juste avant le travail - PV Charlie

Charlie venait d'arriver au travail. Honnêtement, si elle pouvait se contenter de travailler uniquement au refuge, ça l'arrangerait bien. Mais bon, ça ne suffisait pas à aider ses parents et à payer ce qu'elle devait payer. Comme chaque soir, elle arrivait en bus. Il faisait assez chaud aujourd'hui et elle avait manqué de cuire dans ce bus. Malgré son débardeur et son mini short en jean, Charlie avait beaucoup trop chaud. La climatisation du club lui faisait énormément de bien et elle soupira d'aise en entrant dans la loge commune des danseuses, posant son sac sur sa coiffeuse. Ici, tout était bien rangé, à sa place. Et ici, c'était la place de Charlie.

La jeune femme s'installa face à son miroir et commença à nettoyer son visage pour retirer la sueur et la crasse de la pollution. Los Angeles avait beau être une ville parfaite pour Charlie, elle n'en restait pas moins très polluée. La journée avait été longue au refuge et Charlie n'avait même pas eu envie de venir travailler au club. Elle aurait volontiers dormi toute la nuit si ça n'avait tenu qu'à elle. Mais voilà, vu les dépenses de la jeune femme, il fallait travailler. Elle avait terminé un peu plus tôt au refuge et elle était rapidement rentrée faire une sieste. Dire que personne dans sa famille ne se doutait de quoi s'agissait son travail de nuit. Elle mentait et détestait ça. Mais bon, ça payait ce qu'elle avait à payer alors, quoi de mieux pour une fille qui avait stupidement arrêté l'école pour suivre un connard dans tout le pays.

Alors que Charlie était en train de se maquiller, la personne qu'elle voulait le moins voir fit son apparition. Charlie la suivit des yeux à travers le miroir, la snobant complètement. Cette fille était typiquement le genre de fille que Charlie détestait. Toujours fraîche et souriante comme si sa vie était parfaite. Mon cul qu'elle était parfaite. Être stripteaseuse n'avait rien d'un job de rêve. Aucune fille, étant petite, s'était dit « un jour je serais stripteaseuse ! » Non, aucune ! Soupirant légèrement, Charlie haussa les épaules.

« Qu'est ce que ça peut te foutre ? »

Charlie était de ces filles particulièrement mauvaises quand elles n'aimaient pas quelqu'un. C'était clairement son côté mexicain qui ressortait. Sa mère était pareille, tout aussi sèche. Mais bon, c'est ça d'être une Westwood. Il fallait avoir un fort caractère pour survivre dans ce monde.

Charlie se serait bien passée de ce genre de compagnie. Clairement, elle aurait préféré rester seule ou alors être en compagnie des autres filles. C'est juste que Sameira était agaçante. Trop parfaite. Charlie ne pouvait pas se vanter d'avoir des seins et encore moins un joli fessier. Elle faisait ce qu'elle pouvait dans son travail mais elle n'avait pas le physique de la belle Barbie non plus. Et Sameira lui faisait de l'ombre. Autant Charlie s'en foutait un peu, parce qu'au moins, elle se faisait moins tripoter. Mais Sameira ramassait plus de pourboires. Charlie doutait vraiment que cette fille ait deux métiers et doive aider sa famille pour pouvoir continuer à vivre sous un toit et manger à sa faim. Tout lui semblait beaucoup trop simple et elle trouvait ça dégueulasse le fait que Sameira ait une vie plus facile.

La jeune femme se rendait compte qu'elle était aigrie. Peut être que baiser un coup lui ferait du bien. Ça faisait un long moment qu'elle n'avait pas eu une super partie de jambes en l'air. Ça remontait à très longtemps la dernière fois qu'elle s'était éclatée au lit avec son ex. Et maintenant, elle était terrée à Los Angeles avec la crainte qu'il revienne la chercher ou la buter de peur qu'elle parle. Charlie soupira doucement et observa la photo de Scott accrochée sur le miroir de sa coiffeuse. Parfois, elle se disait que la fille qui aurait le cœur de Scott serait la fille la plus chanceuse du monde. Charlie reposa doucement son rouge à lèvres et fixa Sameira à travers son miroir, haussant les sourcils.

« Je te rappelle qu'on est dans un pays libre et que je réponds bien ce que je veux. Si t'es pas contente, tu me parles pas et comme ça, tu pourras continuer à être contente ! »

Charlie se leva, se dirigeant vers la penderie pour attraper ses affaires. Elle revint devant sa coiffeuse et commença à se changer.

Charlie n'aimait pas venir ici mais elle venait quand même. Et parfois, ça se ressentait sur son humeur. Mais là, elle était surtout en mode peste après Sameira. Comme depuis deux semaines. Terminant de se maquiller, la jeune femme esquissa un sourire avant de se tourner vers sa collègue, avachie dans sur sa chaise.

« Mais qui te dit que je ne m'envoie pas en l'air déjà ? »

La brune se leva pour ranger ses affaires et rangea tranquillement sa chaise avant de se changer. Elle se demandait pourquoi elle s'habillait puisqu'elle allait, de toute façon, tout retirer. La réflexion de Sameira l'avait amusé. Cette échange l'excitait en vérité. Ça lui donnait envie d'aller encore plus loin dans le vice. Provoquer Sameira était tellement facile. Elle avait du répondant et ça ne faisait qu'encourager Charlie. Alors que la demoiselle galérait un peu à fermer son soutien-gorge, elle observa sa collègue à travers le miroir.

« Tu sais, tu devrais sucer plus souvent. Ça t'éviterait de raconter des conneries... » Puis elle se tourna vers Sameira. « C'est pas parce que tu te rends pour Kim Kardashian que tu dois te sentir obligée de juger ma vie... T'es pas dans mon vagin que je sache... »

À ces mots, Charlie quitta la salle, prête à monter sur scène. Mais elle avait encore un peu de temps pour elle et ne se gêna pas pour se glisser derrière le bar, allant attraper une bière. Elle se foutait pas mal que son patron râle après elle. Après tout, elle avait tellement l'habitude de se faire engueuler. Elle revint dans la loge commune et se posa sur un canapé, buvant tranquillement sa bière alors que les autres filles arrivaient.

La soirée ne s'annonçait pas bonne et Charlie savait que c'était parce qu'elle n'aimait pas forcément venir ici. Malgré tout, il fallait bien qu'elle s'occupe un peu en attendant d'aller remuer son corps sur la scène. Oui bon, s'en prendre à Sameira n'était probablement pas la meilleure occupation mais qu'importe, ça faisait passer le temps. Vautrée dans le canapé, Charlie terminait sa bière alors que c'était le moment pour elle d'aller sur scène. Elle se leva en soupirant, balançant la bouteille de bière dans la poubelle avant de quitter la loge.

Alors qu'elle se plaçait derrière le rideau avant d'entrer en scène, Charlie lâcha un lourd soupir. Franchement, elle aimerait vraiment faire autre chose de sa vie que ce métier. Surtout qu'elle mentait à sa famille et c'était particulièrement moche. Charlie n'arrivait plus à se sentir comme avant. Elle se dégoutait elle même et elle se disait que plus rien ne pourrait l'aider à se sentir comme avant. La jeune femme songea alors à Scott. Peut être qu'il serait là ce soir. Même si ça pouvait paraître étrange, la présence de Scott lui ferait du bien. Au moins, elle savait que le médecin ne la jugerait pas. Et peut être même qu'il prendrait plaisir à la regarder. Peut être aussi qu'il changerait sa vision des choses vis à vis d'elle. Plus de petite sœur de cœur ou d'amie d'enfance intouchable. Charlie aimerait tellement pouvoir sentir le corps de Scott contre le sien. Peau contre peau. Sa collègue la tira de sa pensée en lui indiquant que c'était son tour.

Charlie écarta le rideau et entra en scène. Elle observa la salle alors qu'elle se dirigeait vers son podium. Alors qu'elle commençait à danser, elle remarqua que Sameira servait les tables qui étaient dans son secteur. La jeune femme ne s'en préoccupa pas et continua de danser. Mais alors qu'elle détournait le regard, elle remarqua cette main un peu trop aventureuse. Voilà quelque chose qu'elle ne supportait pas dans ce club. Les hommes n'avaient donc aucun respect pour les serveuses ? Sous prétexte qu'ils étaient dans un club de striptease, ils pouvaient se permettre n'importe quoi ? La jeune femme descendit soudainement de son podium, s'approchant de la table pour éloigner doucement Sameira. Elle fixa l'homme avec une haine palpable.

« Si tu veux toucher, va voir des putes ! Ici tu regardes, c'est tout ! La prochaine fois j'appelle la sécurité ! »

Charlie éloigna un peu plus Sameira et posa son regard sur elle. Il était à la fois froid et compatissant. Elle n'aurait pas aimé être à sa place. Se faire tripoter comme un vulgaire objet sans valeur la dégoutait profondément. Elle pinça les lèvres et peina à mettre sa fierté de côté.

« Te laisse pas faire par ces connards... Tu sais que tu vaux mieux que ça... »

Puis, Charlie s'éloigna pour retourner danser sur son podium. C'était pas une maison close cette endroit et elle devait bien le faire comprendre aux clients pas moment.