Une amitié naissante ft Justyn Meyers

Une amitié naissante

ft @Justyn Meyers

Te souviens-tu sept ans plus tôt ?

Les flashes, je ne sais pas pour vous, mais quand on n'est pas habitué, ils nous ébranlent autant qu'ils sont inconfortables. Je pense et loin de moi l'idée d'être pourvu d'une infinie sagesse, que la célébrité est semblable à une boîte de Pandore, si d'aventure nous ne sommes pas préparé, elle détruira tout sur son passage. Par chance, j'y étais préparé, et ce, depuis plusieurs années. Sally tournait depuis son plus jeune âge, façonnée par une mère qui lui avait fait office d'agent. Mais depuis qu'elle volait de ses propres ailes et que nous avions quitté notre New-York natal, la carrière de ma femme avait décollé de façon stratosphérique. Une bonne chose en somme, qui atténuait quelques blessures dont je me refusais l'évocation. Mon père nous avait quitté quelques mois auparavant. Infarctus, aussi soudain, que fatal. La mort l'avait emporté sans que nous puissions au moins lui dire « au revoir » Mais plus encore, la mort l'avait emporté avec ses derniers secrets et pas des moindres. Il n'était pas mon père et je peinais encore à accepter cette odieuse vérité dont ma mère était la dernière gardienne. Je crois d'ailleurs que jamais je ne pourrais lui pardonner de m'avoir menti et c'est grâce à cette trahison que la décision de quitter New-York fut plus simple à prendre. Du moins ça l'était sur le papier et au début de nos pérégrinations en quête d'une demeure. En quittant New-York, je laissais derrière moi, toute une vie, un boulot, une entreprise, mais surtout des amis. J'avais beau me targuer d'être quelqu'un de sociable, recommencer tout à zéro n'en demeurait pas moins perturbant. Surtout, que la cité des anges n'avait rien à avoir avec la Grosse Pomme.

Etape 1 : Signature du contrat. Une formalité pour Sally qui en plus des flashes, était habituée depuis toujours à la procédure.
Etape 2 : Trouver un logement. Je ne dis pas qu'il a suffi de claquer des doigts, mais presque. Sally, en négociant son contrat, s'était montrée intransigeante. Il fallait une demeure spacieuse, confortable et proche des studios de tournage.
Etape 3 : Me poser. Un vaste programme en l'occurrence. Je voulais repartir à zéro, mais plus encore me trouver. Et c'est là qu'à germer l'idée d'ouvrir un bar pourvu d'une scène ouverte. Un prétexte aussi pour me rapprocher à nouveau de la musique, la grande passion de ma vie, inassouvie de surcroît. Tout s'est accéléré ensuite, comme si les muses s'étaient mises d'accord pour m'inspirer sans répit. Cela me permettait aussi de concentrer mes efforts sur autre chose que la rancœur et la colère que j'éprouvais à l'égard de la femme à qui je devais la vie. Malgré tout, plongé dans les travaux et arrivé ici à LA depuis plusieurs mois, contrairement à Sally, ma vie sociale était semblable au néant. Et de vous à moi, je désespérais de trouver des gens non-artificiels ici. Et me voilà à attendre Sally maquillée et habillée pour une séance photo. Nous ne passions pas assez de temps ensemble, j'en avais conscience. Les travaux du bar me prenaient beaucoup de temps et peut-être que j'en abusais pour ne pas me confronter une fois encore, au deuil de mon père et aux vilains petits secrets de ma mère. Je n'avais rien dit à Sally, désireux de ne pas lui prendre la tête avec mes histoires. Et puis cela finirait par passé, ça passe toujours.

« - Excusez-moi ! Vous savez dans combien de temps le shooting sera terminé ? » D'ordinaire, les assistants connaissent ce genre de réponse, sauf que cette fois, j'étais tombé sur l'exception qui confirme la règle. La jeune femme ne sut quoi répondre et me désigna le buffet mis à disposition, comme si cela suffisait à combler l'attente. « - Mouais ? » peu convaincu, je me traînais néanmoins vers les tables où étaient disposées quelques trucs à grignoter. « - Je suis avec Sally Hamilton » ne puis-je m'empêcher d'ajouter pour justifier ma présence avant d'attraper un gobelet pour me servir du café. « - Wow sacré jus de chaussette ! » lançais-je avant de rentrer involontaire dans le type à mes côtés. « - Ah merde ! Excusez-moi ! » Ah ça, oui, des excuses étaient de rigueur face au molosse qui me faisait face à présent. « - Je ne vous avez pas vu. Mais à bien y réfléchir, c'est difficile de vous louper. Nolan Hamilton, dis-je en lui tentant la main. « - Agent de sécurité ? » Vu la carrure, il ne pouvait en être autrement bien que le visage du type ne me soit pas inconnu.