Event | Let's kill the bitch !

Mine de rien, cela lui faisait plaisir de revoir Astrid. Même s'il l'avait évité ces derniers jours, sa personnalité joyeuse et son petit minois lui avait un peu manqué. Il sourit quand cette dernière lui dit qu'elle devait s'acheter un calendrier. "Avec ton côté tête en l'air, ce serait pas mal oui !" dit-il avant de rire doucement. Astrid commença à discuter Ayleen quand une nouvelle personne vient se greffer à leur petit groupe en la personne de Cassandre. Tiens, voilà une autre personne qu'il n'avait pas vu depuis un moment. Et pourtant, c'était sa soeur ! Il se disait qu'il devait moins faire la fête et plus prendre le temps d'aller voir sa famille. Surtout sa vieille mère qui ne cessait de lui répéter cela tout les jours.

Ulysse allait répondre à Cassandre quand le silence s'installa dans la foule. Enfin, il allait savoir ce que la Truth Society attendait d'eux. Il trépignait d'impatience. Mais, malheureusement il avait deviné juste. Malheureusement, rien ne s'était passé comme prévu. La bitch avait prit contrôle de l’événement. Son coeur rata un battement quand le nom de Cassandre fut le premier a être prononcé. Il savait bien que ça n'allait pas atteindre sa soeur, elle était plus forte que ça, mais il savait que ce n'était jamais agréable d'entendre ce genre de chose. Et puis elle avait évoqué son pseudo problème d'alcool, Ulysse secoua la tête, dépité. Elle était toujours prête à exagérer les choses pour se rendre intéressante. Cependant quand elle parla de leur père, il grinça les dents. Il avait toujours été un sujet délicat pour le jeune homme.

Puis la bitch lacha sa bombe, elle parla d'Aslan et Ayleen. Ulysse mit un peu de temps à assimiler ce qu'elle avait dit, regardant Ayleen, priant intérieurement pour qu'elle démente ce que la bitch venait de dire, mais vu sa réaction, tout cela était vrai. Il serra les poings, cherchant Aslan dans la foule et s'aperçut que celui-ci essayait de s'enfuir, ce qui confirmait encore plus ce qui avait été dit. Il se précipita à sa poursuite avant de l'attraper violemment par le bras. "Tu m'explique ce que c'est cette putain d'histoire ?" Actuellement, il faisait tout pour se retenir de ne pas foutre son poing dans la gueule d'Aslan. Ulysse n'avait jamais été une personne violente. Les seules exceptions étant quand on touchait à sa famille ou qu'on se foutait de sa gueule et Aslan venait de faire les deux. Puis Ayleen arriva et les propos qu'elle tenue ne fit qu'accentuer la colère d'Ulysse. Il avait toujours vu l'infirmier comme un saint, une personne qui prenait soin des autres, faisant attention à son prochain, mais apparemment, il l'avait très idéalisé. Cependant, un mot retint plus son attention que les autres."Addiction ?" répéta-t-il. Aslan venait lui faire la morale sur sa consommation d'alcool, alors qu'il n'était pas mieux qu'un autre ? "Tu n'es vraiment qu'un putain d'hypocrite en fait...". Le mépris transperçait clairement dans sa voix. Maintenant, il s'en voulait d'avoir été ami avec lui, surtout en sachant ce qu'il avait fait à Ayleen, il se sentait coupable envers sa cousine. Mais maintenant, il allait se rattraper et la protéger de ce connard. Il prit la main de la blonde avant de dire froidement "Viens Ayleen... Ça ne sert à rien de perdre son temps avec une personne comme lui."

La jeune femme avait raison, cela paraissait tellement absurde que cette application révèle tout sur tout le monde dans le simple but de gâcher la vie des gens. Quand il y pensait, c'était vraiment bizarre, il y avait sûrement une motivation plus grande derrière non ? Vu le temps que ça devait lui prendre d'espionner les gens en plus. Il fit l'effort de sourire légèrement à Harmonie pour lui montrer qu'il comprenait ce qu'elle ressentait. Son nom lui dit quelque chose d'ailleurs, il avait dû la voir dans l'application, elle n'était pas épargnée. Lui l'était, la plupart du temps, il faut dire qu'il ne faisait peut-être pas assez de folie pour intéresser cette fouineuse.  

"Patrick." dit-il avec un sourire, information qu'il n'allait pas tarder à regretter d'avoir donné toutefois.  "Espérons." ajouta-t-il.

Il voulut rajouter quelque chose pour continuer à meubler le temps qui les séparait de peu importe ce qu'il allait se passer, mais l'heure arrivait et une rumeur commença à s'élever de la foule alors que quelqu'un s'avançait avec un masque. Postés sur un des côtés, ils ne voyaient que de profil. Les masques, ça n'inspirait pas vraiment confiance. Patrick fronça les sourcils et jeta un coup d’œil vers la jeune femme, alors qu'une voix retentit. Une voix qui le glaça un peu sur place. Sérieux, c'était une blague ou quoi ? Il n'était vraiment pas venu pour avoir affaire à la Bitch. Vraiment pas. D'ailleurs, à ce moment là, à ces quelques mots, il aurait dû simplement partir assez vite pour ne rien entendre de ces idioties. Mais qui ferait une chose pareille ? Il n'y avait rien de plus humain que cette curiosité maladive à vouloir découvrir ce que tout le monde cache sous ses tapis. Et cette faiblesse commune, c'était bien le fond de commerce de cette goule déterreuse de secrets. Une fille que Patrick n'avait jamais vu de sa vie vit sa photo projetée en énorme devant tout le monde avec l'annonce qu'elle était encore vierge. Patrick déglutit, non pas qu'il était mal-à-l'aise pour elle, il ne savait même pas qui c'était, mais il commençait sérieusement à se sentir menacé. Très sérieusement. Mais il était bloqué sur place, le cœur battant et l'air troublé. Il fut distrait un moment de son angoisse en entendant les noms d'Aslan et d'Ulysse et tendit l'oreille. Ses yeux s'écarquillèrent en entendant la révélation de la Bitch et ses yeux se mirent à parcourir la foule pour tenter d'apercevoir Aslan. Ce n'était même pas vraiment pour se délecter car il ne l'aimait pas, Patrick n'était pas à ce point cruel non, mais bizarrement il avait envie de voir sur son visage ce que cela faisait d'être exposé, il compatissait avec lui car il ne voulait absolument pas être à sa place. Avant même de pouvoir l'apercevoir, il tourna son regard vers la projection qui venait de changer de photographie. C'était lui. Sa respiration se suspendit et il eut l'impression que tous les regards étaient tournés vers lui même si c'était très probablement faux. Et la bombe fut lancée, en plus d'une allusion à sa relation avec Evan. Non mais elle était sérieuse, et si jamais il était là ? Patrick aurait voulu disparaître. Il avait l'impression d'être mis à nu devant tout le monde, et cela d'une manière tellement vive que cela ébranla sa conviction que ce qu'elle avait annoncé était faux. Peut-être qu'elle avait raison. Et que lui était débile.

Il se prit le visage dans les mains et tenta de reprendre sa respiration alors qu'en plus la Bitch enchaînait avec son amie Astrid. Il n'osait jeter aucun regard à Harmonie toujours à sa droite. Lorsqu'elle entendit d'ailleurs que c'était son tour à elle, il se découvrit le visage et lui lança un regard, d'abord complaisant puis un peu affolé. Déjà à cause des mots qu'il entendait, et en plus parce que vraiment, il ne pouvait pas rester là, pas supporter qu'elle puisse le juger, que tout les gens de cette foule puissent le juger en fait. Alors que la voix continuait, il balbutia : "Je... je suis désolé je dois... partir." en direction d'Harmonie avant de descendre dans la foule, la tête baissée au début en ayant peur qu'on le reconnaisse, mais tout le monde avait encore le visage tournée vers la projection. Il s'apprêtait à presque courir vers le métro le plus proche et rentrer se terrer chez lui lorsqu'il entendit le nom de Lawrence. Il était là ? Et il connaissait sa véritable identité ? Ce n'était peut-être que des débilités, mais Patrick sentait une pointe d'énervement monter en lui. Si c'était lui qui avait dit ces choses sur lui à la Bitch ? Il était complètement à fleur de peau et accuser son colocataire de son mal pour aucune raison valable lui parut sur le moment une chose plus raisonnable à faire que de rentrer se calmer. Parfaitement logique évidemment... Il examina la foule des yeux et dès lors qu'il l'aperçut, en train de faire la conversation à une blonde plantureuse, il se dirigea vers lui, les sourcils froncés, alors que toute la foule commençait à bouger et que la voix venait de s'arrêter. Lorsqu'il arriva devant lui, il resta un moment l'air un peu affolé et incapable de dire quoi que ce soit - on ne savait pas vraiment s'il s'apprêtait à éclater en rire, en colère ou en sanglot -  et jeta un léger regard à la jeune femme, regrettant déjà de se donner complètement en spectacle devant cette parfaite inconnue. Il serra les lèvres et prit une inspiration.

"Qui c'est ? Dis moi qui c'est, j'ai besoin de savoir." dit-il l'air dur, avant de perdre un peu pied et de se retrouver avec l'air beaucoup plus effrayé qu'en colère, la colère n'était pas vraiment une émotion qu'il arrivait à conserver longtemps "S'il-te-plaît... Ne... ne me dis pas que c'est toi qui lui a raconté ces trucs... Putain..." Il laissa sa tête retomber à nouveau dans sa paume de main.
 

Zoey trépignait d'impatience, se balançant d'un pied sur l'autre, attendant de voir ce que la Truth Society avait préparé. Les gens arrivèrent les uns après les autres et elle reconnu quelques têtes dans la foule comme Aslan ou Astrid, mais ces derniers semblant déjà en grande discussion, elle ne voulu pas les déranger et resta dans son coin. Et enfin, l'heure arriva, une personne s'avança. Zoey resta silencieuse, pendue aux lèvres de la personne (même si on ne les voyait pas vraiment), attendant ce qu'elle allait dire comme si c'était le messie. Seulement alors qu'elle allait parler, elle fut coupée. La bitch... Zoey secoua la tête de dépit. Putain, toujours à faire chier celle là... Elle n'écouta que ce qu'elle disait d'une oreille distraite, se disant qu'elle allait rencontrer des mensonges comme d'habitude, cependant, ce qu'elle avait dit sur Asla retient son attention, surtout le fait qu'il semblait s'enfuir juste après. Elle fronça les sourcils, non... Ça devait être un mensonge, certes elle ne connaissait pas personnellement Aslan, mais pour le peu qu'elle l'avait cotoyé, elle ne le voyait pas être violent.

Puis se fut son tour d'en prendre pour son grade. Quand elle entendit les propos de la bitch, Zoey pinça les lèvres, vexée. Certes, par rapport aux autres, elle avait eu plutôt de la chance, mais elle détestait quand on remettait le sujet sur le tapis. Mais elle ne se laissa pas démonter, cela ferait bien trop plaisir à cette stupide application. Non, il valait mieux marcher dans son jeu et garder la tête haute. Elle se dirigea vers la dénommée Cassandre, qui avait subit les mêmes moqueries qu'elle. Elle la retrouva en compagnie d'Astrid. Zoey la regarda rapidement de haut en bas, se rémémorant ce que la bitch avait dit. Elle voulait penser que c'était faux, un mensonge comme d'habitude, mais une petite voix mesquine lui disait qu'Astrid n'était qu'une pauvre fille qui se faisait vomir. Elle secoua la tête pour chasser cette idée "Bon, d'après la bitch, on devrait faire un club. Alors ça te tente ?" dit-elle avec humour à Cassandre.

La foule était de moins en moins dense, signe qu'il en arrivait au bout ; plus que quelques mètres, et il échappait à cet enfer. Oh, son esprit le condamnerait à penser encore et encore à chaque mot que cette saloperie avait prononcé à son égard, mais c'était déjà ça : plus que quelques mètres et il ne sentirait plus les regards d'inconnus lui ronger la chair.
Malheureusement pour lui, un bras l’agrippa, le retenant en arrière. Il aurait pu forcer pour continuer à avancer, mais il avait reconnu la voix. Le cœur battant, il se tourna vers Ulysse, à court de souffle ; à court de mots. Il ne savait même pas quoi répondre. Il y avait trop de choses à dire – trop de choses qu'il n'écouterait probablement pas. Alors, il se contenta de planter son regard dans le sien, et d'attendre que le coup parte – mais il ne vint pas.
Puis quelqu'un cria son nom. Ayleen. Elle s'approcha d'eux. La rage et la tristesse se lisaient dans ses yeux. Il eut envie de la prendre dans ses bras, de lui dire que tout irait bien, d'effacer sa peine comme il le faisait quand ils étaient ensemble ; mais il avait perdu ce droit depuis bien longtemps. Alors, silencieux, il l'écouta lui cracher sa rancœur au visage. Il ne l'avait jamais vu dans cet état. Chacun de ses mots était une balle qui lui perçait la chair. Il attendit qu'elle aie fini. Qu'ils aient fini. Et les deux dernières phrases lui arrachèrent le cœur. Il baissa les yeux l'espace d'une seconde, avant d'ouvrir la bouche, prêt à répondre - mais une voix l'interrompit, prenant sa défense. Harmonie. Sept ans après, elle cherchait toujours à lui sauver la peau avec la même détermination. Un sourire sans joie accroché aux lèvres, il lui prit la main. « T'en fais pas, il est grand temps qu'on ai cette conversation... » Sa voix était calme – triste. Il se tourna alors vers les deux cousins. « Il m'a fallu des années pour pouvoir me regarder dans le miroir après ce qu'il s'est passé, Ayleen. Tu penses vraiment que je serai allé en parler? » Il planta son regard dans les yeux bleus de la jeune femme, déçu – meurtri. Qu'elle ne lui pardonne jamais était compréhensible ; qu'elle le croie fier d'une telle chose, en revanche, en disait long sur le peu d'estime qu'elle avait encore pour lui. Il avait pensé qu'elle le connaissait mieux que ça, malgré ce qu'il avait fait. Les seules personnes au courant étaient Lawrence, qui l'avait trouvé en larmes à sa porte juste après, et Harmonie. Les autres savaient seulement pour son ancienne addiction – pour ceux qui savaient. « J'ignorais qu'Ulysse était ton cousin avant que la Bitch n'en parle... Si j'avais voulu te pourrir la vie j'y serai resté, au lieu de m'en exclure tout seul. » Il ne releva pas, au sujet d'Evan, mais entendre son nom l'avait fait tiquer. Est-ce que ce type était assez crétin pour avoir confirmé les rumeurs? « Parce que si je suis parti c'était pour ton bien, j'étais fou de toi Ayleen, t'as pas l'air de réaliser... » Il avait envie de pleurer, ou de vomir – probablement les deux. « Ils ne penseront rien de toi, tu n'as rien à te reprocher. Moi en revanche je viens d'être relégué à la sous-merde que j'étais il y a sept ans, et ils se moquent bien de savoir que je n'étais pas dans mon état normal ou que j'aie réussi à décrocher entre-temps. » Il prit quelque chose dans la poche de son jean, le posa dans la main de la jeune femme. Le jeton des 7 ans – depuis qu'Ayleen avait déménagé, il n'avait pas passé un jour sans les avoir sur lui. Leur simple contact aidait quand il était à deux doigts de craquer. Depuis quelques années c'était plus par superstition que par réel besoin, les crises de manque avaient cessé de le torturer depuis longtemps.
Il se tourna soudainement vers Ulysse, la colère commençant écrasant la tristesse dans sa voix. « Quant à toi, c'est peut-être justement parce que je suis bien placé pour connaître les dégâts de ce genre de saloperie que je m'inquiète autant pour toi. Et si tu continues tes conneries comme ça t'en fais pas, on verra dans quel état le manque te mettra. Enfin, encore faudrait-il que tu aies les couilles d'essayer d'arrêter. »