Asriel | Ma gueule de bois ferait passer Pinocchio pour un vrai p’tit garçon.

Une fois n'est pas coutume, Ulysse avait élu résidence au Red Lion Tavern. Ce n'était plus rare de le voir assis tout les jours au comptoir maintenant, à vrai dire, c'était plutôt l'inverse qui l'était. Ulysse était sans aucun doute le pilier le plus solide de ce bar. Il venait de passer une longue journée en répèt à bosser encore et encore le même morceaux. Leur chanteur pouvait être vraiment TROP pointilleux sur certaines choses. Tout cela avait épuisé Ulysse et l'avait mit un peu sur les nerfs. Il ne comprenait pourquoi son collègue voulait autant atteindre la perfection alors qu'ils était déjà très bons. Pour Ulysse, qui était un partisan du moindre effort, devoir autant bosser était une vraie plaie dans le cul. Maintenant, il avait juste besoin de se détendre. Et pour Ulysse, détendre se traduisait par boire un verre ! Après, avoir poussé les portes du Red Lion, il s'installa au comptoir avant de commander un whisky, alourdissant une fois de plus son ardoise. Il ne savait plus à combien s'élever sa dette, mais n'avait pas forcément envie de le savoir. Il avait peur que le montant final lui finisse par lui provoquer une crise cardiaque.

Ulysse aimait bien boire seul, au moins il n'avait personne pour lui faire la morale, pas comme Aaron, Astrid ou Aslan. Surtout ce dernier ! Il y a peu, Ulysse avait prit une grosse cuite, et Aslan dernier lui avait fait une grande leçon de morale en disant que le meilleur moyen de ne pas avoir de gueule de bois était de ne pas boire blablabla. Comme à chaque fois qu'on lui faisait une leçon de moral, Ulysse n'assimilait pas tout et préférait faire l'autruche plutôt que d'assumer le fait qu'il était en tort. C'est bien pour cela qu'il préférait resté tranquille au comptoir et sans ses potes, en plus, c'était aussi une occasion pour rencontrer d'autres personnes !

Les heures passaient et les boissons s’enchaînaient, avec bien entendu ce passage où il avait arrêté de compter les verres qu'il prenait. Il était tard maintenant, sauf au yeux d'Ulysse, la soirée ne faisait que commencer. Le barman se dirigea vers le jeune homme, le regard soucieux et un peu gêné. Il déglutit avant de prendre la parole, mal à aise. "Ulysse, il va falloir y aller, je dois fermer le bar..." "Quoi ?! Déjà ? Mais il est tôt encore..." "Il est presque trois heure du mat' et on est un jeudi..." Malgré son état d'ébriété avancé, Ulysse savait que ce n'était pas la peine de discuter. Sinon, il devinait que le barman irait appeler Aaron et il n'était pas en état de discuter avec lui pour le moment. Ulysse quitta son tabouret en titubant un peu avant de dire avec un grand sourire :  "Bon, très bien ! On se retrouve demain alors". Le barman acquiesça, peu convaincu, avant de diriger Ulysse vers la sortie du Red Lion.

Ulysse était maintenant dehors, réfléchissant comment il allait rentrer. A cette heure là, les bus et les métros étaient fermés. Il sortit son portable dans l'optique d'appeler un uber mais il remarqua que celui-ci était éteint, la batterie étant morte. "Merde" grogna-t-il en rangeant son portable. Il regarda autour de lui, il ne semblait avoir aucuns taxis à l'horizon. Il soupira, bon, il ne restait plus qu'à rentrer chez lui à pieds... Ça allait lui prendre du temps. Il commença à prendre le chemin de son appart, titubant, et avançant plus en diagonale qu'autre chose. A un moment, il failli se faire écraser en traversant la route sans regarder, mais heureusement, la voiture avait freiné de justesse (en gueulant un sublime connard au passage) et Ulysse continua son chemin sans demander son reste. Il marchait toujours tranquillement quand il trébucha contre un trottoir avant de s'écraser sur le sol. "Ouch" se plaint-il mollement. Il soupira. Il allait devoir faire l'effort de se relever maintenant... C'était dur... Et puis, au final, il était bien sur le sol, c'était plutôt confortable... Enfin, pas vraiment, mais il n'avait pas envie de bouger. Il allait élire le trottoir comme son lit pour la soirée. Quel superbe lit !

Trois heures du matin ! Jamais une soirée avait duré aussi longtemps. Et quelle soirée ! Une soirée à boire avec les grands de ce monde. J'avais l'habitude de boire un peu et j'avais réussi à rester assez sobre tout le long de la soirée, évitant ainsi la gueule de bois. Heureusement et Elisabeth n'était pas là ce soir, il aurait sans doute fallu que je la ramène à la maison. Quoi que cela aurait peut-être écourté cette soirée. Surtout que se faire draguer ouvertement par des jeunes femmes un peu trop éméchées n'était pas ce que je préférais. Et la soirée avait été un peu... Chaude, dirons-nous, quand un jeune homme est venu me faire du rentre-dedans pour se moquer de mes rougeurs avant de me taquiner en disant que l’aîné des Wakefield était sans doute gay. Chose que j'ai démenti dans la seconde en disant que j'étais surtout gêné. Et tout le monde l'a cru.

Je sors enfin de cet enfer et je me dirige vers la voiture. Mon chauffeur est rentré chez lui, laissant la voiture ici. Je lui ai ordonné de partir se coucher en me rendant compte que ça allait durer pendant des heures. Dire qu'à la base, j'ai juste été invité à un mariage. Je pense d'ailleurs que les mariés sont allés consommer leur union en emportant un autre couple avec eux, car tous les quatre ont disparu dés les premières minutes de la soirée. Je ne peux pas trop leur en vouloir, c'est un mariage médiatisé avec des faux-amis, venir à ce mariage allait apporter célébrité. Moi-même, je suis venu, car je n'avais pas vraiment le choix, père m'en aurait voulu de ne pas être venu montrer ma "belle gueule" comme il dit. Je ne suis finalement que ça, une potiche qu'on montre aux gens quand ça nous arrange. Mais je suppose qu'il y a pire.

J'entre enfin dans le véhicule après avoir viré le couple qui s'apprêtait à copuler dessus - ce n'est pas possible d'être autan en manque, ils ne font jamais rien en privé ici ?! - et je me dirige vers la sortie. Le silence des rues m'apaisent et je regarde l'heure. Il est tard, très tard. Je soupire, je ne vais pas être capable de me lever aussi tôt que d'habitude demain, je pense que je m'offrirai une grasse matinée jusqu'à 7h30. Enfin, peu importe. Je veux juste rentrer chez moi et dormir pour oublier cette soirée affreuse. Je déteste les mariages, cette fois, c'est certain. Dire que ma sœur rêve d'un mariage de rêve avec tout le gratin... J'en ai déjà marre rien que d'y penser.

Je suis donc sur la route quand je vois un peu plus loin un homme tomber sur le sol. Cela me surprend un peu, il semble avoir trébuché sur le trottoir et je sors rapidement de la voiture, après m'être arrêté à sa hauteur. Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé et je m'approche pour voir comment il va. Mais... Ce visage... Je le connais. Je l'ai déjà vu dans un magazine de musique et dans un bar où je vais de temps en temps. C'est un habitué d'après ce que j'ai compris et j'ai l'impression qu'il a trop bu. Je soupire de nouveau, les poivrots m'auront donné du fil à retordre ce soir. Bon, je ne vais pas le laisser ici quand même... Je ne sais pas du tout où il habite et il faudrait déjà que je sache s'il va bien ou s'il faut que j'appelle les secours. Je vais tenter de le réveiller, j'espère qu'il n'est pas dans le coma...

« Monsieur ? Est-ce que ça va ? Hé oh ! »

Je le secoue un peu pour qu'il se réveille, j'espère vraiment qu'il va ouvrir les yeux. Je cherche une idée et je retourne à la voiture pour voir si j'ai de l'eau et de quoi lui humidifier le visage. Au moins ça lui fera du bien. Je trouve en effet une bouteille d'eau et une petite serviette propre. Parfait ! Je me demande pourquoi il y a toujours tout dans cette voiture, mon chauffeur est extrêmement prévoyant ! Il m'avait dit avoir tout le nécessaire pour s'occuper de ma sœur si jamais il doit la ramener bourrée. Quel homme ! Mais revenons à notre endormi... Je soupire de nouveau, les poivrots m'auront donné du fil à retordre ce soir.

« Ce n'est pas une bonne idée de dormir sur le trottoir. Dites-moi où vous habitez, je vous ramène chez vous. Monsieur ? »

Il va bien finir par se réveiller !

Ulysse ne savait pas depuis combien de temps il était allongé là sur le sol. Une seconde ? Une minute ? Une heure ? Il n'avait plus du tout la notion du temps. Mais il se sentait peu à peu sombre dans le sommeil quand il entendit une voix à côté de lui. "Hein ?" dit-il d'une voix pâteuse en relevant la tête pour voir qui lui parlait. Mauvaise idée, sa tête était lourde et il eu l'impression que le sol tournait sous lui. Il la laissa retomber lourdement sur le sol dans un bruit mat. Bordel, cette cuite était violente, bien plus que les autres... Ou alors il avait simplement oublié les dernières. Il avait l'impression qu'il allait vomir à chaque petit geste qu'il faisait. L'homme s'adressa de nouveau à lui, lui disant qu'il ne fallait pas rester dormir sur le trottoir et qu'il allait le raccompagner. Ulysse secoua négativement la tête, ou du moins il avait l'impression de l'avoir fait. "Peux pas... 'tigué..." dit-il alors qu'il cherchait avec difficulté les mots qui s'entrechoquaient dans son esprit et que sa machoire lui semblait affreusement lourde. Depuis quand était-il si difficile de parler. Il se roula un peu plus en boule sur lui même. "Veux rester ici...". Il n'avait plus aucune force dans le corps. Le retour de bâton lui était bien plus dur qu'à l'accoutumé. Alors qu'il y a une heure, il se sentait gonflé d'énergie, avec l'envie de faire encore le tour des bars de la ville, de danser, de continuer jusqu'au bout de la nuit, maintenant, il se sentait comme une grosse larve incapable de faire un geste sans l'impression de tourner de l’œil.

Ulysse frissonna, à force de rester aussi inactif, en extérieur, la température de son corps avait chuté et comme un con, il avait oublié de prendre une veste. Dans un éclair de lucidité, il se disait qu'il devait vraiment se relever et rentrer chez lui pour ne pas mourir d’hypothermie, mais même en y mettant toute la bonne volonté du monde, il galérait comme un manchot alcoolisé avec une braguette à boutons. Toutefois, il réussit tout de même à se mettre en position assise, ce qui relevait d'un miracle en voyant son état, tout en continuant à tanguer doucement. L'homme était toujours là, Ulysse l'observa, il lui semblait l'avoir déjà vu quelque part, peut-être au Red Lion... Après, vu l'état de son cerveau à l'heure actuelle, il préférait ne pas s'y fier. "Ai' soif" dit-il en soupirant, alors qu'il avait le sentiment d'avoir bouffer de la farine tant que sa bouche lui semblait molle. Il prit sa tête dans les mains, tout en se promettant qu'il ne boirait plus jamais autant... Mais c'est fou ce que même à ses propres oreilles cela semblait entièrement pas du tout convaincant.