout fils le serait.

Il était « tard » dans la journée quand nous sommes arrivés à l’hôtel. Dix-neuf heures pour être précis. On est allés manger dans un petit restaurant chic et animé bien typique de Las Vegas, avant de rentrer dans nos chambres. Je devais en avoir une, et mes ‘parents’ une autre. Ma mère semblait toute excitée, j’étais assis sur le rebord de leur lit, à la regarder choisir ses bijoux pour demain. Mason était présent aussi, nous ne nous étions même pas réellement parlé depuis. Je faisais mine de rien. Je souriais, je ne disais rien de plus, je n’avais pas le droit de gâcher leur mariage tant attendu. Après tout, moi, je n’étais sûrement qu’un dérapage, une erreur. Ça allait mettre du temps, mais pour le bien de tous, il fallait que j’oublie mes sentiments envers lui… Ça allait être difficile, mais c’était la seule solution, je pense. Premier baiser, premier amour… Les plus compliqués à effacer. Ça m’apprendra à tomber amoureux du fiancé de ma mère.

Sara — Mason ! Par contre, pour la tradition, il faut qu’on fasse chambre à part.

Elle avait sorti ça de nulle part, alors qu’elle se regardait dans le miroir. Ma mère et les traditions du mariage… Elle dit ça alors qu’elle se marie à Las Vegas. Mais si ça lui fait plaisir, je suis d’accord, mais elle allait louer une nouvelle chambre pour elle ?

Sara — Du coup mon chéri, je vais prendre ta chambre. Tu resteras avec Mason, ça ne te pose pas de souci ?

Mon dieu… Je n’avais pas été confronté à lui depuis deux semaines, c’était la plus mauvaise idée du monde. Mais il ne fallait pas que je refuse, ça serait bizarre, après tout. Du coup, j’ai caché mon air surpris, et j’ai répondu, comme si de rien n’était.

— Oui, maman, pas de problème.

J’étais armé d’un beau sourire. Il était vingt-deux heures déjà. Ma mère reposa tous ses bijoux, et récupéra son vanity dans la salle de bain, avant d’aller embrasser Mason sur la joue, et moi sur le front.

Sara — Bonne nuit mes amours. Je vais aller me reposer, demain on doit être en forme, alors ne veillez pas trop tard, d’accord ?

Elle nous fit un petit signe de main, et elle claqua doucement la porte, partant avec ma carte clé, pour aller dans ma chambre. Je n’y avais pas encore posé ma valise, elle était encore là, trônant à côté de l’entrée de leur chambre. J’étais mal à l’aise, donc je me suis tourné vers Mason, et j’ai baissé les yeux.

— Désolé…

Je m’excusais. J’aurais sûrement dû dire non à ma mère, mais bon…  

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L'amour n'est pas terre promise, un seul dérape et tout le monde plonge.

Je n’étais pas sûr que c’était la meilleure idée, moi aussi, enfin, j’en étais même persuadé, et pour la première fois, j’avais même peur d’une confrontation. Peur de sentir encore mon coeur battre trop fort, et de n’avoir qu’une envie ; recommencer. Tout en sachant que c’était mal, à la limite de l’immoral, si l’on pouvait dire ça comme ça… Mais j’allais bel et bien devoir passer une nuit dans la même pièce, et également le même lit que Mason. Ce qui aurait dû être un bonheur sans arrière pensée, devient désormais une torture amère. Jamais je n’aurais refusé ça, mais depuis ce premier pas entre nous, tout est différent… Ce lien si fort que nous avions est laissé pour compte, volontairement. C’est peut-être mieux comme ça… Mais ce n’est pas en dormant ensemble que ça allait s’arranger.

Il se tourne, à mes mots. Je ne relève pas les yeux, mais je sens son regard sur moi, et je sais très bien ce qu’il pense, et je sais également que la discussion qui va suivre ne va pas être des plus agréable pour mon petit coeur fragile. Je le laissais parler, je ne savais pas trop quoi dire, mais je ne voulais pas qu’il se rejette la faute non plus. Après tout, les choses normales arrivent : le but premier était ce mariage. Je ne vais pas tout chambouler pour mes états d’âme d’adolescent amoureux. Mais j’aurais quand même préféré que l’amour ne me frappe pas aussi fort… Qu’il n’atteigne pas mon coeur si c’était pour me narguer avec quelqu’un que je n’aurais jamais. Il parait que le premier amour forge les coeurs, eh bien, je pense démarrer sur les chapeaux de roues…

— T’as pas à t’en vouloir, Mason. Ce mariage était prévu depuis longtemps, et tu connais maman… Je sais très bien que tu n’as rien pu faire. Et puis qu’est-ce que tu veux faire de plus ? C’est ta fiancée, ce sont les choses qui reprennent leur cours, tout simplement.

Ma voix était basse, quand je lui ai dit ça, alors qu’il était dans la petite salle de bain. Ce n’était pas un reproche, ni une phrase sèche, non, c’était la réalité. Nous étions une famille, je n’avais pas le droit de la briser comme ça… Et pourtant, j’avais ce sentiment irrésistible au fond de moi, qui me rappelait sans cesse ce que j’avais ressenti pendant ce baiser. C’était… court mais puissant. Intense. Ça m’avait déclenché un torrent d’émotion, et m’avait fait exploser le coeur dans ma poitrine. Je n’ai jamais rien vécu de semblable. Ça parait exagéré, quand je le dis ainsi, mais je le jure ; je n’ai jamais eu un tel ressenti pour quoi que ce soit, ou quiconque sur cette terre. Et rien que de me dire que cet amour si fort que j’éprouve est destiné à mourir à peine né, ça me brisait le coeur.

Je regarde Mason revenir vers moi, cette fois-ci, je lève les yeux. Il est beau, vraiment. Une beauté que je n’ai pu effleurer que quelques fois, innocemment. Et si j’avais su, j’aurais profité de ses moments là. De ses câlins devant la télé, simples, innocents également. J’aurais profité de ses rires, de ses sourires. Là, je vais simplement devoir tout faire pour ne pas les voir. C’est terrible d’avoir touché le bonheur… et de l’avoir si vite égaré.

— Ne t’excuses pas Mason, c’était sûrement la meilleure solution, comme tu dis. Déménager ne me pose pas de souci, puis le mariage… c’était convenu ainsi.

Et c’était vrai. Il fallait qu’on s’éloigne, mais au fond de moi, je n’en avais pas la moindre envie. Je ne demande rien d’autre que de retrouver nos moments de complicités simples et tellement forts. Mais maintenant, avec ce qui s’est passé, plus aucun moment ainsi n’est innocent. On ne peut plus revenir en arrière, et j’ai l’impression que tout m’échappe d’un coup. En disant ça, j’essayais de sourire. De sourire pour lui faire comprendre que tout allait bien, et qu’il fallait qu’il oublie tout ça, et que de mon côté, j’allais essayer d’en faire de même. Lui faire comprendre que ce n’était qu’une erreur… Et que la vie doit reprendre son cours.

— J’ai juste plus de mal à supporter de ne plus avoir ces petits moments à nous…

J’ai re-baissé les yeux, pour qu’il ne voie pas qu’il s’humidifiaient. Je ne voulais pas pleurer, ce n’était pas le moment. Je ne voulais pas le mettre encore plus mal à l’aise. J’étais faible, oui. Je l’ai toujours été, mais là, c’était encore différent. Je devais me retenir de dire beaucoup de choses, mais celle-là, je voulais qu’il l’entende. Parce que quoi qu’il se soit passé, j’aimerais qu’un jour nous retrouvions notre complicité. Celle qui me manque tant. Et si c’est la seule chose que je peux avoir de lui… alors je m’en contenterai, puisque je ne peux pas l’avoir. Je n’ai pas le droit.

— Ça me manque…

Ma voix allait se briser, alors je ne continue pas ma phrase, et je garde la tête baissée vers le sol.  

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L'amour n'est pas terre promise, un seul dérape et tout le monde plonge.

C’était vraiment compliqué à gérer comme émotion, cette sensation de ne rien y pouvoir, mais aussi de savoir que c’est mal. J’étais quelqu’un de trop sensible, peut-être, et j’avais facilement les larmes aux yeux, surtout quand ça me tenait à coeur… Alors voilà qu’on en arrivait là, ou je retenais mes larmes parce que je savais qu’on allait devoir s’éviter un bon moment. Les choses avaient changées, oui, ça… c’était sûr. Je n’imaginais même pas l’ampleur du questionnement de Mason, à l’heure qu’il était, parce que pour moi, c’était évident ; ce qui c’était passé n’était qu’une erreur de parcours, et je ne savais même pas pourquoi. J’avais peu conscience que mon comportement pouvait parfois être tendancieux, je n’y voyais rien de mal. Etait-ce peut-être ça ? J’avais peut-être fait quelque chose qui aurait simplement poussé Mason à faire ça ? Si c’était le cas, je ne savais même pas quoi… Et en vérité, savoir que ce n’était qu’une erreur et que c’était passager, me faisait aussi mal que de prendre conscience que ce que j’avais fait était grave. Ça devenait vraiment… de plus en plus compliqué, autant à imaginer qu’à gérer.

Mais je n’imaginais même pas que j’avais quasiment compromis le mariage. Puisque pour moi c’était une erreur… Tout allait reprendre forme, et puis tout serait oublié, du moins, du côté de Mason ? Mais visiblement, ce n’était pas dans ses intentions. Plus il parlait, plus mon coeur se serrait. Déraper, oublier… Tout ces mots qui n’annonçait rien de bien pour nous. De plus, je sens qu’il est distant. Est-ce qu’il avait peur de craquer à ce point ? Rien que ça, ça me blessait, alors que j’avais pleinement conscience que c’était normal qu’il mette une distance de sécurité entre nous. Et pourtant, on allait devoir passer la nuit ensemble…

— Oui, je sais bien. Je suis désolé… C’est de ma faute. Et je n’ai rien arrangé en t’embrassant ensuite…

J’avais toujours les yeux baissés. J’avais peur d’affronter son regard, non pas par frayeur d’être moralisé, mais par crainte de croiser ses yeux qui m’envoûtaient tant, et me faire plus de mal encore en imaginant qu’ils ne me regarderaient jamais de la manière qui me comblerait. J’étais peut-être trop romantique… Mais c’est la première fois que j’éprouve tant de choses. C’est… incontrôlable, ça m’emporte, tout comme ça me détruit, l’impossibilité de la chose rendant les événements tragiques. J’aurais pu en écrire un roman…

Il me propose ensuite de sortir, de temps en temps. J’étais tenté, bien entendu. Mais est-ce que ça allait m’aider à l’oublier, sachant que j’en étais dans l’obligation ? Être a l’extérieur n’empêche pas forcément le contact, et ça n’empêchera pas non plus mes sentiments d’être présents. Si seulement j’étais moins… moi. Moins fragile, moins fleur bleue… Et que j’oubliais tout ça. Mais non. Je savais que ça allait être long et difficile, et pour le moment, ça me paraissait même impossible. Mais je ne le montrerais pas. Je ne veux pas que Mason aie ce poids en plus sur les épaules, à supporter mon pauvre petit coeur amoureux. Il ne devait pas en avoir une quelconque responsabilité… On ne choisit pas ces choses là, après tout.

— Oui, ça serait cool.

Je remontais doucement mes yeux, sans vraiment le regarder, mais levant au moins la tête, pour sourire. Oui, je n’allais pas refuser ça. Je gérerais de moi-même ce que je ressens.

Puis alors que j’essayais de m’évader de ces pensées tristes, il me dit les choses de but en blanc. Il ne veut pas se marier. Je sens son regard se poser sur moi, et je relève les yeux, les plantant dans les siens, avec un air surpris.

— Q-Quoi ?

Immédiatement, j’ai pensé que c’était à cause de moi, et je ne voulais pas mettre son bonheur en péril. Mais je ne savais pas si c’était uniquement ça, si ce sentiment ne datait pas d’avant notre baiser. Mon coeur battait plus vite, parce que ses simples paroles m’avaient angoissé. J’imaginais toute la suite. Et maman ? Qu’allait-elle ressentir ? Elle allait quitter Mason ? Qu’est-ce qu’on allait faire, si il n’allait pas se marier ? C’était encore pire que je ne le pensais.

— Mason, pourquoi… ? C’est pas ce que tu voulais, avec maman… ? Même si elle t’as un peu forcé la main sur la date, tu… ne voulais pas du tout te marier ?

Je me posais des questions, alors je préférais lui demander. J’étais timide et anxieux, mais je prenais souvent sur moi pour parler, et faire le premier pas, dans ce genre de situation. Je ne savais pas où ça allait nous mener, mais en tout cas, c’était mal parti…

— Si tu ne veux vraiment pas… Peut-être que tu devrais le dire à maman, et reporter…?

Je n’imaginais pas vraiment de plan comme : partir en pleine nuit, laisser maman ainsi, et rentrer, ou alors partir je ne sais où. C’était vraiment plus compliqué encore que je ne le pensais. Je me lève alors du lit, et je fais face à mon beau-père.

— Mason, je veux pas que tu ruines ta vie à cause de moi… 

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L'amour n'est pas terre promise, un seul dérape et tout le monde plonge.

Je me rappelais sans cesse de ces deux moments, de ces deux baisers. Le premier, furtif, surprenant, et pourtant intense pour moi. Puis le deuxième, celui que j’avais moi-même enclenché. Il ne m’avait pas rejeté, même si c’était une erreur. Et là, il me l’avouait, il ne regrettait pas non plus. Mais si il ne regrettait pas… Alors ce n’était pas une simple erreur, un simple dérapage de sa part ? Je ne savais pas quoi penser, en fait. Mais sa sincérité m’avait vraiment touché, et mon coeur me le faisait ressentir. Mais bon, comme il disait, ça n’avait pas aidé, alors… Il ne fallait pas que je m’emballe non plus. Puis quelle idée, je n’avais pas à m’emballer, c’était mon beau-père…

Puis nous parlons du mariage. C’est plus complexe dans son esprit que ce que je pensais. Il est en plein doute, et il a beau dire que ce n’est pas de ma faute, j’ai quand même déclenché la chose… Je ne sais pas ce qu’il pensait de moi avant que ça arrive. Si ça a vraiment été le déclencheur de tout ça, où si il avait une… attirance, quelconque, envers moi ? Je devrais peut-être lui poser la question mais je ne sais pas si c’est vraiment le moment…

— Peut-être, Mason, il n’y a que toi qui peut le savoir. Tu pouvais le vouloir, mais peut-être pour les mauvaises raisons ?

Je le regarde alors s’allonger à côté de moi. Je le regarde également du coin de l’oeil, je voyais bien qu’il n’était pas bien. Que ce questionnement lui prenait la tête, et c’était normal, qui ne se la prendrait pas après ce qui venait de se passer ? Même si moi je suis sûr de ce que je ressens, il n’y a que l’éthique qui me gêne, car je n’ai personne, je suis célibataire. Lui, est mon beau-père, sur le point de se marier…

— Ça va aller Mason, on va trouver une solution. Tu ne peux pas te forcer à faire quelque chose, sans avoir fait le point sur les choses, j’imagine… Il faudrait se poser, réfléchir à ton problème, le souci c’est qu’on à très peu de temps avant demain…

Avec surprise, je le vois se diriger vers le mini-bar. Je n’ai vraiment pas l’habitude de voir Mason boire, et ça me surprends. Il est vraiment dans un état trop intense de questionnement pour en arriver là, le stress, probablement. Ça n’était pas une bonne idée, à mon goût, mais je n’étais personne pour lui interdire ce genre de choses. Mais il vide rapidement la mignonnette de whisky, et s’en reprends même une deuxième.

— Mason…

Je n’ose rien dire à ce sujet, et je me contente de le regarder avec un petit air peiné, alors qu’il s’assoit bien en face de moi. Ça faisait longtemps que je ne l’avais pas eu aussi proche de moi… et c’était perturbant. Mais je l’écoutais, et je me focalisais sur ce qu’il disait. Et ce que je disais tout à l’heure se confirmait quand il me parlait de son père. Le mariage, peut-être que c’était la pression de son père qui avait causé tout ça ? Je me dis alors que cette histoire de mariage pour faire plaisir à son père était probable… Mais lui-même ne savait pas réellement.

— Tu sais Mason… Je ne dis pas ça parce que je ne veux pas que tu te maries, ce n’est pas mon intention, moi tout ce que je veux, c’est que tu fasses ce que tu as envie de faire, et que ça te rende heureux. Mais si tu doutes, si tu penses que tout est de la faute de ton père… Tu vas regretter…

Je déglutis. Là, vraiment, je ne pensais pas à ce que je ressentais, mais à son propre bonheur. Je ne voulais pas qu’il se force à faire quelque chose dont il n’était même pas sûr. Surtout si c’est pour être malheureux toute sa vie…

— Je ne sais pas si fuir serait mieux que de lui dire tu sais… Elle va beaucoup t’en vouloir, après… Mais d’un côté tu ne peux pas te forcer à te marier si tu ne veux pas. Dis lui que tu ne te sens pas prêt, à le faire comme ça à Las Vegas, et que tu préfères organiser un vrai mariage ? Ou… Je ne sais pas…

Je n’avais pas vraiment d’idée, car dans chaque cas, quelqu’un en était lésé. Lui, ma mère, moi… On avait tous notre part à prendre dans cette histoire. Puis subitement, bien que ça ne soit pas mon genre, une idée me vint. Je n’étais pas bien fier de la déclarer, mais au moins… Ça resterais plausible, et ça sauverai tout le monde, sans blesser personne. Je me mis à parler doucement.

— J’ai une idée… Mais il faut qu’on soit le plus crédible possible. Comme on passe la nuit ensemble, tu n’auras qu’à dire à maman que tu n’as pas osé la réveiller, mais que j’ai passé une horrible nuit, que j’étais malade, que j’ai vomi, des trucs comme ça… Je jouerais les malades, et on rentrera, maman ne me laissera pas comme ça. Je n’en ferai pas trop, histoire qu’elle ne m’emmène pas à l’hôpital et qu’on lui dise que je n’ai rien… Mais assez pour qu’elle veuille qu’on rentre. Qu’est-ce que tu en penses ?

J’avais un peu honte de mon idée, mais bon, c’était la seule chose qui m’était venue…

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Mason me disait qu’il était sûr de regretter le mariage. J’avais de la peine pour ma mère, et lui aussi. Après tout, elle en rêvait tellement de ce mariage ! Elle avait tellement poussé Mason depuis sa demande… Mais en vérité, ça allait quand même trop vite pour lui, et cette vitesse l’avait mené ici. Plus ce qui venait de se passer entre nous… J’avais malgré tout une part d’importance dans tout ça. Ses doutes étant déjà présents, je n’avais fait que les attiser, j’avais mis de l’huile sur le feu. Mais je n’ai rien dirigé, rien calculé… Ça m’est tombé dessus aussi brusquement que pour lui.

Je le regarde parler, ça me peine aussi de le voir dans une telle situation. J’aimerais y faire quelque chose, mais la seule chose que je puisse faire, c’est d’oublier tout ce qu’il s’est passé, et l’aider à faire le point sur ses ressentis, et programmer son mariage pour quand il sera vraiment prêt… D’après ce qu’il dit, il l’aime vraiment. Et ça, je n’en ai jamais douté. Mais maintenant, je me sens coupable de ressentir un point au coeur quand je m’imagine qu’il aime quelqu’un, même si c’est ma mère… Je suis ignoble.

— Si tu as des sentiments, pas besoin de la quitter… Tu as juste besoin de temps. Et peut-être juste pas de mariage, après tout, ou peut-être plus tard… Le mariage ne veut pas tout dire…

C’était vrai, après tout. On pouvait vivre heureux sans être mariés. Peut-être que Mason n’a juste pas besoin de ça. Beaucoup disent que le mariage, c’est une chaine autour du coup, des pieds et des mains. Moi je trouve ça magnifique, et j’aimerais que ça m’arrive un jour. Mais là, au point ou j’en suis, je n’ose même pas y penser…

Puis il me dit que ce qu’on a fait lui a plu, réellement, mais qu’il ne veut pas faire de mal à ma mère. Je pense la même chose. C’est même sûrement plus fort encore. Le destin est vraiment sadique, parfois.

— Je sais Mason… Je ne veux pas lui faire de mal non plus, tu sais.

J’avais un air triste en disant ça, je ne pouvais pas cacher que ça me faisait de la peine autant pour ma mère, que pour moi. Un des deux allait souffrir, et je préférais que ce soit moi, sur le coup. Même si je ne peux diriger ce qui m’arrive à l’heure actuelle. Il va falloir que je maîtrise ces sentiments, et que j’en revienne au statut beau-père/beau-fils, et qu’on oublie tout ça.

Visiblement, mon idée lui plaît. C’est la seule chose qui m’est venu pour lui sauver la mise. Du coup, je souris un peu, avant qu’il ne m’attrape, et me fasse basculer dans ses bras. Au début, je reste figé, parce que je ne m’y attendait pas. Et puis… mon coeur s’emballe. Ca ne partira pas comme ça… Mes bras finissent par l’enlacer également, partageant l’étreinte, et essayant de contrôler mon rythme cardiaque.

— C’est rien Mason. Je veux juste t’aider… Tu n’as pas besoin de me rendre ça.

Puis finalement, à mon grand regret, il se recule. Oui… Nous devrions garder de la distance. Je suis encore tout chose, et ça juste à cause d’un câlin. Je le regarde, réfléchissant un peu à sa question.

— J’ai pas très faim, mais pourquoi pas aller voir un peu Vegas ? Par contre je vais être embêtant, je suis mineur, je peux même pas rentrer au casino…

Et pourtant j’aurais bien aimé, ça devait être super à voir, et pas pour jouer, ce n’est pas ça qui m’intéressait. Je me levais, histoire de m’étirer un peu, et de réfléchir. J’étais en t-shirt/jean très simple.

— Je devrais mieux m’habiller pour sortir, non ?

Du coup, ma réflexion se confirma rapidement, nous étions à Vegas, quand même, pas n’importe où… Du coup j’allais garder mon jean, et mettre au moins une chemise blanche. Je fouille dans ma valise, et je prends celle de mon costume. Je peux me le permettre, on ne s’en servira pas demain de toute façon… Je vais dans la salle de bain, sans fermer la porte, mais histoire de me mettre loin des yeux de Mason, parce que c’est ce qu’il m’avait demandé, après tout… Faire attention à mon manque de pudeur. J’enfile ma chemise, et je me parfume un peu, je me recoiffe, et je sors.

— C’est bon, on peut y aller !