L'admirateur pas si secret

L'admirateur pas si secret

ft Sally Hamilton

C'est con à dire, mais avant que le feu ne reprenne, il avait d'abord fallu souffler sur les braises. Non, ce n'est pas con, c'est même d'une logique imparable ! Ce qui l'est moins, c'est la métaphore, qui est juste pourrie tout simplement. Et dire que l'amour avec Sally, c'est comme la bicyclette, ça ne s'oublie pas, n'est-ce pas le level ultime de la nullité ? Qu'on se le dise, je m'en mettais plein la gueule, c'est vrai. Les incertitudes furent au préalable les premiers obstacles, quand nous eûmes compris, Sally et moi, que toute notre rancœur, toute cette colère avidement nourrie depuis sept ans, n'était en réalité qu'une protection contre l'amour et la passion que nous éprouvions encore l'un pour l'autre. La distance nous avait prémuni de ça, mais elle fut bien vaine, lorsque nous nous retrouvâmes enfermés. L'enfermement dans la chambre froide, ou comment laisser le trouble s'immiscer dans nos vies tranquilles. Les choses se sont ensuite enchaînées, la suite étant logique pour le spectateur averti. Les braises n'en étaient plus et feu de camp se muait en incendie infernal et incontrôlable. Mais parce qu'il y a toujours un « mais » je l'ai dit, les incertitudes furent le premier obstacle. Des incertitudes sommes tout anecdotiques, sauvent pour nous. Ouais, avec du recul, je peux vous dire que j'ai (peut-être) un peu flippé de ne pas être à la hauteur. J'avais beau avoir eu quelques aventures, cette fois, il était question de Sally et la barre était haute, voire très haute. Je ne vais mentir, nous aimions nous envoyer en l'air, faire l'amour, jouer au scrabble et j'en passe et des meilleurs. Nous étions d'ailleurs très bons à ces jeux-là, tellement que la pression ne pouvait qu'être grande lors des retrouvailles. Et finalement, c'est comme la bicyclette, ça ne s'oublie pas.

Une semaine, c'est long, très long, trop long même. Les baisers sont réparateurs, mais pas régénérateurs, surtout lorsqu'on nous déleste de la passion. Sally et moi, nous sommes des êtres passionnés l'un par l'autre et se bécoter, c'est juste frustrant. Cependant, je dois avouer que la longueur de cette semaine de diète, me permis toutefois de laisser à mon imagination le droit de s'étendre à des terres réservées au plus de 18 ans. J'en ai imaginé des choses, mais jamais je n'aurais cru me retrouver là, dans la caravane, chevauchait avec ardeur et sans répit. Même mes scénarios les plus torrides ne m'aurais offert une telle vision. Le regard de Sally était sombre et sa bouche avide, son corps quant à lui dégageait une chaleur infernale à chaque mouvement et que dire de cette jouissance réprimée pour ne pas faire entendre à l'extérieur ce qui était à mon sens l'une des meilleures parties de scrabble à laquelle il m'eut été donné de jouer. « - J'ai la dalle et je parle trop. Ok, je me tais alors et je t'envoie au septième ciel avec un allé sans retour » Étant un homme de parole, je m'y attelais. C'est sûrement niais, mais faire l'amour avec la personne que vous aimez, c'est bon, autant que tous les plaisirs de la vie. C'est la connivence, la synchronicité, l'envie d'être à l'autre et rien qu'à lui sans se poser la moindre question. C'est un instant rien qu'à vous où le temps s'arrête, où le tumulte du monde n'a aucune emprise… C'est beau, c'est bon, c'est intense, peut-être un peu trop après huit jours d'abstinence, tellement que je me surprends à devoir reprendre mon souffle en retombant sur le dos. « - Non, je ne me justifie pas…. Enfin si, peut-être un peu » Il en fallait plus pour ébranler Sally et mon manque de pratique lui donna quelques idées. « - T'es tarée ! » J'étais mort de rire en l'écoutant me dire qu'elle était prête à s'envoyer ce qu'il fallait de café pour me tenir éveillé et rattraper nos huit jours d'abstinence. « - On rattrapera tout ça plus tard et ce n'est pas une promesse, mais une obligation. »

Certes nous nous étions bien amusés, mais je ne pouvais ne pas lui faire entendre que je l'aimais comme un fou, c'était important pour moi et tant pis si je vire à la fleur bleue. Nous avions perdu trop de temps loin l'un de l'autre à cause de ces conneries et conscient que la vie pouvait nous jouer de sales tours, je ne pouvais me résoudre à la laisser sortir de cette caravane sans lui faire entendre à quel point je l'aimais comme au premier jour. « - Ce n'était pas mon attention première que de te faire pleurer. Heureusement que tu n'es pas maquillé hein ? » Mon pouce protecteur vint aussitôt chasser la larme de crocodile qui menaçait de s'écraser sur la joue de la demoiselle. « - Tu veux me dire quelque chose ? » lançais-je alors qu'elle venait de prendre mon visage entre ses douces mains. Une voix masculine se fit alors entendre de l'extérieur, annonçant malheureusement la fin de notre petit moment de solitude. « - Le devoir t'appelles, on dirait ! Fonce à la douche, je me charge du reste ! » J'en profitais alors pour attraper mon caleçon pour me couvrir un minimum, avant de remettre mon jean et de m'avancer vers la cafetière pour y préparer deux Nespresso avant de me raviser. Dans le doute, je préférais éviter d'en boire pour le moment. Sally quant à elle, me surprit. Elle avait en un temps record sauté dans la douche pour en ressortir presque aussitôt et avaler le café que je venais à peine de lui tendre. « - Je ne t'ai jamais connu aussi rapide. Il te reste environ six minutes. Donc, ouais, je crois que tu es dans les temps » Il lui fallut au bas mot deux minutes pour terminer. Les dernières recommandations expédiées, elle s'en alla aussi rapidement qu'elle était entrée. Suivant ses ordres, j'en profitais pour aérer la caravane, histoire de la délester de l'odeur d'une tanière en devenir. J'en profitais à mon tour pour prendre une douche. À l'avenir, il me faudrait penser à apporter un sac avec quelques fringues, histoire de prévoir le coup. Passé les formalités hygiéniques, je retrouvais sans attendre mon nouveau fauteuil, qui raviva bien des souvenirs.

Une heure s'écoula, puis deux. Je m'étais laissé tenter par un peu de lecture, avant de reporter mon attention sur la console, dernier cri. Il ne me fallut pas plus de trente minutes pour me rendre compte qu'en plus d'être presque un quadra, j'étais tout sauf doué avec la manette de cette PlayStation. « - Et dire que j'étais une bête à Tekken 3 » Portable en main, je consultais à présent mes mails, puis Instagram avant de me rendre compte que je commençais à m'emmerder sévère. « - Pense à prendre ta guitare la prochaine fois » Les minutes s'écoulaient sans que je ne parvienne à me sortir de l'ennui. « -Aller Nono debout ! » Rien ne m'empêchait de quitter la caravane pour aller prendre l'air. Rien ne m'empêchait non plus d'assister au tournage, chose que je n'avais jamais fait depuis l'avènement de la carrière de Sally. Je pris donc la direction du tournage aiguillé par quelques techniciens avec qui j'étais finalement resté discuté avant de me diriger vers le studio à pas de loup pour y observer discrètement la scène avant qu'une jeune femme ne s'approche intriguée de me voir là.

« Excusez-moi, mais vous n'avez rien à faire ici monsieur ! »

« - Ne vous en faites pas, je ne suis pas là pour perturber le tournage. Je serais me faire discret »

« Vous n'avez pas de badge ! »

« - Euh… c'est obligatoire ? »

« J'appelle la sécurité ! »

« - Non ! Attendez, il y a sûrement mépris. Je suis le mari de Sally Hamilton. Je voulais juste la voir jouer, c'est tout ! »

« Sally n'est pas mariée ! »

« - Officiellement non, mais je vous assure que je suis son mec et que je ne suis pas là pour entraver le tournage » Encore une casse-couille, une de plus. Elle semblait y tenir à son badge. Sentant que la tension montait d'un cran, je préférais m'en aller et attendre dehors sans demander mon reste, mais quelque peu vexé d'avoir été aussi mal traité.

L'admirateur pas si secret

ft Sally Hamilton

Nolan n’avait pas son pareil pour me faire côtoyer les nuages, les étoiles et le septième ciel. Depuis que nous nous étions retrouvés, je devais bien reconnaître que la flopée de mecs que j’avais pu mettre dans mon lit (façon de parler, personne ne squatte mon pieux!) ne lui arrivait pas à la cheville. J’en avais la certitude de nouveau comme à l’époque de mes quatorze ans, il serait le premier et le dernier. Je ne comprends pas vraiment son besoin de se justifier. Notre partie de jambes en l’air était tout à fait exceptionnelle et unique, comme toujours, alors pourquoi cherchait-il des excuses pour une potentielle faiblesse qu’elle se pensait avoir eue ? Je tentai de le rassurer pour ne pas qu’il commence à douter de lui, parce que c’était tout simplement inutile. Nous nous promîmes ensuite de rattraper cette odieuse semaine d’abstinence, j’y allais même d’une proposition loufoque à base de café concentré à outrance ce qui le fit éclater de rire. Je n’aimais rien tant que de le voir rire ou sourire, avec ce regard pétillant. Ah, comme je l’aimais ! Et sa déclaration me toucha presque aux larmes.

- Plutôt « démaquillée » par trop de folies, je dirais. Faut bien que les maquilleurs aient du boulot après tout, répondis-je, amusée.

Bien vite malheureusement, on me fit comprendre que j’étais là pour travailler et non pour me la couler douce. C’était normal, et je m’empressai donc se sauter dans la douche, d’avaler un café, de me rhabiller et de filer.
Le temps fila, je ne saurais dire l’heure qu’il était mais nous avions bossé d’arrache-pied pour rattraper le retard pris. Car oui, sur un tournage, on prend toujours du retard, quoi qu’il arrive et aussi prévoyants que soient tous les assistants du réalisateur. J’étais crevée, vraiment, toute cette semaine de stress m’avait bouffée et je crois que mon corps commençait à me le faire comprendre : j’avais un peu trop tiré sur la corde. Quand le réalisateur annonça la fin de journée, je me voyais déjà tomber la tête la première sur le lit, endormie avant même d’avoir touché le matelas. Alors que j’allais quitter le plateau, une régisseuse vint me dire que quelques prises plus tôt, un type avait tenté de s’incruster, prétendant être mon mec. J’écarquillai les yeux, me demandant ce qu’ils avaient fait de mon Nolan.

- Oh, mais c’était sûrement Nolan. Un bel Apollon au yeux bleus ? Oh… t’aurais dû m’appeler…

Le pauvre, j’espérais qu’il ne s’était pas fait virer. Je m’empressai de sortir dans l’espoir de vite récupérer mon téléphone au cas où il ne soit pas dans la caravane, afin de pouvoir le retrouver au plus vite. Mais en fait, la chance fut de mon côté et je l’aperçus dehors. Un regain d’énergie m’attrapa aussitôt que mon regard s’était posé sur lui. Je m’avançais vers lui.

- Je suis désolée, Tania m’a dit… Je te ferai faire un badge dès demain. Allez, on rentre ? Je suis morte de fatigue et de faim aussi. On mange thaï ce soir ?

Main dans la main, nous regagnâmes ma caravane où je pus me changer pour retrouver mes vêtements, et enfin nous quittâmes le studio au profit de ma voiture pour pouvoir rentrer à la maison retrouver notre fille et Riley.