It is only with the heart that one can see rightly, what is essential is invisible to the eye.

Aux premiers abords, lorsque les gens te reconnaissent, ils ne te qualifieront certainement pas d'intelligent ou de personne instruite, loin de là, ils te voient comme ce fameux Mustafa, et qui dit terroriste dit con comme une praline. Désormais, tu as besoin d'un truc important pour tout être humain du 21e siècle, un objet dont très peu savent se passer, un outil de travail et de communication, un téléphone portable, mais pas n'importe lequel, tu as besoin d'un téléphone provenant d'un policier, peu importe lequel. Pourquoi ? Les policiers ont des téléphones portables qui ne sont pas traçable, et cela, peut-être utile car tu pourras communiquer en toute liberté avec qui tu veux. C'est pour cela que cela fait maintenant quelques jours que tu observes les hôpitaux, que tu les compares l'un à l'autre ainsi que leurs systèmes de sécurité et celui du quartier Est peut-être le plus accessible en tant que visiteur. La vie de cavale demande beaucoup de sacrifice et il est temps de mettre ton plan à exécution ce soir, aller trouver ce fameux docteur nommé Aslan, ce même docteur que tu observes depuis plusieurs jours lui aussi, car ce soir, il sera ta pièce maîtresse. T'attrapes ton couteau de poche, te fais une entaille assez imposante dans la main et demande à ton grand frère de rouler avec toi jusqu'à l'hôpital. Tout va commencer, tu le rassures et lui indique quelques conseils en cas d'urgence et tu as une petite heure devant toi pour réussir la mission que tu t'es fixée à partir du moment où tu seras dans l'enceinte du bâtiment.

Tu t'avances dans l'enceinte, la main bandée dans un essuie et t'enregistre sous l'identité que Florès t'a donné afin de passer ni vu ni connu, à cette heure-ci les policiers sont en pause et leurs affaire sont dans le coffre-fort du secrétariat et c'est là que tu as besoin de ce jeune infirmier, Aslan. J'aimerais voir le docteur Caldeira, s'il vous plaît. Il était assez réputé dans cet hôpital, tu sais que l'entaille ne te tuera pas et tu n'auras besoin que de quelques points de suture. Une liasse de billets dans la poche de ta veste afin de le convaincre plus que facilement, tu sais qu'en ce moment il n'a pas la vie facile question argent, tu as mené ton enquête, tu la observer et tu as surpris quelques conversations qui t'arrangent à vrai dire, sachant qu'il a des problèmes de plomberie chez lui, ce qui a endommagé l'appartement d'un voisin. Tu prends place dans un des cabinet proposé par la secrétaire, priant pour que ce soit bien le docteur Caldeira qui poussera la porte d'ici quelques instant. Tu prenais un antidouleurs qui se trouve dans ta poche, tu sais ce qui va se passer par la suite, tout est planifié et tu aimes être maître de la situation.  

L’heure était là ; vous étiez enfin réunis tous les deux. Des heures que tu attendais ce moment, sans trop oser y croire. Il fallait dire que ce n’était pas rare que tu sois obligé d’annuler ou de repousser vos rendez-vous ; quand les patients étaient trop nombreux, t’avais pas vraiment le choix. Mais aujourd’hui, c’était une bonne journée. Aujourd’hui, vous étiez enfin réunis. Toi et tes spaghettis bolo. L a v i e.
Putain, t’avais tellement eu la dalle tout l’après-midi.
Enroulant les pâtes autour de ta fourchette, tu commençais enfin à t’adonner à ta troisième passion, après ton boulot et les memes avec des chiens : bouffer.

Malheureusement c’est cet instant que choisit Karen pour venir se planter devant ta table, ses petits yeux perçants te pénétrant par-dessus le verre de ses lunettes. Pas besoin qu’elle en dise plus pour que tu comprennes aussitôt que t’étais dans la merde. Salut Karen. Tu continuais de manger sans la regarder. Avec un peu de chance, si tu ne croisais pas son regard, elle allait croire que tu étais mort et finir par partir toute seule. Un patient te demande, “docteur Caldeira”. Et merde. Tu levas les yeux vers elle, replantant ta fourchette dans ton assiette avec détermination. A moins que cette personne soit à l’article de la mort, je propose de finir de manger d’abord, ok Karen ? Ton regard soutenait le sien avec insistance, persuadé qu’elle comprendrait qu’il y avait des priorités, dans la vie, et que ces pâtes bolo en faisaient partie. Mais elle ne fit que se pencher plus près de toi, son haleine te caressant désagréablement les narines. T’as plutôt intérêt à le faire dégager rapidement. Y en a marre, de tes toxicos qui donnent des faux noms et payent en cash, Aslan, c’est un hôpital, pas un squat. Vos regards s’affrontèrent pendant plusieurs secondes, avant que tu ne laisse tomber ta fourchette sur ton plateau et te relèves, poussant un soupir agacé.
Tu savais qu’elle avait raison. Entre les toxicos des Narcotiques Anonymes qui voulaient te voir à la première crise de manque et les dealers du réseau pour lequel tu avais travaillé il y avait presque dix ans qui pensaient que t’étais l’un des seuls à pouvoir s’occuper de leurs blessures sans les balancer aux flics, il fallait avouer que t’emmenais pas vraiment une patientèle très sécurisante dans l’hôpital. Mais qu’est-ce que tu pouvais faire, leur dire d’aller se faire foutre ? T’étais passé par là, toi aussi. Et tu sais pas ce que tu serais devenu, si personne ne t’avais tendu la main à ce moment-là.

Tu pousses la porte de la salle de consultation, ta mauvaise humeur se lisant sur chacun de traits. Tu jete un regard rapide au mec qui t’attend là, avant de commencer par te laver les mains et enfiler des gants stériles. Son visage te dit vaguement quelque chose, mais tu n’arrives pas à le remettre - ça signifie qu’il n’est pas des narcotiques anonymes, tu les connais tous personnellement. Un dealer, donc. Parfait.
J’ai demandé à Aldo d’arrêter de m’envoyer ses gars, vous allez vraiment finir par me foutre dans la merde avec vos conneries. La vérité, c’est qu’Aldo sait probablement que t’es un trop gros pigeon pour refuser des soins à qui que ce soit - mais ça t’empêcheras pas de râler, principalement parce que ce type s’est mis entre toi et ton repas.
Sans attendre de réponse tu prends sa main, enlevant doucement l'essuie-tout ensanglanté qui l’entoure. La plaie est large, mais nette ; c’est déjà ça. Les tendons et muscles n’ont pas l’air touchés, et tant mieux, tu pourrais rien y faire : t’es pas médecin et encore moins chirurgien. C’est incroyable le nombre de types qui sont prêts à perdre l’usage de leurs doigts tant que leur secret est gardé. Bouge les doigts, pour voir ?

Ton temps était compter, et c'est en voyant la tronche du type que tu recherchais que tu comprenais qu'il n'était pas de très bonne humeur, surement fatigué, mais bon. Tu le laissais enlever l'essuies que tu avais enrouler toi-même autour de ta main après t'être entailler la main, au fond de toi tu rigoles bien, mais il faut faire des sacrifice lorsqu'on est en fuite, mais surtout lorsqu'on veut obtenir quelques choses. Il te parles d'un Aldo, mais tu n'y prêt pas attention, toi tu es mercenaire ce soir, seul et tu ne travailles pas pour ce Aldo, cet homme tu le connais un peu, il t'as déjà rendu pas mal de service et s'est occupé d'un flic il y a quelques temps pour toi en échange de quelques billets verts bien frais et tu le laisse faire, bougeant tes doigts comme il te le demandait te mettant a ricaner un peu car c'est vrai que ce n'est pas très beau à voir tout ce sang et que ça fait encore un peu mal. J'ai pris un antidouleur, déjà. Tu marquais une courte pause avant de mettre tous tes efforts en pratique. Écoute, Aslan. Fait moi des points de sutures, vite fait, ça suffira. C'est moi qui ai fait ça, je devais te voir. Tu n'y vas pas par quatre chemins, tu sais que le temps est compté et que les policiers tarderont pas à revenir de leurs pause et reprendre leurs service. Si il ne récupère pas ce dont tu as besoin, tu ne l'auras plus jamais et tu en a vraiment besoin. Si j'suis là, c'est pour que tu m'aide, j'ai besoin de toi et tu as besoin de moi au fond. Si tu vois ce que je veux dire. C'est donnant-donnant cette histoire, il collabore, tu le paie et plutôt bien car tu as assez d'argent et peux dépenser sans compter. Sachant que le jeune infirmier a besoin d'argent ces derniers temps il était le plus facile à convaincre, même si tu sais que rien n'est encore gagner vue sa mauvais humeur, son caractère qui est bien trempé. De ta poche tu sortais un petit plan de l'hôpital et du rez-de-chaussée ainsi que la marche à suivre pour le jeune infirmier, lui tendais en main propre afin qu'il comprenne lui aussi de ce que tu parles et appuyais tes arguments en lui montrant la liasse de billet vert qui était enroulée dans la poche de ta veste.  

Le type bougea ses doigts sans sembler gêné, et tu sentis un léger soulagement t’envahir. Les ligaments n’avaient rien, pas plus que les muscles - ce n’était qu’un peu de chair coupée. C’était toujours ça de moins qui se tenait entre toi et ton assiette de pâtes bolo.
Tu versais du produit désinfectant pour nettoyer la plaie, écoutant ton patient te prévenir qu’il avait déjà pris des antidouleurs. Quel genre d’antidouleurs ? Si c’est du paracétamol ça a dû empirer le saignement, mais dans tous les cas vaut mieux anesth… Il t’interrompit, visiblement pressé. Sur le coup, ça ne t’étonna pas - les mecs qui travaillaient dans ce genre de milieu se sentaient constamment en danger, et pour cause : ils l’étaient. Sa dernière phrase te surprit, cependant. Tu le dévisageais en plissant les yeux, pas sûr d’avoir bien saisit. Tu t’es fait ça… volontairement ? Tu baissais les yeux vers la plaie, avant d’étouffer un rire. Tu voulais sécher un cours d’EPS ? Un sourire s’était glissé sur tes lèvres. C’était plus fort que toi - tu avais tellement l’habitude d’essayer de remonter le moral de tes patients que ton humour pourri était devenu un réflexe. Mauvaise idée, probablement, quand on faisait face à un baron de la drogue qui avait l'air de tout, sauf d'avoir envie de plaisanter.
L’homme continua ses explications, et tu comprenais de moins en moins où il voulait en venir. “Besoin de toi” comme tu avais “besoin de lui”? Est-ce que c’était une allusion sexuelle cheloue ? Te vexe pas, mais t’es pas trop mon genre de femme… Il te glissa des papiers dans la main, te montrant également une liasse de billets, enroulée dans sa veste - et tu repris aussitôt ton sérieux. Toute cette situation sentait vraiment mauvais. Dans quelle merde tu venais encore de te foutre ?
Fronçant les sourcils, tu observais longuement le plan, silencieux. Cela représentait l’hôpital, et plus précisément, la salle qu’utilisaient les policiers pendant leurs heures de garde. Tu relevais les yeux, les traits durcis. Bien sûr, c’était tentant. Ce type le savait - tu ne pigeais pas comment, mais ce type savait que t’étais dans la merde financièrement. T'avais même pas pu payer entièrement ton loyer le mois dernier. Le dégât des eaux t'avais laissé à sec, les réparations sur la poubelle qui te servait de voiture également. Oui, t'étais fauché, et cette liasse de billets pouvaient clairement te sortir la tête de l'eau... Mais le risque était trop grand - et puis surtout, tu ne savais pas qui était ce mec, et encore moins ses intentions. Je sais pas sur quel genre de business tu tournes, mais t’as du te tromper de pigeon, désolé.