[Killiet#1] J'ai besoin de te voir

Nous n’étions pas une famille très unie, nous, les Gray. Je crois que, le divorce de mes parents y était pour beaucoup. Et le remariage de ma mère, bien plus encore ! Les parents de mon père, autrement dit, mes grands-parents, auraient bien aimés les voir se retrouvés, mais autant le dire, c’était impossible ! N’oublions pas que c’est mon père qui est aller voir ailleurs. Leur précieux fiston, sans défaut, beau comme un dieu. L’homme parfait, selon sa mère. Bref, il n’y est pour rien dans l’histoire. Il a trompé ma mère, mais c’est sa faute, c’est ça ? Pour autant, je m’entends bien avec eux. Nous ne sommes pas toujours d’accord, c’est vrai, mais j’aime mes grands-parents paternels, autant que mes grands-parents maternels. Je leur reprocherais toujours de mettre mon père sur un piédestal après ce qu’il à fait, mais d’une certaine façon, je les comprends. Ils avaient deux fils et l’un d’eux est mort. C’est donc normal, je suppose, de tout pardonner à celui qui reste. Mais tout de même, tout lui passer à ce point ? Ça me dépasse et je ne mâche pas mes mots ! Ce jour-là, je suis seule à la ville. Sally, ma patronne, et sa fille, sont absentes, et j’ignore où se trouve Tao. Pour autant, alors que je pourrais en profiter pour penser un peu à moi, je tourne en rond, tel un lion dans sa cage. Bref, je m’ennuie et je ne trouve pas matière à m’occuper. J’ouvre un livre ; je n’ai pas lu depuis une éternité ; mais je le referme au bout deux de deux pages, incapable de me concentrer. C’est donc avec soulagement que j’entends la sonnerie de la porte d’entrée. Même s’il ne s’agit que d’une erreur, au moins, ça m’occupera quelques minutes. Je me hâte d’ouvrir la porte et trouve, mon jeune cousin, sur le seuil. C’est le fils adoptif de mon défunt oncle. Je ne l’ai pas vu depuis des lustres. Il faut dire que mon travail me pompe tout mon temps et toute mon énergie. « Oh ! Salut ! » que je fais, tout sourire. « Entre ! » lui dis-je, avant de me pousser pour le laisser passer.

Je suis logée par ma patronne, afin d’être toujours disponible si elle a besoin de moi, mais pour autant, j’ai le droit de recevoir des amis ou de la famille. Cela reste tout de même très rare, même si ça arrive de temps à autre. Il faut dire que je suis plutôt casanière, sortir ne me plait pas des masses, surtout quand c’est pour faire autre chose que du travail. Et, comme je ne suis pas « chez moi », recevoir du monde me met mal à l’aise, car, je ne veux pas déranger Sally ou sa fille. Toutefois, malgré mes réticences à sortir, je suis tout de même contente de voir la bouille de mon cousin sur le seuil de la porte. Je le salue gaiement, avant de le faire entrer à l’intérieur. Le tout très rapidement. Pourquoi ? Sans doute pour éviter à cette bloggeuse sans cervelle d’en profiter pour colporter un énième ragot. Elle a déjà fait assez de dégâts comme ça, inutile de lui tendre une perche supplémentaire. Killian me demande comment je vais. « Plutôt bien ! » avouais-je, ce qui était vrai. Il était rare que j’aille mal de toute manière. Je le fais passer dans le salon, pièce ou je me permets de me rendre à ma guise. Je ne connais pas toutes les pièces de la maison, non pas, parce que l’on m’a interdit d’y aller, mais parce que, je le répète, je ne suis pas chez moi. Ainsi, il ne me viendrait même pas à l’esprit de pénétrer dans la chambre de Sally. « Le boulot se passe bien. Sally est une chouette femme. En revanche, avec sa fille, c’est assez tendu ! » que je répondu, d’un ton las. Sunny m’avait tout de même accuser de vol, ce qui m’avait profondément blessée.

« Tu veux boire quelque chose ? » que je lui demande, bien rapidement. Je n’ai absolument aucune envie de demander à la domestique de s’en occuper. Je suis moi-même au service de Sally, alors j’estime que je suis capable d’aller chercher deux verres et de quoi bore à la cuisine. Je n’ai jamais aimé que l’on soit aux petits soins pour moi, même lorsque j’étais malade. Il y a quelques mois, je suis allée diner dans un restaurant étoilé avec un homme ; homme que je n’ai jamais revu car le diner ne s’est pas bien passé ; et c’était le genre de restaurant, ou les serveurs sont limites à te couper ta viande dans ton assiette et à te donner la béquée. Je n’ai franchement pas apprécié et je n’ai pas été tendre avec le serveur quand je lui ai dis d’aller couper la viande d’une autre personne. Je crois bien que c’est pour cette raison que cet homme ne m’a jamais rappeler. Enfin, qu’importe. Revenons-en à Killian, dont je n’ai eu aucun mal à accepter la transition. Je suis sans doute la seule dans la famille, ma mère n’a pas vraiment apprécié, quant à mon père, cela n’avait pas non plus été la joie d’apprendre que la fille de son frère n’était pas née dans le bon corps et qu’elle voulait devenir un homme. Moi, j’ai vite oublié le prénom de ma cousine pour adopté celui de Killian. Je j‘admets, j’avais été surprise, mais pas tant que ça. C’est comme si, au fond de moi, je l’avais toujours su. Comme il me demande comment je vais, j’évoque rapidement le fait que je ne m’entende pas très bien avec la fille de ma patronne, allant jusqu’à dire que c’était plutôt tendue entre elle et moi. « Et bien, j’ignore pourquoi, mais elle me déteste ! Récemment, elle s’est mis en tête que j‘avais voler les bijoux de sa mère. Je ne sais plus quoi faire ! » que je réponds. Démissionner ? Je n’en avais pas envie. J’aimais mon travail. Déménager ça serait peut-être la meilleure des solutions, mais, Sally pouvait avoir besoin de moi à n’importe quel moment du jour ou de la nuit, alors, ce n’était sans doute pas la chose à faire.

« Je vais voir ce que je peux trouver ! » répondis-je, lorsque, après l’avoir questionné sur ce qu’il voulait boire ou pas. Je me dirigeais ensuite vers la cuisine ou je sortie rapidement deux verres. Dans le réfrigérateur, il y avait une bouteille de jus d’orange. J’en versais dans les deux verres, puis, revins quelques minutes plus tard auprès de mon cousin. J’étais contente de le voir. J’étais dans une impasse et avoir l’avis ou même juste l’écoute d’un membre de ma famille me ferait le plus grand bien. Alors, je lui expliquais brièvement ce qu’il s’était passé avec la fille de ma patronne, à savoir qu’elle ne m’appréciait guère, mais que pire encore, elle m’accusait de vol, ce que je ne comprenais pas. Après tout, qu’elle ne m’aime pas, je m’en fichait, on ne peut pas plaire à tout le monde, c’est bien normal. Mais, j’avais pensé, à tort, que ça s’arrêterait là. Je me demandais bien ce qui pouvait pousser l’adolescente à agir de la sorte, car, je n’avais jamais rien fait de mal. Au contraire, j’étais disponible, à l’écoute et, sa mère n’avait jamais eut à me se plaindre de moi. Alors, vraiment, j’avais du mal à comprendre ou Sunny voulait en venir. « Oui, bien sûr, je lui en ai parlé. D’après elle, ce sont simplement des gamineries ! » expliquais-je. Peut-être étais-vrai, je n’en sais rien. En tout cas, si jamais elle continuait, je serais obligée de démanger. Je ne quitterais pas mon poste, sauf si Sunny pousse le bouchon un peut trop loin, mais j’espérais que je n’aurais pas à en arrivé là. J’aimais mon travail, j’aimais ce que je faisais. J’avais enfin trouver ma voix, alors, ce n’était pas pour tout abandonner à cause d’une gamine de seize ans qui s’imaginait n’importe quoi, juste parce qu’une stupide bloggeuse avait décréter que j’étais une voleuse. Je pensais Sunny suffisamment intelligente pour ne pas tenir compte de ce genre de choses.

Ignorer Sunny était la meilleure des choses à faire, mais ça n’était pas le plus facile. Loin de là. Il y avait toujours un risque qu’on tombe l’une sur l’autre, même si la maison était grande. Mais, je n’avais pas vraiment le choix. Cette histoire me faisait plus de mal que de bien. Moi qui avait tendance à m’endormir n’importe où ; y compris debout dans un bus ; j’avais du mal à trouver le sommeil. Faire des insomnies ne me ressemblaient pas et d’ailleurs, j’en avais parler avec mon médecin traitant, mais les médicaments qu’il m’avait prescrit étaient sans effet. J’avais également du mal à trouver l’appétit, et je devais me forcer à manger un peu. J’avais perdu deux kilos, mais par chance, ça ne semblait pas se voir. Je savais caché la misère avec des vêtements et un bon maquillage. Je n’étais pas une férue de mode, mais mes études d‘art dramatique et le fait de travailler pour une actrice, ça m’avait permis d’apprendre certains subterfuges. C’était toujours ça de prix. Killian avait raison, le fait que Sally me croit était bien plus important que tout le reste. Ça n’en rendait pas les choses plus faciles, mais c’était déjà ça. « C’est ce que je fais ! Tu as eut de la chance de me trouver à la villa, car je suis de moins en moins souvent à la maison ! » avouais-je alors en buvant une gorgée de mon jus de fruits. De toute façon, je ne voulais pas perdre mon travail, alors, je n’avais pas vraiment d’autre options que celle-ci. Je me dis que tôt ou tard, Sunny comprendra que je ne suis pas son ennemie, que je ne suis pas là pour lui causer du tort. Evidement, que ça doit être chiant pour elle que je sois souvent dans les parages, mais je n’y suis pour rien. Je ne fais que mon travail. Elle s’en tire plutôt bien, parce que certaines assistantes de célébrités sont des garces profiteuses. Le genre de garce qui elle, n’aurait vraiment pas hésité à se servir dans la boîte à bijoux de Sally. Moi, je n’ai été que l’objet d’une rumeur désagréable et infondée.