Rita | La plus grande des vertus est la patience… Encore faut-il en avoir... [fini]

Assise dans la salle de repos Rita était occupée à envoyer des sms à sa grande sœur tout en trainant sur instagram. Elle se sentait fatiguée. La journée avait été particulièrement rude. Mais surtout, la demoiselle avait travaillé de nuit et avait été obligée de rester parce qu'il y avait des absents. Ce n'était pas que ça la dérange vraiment de rester, après tout elle aimait beaucoup son travail. Simplement, elle sentait qu'elle devait se reposer rapidement avant de tomber. Terminant son 28ème café de la journée, Rita se leva pour laver sa tasse, fourrant son téléphone dans la poche de son uniforme. La demoiselle était toute dévouée à son travail. Enfin, de toute façon, sa vie personnelle n'était absolument pas passionnante. Le seul homme qui partageait sa vie était son meilleur ami. Et elle n'entretenait rien de sexuel avec lui. Ce n'était pas qu'elle ne voulait mais elle trouverait ça étrange qu'ils en arrivent là. Soupirant légèrement, Rita essuya sa tasse avant de poser les yeux sur son planning. Pas de visite à faire, personne ne l'appelait. Bon, elle allait faire autre chose.

La jeune femme quitta la salle de repos pour aller chercher un chariot à remplir et trainer dans le stock. Elle s'y dirigea en trainant un peu la patte, baillant légèrement. Elle en profita pour se plonger dans ses pensées. Elle pensait à sa mère, à cette maladie. Jusqu'à présent, Rita était la seule à l'avoir hérité et elle s'en serait bien passée. La demoiselle paniquait totalement chaque fois qu'elle s'imaginait oublier les choses. Serait elle dans un état végétatif comme ça mère, à fixer les gens qu'elle avait aimé et dont elle ne se souvenait plus rien avec un œil morne et dénué de vie. Rita ne savait pas pour qui s'était le plus dur. Son père et les enfants ? Pour tous c'était pareil. Le comportement de Will n'aidait pas réellement. La jeune femme aurait aimé laisser un souvenir impérissable dans ce monde mais elle ne voyait pas comment faire. Elle avait fait ses examens ici même, dans l'hôpital où elle travaillait. Et le médecin et ami qui l'avait diagnostiqué lui avait expliqué qu'elle n'était pas la seule dans son cas. Est ce que c'était important de savoir qu'elle n'était pas la seule ? Elle le savait bien, elle n'était pas bête.

Rita soupira doucement, consultant sa liste pour remplir son chariot. Elle se baladait entre les rayon du stock pour récupérer ce qu'il lui fallait et les fourrait soigneusement dans les tiroirs. Préparer les choses pour l'équipe suivante ne l'embêtait pas, au contraire ça lui permettait de souffler un peu. Elle aimait le contact avec les patients mais par moment, elle aimait aussi être toute seule pour se perdre dans ses pensées. Rita termina de compléter son chariot et quitta le stock, fredonnant Crazy In Love de Beyoncé. C'est alors qu'elle se fit légèrement bousculer par un visiteur. Rita manqua de tomber mais se rattrapa au chariot, tourna son visage vers la personne qui venait de la bousculer. Elle était si peu voyante que ça ? Rita sourit légèrement.

« Ce n'est pas grave ! Il vaut mieux regarder où on marche ici, parfois c'est dangereux ! »

La jeune femme la taquinait. Il n'y avait rien de dangereux dans cette partie de l'hôpital. C'était bien plus dangereux aux urgences. D'ailleurs Rita avait toujours dit qu'il fallait installer un code de la route aux urgences. Parfois, les collisions étaient évitées de peu. Rita soupira légèrement.

« Vous venez rendre visite à quelqu'un ou vous êtes juste perdue ? »

Il était si facile de se perdre dans les couloirs de l'hôpital. Rita se souvenait de son premier jour. Elle avait les yeux rivés sur les panneaux. Et alors avait réussi à se perdre pleins de fois. Même aujourd'hui, il lui arrivait encore de se perdre.

❝ Rita + Well isn't that just the pickle on the giant crap sandwich that is my day. ❞La plus grande des vertus est la patience… Encore faut-il en avoir...
La jeune femme que Zoey avait bousculé semblait être une des infirmière de l'hôpital, on pouvait le voir à sa blouse et le chariot qu'elle transportait. Cette dernière fit un sourire à Zoey auquel elle répondit aussitôt, elle semblait être sympa. Ça changeait un peu de l'idée que Zoey se faisait des infirmières : toujours à se plaindre et tirer la gueule, ayant mal partout, ne prenant pas soin de leur apparence... C'est du moins l'image qu'elle se faisait quand sa mère parlait de ses journées de travail et les problèmes qu'elle avait avec les infirmières posant des jours de congés alors qu'elles avaient seulement un ongle incarné. La jeune infirmière lui dit qu'il fallait faire attention où on allait, toujours avec un sourire sur le visage.

"Oui, je sais, on me le dit souvent ! J'essaye de faire attention mais, vous savez ce qu'on dit, chassez le naturel, il revient au galop. Enfin... Il y a eu plus de peur que de mal, au moins, je n'ai pas renversé un mort. Même si ce dernier ne risquerait pas de trop râler...”

Un humour un peu morbide, c'est après avoir prononcé ces mots, qu'elle se dit que ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire dans un hôpital. Elle fit donc un petit sourire à la jeune infirmière qui sous entendait "je m'excuse de ma débilité." Puis l'infirmière demanda à Zoey si elle était perdue ou si elle était venue rendre visite à quelqu'un. Cette dernière secoua la tête négativement.

"Pas du tout ! Ma mère travaille ici et je suis venue la retrouver car on devait passer la soirée ensemble mais, sa réunion s'est éternisée. La réceptionniste m'avait dit de rester attendre à l’accueil mais, j'en avais marre de rester attendre et j'ai décider de visiter un peu l'hôpital." Elle fit une petite pause avant de reprendre. "Peut-être que vous connaissez ma mère ? Il s'agit de Madame Whanau. Si vous la connaissez et que vous avez des potins sur elle, je veux les savoir ! Comme ça je pourrais l'embêter avec après !"

En attendant la réponse de l'infirmière, Zoey tanguait sur ses pieds. Comme toujours, elle était incapable de rester immobile plus d'une minute. Elle posait son regard sur le chariot que l'infirmière transportait. Il était rempli de boites de médicament, de flacons et d’ustensiles bizarres dont Zoey n'aura jamais soupçonner l'existence.

"Ça sert à quoi ce machin ?" demanda-t-elle en désignant ce qui ressemblait à une aiguille et à ses côtés une sorte de tamagotchi bizarre. Sa mère avait beau travailler dans le milieu médicale, elle n'avait aucune connaissance en cette matière. Pour Zoey, tout se guérissait à coup d'aspirine.

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Spoiler:

Rita haussa les sourcils face à la remarque humoristique de la jeune femme. Ce n'était pas réellement le genre d'humour à faire dans un hôpital mais Rita conservait un léger sourire. Elle ne savait pas trop si elle devait rire ou s'offusquer. Même si ce n'était pas le genre de la jeune femme de s'offusquer de ce genre de choses. Après tout, elle côtoyait la mort de près. Elle était même devenue sa meilleure amie. Rita savait qu'elle veillait assidument sur elle en attendant de venir la chercher. Dans une sens, Rita s'en fichait, elle oublierait probablement ça aussi. La jeune demoiselle sourit à Rita, probablement pour s'excuser de son trait d'humour. L'infirmière lui rendit son sourire mais ne dit rien, amusée. Après tout, elle n'avait rien fait de mal et elle se rendait bien compte qu'elle avait fauté. Bof, elle n'avait offensé personne.

L'infirmière rangea correctement son chariot et se mit en route avant de s'arrêter pour le caler contre le mur, près de la salle où les infirmières préparaient de quoi soigner les patients, observant la demoiselle. Alors comme ça, sa mère travaillait à l'hôpital. Son nom lui disait vaguement quelque chose mais rien de précis. Rita fit une moue songeuse puis observa la demoiselle.

« Oui, les réunions s'éternisent souvent ici ! Surtout celles entre les docteurs !! Mais bon, l'hôpital est grand, pour s'occuper y a de quoi faire ! Vous devriez aller en gériatrie !! Les personnes âgées aiment toujours énormément parler. Et elles ont toujours beaucoup de choses à raconter ! » Rita récupéra des compresses sur le chariot pour aller les ranger dans un placard. « Quant à votre mère, je ne vois pas qui c'est. Son nom me dit quelque chose mais rien d'exceptionnel, désolée. L'hôpital est très grand et je croise beaucoup de monde. C'est déjà miraculeux que je me rappelle des noms des membres de mon équipe ! »

Rita émit un petit rire amusé. Alors qu'elle revenait vers le chariot, un médecin entra dans la salle. Rita en profita outrageusement pour le reluquer puis se tourna vers la jeune demoiselle qui tripotait un lecteur de glycémie. L'infirmière afficha un léger sourire et attrapa l'objet pour le montrer à la demoiselle.

« C'est un lecteur de glycémie pour les gens qui sont diabétiques ! Ils peuvent contrôler leur taux de glycémie avec ça ! »

Rita continuait de décharger son chariot pour remplir les placards. Elle terminait bientôt son service et avoir de la compagnie faisait passer le temps plus rapidement. Elle était bien contente d'ailleurs. Elle n'avait pas envie de faire sa ronde pour voir si tout allait bien. Alors qu'elle travaillait, elle n'oubliait pas la jeune demoiselle qui ne s'était pas présentée d'ailleurs.

« Je m'appelle Rita ! Et toi ? Je me permet de te tutoyer, j'espère que ça ne te dérange pas ! »

Au pire, elle n'avait pas vraiment le choix. Rita n'aimait pas forcément les politesses sauf avec ses supérieurs. Et encore, elle avait des amis proches qui étaient médecins et désormais elle les tutoyait aisément.

Rita écouta la jeune demoiselle qui semblait en connaître un petit rayon sur les personnes âgées. Rita se mit à rire légèrement en entendant qu'ils confondraient la jeune fille avec leurs petits enfants. La suite lui serra le cœur mais Rita n'en montra rien. Perdre la tête. C'était ce que l'avenir lui réservait malheureusement. Mais ça, son interlocutrice l'ignorait. De toute manière, Rita n'avait aucune envie qu'elle se retienne de lui parler sincèrement, comme le faisait souvent ses proches. Rita ne montrait rien, jamais, elle détestait qu'on la prenne en pitié. Simplement, parfois, elle se sentait blessée ou triste en entendant certaines choses. Mais comme ce n'était pas inscrit sur son front, elle ne s'en formalisait pas tant que ça.

Bref, Rita avoua ne pas connaître personnellement la maman de la jeune femme et s'en excusa même. Ce n'était pas bien grave. Après tout, l'hôpital était immense non ? Elle ne pouvait pas connaître tout le monde. D'ailleurs, c'était bien impossible de connaître tout le monde. Soupirant légèrement alors que la demoiselle demandait dans quel service elle se trouvait, Rita fit une légèrement moue pensive.

« Ici c'est la cardiologie. C'est trop calme, je m'y ennuie ! J'aime quand c'est très dynamique ! Normalement, je suis aux urgences mais ils manquaient de personnel ici alors, j'ai été transférée ! » Rita s'étira en baillant. « J'espère retrouver les urgences très rapidement ! »

Alors qu'elle était en train de reluquer un médecin qui était passé près d'elles, la jeune femme en profita pour capturer un boitier sur le chariot. Elle posa alors la question de savoir de quoi il s'agissait. Rita lui répondit alors qu'il s'agissait d'un lecteur de glycémie. Et elle lui expliqua à quoi ça servait. La demoiselle fit rire Rita en lui demandant si elle pouvait l'essayer. L'infirmière secoua son visage, replaçant le boitier à sa place.

« Non, désolée, c'est interdit !! »

Enfin, depuis le temps qu'elles papotaient, elles pouvaient bien passer au tutoiement. Mais avant toute chose, il fallait se présenter. Rita le fit donc et demanda alors à la demoiselle comment elle s'appelait. Zoey. C'était joli comme prénom, Rita aimait. Si elle avait peu avoir des enfants, elle aurait surement appelé sa fille comme ça. La jeune infirmière adressa un sourire à la brune.

« C'est joli... J'aime beaucoup !! Et oui, tu peux me tutoyer tu sais !! »

Le chariot était désormais vide. Elle alla alors le ranger près du stock et commença à se promener dans les couloirs. La comme ça, on pouvait penser qu'elle se contentait de faire acte de présence mais ce n'était pas le cas. Elle observait les patients dans les chambres, s'arrêtant parfois pour leur parler, savoir s'ils allaient bien.

« Alors Zoey, tu fais quoi dans la vie ? »

Zoey écouta la jeune infirmière lui dire qu'elles se trouvaient au service cardiologie et qu'elle trouvait ce service un peu trop calme à son goût et qu'elle préférait les urgences. "Ah oui, je comprends ! C'est vrai que dans certains services, il n'y a pas de travail et on peut se retrouver à tourner en rond. Après, il faut voir le bon côté des choses, si tu n'as pas de travail, tu peux glander sur l'ordi mais tu seras quand même payée. Après, les urgences, ça doit être éprouvant par moment". Elle se souvenait qu'à ses débuts, sa mère travaillait également aux urgences et elle racontait souvent à quel point ses journées pouvaient être chargée et qu'elle n'avait pas une seconde à elle pour se reposer. Elle finissait en ajoutant qu'elle préférait son nouveau service, même s'il était plus calme mais au moins ses nouvelles horaires avaient été plus pratiques pour construire sa vie familiale.

Ainsi, elle ne pouvait pas essayer l'appareil mesurant le taux de glycémie, elle s'y attendait un peu. Toutefois, elle fit mine d'être faussement vexée en croisant les bras et faisant la moue mais fini par rire, elle ne pouvait pas restée sérieux plus de deux minutes. "Tant pis ! Il y a juste à espérer que je ne sois pas hypoglycémique" dit-elle en blaguant, même si la santé n'était pas vraiment un sujet propice à l'humour.

Après les mondanités du tutoiement passées, Rita demanda à Zoey ce qu'elle faisait dans la vie. "Je suis étudiante en Lettres Modernes !" dit-elle avec un grand sourire, bien sur elle se garda de dire qu'elle séchait les cours. "Je fais aussi du surf avec  l'un des clubs de la ville et des compétitions mais j'aimerais bien passé professionnelle. Après dans ce milieu ce n'est pas facile, il faut vraiment réussir à se démarquer." Elle alla continuer à expliquer sa passion pour le surf quand elle entendit qu'on l'appelait, elle tourna la tête et pu apercevoir sa mère qui lui faisait signe, l'air un peu énervée, surement du au fait que Zoey avait parcouru les couloirs de l’hôpital au lieu de l'attendre calmement. "Bon, je devrais éviter de la faire attendre encore plus longtemps. Ravie de t'avoir rencontrer Rita et à bientôt peut-être !" dit-elle avec un sourire avant de filer retrouver sa mère