Lucy ne savait pas vraiment ce qu’il lui avait pris, ni pourquoi elle était si morose. Elle se considérait toujours pourtant comme à peu près satisfaite de sa vie, même si bien évidemment il y avait encore des points à améliorer. Mais en disant ça, elle s’était rendue compte qu’il y avait toujours une partie d’elle-même enfouie très très loin quelque part qui regrettait amèrement sa décision et qui se disait qu’après tout la souffrance de ne pouvoir être totalement elle-même était un mince prix à payer pour le confort, la santé et la sécurité. C’était quelque chose qu’elle avait pensé pendant longtemps, et qu’elle croyait totalement éradiqué de son esprit aujourd’hui. Mais visiblement, il n’y avait pas que Thomas qui avait ressurgi du passé. Elle s’en voulait qu’il ait à entendre ça d’ailleurs, après tout il n’y était pour rien et il ne pouvait rien y faire, donc à quoi bon lui en faire souffrir l’écoute. Il aurait sûrement été préférable qu’il croie que tout allait bien, mais bon, c’était un moyen de l’éloigner un peu… Lucy fronça les sourcils lorsqu’il se remit à parler après un long silence. On aurait dit des mots qui seraient sortis de sa bouche à elle, pas de celle de Thomas, décidément c’était le monde à l’envers ce soir, rien ne tournait rond. Donc bien sûr qu’il avait raison. Il avait toujours raison. Le sourire finit par retrouver le chemin de ses lèvres. Elle ne savait pas s’il avait changé, car l’hédonisme et le catholicisme ne fonctionnaient pas vraiment ensemble, et s’il le pensait vraiment, ou s’il faisait un effort pour lui remonter le moral de penser d’une manière qui pouvait lui parler à elle, mais elle s’en fichait un peu parce que ça fonctionnait. Lucy avait toujours pensé comme ça oui, que le regard des autres n’était pas si important que ça. Mais c’est très facile de penser comme ça quand on est un garçon blanc chrétien de bonne famille. Le tout, c’est de continuer à le penser une fois qu’on a vraiment subi le regard des autres. Et elle aimait à croire qu’elle s’en foutait toujours, même si elle se mentait un peu à elle-même parfois sur ce point-là. La preuve, elle se cachait encore de ses parents, et se serait probablement toujours cachée de Thomas si le hasard n’avait pas joué en sa défaveur (ou en sa faveur, quelque part). Elle se contenta d’hocher la tête en le regardant et ajouta en sa direction avec un sourire : « Tu es un ange… tu le sais ça j’espère ? » Elle le suivit sans broncher lorsqu’il l’amena hors de la pièce. Ouais, elle était de bien meilleure humeur quand il y avait plein de monde, plus à l’aise, bon elle se donnait en spectacle un peu aussi, mais qui ne l’a jamais fait lui lance la première pierre. Elle le regarda partir vers le bar avec un demi-sourire espiègle et sonda la foule. Des amis à elle un peu loin lui firent des signes qui voulaient plus ou moins dire “c’est qui ce gars ?”, ce à quoi elle se mit à rire en secouant la tête du genre “cherchez pas à comprendre”. C’était un langage codé très spécifique, quasiment un langage des signes spécial soirée. Avant qu’elle ait eu le temps de vagabonder on ne sait où, Thomas était revenu avec des verres. Deux. Mais quelle diable lui prenait ce soir ? Il fallait croire qu’elle était vraiment une mauvaise influence. Lucy ricana.« Tu es sûr de toi ? Parce que si tu montes sur une chaise en chantant Despacito, je ne te promets pas que je t’arrêterais. » Non, en effet, elle serait probablement par terre en train de se tordre de rire donc. « Merci sinon. » dit-elle avant se cogner son verre contre le sien et d’en boire une longue gorgée. Elle regarda les gens qui parlaient sur les côtés et les autres qui dansaient au milieu, elle avait bien son groupe de prédilection d’ordinaire, mais ça ne risquait pas de plaire à Thomas. Elle pivota pour se retrouver en face de lui :« Tu danses ou la folie de ce soir a ses limites ? »
« Un mauvais ange, j'ai de toute évidence perdu mes ailes ! », déclarais-je en réponse à son interrogation. Je n'étais pas un ange, j'étais trop torturé pour être un ange. Mais si c'est ce que je devais être pour elle, alors je le serais volontiers. Un ange pour la sauver, pour la sortir de l'eau. Décidant donc de faire toujours plus de chose pour l'aider, je l'avais tiré avec moi jusqu'à la salle principal ou je finis par lui apporter un verre. J'en avais prit un pour moi. Je n'aimais pas l'alcool, mais l'alcool semblait me donner assez de force pour l'aider elle. Alors du coup, autant continuer. Lui tendant donc, elle me demanda rapidement si j'étais sur de moi, avant de m'affirmer que si je montais sur une chaise pour chanter une certaine chanson, elle ne pourrait pas me promettre de m'arrêter. J'avais peut-être un peu bu, mais j'avais absolument pas comprit la référence. « C'est qui Des… Des… Desperados ? », j'arrivais plus à me souvenir du nom en vérité, alors j'en avais sortie un au pif. Finissant par répondre à son merci par un sourire, je tapais son verre avant de boire une gorger assez longue dans le fond. « C'est dégueulasse. », concluais-je en fronçant les sourcils. Je n'aimais vraiment, mais alors vraiment pas ça. Ouvrant à nouveau les yeux, je regardais la piste avant de revenir sur elle. Danser ? Haha. « La folie étant subjective, c'est pas elle qui va définir si je danse ou non. », pourquoi je parlais comme ça ? Aucune idée. Visiblement j'étais trop torché. « Je sais toujours pas danser en vrai. Mon bassin il est pas amovible ! », déclarais-je en tentant de bouger un peu le bas du corps. J'avais l'impression d'avoir un balais mal placé. Après tout, j'avais pas trop cherché à m'intégrer avec le temps et danser, ça impliqué sortir du rang pour m'exposer, j'aimais pas trop ça. Je me trouvais même assez ridicule quand on y pensait bien. Sans doute finirais-je par apprendre un jour, mais là, même si j'allais lui faire plaisir, ça allait être affreux.
Lucy n’était pas vraiment sûre d’avoir remplie la sorte de promesse qu’elle avait faite à Yuina de parler posément avec Thomas de tout ce qui s’était passé la prochaine fois qu’elle le verrait. On pouvait même dire que c’était franchement raté. Mais tout ce qui comptait pour elle c’est qu’ils soient cools. Et ils semblaient l’être. Quelque chose qui s’était enrayé semblait refonctionner. Du moins pour l’instant. Tu parles d’un ange déchu ! S’il y en avait un parmi eux, c’était plutôt elle que lui mais bon, passons, elle le laissa dire. Ils n’allaient pas se chamailler des heures à dire “mais si” “mais non”, bien que ça n’aurait pas été la première fois. Et puis après tout, c’était vrai, c’était son ange personnel, même si elle savait qu’il n’était certainement pas aussi pur qu’il en avait l’air. Les anges n’avaient pas forcément à être parfait, juste là quand il faut, et gentils. Bon, c’est quoi ces pensées à la con ? Elle était plutôt ravie de revenir “à la civilisation”, elle aimait bien l’ambiance et le monde. Non pas qu’elle comptait lâcher Thomas non plus. Elle était pot de colle quand elle s’y mettait. L’alcool aidait. Lucy ricana quand il lui demanda pour la chanson et lui donna une pichenette, l’air de dire “cherche pas”. Elle oubliait parfois qu’il vivait vraiment dans son trou. Elle même écoutait rarement de la musique d’après, disons, 1985, mais au supermarché il y avait constamment la radio, sans parler des jeunes du centre avec leur gangsta rap, leur kpop et dieu sait quoi d’autre. Elle rit à nouveau lorsqu’il s’exclama que c’était dégueulasse. « Pfff, petite nature. » dit-elle en riant en le regardant et en buvant à son tour une longue gorgée de son verre. Bon, ça va quand même, y avait pire. Lucy n’était pas vraiment le genre de personne à qui on refusait des trucs. Elle savait se montrer très persuasive, et tout particulièrement lorsque quelque chose l’amusait. Thomas n’était pas en reste. Il pouvait être très borné au premier abord, mais quand on le connaissait un peu, on comprenait qu’en fait il était vraiment comme de la pâte à modeler. Bref, elle comptait le faire danser et ce serait dur de lui sortir cette idée de la tête. « Non, tu as raison, c’est moi qui vais définir si tu danses ou non et devine quoi bah je définis que tu danses donc voilà. » Il n’y avait pas vraiment à savoir danser. Ce qui comptait c’était de se lâcher un peu. Bon, le laisser aller c’était pas vraiment la spécialité de Thomas, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est pas qu’il ne savait pas danser, en fait, c’est juste qu’il ne savait pas se laisser aller. « Toujours pas ? Mais bon sang. » Il avait continué à éviter à tout prix de danser tout ce temps ? Elle serra les lèvres pour éviter de rire devant ses mouvements, puis s’efforça de prendre un air sérieux. « Ah, oui. D’accord. » Elle secoua la tête. « Mais on s’en fiche de comment tu bouges, d’accord ? T’as juste à faire comme si tu étais tout seul et personne ne te regardait. » Pour la plupart des gens, c’était un truc beaucoup plus facile à dire qu’à faire, Lucy. « De toute façon, en vrai, personne va te regarder, déjà parce qu’il fait super sombre et qu’ils sont tous plus bourrés que toi. » Elle riait à moitié en disant ça. « Et en plus parce que je serais à côté de toi, et je suis une bombe atomique je te rappelle. » Ou pas vraiment, mais elle disait souvent ça pour blaguer et faire la fausse meuf hyper imbue d’elle-même. Lucy fixa les gens qui dansaient puis but une longue gorgée de son verre avant de le poser derrière elle sur le rebord de la fenêtre. Elle se planta devant Thomas avec un léger sourire et tira un peu sur le bas de son t-shirt pour l’emmener se mêler au reste des gens. Elle se mit vite dans le rythme et essaya de le faire se détendre en faisant des mouvements débiles. Elle n’avait pas vraiment peur du ridicule, encore moins dans ce genre de situation. Elle même avait besoin de se détendre un peu de toute façon avec… l’épisode… qu’elle venait d’avoir. Danser ça lui vidait la tête.
Je n'étais pas une petite nature, simplement c'était pas bon, je n'allais pas apprécier un gout juste pour le plaisir de le faire. Enfin cette phrase n'avait aucun sens mais l'idée y était en soit. Quoi qu'il en soit elle voulait que je danse et j'étais pas certain que ce soit une bonne idée. Elle m'informa alors qu'elle s'occuperait de définir elle-même si je devais danser ou non, et oh, incroyable, j'étais apte à danse et je devais le faire. Riant un instant, je finis par lui montrer rapidement mes talents de danseur, à savoir pas grand chose. Je n'étais pas doué, ni à l'aise en fait. Voyant que je n'allais pas y mettre du mien et surtout que je ne savais pas danser, elle m'assura qu'on s'en fichait. Je devais faire comme si j'étais tous seul et que personne ne me regardait. « Tu sais que même seul je fais pas ça ? », déclarais-je avant qu'elle ne m'assure qu'il faisait trop sombre et que les gens étaient trop bourrés pour y faire attention. Et puis elle serais avec moi, et elle était une bombe atomique d'après ses mots. Euh. Oui, enfin c'était pas rassurant pour elle ça. Elle allait devoir rendre des comptes non ? Mais pas le temps d'y penser elle avala une grande gorgée de son verre avant de le poser sur un rebord et m'attirer à sa suite vers la foule. Le tirage de t-shirt c'était pas réglementaire. Elle commença alors à danser et pas de la façon la plus commune qu'il soit. Je voyais ou elle voulait en venir à présent. C'était même assez évident. Souriant bien plus franchement que je l'aurais cru, je finis par souffler, «T'as gagné ! », avant de commencer à danser, du moins à bouger, car c'était passablement ridicule. Fallait se détendre c'était l'idée non ? Je ne suis pas certain d'y être réellement arrivé. Après tout oui j'ai tenté des trucs, surtout par rapport à la musique, mais je n'étais pas vraiment doué. Pour être honnête j'avais l'impression de m'épuiser, à moins que ce soit l'alcool, car j'étais beaucoup trop joviale. Vu le nombre de chanson qui venait de passer, ca devait bien faire une heure ? J'en savais rien dans le fond. Mais elle avait vu juste personne pour me regarder, à la rigueur c'était elle qui avait été le plus observé, mais elle n'avait jamais tiqué. « J'ai le droit à une pause, j'ai fait travaillé des muscles dans j'ignorais l'existence. », déclarais-je simplement, le souffle court. Je n'inventais rien, j'avais vraiment tout donné. Mais je n'étais clairement pas à ma place, ni habitué. Je doutais qu'elle puisse refuser en soit. J'avais accepté de… Danser pour elle. Oui je sais mon sens du sacrifice était énorme.
« Tu sais ou est la salle de bain, j'ai besoin d'eau. », pour me rafraichir et me faire redescendre sans doute aussi. Mais ça j'allais pas lui dire. J'avais donné trop de coeur dans tout ça et soyons honnête, je n'étais pas au mieux de ma forme. Je pouvais aussi la laisser pour chercher seul, mais j'avais pas envie de la laisser en fait. Elle me faisait du bien, même quand elle me pousser hors de mes limites.
Ah oui. Lucy oubliait parfois que Thomas n’était pas le genre de personne à mettre la musique à fond chez lui pour danser tout seul. Il devrait, pourtant. Cela permettait d’oublier à peu près n’importe quel problème. Du moins pendant les quatre minutes trente de Superstition. C’était déjà ça. Evidemment, ses pensées sortaient assez directement donc elle pointa un doigt vers lui avec l’air de lui donner un sermon : « He ben tu devrais, Thomas. » Elle disait son prénom en entier pour faire sérieux, genre elle donnait un conseil vital. C’était bien évidemment pour rire puisqu’elle ne tarda pas à l’emmener dans la foule. Tout ce qu’elle disait était vrai après tout : tout le monde s’en fichait de savoir si Thomas avait l’air ridicule, ou même elle d’ailleurs. Quelques regards comme ça s’ils se cognaient contre des gens ou quoi. De toute façon au bout d’un moment on oubliait qu’il y avait des gens autour. Comme s’il n’y avait plus qu’eux. Elle fit un signe de victoire et se mit à rire lorsqu’il baissa enfin sa garde pour enfin danser un minimum. Elle se permit alors de faire un peu moins la débile et de danser comme d’habitude. Lorsqu’elle sentait qu’il ralentissait ou qu’elle en avait marre, elle l’entraînait avec elle avec un grand sourire. Un ou deux types avaient tenté des approches ou des regards, mais elle les avait plutôt ignorés. D’autres chats à fouetter ce soir. Vraiment. Cela lui faisait plaisir en tout cas, qu’ils soient là à danser normalement et à s’amuser, c’était ce qu’elle avait voulu. Thomas s’arrêta au bout d’un moment, carrément essoufflé. Lucy prit un air un peu fier genre elle n’était pas du tout fatiguée elle, alors qu’en vrai un peu forcément, surtout qu’elle n’y allait pas de main morte. Elle sourit et hocha la tête en l’entraînant un peu hors de la foule. « Bravo ! » dit-elle en riant en lui donnant une pichenette. Elle fronça les sourcils à sa question. C’était normal qu’il ait soif mais on aurait dit qu’il y avait autre chose derrière. Elle oublia cela et dit rapidement : « Ouais, ouais, viens. ». Généralement c’était dans une porte dérobée quelque part. Enfin, elle était presque sûre d’être déjà venue ici et d’avoir trouvé les toilettes. Ah, ça y est, au fond de ce couloir. Cette porte. Elle en était sûre. Était-elle sûr de quoi que ce soit avec ce qu’elle avait bu ? Elle poussa d’un coup la porte un peu fort. C’était pas la salle de bain mais la buanderie. Avec un couple qui faisait des choses sur une machine à laver et qui se tournèrent vers eux l’air méga gênés. Elle referma directement la porte et mit la main sur sa bouche en se tournant vers Thomas pour éviter d’éclater de rire. Elle se retenait tellement fort qu’elle avait l’impression qu’elle s’apprêtait à exploser. Tellement gênant. Bon, c’était probablement l’autre porte alors. Elle l’ouvrit elle aussi un peu fort et oui c’était bien la salle de bain, avec personne dedans cette fois. Lucy précipita Thomas et elle dedans, referma la porte derrière eux et put enfin arrêter de se retenir et éclater de rire. « Oh mon dieu, les têtes qu’ils ont fait. » . Elle continua à rire pendant un moment puis se mit à s’étirer les bras. Finalement, elle avait pas mal usé ses muscles elle aussi.
Je suis pas sur que danser comme ça soit très bon fondamentalement, mais je n'avais pas envie de la décevoir alors autant y aller non ? Je m'étais donc laissé alors, avec difficulté certes, mais je l'avais fait. Et chaque muscle avait fini par me lâcher. Bravo pour être à bout de course ? J'avais besoin d'eau, d'une salle de bain, d'un évier, d'un truc quoi. La suivant alors, l'on finit par trouver une pièce qui était en fait une buanderie ou des gens étaient en train de… Enfin de… Voilà quoi ! J'allais pas faire un dessin non plus ? Si. Bref, j'avais donc suivit Lucy dans la bonne pièce avant qu'elle n'explose de rire en commentant leurs têtes. Je pense que j'avais du faire la même. En même temps vu que je n'avais jamais rien fait… Enfin voilà quoi. « Bah… Euh… On les a dérangé en même temps non ? », si, pourquoi je posais la question moi. Avançant au fond de la pièce, j'ouvrais un robinet pour boire, beaucoup, beaucoup d'eau. J'en avais besoin aussi. J'aurais aussi eu besoin d'une douche en fait. « Tu penses qu'on m'en voudrait de prendre un douche ? », demandais-je alors. J'étais toujours un peu approximatif avec l'alcool, je devais le reconnaitre, mais bon. « Ouais mais mes vêtements seraient pas propre eux. », ajoutais-je en me retournant vers Lucy. « Tu penses que la personne qui habite ici est un homme et fait ma taille ? », fronçant les sourcils, je me rendais lentement compte de ce que je disais, mais c'était déjà sortie, alors pourquoi m'acharner. Je n'aimais pas boire, réellement. Et si c'était sans doute drôle ce qui venait de se passer avec les gens, j'avais quand même un peu de mal à le comprendre, enfin comprendre non, mais voilà, j'étais pas à l'aise, du moins assez pour me moquer. « C'est confortable une machine à laver ? », finis-je par demander. Peut-être qu'elle n'avait pas la réponse aussi. Si c'était le cas c'était pas grave non plus. M'asseyant finalement par terre, je profitais du carrelage froid pour me refroidir justement.
Lucy était du genre décontractée avec tout ce qui concernait le cul. Elle considérait qu'il n'y avait pas de quoi en faire des caisses, et que ça faisait partie des choses comme les autres de la vie. Tout le monde respire, mange, pète, quasi tout le monde fait l'amour, bon voilà quoi, pas besoin de le prendre sérieusement. Et accessoirement, elle devenait vraiment gamine quand elle avait un coup dans le nez, voilà pourquoi elle se trouvait à rigoler toute seule de ces deux cons. Thomas ne semblait pas si joyeux, il semblait plutôt troublé et perdu. Lucy avait parfois du mal à saisir ce qu'il pensait. Elle se demandait souvent ce qui pouvait se passer dans la tête de son ami. De son ami... elle n'arrivait pas à croire qu'elle pouvait à nouveau dire ça d'eux. Pouvait-elle dire ça d'eux ? Bon, c'était trop compliqué comme pensée là actuellement. Voyant que son fou rire n'était pas vraiment partagé, elle s'efforça de se calmer mais avait un peu de mal. Elle eut donc un petit ricanement nerveux lorsque Thomas lui demanda si à son avis il pouvait prendre une douche. Une douche, là maintenant ? Pourquoi pas après tout. Elle aurait dû trouver ça bizarre mais en fait ça la faisait marrer tiens. Peut-être qu'elle aussi elle devrait prendre une douche, elle devait puer avec la danse non ? Bon, en même temps elle s'en fichait de sentir bon, il était déjà un peu tard pour qu'elle trouve quelqu'un pour... rentrer ce soir. Et puis il y avait Thomas. Il fallait qu'elle fasse attention à lui, il n'avait tellement pas l'habitude de l'alcool, peut-être qu'elle devrait le ramener. Surtout là qu'il venait de se retourner vers elle en proposant, en gros, de subtiliser des vêtements au propriétaire de la maison. Elle ricana à nouveau. Mais quelle mouche lui prenait ? « Je sais pas. » dit-elle en haussant les sourcils, puis affichant un grand sourire. « Je serais allée voir dans la buanderie, mais vu que c'est occupé. Puis je sais pas où est la chambre. » Elle disait cela très naturellement, l'air de s'en foutre de prendre des vêtements à quelqu'un qu'elle ne connaissait pas. De toute façon, la personne s'en rendrait probablement pas compte, et au pire il suffisait de les lui ramener plus tard avec un grand sourire. Et si Thomas voulait absolument prendre une douche... Visiblement lui par contre venait de se rendre compte que son plan était vraiment pas terrible. Voyant cela, Lucy s'avança vers lui en fronçant les sourcils. « Dis, t'es sûr que ça va ? Parce que si tu veux sinon chez moi j'ai une douche et des affaires à ta taille. » Elle avait toujours des vieilles affaires à elle qu'elle mettait pour faire du bricolage ou quoi, et comme ils se prêtaient souvent leurs vêtements. Enfin, il y a longtemps, pas maintenant, à moins que Thomas ait un jour une soudaine envie de se mettre aux robes à fleurs. Sa question fit immédiatement repartir Lucy dans son fou rire, alors qu'elle avait réussi à être sérieuse deux minutes. « J'en sais rien. » Il lui demandait ça comme si elle avait la réponse, et on aurait dit que cette réponse l'intéressait vraiment. Elle trouvait ça très marrant quand il faisait son coincé. « Si c'est comme un lave-vaisselle, je dirais non. » finit-elle par lâcher en riant à moitié. Elle se souvenait très bien de cette fois là... Mais bon, oublions les détails peut-être, en tout cas elle s'était fait très mal au dos. Elle vit que Thomas s'asseyait par terre et le suivit, ne voulant pas rester debout comme une conne. Elle étendit ses jambes en les croisant, comme si elle était tranquille à la plage alors qu'ils étaient dans une salle de bain. Elle approcha son visage de l'épaule de Thomas pour le renifler puis l'abaissa pour se sentir elle-même. Elle se sentit un peu bête et se mit à rigoler. « Je crois que je pue plus que toi. » Tout n'avait pas toujours besoin d'être une compétition Lucy. En tout cas, elle par contre avait la flemme de prendre une douche. Elle ne réfléchissait vraiment pas à ce qu'elle disait.
J'avais besoin de me changer, et elle ne savait pas si je pouvais prendre des vêtements et si elle avait proposer d'aller chercher dans la buanderie, le fait que cette dernière soit occupé pouvait poser problème. Je disais n'importe quoi de toute évidence, et elle s'en rendit compte car elle s'avança en me demandant si j'étais sur que ça allait. Non, j'étais pas sur, mon cerveau faisait n'importe quoi à cet instant précis. Elle me proposa alors d'aller chez elle pour une douche et des affaires à ma taille. Des affaires à ma taille ? Comment ? Ah oui. Fermant les yeux en me tapant la tête, je lui répondis. « C'est con que t'es pas de jupe à ma taille, je me suis toujours demandé ce que ca faisait une jupe. ». Fronçant à nouveau les sourcils, je la regardais avant de dire, « Je viens de dire quoi la ? », ça n'allait pas en s'arrangeant, j'en viens à me poser des questions existentielles sur l'intérêt d'un acte sur une machine à laver. Lucy n'en savait rien, du moins elle sembla car le fou rire qu'elle venait d'avoir ne me donnait aucunement l'espoir de la croire. Elle ajouta alors bien rapidement que si c'était comme sur un lave vaisselle, ça ne devait pas être le cas. La regardant alors un instant étonné, je soufflais, « Y'a le mode essorage aussi sur une machine, c'est peut-être pas pareil. ». M'asseyant alors sur le sol pour tenter de me reprendre, je la vis s'approcher avant de s'asseoir elle aussi par terre et de poser sa tête sur mon épaule. Elle rigola alors, ce qui me fit tourner la tête presque aussitôt. « Tu veux faire un concours de puage ? », déclarais-je avant de lui tendre la main, pour l'inviter à la prendre. Pourquoi ? J'en savais rien, je devais l'avouer. Mais j'avais envie. « J'ai plus envie de bouger en fait. », finis-je par dire en toute franchise. J'étais bien là, vraiment bien.
Lucy le regarda en fronçant les sourcils avant de laisser échapper un petit rire, franchement amusée par tout ce qui sortait de sa bouche à ce stade. Il avait l'air d'avoir peur de l'avoir offensée, mais bon, il lui en fallait énormément pour être offensée, très franchement. « Oh mais si tu y tiens vraiment j'en ai, des jupes à ta taille, tu sais. » Elle continua à rire doucement. C'est vrai qu'elle ne faisait pas trop le tri dans ses placards très franchement, flemme, manque de temps. Elle se disait qu'au pire ça lui servirait si elle reprenait des kilos un jour. On pouvait se demander comment vu le temps qu'elle passait à la salle mais bon. « C'est plutôt confortable. C'est aéré. » Elle continua à ricaner un moment puis s'arrêta, non sans conserver un sourire narquois. Ça n'aurait peut-être pas dû la faire autant rire, elle se croyait largement plus sobre que Thomas mais en fin de compte la différence n'était pas si flagrante que ça. Le mode essorage ? Mais c'est qu'en plus il avait l'esprit mal tourné, c'est du joli tiens. Thomas, et elle le savait depuis longtemps, était comme tous ces gens donnant l'impression d'être prudes mais qui avaient souvent les idées les plus salaces derrière la tête quand on creusait un peu. Question de logique, moins de temps consacré à la pratique égale plus de temps passé à réfléchir à la théorie. Lucy était bien par terre en fait. Elle regarda la main qu'il lui tendait et ses lèvres se pincèrent avec l'air de ne pas comprendre. Un concours, bah tiens. Dans le passé ils faisaient de tout un concours. Qui court le plus vite jusqu'au bâtiment, qui reste le plus longtemps sans respirer. C'était des gamins éternels. Elle lui serra la main genre marché conclu et afficha un air enjoué et soudainement excité. « Ok. Mais on fait comment ? Il nous faut un jury ! Ou un planel ou je sais plus trop comment ça s'appelle genre quand les gens doivent goûter tous les différents yaourts pour donner le prix du meilleur yaourt. » Elle s'était souvent dit que c'était un métier super cool ça, de goûter de la bouffe pour donner les prix des consommateurs. Elle se souvenait même avoir demandé à son chef s'il savait comment s'inscrire pour faire ça. Il avait eut l'air perplexe. « Moi non plus » Non, définitivement pas envie de bouger. Après avoir serré la main de Thomas, elle avait décidé de ne pas la lâcher. Chose un peu gênante, en temps normal, et qui laissait transparaître malgré elle des choses qu'elle aurait préféré dissimuler. Ses doigts avaient juste glissé un peu et ne tenaient plus fermement sa main (sinon il n'aurait plus de circulation depuis longtemps). Lucy soupira puis se frotta les yeux avec une main. « Mais il faudra bouger un jour, ce serait quand même très con comme mort. » Ou pas, ce serait peut-être un peu marrant tout de même. Elle rit doucement et regarda Thomas avec un petit sourire. avant de reposer sa tête sur son épaule. Elle avait refusé les avances de Thomas assez catégoriquement il y a moins d'une heure auparavant, et maintenant elle faisait à peine preuve d'un minimum de distance. Il y avait de quoi s'y perdre.
Des jupes à ma taille ? Si je n'avais pas été ici, j'aurais sans doute accepté d'essayer. Car malgré mon nombres de sœur, je n'avais jamais fini avec l'une d'entre elle. Quoi qu'il en soit elle ajouta bien rapidement que c'était confortable et aéré, bugeant un instant sur ça, je finis par répondre, « Du coup les irlandais sont des gens qui aiment bien les aérations. », ça n'avait plus trop de sens, je devais le reconnaître, pas plus que mon idée de faire un concours avec nos odeurs. Dans le fond j'étais tellement passionné par ce qu'elle me disait que je ne remarquais pas immédiatement sa main dans la mienne . Non là, je réfléchissais à qui je pouvais appeler pour nous sentir, et la liste était pas folle. « Faudrait des gens qui sentent les parfums, ils ont un bon nez eux. », ils mourraient, mais c'est pas grave. Dans tout les cas je n'avais pas envie de bouger, pas plus qu'elle en fait. Restant donc à notre place, je souriais en l'entendant affirmer qu'il faudrait bouger un jour si l'on ne voulait pas d'une mort très conne à la clé. Riant un peu, je sentais sa tête se poser sur mon épaule alors que je répondais, « On peut pas être auto suffisant ? ». Et puis mes doigts se refermèrent légèrement sur les siens, mon coeur se serra presque aussitôt, pourtant je ne bougeais pas, comme si je n'avais aucun contrôle. Tournant légèrement la tête pour la regarder à côté de moi, je n'eus même pas à réfléchir à la suite. « Je veux t'embrasser. ». J'aurais du me reprendre, dire je voudrais, j'aimerais, mais je soucis, c'était vraiment que je le voulais et que seul le respect que j'avais pour elle primait suffisamment pour que je ne le fasse pas. Non pas par manque d'envie, mais vraiment car je ne voulais pas agir comme ça avec elle. Pour le reste, à savoir si j'étais gêné à l'idée de le faire non. Toutes mes notions de respect, de patience, bref tout ça pouvait bien allait voir ailleurs si j'y étais car ce sentiment était bien présent et je n'allais pas le rejeter, pas cette fois.
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Sujet: Re: bad ideas | thomas 
Lucy ne savait pas vraiment ce qu’il lui avait pris, ni pourquoi elle était si morose. Elle se considérait toujours pourtant comme à peu près satisfaite de sa vie, même si bien évidemment il y avait encore des points à améliorer. Mais en disant ça, elle s’était rendue compte qu’il y avait toujours une partie d’elle-même enfouie très très loin quelque part qui regrettait amèrement sa décision et qui se disait qu’après tout la souffrance de ne pouvoir être totalement elle-même était un mince prix à payer pour le confort, la santé et la sécurité. C’était quelque chose qu’elle avait pensé pendant longtemps, et qu’elle croyait totalement éradiqué de son esprit aujourd’hui. Mais visiblement, il n’y avait pas que Thomas qui avait ressurgi du passé. Elle s’en voulait qu’il ait à entendre ça d’ailleurs, après tout il n’y était pour rien et il ne pouvait rien y faire, donc à quoi bon lui en faire souffrir l’écoute. Il aurait sûrement été préférable qu’il croie que tout allait bien, mais bon, c’était un moyen de l’éloigner un peu… Lucy fronça les sourcils lorsqu’il se remit à parler après un long silence. On aurait dit des mots qui seraient sortis de sa bouche à elle, pas de celle de Thomas, décidément c’était le monde à l’envers ce soir, rien ne tournait rond. Donc bien sûr qu’il avait raison. Il avait toujours raison. Le sourire finit par retrouver le chemin de ses lèvres. Elle ne savait pas s’il avait changé, car l’hédonisme et le catholicisme ne fonctionnaient pas vraiment ensemble, et s’il le pensait vraiment, ou s’il faisait un effort pour lui remonter le moral de penser d’une manière qui pouvait lui parler à elle, mais elle s’en fichait un peu parce que ça fonctionnait. Lucy avait toujours pensé comme ça oui, que le regard des autres n’était pas si important que ça. Mais c’est très facile de penser comme ça quand on est un garçon blanc chrétien de bonne famille. Le tout, c’est de continuer à le penser une fois qu’on a vraiment subi le regard des autres. Et elle aimait à croire qu’elle s’en foutait toujours, même si elle se mentait un peu à elle-même parfois sur ce point-là. La preuve, elle se cachait encore de ses parents, et se serait probablement toujours cachée de Thomas si le hasard n’avait pas joué en sa défaveur (ou en sa faveur, quelque part). Elle se contenta d’hocher la tête en le regardant et ajouta en sa direction avec un sourire : « Tu es un ange… tu le sais ça j’espère ? » Elle le suivit sans broncher lorsqu’il l’amena hors de la pièce. Ouais, elle était de bien meilleure humeur quand il y avait plein de monde, plus à l’aise, bon elle se donnait en spectacle un peu aussi, mais qui ne l’a jamais fait lui lance la première pierre. Elle le regarda partir vers le bar avec un demi-sourire espiègle et sonda la foule. Des amis à elle un peu loin lui firent des signes qui voulaient plus ou moins dire “c’est qui ce gars ?”, ce à quoi elle se mit à rire en secouant la tête du genre “cherchez pas à comprendre”. C’était un langage codé très spécifique, quasiment un langage des signes spécial soirée. Avant qu’elle ait eu le temps de vagabonder on ne sait où, Thomas était revenu avec des verres. Deux. Mais quelle diable lui prenait ce soir ? Il fallait croire qu’elle était vraiment une mauvaise influence. Lucy ricana.« Tu es sûr de toi ? Parce que si tu montes sur une chaise en chantant Despacito, je ne te promets pas que je t’arrêterais. » Non, en effet, elle serait probablement par terre en train de se tordre de rire donc. « Merci sinon. » dit-elle avant se cogner son verre contre le sien et d’en boire une longue gorgée. Elle regarda les gens qui parlaient sur les côtés et les autres qui dansaient au milieu, elle avait bien son groupe de prédilection d’ordinaire, mais ça ne risquait pas de plaire à Thomas. Elle pivota pour se retrouver en face de lui :« Tu danses ou la folie de ce soir a ses limites ? » 