[Jour 1 - Trajet] Irish Galleon

Heureusement pour toi, ce n'est pas la première fois que tu mets les pieds en Bolivie, donc tu n'es pas surpris d'y atterrir — tu as pas mal voyagé durant tes études, d'autant que tu apprenais l'espagnol car après tout, quelle autre langue apprendrais-tu en vivant à Los Angeles ? Mais tu n'y as jamais été sans GPS, sans téléphone et sans rien. Tu étais un minimum préparé. D'autant plus que tu n'as jamais vu ni Sucre ni Espiritu. Tu t'es contenté de rester quelques jours à La Paz avant de partir pour le Pérou. Alors oui, tu t'es un peu décomposé en voyant votre itinéraire. Sans attendre de commentaire de ton coéquipier — "oui, c'est bien de savoir lire une carte mais tout le monde sait lire une carte, abruti", que tu lui répondrais —, tu déplies votre carte et observes votre trajet. Quelque chose te frappe au premier regard. La destination que vous devez atteindre est tellement éloignée de votre location actuelle. Tellement loin ! Tu hausses les sourcils, dubitatif. Jamais vous n'arriverez en cinq heures à destination, à moins de vous téléporter au moins à mi-chemin.

Tu jettes un coup d’œil à ton coéquipier dont tu as eu tôt fait d'oublier le nom. Votre aventure commence bien. Tu hausses les épaules. "Bon, mettons-nous en route. On est mieux à essayer de trouver une voiture pour nous emmener plutôt que de partir à pieds." Sac à dos sur l'épaule, vous vous mettez en route à la recherche de la rue principale tandis que vous commencez à faire connaissance. "Pourquoi t'es venu participer à cette course, toi ?" Autant connaître ton coéquipier.

Tu n’as jamais été connu comme quelqu’un de particulièrement bavard ou accueillant, la plupart du temps, sauf avec ta famille ou les amis proches. Pas que tu te fiches des autres, bien au contraire, mais tu n’aimes pas t’attacher trop à n’importe qui. Et pour l’instant, ce gamin n’est que n’importe qui et ne signifie rien pour toi. Alors tu te focalises sur comment faire en sorte qu’une voiture s’arrête pour vous. A vrai dire, tu aurais bien une idée de comment t’y prendre, mais tu ne veux pas t’y résoudre pour le moment. « Peut-être un peu la même. Mais j’avais surtout besoin de partir. Et puis ça ne fait pas de mal à ma fille de rester un peu seule, ça lui apprend à devenir indépendante. » Tu souris en pensant à elle. Tu ne peux t’empêcher de t’inquiéter pour elle mais tu te forces à te dire qu’elle est grande, qu’elle sait se débrouiller toute seule.
Au bout de plusieurs minutes à tenter d’arrêter des voitures, ta patiente arrive au bout. Tu n’as jamais été patient. Tu laisses tomber ton sac à dos et soupires. « Bon. T’es plutôt bien foutu, non ? » Tu le dévisages un instant. « Aller, à poil. Avec un peu de chance, on va arrêter des jeunes filles. » Et comme pour montrer l’exemple, tu retires ton T-shirt, regrettant immédiatement ton idée car avec le soleil qui tape, tu vas finir rouge comme une écrevisse. C’est pour la bonne cause, te dis-tu. Tu as un peu perdu en muscle au fil des mois mais tu es quand même toujours bien formé et il te reste une ombre d’abdominaux. Plus qu'à espérer qu'une fille craque sur deux beaux garçons comme vous.