frayeur & déprime | astrid/patrick

astrid thibault & patrick winkfield

frayeur & déprime

Patrick pensait vraiment ce qu'il disait. Pour lui, garder cette gentillesse et ne pas devenir cynique quand on avait eu une vie comme la sienne, c'était une force. Il ne pensait pas du tout que tout ça l'avait salie, et ne soupçonnait même pas que c'était ce qu'elle pouvait penser. Les événements, les emmerdes qui ne dépendaient pas de nous, ça ne changeait rien à la personne qu'on était à l'intérieur à moins qu'on laisse faire et qu'on baisse les bras. Enfin c'était ce qu'il pensait. Patrick sourit doucement en regardant Astrid lorsqu'elle lui répondit. Il ne pensait pas vraiment être quelqu'un de bien, mais finalement, que les autres le pensent c'était ce qui importait le plus non ? Quant à partager sa vie avec quelqu'un, plus il vieillissait plus ça lui paraissait abstrait, à vrai dire c'était un point de sa vie sur lequel il commençait un peu à baisser les bras. Il lâcha donc un petit souffle amusé et leva les yeux au ciel, rougissant un peu de gêne car il n'était jamais alaise pour parler de ces choses là. Il avait la main sur le bouton d'allumage de la voiture et avait dit une pensée qui lui venait comme ça, sans vraiment penser, parce qu'il évitait d'évoquer le passé avec elle, mieux valait aller de l'avant. Il haussa les sourcils, un peu surpris de l'entendre dire ça de cette manière, surtout qu'il n'en avaient jamais parlé vraiment, même s'il savait. Dit de sa bouche comme ça, c'était très bizarre. Il en eut un peu le souffle coupé. Comment des types pouvaient faire une chose pareille ? Ce genre de choses donnait envie de perdre foi en l'humanité. Il ne réussit à rien dire et déglutit avant qu'elle continue à parler. Au moins il réussit à prendre un peu de contenance, parce que ça le faisait rire. Il se revoyait en train de ramasser des cailloux par terre à côté d'elle et de lui tendre en riant un peu. C'était tendre. Patrick regrettait vraiment de ne pas avoir été là pour elle toutes ces années. « Bien sûr... Tout ira mieux. » dit-il, un peu troublé, en démarrant finalement la voiture. Il roula pendant quelques instants, un peu perdu dans ses pensées car un fatigué, ce qui devait se voir surtout qu'il poussa un soupir. Il tourna la tête vers Astrid rapidement avant de regarder à nouveau la route. « En fait je te dis d'arrêter de stresser, mais je suis hyper usé par le stress. C'est l’hôpital qui se fout de la charité. » dit-il doucement avec un petit rire. Comme ils roulaient depuis un petit moment, il rajouta aussi, amusé, en désignant le volant: « Tu vois, t'es vivante pour l'instant, je maîtrise. »

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C'était heureux finalement qu'il arrivent à reparler comme avant. Ils auraient très bien pu ne pas se comprendre et ne plus connecter, après tout quand on est ado tout est très différent, tout est très exacerbé. Il y avait toujours une part de cela en eux probablement, il était vrai que la plupart des craintes sociales de Patrick venaient du fait que le lycée lui avait fait assimiler le regard des autres comme un truc vital, mais aussi possiblement dangereux s'il faisait un seul pas de travers. Et il ne se rendait compte qu'aujourd'hui d'à quel point cette période de sa vie l'avait complètement miné intérieurement sur ce point là. Mais au moins, il y avait appris que du moment qu'on a ne serait-ce qu'une personne avec qui rire et parler un peu, la vie est supportable, au moins quelques moments de la journée. C'était une leçon centrale pour lui en ces temps troublés. Il ne savait pas trop pourquoi il lui avait parlé de ça d'ailleurs vu qu'il ne savait pas trop s'il avait envie de l'embêter avec ça, honnêtement. Il rit à sa blague et s'apprêtait à dire quelque chose en guise de réponse mais elle lui donna avant cela des indications sur la route qu'il suivit en acquiesçant d'un "ok" concentré. Il regarda un moment devant lui en silence l'air de réfléchir avant de répondre à sa question. « Je sais pas... J'ai l'impression que ma vie part en sucette et que je maîtrise plus rien, c'est très frustrant. » Il secoua la tête. « Je mesure pas à tes problèmes hein. » dit-il avec un sourire, il aurait détesté avoir l'air égocentrique de se plaindre de ses problèmes nuls de privilégié, vraiment « Mais juste, quand on pense qu'il y a, quoi, un an, tout allait bien, j'étais content au travail, j'avais une copine adorable, des hobbies; maintenant je suis de moins en moins épanoui au boulot, ma vie sentimentale je t'en parle même pas, et je perds le goût de tout ce que je faisais à côté. »
Il haussa les épaules et dis une bêtise pour changer un peu le sujet parce que franchement c'était un peu idiot le sentiment qu'il décrivait : « Je crois que je deviens juste vieux ! Tu crois qu'il faut que je me fasse installer une baignoire avec une petite porte ? Et un monte-escalier ? » Il prit la sortie et commençait à se rapprocher de Westside, se tournant fréquemment vers la jeune femme pour lui indiquer qu'il avait besoin de directions. Finalement, il se trouvèrent peu loin de chez elle et il commença à traîner pour trouver à se garer. Il eut la chance de trouver assez facilement et put s'arrêter non loin de son immeuble.