Beth + I will return

i will return

Our memory is always within reach

La libération. Jour qu'il considère comme tel après une année entière à vivre une expérience qu'il ne souhaiterait même pas à son pire ennemi. Deux mois de quasi-torture enchaînés par de longs jours sans fin, captif dans une prison barbare. Pour être honnête, s'il avait gardé espoir les premiers mois, le temps avait eu raison de son optimisme, surtout le jour où il a posé un pied dans cette fameuse prison. Lorsqu'il était retenu dans la cave d'un vieux bâtiment, la perspective d'être secouru après un simple assaut de ses compagnons d'armes semblait réaliste, mais derrière des grilles protégées par des gardes armés et organisés, la probabilité était moindre. Bien sûr, l'idée d'abandonner ne lui a jamais effleuré l'esprit, mais certains jours étaient bien plus compliqués que d'autres. La présence d'un second américain à ses côtés pour élaborer un plan d'évasion l'a bien aidé, autant pour le moral que pour le bon déroulement de ce plan qui l'a conduit, aujourd'hui, à avoir les deux pieds bien ancrés sur le sol américain. Si la semaine précédente fut compliquée et longue, enchaînant les interrogatoires avec les hauts-gradés et les visites médicales, le plus dur était bel et bien derrière lui. Mais surtout, il pourrait enfin réaliser la promesse qu'il avait faite à sa femme il y a un peu plus d'un an maintenant, à savoir son retour. Avec un peu retard, certes. L'armée avait probablement contacté Beth à la seconde même où l'hélicoptère était parti récupérer Daryl à la position signalée par radio, mais ce dernier avait tenu à garder secret le jour où il serait autorisé à quitter la base militaire. Ses supérieurs l'avaient bien sûr prévenu de l'annonce de sa présumée mort, et les conséquences que cela avait pu engendrer sur ses proches et sa vie en général. Il préférait faire lui-même le trajet jusqu'à Los Angeles plutôt que Beth ne vienne le récupérer, pour avoir le temps de réfléchir, de réaliser qu'il était bel et bien vivant en direction de sa femme et de son enfant qu'il n'avait jamais pu voir jusqu'à présent. Mais surtout, il appréhendait énormément et chercher peut-être à retarder l'heure fatidique le plus possible. Après tout, il avait été officiellement mort, la perspective que Beth soit allée de l'avant ne pouvait être complètement écartée, et ce serait tout à son honneur. Si Daryl avait bel et bien été mort sur le champ de bataille, il n'aurait pas tenu à voir Beth gâcher sa vie avec son fantôme dans l'esprit. Par chance, le prisonnier qui se trouvait avec lui en Syrie fut également relâché ce jour-là. Les impacts de la captivité avaient été moindre sur lui, n'ayant pas passé autant de temps entre les mains des rebelles que Daryl. La femme du deuxième soldat était venue le récupérer, proposant à Daryl de le conduire jusqu'à L.A. Le trajet se déroula dans le silence le plus complet, et après une brève accolade avec ce soldat qu'il considérait comme un réel frère d'arme après tous ces mois à se soutenir mutuellement, Daryl se trouvait enfin devant sa maison. Echo Park. Au final, Daryl n'avait été absent qu'une année, mais à ses yeux cette année avait eu le gout amer de l'éternité. Il resta de longues minutes devant le pas de la porte, le cœur battant à tout rompre à travers sa poitrine, l'esprit complètement détraqué par des sentiments contradictoires. Il finit par cogner contre la porte, prenant une grande inspiration avant de fixer le dernier rempart entre lui et l'amour de sa vie, impatient de revoir le visage angélique de sa femme.