"live out all the rest" lucy

Me vider la tête, j'avais besoin de me vider la tête, de ne plus penser à elle, de ne plus penser à rien. J'étais incapable de travailler, incapable de faire quoi que ce soit de constructif dans le fond. Depuis que je savais, je devenais fou. Alors j'enchainais les séances de sport, si mon corps fatigué, je dormirais et mon cerveau pourrait peut-être arrêter de me ramener à la réalité des choses. Je n'étais pas bien, je devenais fou. Elle m'avait dit les choses, je n'avais pas sur le faire, je n'avais pas réussit à faire face. Je m'en voulais d'être aussi faible, aussi décevant. La séance d'aujourd'hui m'avait mit à terre, il faut dire qu'au lieu de jouer en short, j'avais gardé un pantalon long, Et j'avais aussi accessoirement fini la bouteille d'eau que j'avais prit. Me rendant dans le premier super marché possible, j'avais prit une bouteille d'eau et une pomme, histoire de tenir jusqu'à chez moi. Sortant alors de l'établissement, j'allais remettre en marche le vieux walkman qui m'accompagnait depuis dix ans lorsque j'entendis des voix s'élever. Une insulte plus tard, je m'avançais vers le mec qui semblait de toute évidence s'en prendre à une femme. Sans vraiment faire attention à cette dernière, je saisi le mec par l'épaule, le tirant d'un coup sec en arrière avant de faire pression avec deux doigts. L'école militaire m'avait clairement apprit à mettre quelqu'un à terre en un mouvement et je n'allais pas m'en priver. « La demoiselle t'as dit non. », ma bouteille et ma pomme dans l'autre main, je le voyais se tordre sous la pression, mettant un genoux à terre avant que je ne m'intéresse à la demoiselle en question. C'était une blague, sérieusement ? Pourquoi elle ? Pourquoi ? Comme chaque année je pensais à elle en ce jour, c'était son anniversaire après tout, mais je m'étais refusé à faire quoi que ce soit, car il était évident qu'elle ne voulait plus de moi ici depuis longtemps, que j'étais un élément trop douloureux, que je ne comprenais pas. J'acceptais pas ce que j'étais moi-même alors comment l'accepter elle ? Je l'acceptais, tant qu'elle était heureuse, c'était ce qui m'importé, mais là… Je ne pouvais pas faire face. Pourtant, ce que le mec avait pu lui dire me revint en mémoire et si j'avais pu en rester là, je n'en fis rien. Lucy n'était pas une p*te, pas plus qu'une salope comme il avait pu le dire. « Tu présentes tes excuses ou je te déboite l'épaule. », soufflais-je avec une froideur dans la voix qui aurait pu me faire frissonner. J'avais toujours été bien trop protecteur, quoi que possessif avec Lucas, surtout avec les années. Aujourd'hui je prenais conscience que j'étais le même. Qu'il ne fallait pas l'approcher, lui porter préjudice. Appuyant un peu plus fort, je fixais Lucy, ne prenant plus la moindre attention sur l'homme. Tant qu'il n'aurait rien dit, je ne lâcherais pas. « J'attends. », finis-je par souffler alors qu'il me demandait d'arrêter. De manière générale je n'aimais pas ce réflexe qu'avait les hommes de juger les femmes comme des objets, pas plus que j'aimais le comportement de ces derniers lorsqu'il se prenait un refus. C'était un manque flagrant d'éducation qui pouvait me rendre fou lorsqu'il était dirigé vers une de mes soeur, et à présent sur elle. J'aurais préféré qu'elle soit une autre, que je n'ai pas à lui faire face, car je ne savais pas le faire. La présence de cet abruti aidant surement à ne pas me faire fuir. Joyeux anniversaire Lucy, désolé que l'on s'en prenne à toi. Désolé d'être là.

thomas wilder & lucy monroe

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Lucy était arrivée dans la salle de repos du magasin pour poser ses affaires ce matin-là et avait été surprise par quelques uns de ses collègues réunis là avec un modeste gâteau et quelques bougies. Elle ne savait pas si c'était le responsable qui leur avait dit la date ou s'ils l'avaient vue sur Facebook, mais enfin, peu importe. Cela lui faisait plaisir, et elle les avait remercié chaleureusement, ils avaient ri un peu en mangeant avant de quand même sortir pour commencer le service. Il faut dire que la plupart des employés ici étaient plus âgés, des mères de famille et des vieux garçons principalement. Donc ils avaient adopté Lucy depuis un an, c'était un peu leur bébé. 23 ans. Un âge un peu fade. L'âge que sa mère avait quand elle est née d'ailleurs. Lucy s'en fichait un peu des anniversaires, mais si c'était une excuse pour manger du gâteau, sortir en boîte et rire entre amis, ça ne pouvait pas vraiment être une mauvaise chose. Elle n'était aussi pas très enthousiaste cette année parce qu'elle pensait un peu trop à Thomas. Elle le revoyait se casser avec cet air désolé, et elle souhaitait laisser cela derrière elle mais elle avait peur de le croiser à chaque coin de rue. En plus son horoscope de la semaine lui avait prédit qu'elle allait revoir quelqu'un de perdu de vue, alors elle était encore moins rassurée. Bon, c'est débile les horoscopes... Sa matinée s'était passée avec le sourire comme d'habitude, l'avantage de travailler le matin c'était qu'il n'y avait pas foule et tout un tas de personnes âgées qui venaient discuter de la pluie et du beau temps. Ca passait le temps et Lucy aimait bien. Quand l'heure fut arrivée, elle compta sa caisse et partit en saluant tous ses collègues. En sortant par le côté, elle tomba nez à nez avec un type qui semblait l'attendre, un client qu'elle avait eu tout à l'heure et qui lui avait proposé un rendez-vous qu'elle avait bien entendu décliné, un lourd mais bon, comme il y en avait fréquemment. Il avait réitéré sa demande et elle avait à nouveau décliné, toujours polie mais un peu plus agacée. Il l'avait alors coincée contre le mur avec ses deux bras de chaque côté, et Lucy s'était dit qu'elle allait juste lui mettre une droite et se casser, mais elle ne pouvait pas, c'était un client fréquent et si son responsable l'apprenait elle pouvait se faire virer, donc c'était la solution du dernier espoir seulement. Au lieu de quoi elle essayait de parlementer. Mais il n'était visiblement pas très réceptif. Lucy s'efforçait de garder son calme même si elle détestait qu'il se permette cette attitude et ce langage. Comme si elle allait dire "ah mais si vous m'agressez et me traitez de salope ça change tout, couchons ensemble, ça m'excite". Sérieusement. Tout cela, c'était avant que Thomas débarque comme une furie, sous le regard écarquillé de Lucy, en commençant à mettre K.O. le type. Merci l'horoscope tient. Ça n'aurait pas pu être n'importe qui sur terre ? Genre n'importe qui ? Lucy fut soulagée quand l'homme fut écartée et souffla à plusieurs reprises pour se calmer un peu. Elle fixa Thomas un moment puis reporta ses yeux sur le gars. Cela l'agaçait d'être sauvée comme ça, elle se sentait faible alors qu'elle aurait fait la même chose que Thomas si ça n'avait pas été un client. D'un autre côté, elle savait très bien qu'il ne faisait pas ça sous prétexte qu'elle était une fille sans défense, il aurait fait la même chose sans ciller il y a quelques années. Protecteur. Il n'avait vraiment pas changé. Au bout d'un moment, alors que Lucy avait repris son souffle, le type se plia aux exigences de Thomas et commença à articuler un "Pardon" brisé franchement inaudible. Quelle victime sérieusement, son peu de dignité restante venait de s'envoler en fumée. Avant que Thomas puisse lui demander de répéter plus fort ou on ne sait quoi, elle lança en sa direction. « C'est bon, laisse tomber. » Elle fit quand même ce qui la démangeait depuis le début, c'est-à-dire lui mettre un coup de pied, avant de soupirer. « Dégage. » Elle s'adossa contre le mur en attendant qu'il parte. Elle fit un geste pour prendre une cigarette de son sac mais y renonça avec un regard vers Thomas. Elle soupira à nouveau. « Merci. Et motus pour le coup de pied. » dit-elle avec un petit sourire. En temps normal elle aurait été beaucoup plus chaleureuse que ça, mais c'était Thomas, c'était ce jour, et elle ne savait toujours pas comment agir avec lui. Elle commença à rajuster sa queue de cheval mais finit par l'enlever, tout en disant d'un air distrait « Comment ça se fait qu'on se tombe toujours dessus ? »

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Elle avait eu des excuses, mais rien de bien flagrant, j'aurais bien voulu qu'il le dise plus fort, mais elle m'empêcha de le faire, me demandant de laisser tomber. Le lâchant alors, elle profita d'un instant de doute pour lui porter un coup bien placer avant de lui demander de dégager. Ce qu'il ne tarda pas à faire, visiblement humilié. Le fait que ce soit Lucy ne changeait pas grand chose à ma réaction. Il était inconvenable de faire les choses ainsi, de prendre des femmes, comme des hommes, pour des objets. Le seul hic c'était que j'avais Lucy en face de moi, et que par conséquent, j'avais peur que mon acte passe pour je ne sais quoi. Elle me remercia alors avant de me demander de garder le silence pour le coup de pied, et allez savoir pourquoi, ma réponse fut beaucoup trop scolaire, « De toute façon, la loi t'autorise à te défendre dès qu'il y a une intimidation physique et verbale. Donc il n'y a aucun préjudice à prévoir. », déclarais-je avant de froncer les sourcils, elle ne voulait pas l'étudiant en psychologie criminel, elle veut une assurance. « Mais oui, bien évidemment. », répondis-je en regardant autour de nous. Personne n'avait jugé bon de s'arrêter. À croire qu'aider son prochain était trop difficile. Elle sembla s'emmêler avec ses cheveux avant de les détacher et de me demander pourquoi on se tombait toujours dessus. Sans la regarder, la réponse m'échappa bien avant d'y avoir réfléchit, « Car tous n'a pas été dit. ». Fermant une nouvelle fois les yeux, je finis par passer une main sur mon visage, cherchant à me reprendre. Je devais arrêter de jouer avec le feu. C'était mal. Je n'étais pas comme lui, je ne saurais pas assumer, faire face. Je ne pourrais pas me pardonner de marcher si loin du chemin. Je n'aimais pas Lucas d'un amour autre que fraternel, je devais m'y résoudre et ce même si c'était une femme à présent. Je ne devais pas diminuer les choses. Je ne pouvais pas lui imposer les tourments d'une autre personne. « Je peux t'offrir un verre ? Je me doute qu'on doit t'attendre un peu partout et qu'essayer de prendre de ton temps aujourd'hui est malvenu. », mais c'était son anniversaire, si je ne voyais pas l'intérêt de lui offrir quelque chose, ou du moins si je ne saisissais pas celui de lui donner quelque chose sans provoquer une gêne, un verre pourrait suffire à peut-être, lui faire comprendre que je n'étais pas sans souvenir de notre passé. Que je me souvenais de ce qui le faisait, enfin ce qui la faisait. Quatre ans sans lui fêter son anniversaire, si j'avais le droit de passer juste quelques minutes avec elle, si je réussissais à lui donner envie de rester un peu avec moi, sans doute le fossé qui s'était crée finirait par me sembler moins grand. Quoi que… En fait j'avais juste envie de… De ne pas paraitre intrusif. « Ou à manger, enfin j'impose rien. », finis-je par notifier. Je ne voulais pas paraitre trop avenant.

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C'était un peu stressant de se faire limite agresser par un type comme ça, y avait de quoi garder une mauvaise humeur pendant quelques temps et regarder plusieurs fois avant de sortir du travail dans les semaines qui suivraient. Et puis c'était un peu frustrant aussi car elle aurait bien aimé le faire fuir elle même. Mais la présence de Thomas la mettait plus sur les nerfs que ces deux éléments réunis, car déjà ça commençait à devenir surréaliste, et en plus elle était complètement dans le flou. Elle n'arrivait pas à être pleinement elle-même quand il était là, elle calculait trop ce qu'elle faisait, comme pour ne pas le brusquer ou alors comme si maintenant qu'elle avait changé elle ne pourrait plus masquer la réalité de ses sentiments. Elle ne savait pas si elle était énervée contre lui de s'être barrée de la fête l'autre jour, elle ne savait pas s'il était énervé contre elle. Elle avait envie de lui demander tout un tas de trucs sur sa vie, sur lui, comme lors de retrouvailles "normales", mais est-ce que ça avait seulement un sens ? Est-ce qu'il ne valait mieux pas qu'ils continuent sur des chemins parallèles ? Elle leva les yeux au ciel à sa remarque rationnelle, son responsable s'en fichait probablement de ça et trouverait juste une autre excuse pour sévir, mais enfin. Il faisait des études de droit maintenant ou quoi ? Ou peut-être des études pour être flic ? Elle lui demanderait... Qu'est-ce que ça coûtait de demander ça, ça n'engageait à rien, non ? Elle le remercia d'un hochement de tête lorsqu'il promit de garder le silence, évitant toutefois un peu son regard. Sa remarque sur le fait qu'ils se croisaient tout le temps, c'était plus un truc comme ça, histoire de dire quelque chose, la pluie et le beau temps quoi. Mais la gravité de la réponse lui fit lever les yeux sur lui et le fixer gravement. Il n'en savait pas assez comme ça ? Qu'y avait-t-il de plus à dire ? Elle voulut faire une remarque mais aucun son ne sortit de sa gorge, et elle se contenta de froncer les sourcils en le regardant essayer de se reprendre. Elle serait bien partie vaquer à ses occupations, mais comme d'habitude sa curiosité et sa tendresse pour lui l'en empêchait. Et aussi, elle commençait à se demander s'il n'avait pas oublié que c'était son anniversaire. C'était idiot, mais quelque part ça l'aurait vexé qu'il ait oublié, elle n'avait pas oublié le dix février parce qu'elle y pensait tous les ans. Non, il n'avait probablement pas oublié. Elle le regarda lui proposer aller gauchement d'aller quelque part, malgré elle un petit sourire se dessina au coin de ses lèvres. Au moins il n'avait pas oublié, même s'il usait de périphrases au lieu de lui souhaiter directement. Elle prit un temps puis se décolla du mur contre lequel elle était. « Si tout n'a pas été dit... » prit-elle comme excuse, avant de regarder sa montre. Le travail l'avait quand même fatiguée et elle avait super faim. Elle ne savait vraiment pas si c'était une bonne idée, mais elle ne se voyait pas le laisser là. Et puis elle lui devait bien ça, il l'avait sortie d'une mauvaise passe mine de rien. « A deux rues y a les meilleurs burritos du coin. Mais c'est moi qui t'invites, sinon hors de question. » C'était son anniversaire, mais c'était son aide à lui. En plus elle connaissait le gars là-bas à force d'y aller et il avait la main douce sur les tarifs pour elle. Et en plus elle avait envie de lui offrir voilà tout, c'était pas négociable. Elle commença à marcher dans cette direction. Un silence planait mais pas de celui des gens qui n'ont rien à se dire, plutôt de celui des gens qui on trop à se dire. Lucy se mordit les lèvres à plusieurs reprises avant d'oser demander quelque chose. « Tu... tu fais des études de droit ? Parce que je me demandais, pour le préjudice tout ça. » Elle était tellement hésitante en sa présence, comme s'il allait disparaître à tout moment, tellement différente de d'habitude, s'il l'avait vue dans un autre contexte.

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Elle avait tiqué, j'avais dérapé. Je pouvais lui imposer ça, je n'avais pas le droit de dire ce que je pensais réellement, ce que j'avais eu sur le coeur. Détournant la conversation sur son anniversaire et sur une invitation éventuelle, je m'attendais à tous. À un refus, à un rejet, mais à la place elle avançant, soulignant ce que j'avais dit un peu plus tôt avant de m'affirmer qu'à deux rues d'ici, il y avait les meilleurs burritos du coin. Ajoutant alors qu'elle invitait, j'eus sérieusement une réaction décollé. « Sérieusement ?! », fronçant légèrement les sourcils, je réprimais un sourire de désarroi avant d'avancer et de reprendre maladroitement, « Enfin pas pour l'invitation, enfin je sais que je peux pas négocier, mais pour le fait que t'acceptes, va pas croire que je suis sur mon argent, c'est faux. », pourquoi avais-je besoin de me justifier ? Pourquoi devais-je absolument expliquer pourquoi j'avais réagi ? Comme si lui faire croire que j'étais charitable allait changer un truc. Le silence finit par tomber alors que nous avancions vers les lieux, je l'avouais, je la suivais, je ne savais pas ou aller. Regardant successivement mes pieds et son dos, elle finit par me poser une question. Des études de droit ? Au vue de ma réaction tout à l'heure il y avait de quoi y penser en effet. « Non, je laisse les études de droit à Aliénor, elle est beaucoup plus douée que moi dans le domaine. », répondis-je dans un premier temps avec un sourire en pensant au fait que ma soeur allait défendre des gens alors qu'elle était aussi à l'aise que moi en société. « Je vais finir ma troisième années en Sciences Criminelles, j'attends de retourner à la LAPD pour savoir si je me tourne vers la psychologie criminel ou si je vais vers la police scientifique. », j'avais sans doute un peu trop parler, je l'avoue, mais je ne savais pas non plus quoi faire pour ça. Charlotte avait donc bien raison à mon sujet. Je ne savais pas ou aller. Baissant à nouveau les yeux, je ne savais pas sur quoi rebondir en réalité, si ce n'est en reparlant d'elle, « Et tu fais d'autres choses en plus de ton travail ? », il n'y avait aucun jugement, je ne savais simplement pas comment l'aborder. Lui parler sans qu'elle pense quoi que ce soit. Je me doutais bien que les choses devais déjà être compliqué, pas la peine que mon regard soit pesant alors qu'elle n'avait fait qu'assumer et cesser de fuir.

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Thomas avait l'air vraiment surpris qu'elle accepte. Il devait surestimer vraiment la capacité de Lucy à lui refuser quelque chose. Elle se contenta de soulever un sourcil et de lui adresser un léger sourire en guise de réponse. Il était évident qu'il était nerveux, il s'emmêlait dans ce qu'il disait comme un gosse ayant cassé le vase de grand-mère. Elle préférait ne pas empirer cela. Par contre, il y avait une autre question qui la taraudait un peu plus, mais elle attendit un temps avant de la poser, le temps de traverser la rue déjà. Après tout le droit pourrait lui aller, avec des tas de gros livres remplis de trucs austères, même si le côté relationnel et parler en public ce serait peut-être plus délicat. Lucy eut un sourire en coin à la mention de sa sœur, il ne faisait pas de doute qu'elle était faite pour ça. Elle avait un souvenir plus ou moins précis de chacun d'entre eux, en même temps en tant que fille unique la famille de Thomas l'avait toujours fascinée. Sa mère aussi d'ailleurs, qui aurait bien eu autant de gosses si elle n'avait pas de problèmes médicaux qui l'en empêchait, et qui comptait secrètement sur son fils pour lui faire beaucoup de petits-enfants. C'était gagné tiens... Lucy ne put réprimer un peu de surprise quand il lui dit ce qu'il faisait. « Vraiment ? » Finalement peut-être que ça faisait sens, punir les méchants, aider les gens, mélanger des tas de trucs dans des pipettes au fond d'une cave... Enfin elle n'en savait rien en fait elle regardait juste parfois des rediffs de CSI le dimanche matin avec la gueule de bois. « Je veux dire, c'est pas... glauque ? » Elle ne doutait pas que ça l'intéressait, elle était juste curieuse, et un peu étonnée même si de moins en moins en y pensant. Elle soupira à sa question au début, elle ne savait pas trop pourquoi, un peu comme si elle avait honte de ne pas avoir fait d'études et de galérer. « Oui, je m'occupe des ados au foyer pour la jeunesse à Eastside. Tu me verrais, j'ai un super espagnol maintenant. » dit-elle avec un sourire, pour essayer de faire dévier la conversation. Des banalités... C'est vrai qu'elle avait toujours été très mauvaise en langues avant, mais avec la pratique on s'y faisait. Elle tourna dans une rue, on apercevait le restaurant avec son enseigne colorée. « C'est là. » dit-elle en l'indiquant. Quand elle entra, ce fut un peu la transformation, enfin un retour à la Lucy normale, qui était énormément tempérée quand elle se retrouvait seule avec Thomas. Elle fut saluée chaleureusement par les deux employés et leur répondit avec son enthousiasme usuel, se mettant à plaisanter avec eux à voix tonitruante pendant peut-être deux minutes. Elle finit par se tourner vers Thomas alors qu'elle riait encore un peu et lui dit avec un ton résolument plus calme. « Qu'est-ce que tu veux ? » Tout compte fait c'était un peu étrange qu'il soit là, un peu à la croisée de ses deux vies. Elle s'efforçait de ne pas montrer ce malaise avec lui toutefois, ne voulant pas lui donner la mauvaise impression.

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Elle semblait surprise à son tour lorsque je lui dis ce que je faisais comme étude à présent. Et ce avant de se reprendre et de demander si ce n'était pas un peu glauque. Je l'avoue, il y avait des cas que nous avions déjà traité qui était loin d'être aussi simple à regarder que les autres. J'allais devoir faire face à la déperdition du genre humain, mais ce n'était pas si différent que ce que l'on aurait pu voir en plein conflit. « Sans doute, mais les laisser courir c'est tout aussi glauque dans le fond. », accepter que des malades s'en prenne à votre famille n'était pas plus glorieux. M'intéressant alors à elle, je cherchais à savoir si elle avait d'autre chose à côté, si elle vivait bien dans un sens. Elle expliqua alors qu'elle s'occupait d'ados au foyer d'Eastside. Ses dernier mots m'arrachèrent clairement un sourire, car pendant quelques secondes, j'avais l'impression qu'il n'y avait plus rien entre nous. Mais juste quelques secondes, car le sentiment qui secouait toujours mon coeur ne pouvait pas me laisser en paix de toute évidence. « C'est cool ça. Un vrai espagnol ou c'est pour me faire marcher ? », demandais-je quelques instant avant que l'on arrive. Et lorsqu'elle entra, elle changea du tout au tout. Elle était tellement réservé avec moi que la voir ainsi avec d'autres personnes me donna le sentiment que je n'avais pas vraiment ma place ici. Elle était mieux sans moi. Je n'avais pas à m'accrocher à elle simplement car j'avais un jour eu des sentiments pour lui. Je ne pouvais pas l'entrainer avec moi. Je ne tournais pas rond, je n'avais pas le courage d'avancer comme elle. Elle me regarda finalement, s'éteignant un instant pour me demander ce que je voulais. En soit j'aurais du partir, mais mon éducation m'empêcher de faire ça. Je restais là. Torturé de l'intérieur avant de répondre. « Un classique. », de burritos on s'entends. J'avais l'estomac bien trop noué, et si j'essayais de garder contenance, j'étais bien trop impressionné par elle. Par ce qu'elle dégageait. Elle était magnifique quand elle souriait. Sans doute devrais-je lui dire. Mais ca revenait à tout condamné non ? Les commandes arrivèrent assez vite, moi restant en retrait jusqu'à ce qu'il faille prendre place quelque part. Le silence était pesant, terriblement même. « C'est sympa ici. », finis-je par dire pour briser le silence et essayer d'être moins tendu. Mais je n'étais pas certain d'y arriver. Cela devait se lire sur mon visage que je ne savais pas comment gérer tout ça. Ça aurait sans doute été plus simple si j'avais eu le courage de dire une fois pour tout ce que j'avais sur le coeur, si je lui avais parlé il y a des années de ça. Mais comment regarder ma famille après ça ? Je n'aurais pas su.

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L'espace de quelques instants elle eut l'impression que plus grand chose ne les séparait, que c'était comme si elle était juste partie en vacances quelques semaines et revenait lui raconter. Il sourit à sa remarque sur l'espagnol et ce sourire alla droit jusqu'au cœur de Lucy qui le regarda un moment avant de détourner le regard avec, elle aussi, un léger sourire aux lèvres. « Pero sí ! Realmente hablo español ! » répliqua-t-elle en s'appliquant pour son accent, avec un petit ton vainqueur. Dans ces moments-là, elle avait l'impression que c'était possible qu'ils soient amis à nouveau comme avant, mais d'un autre côté elle ne savait pas. Ses sentiments ne tarderaient pas à venir là-dedans faire tout capoter et puis... Elle aimait un peu qu'ils soient un absolu, et maintenant, avec leurs vies, tout ce qui avait changé en eux, ça se trouve ils ne s’entendraient plus tellement et ils s'éloigneraient lentement jusqu'à ce que leur seul échange soit une carte de vœux pour le nouvel an et un "ah tu te rappelles" en se croisant dans la rue par hasard. Et s'imaginer un truc aussi morne et banal entre eux donnait des frissons d'horreur à Lucy, le morne et le banal étant un peu sa kryptonite personnelle. Bref, elle avait entraîné Thomas dans le restaurant, ne pensant au début pas que ce serait aussi bizarre. Elle s'efforça d'oublier cela pour se détendre un peu en blaguant avec les employés, mais la présence de Thomas pesait toujours à côté d'elle, tenace, même s'il ne disait rien. Elle prit les commandes et alla s'installer avec lui à une table un peu dans le fond, gardant le silence. Lucy évitait de le regarder, ne pouvant s'empêcher de se reprocher de l'avoir amené ici, vu qu'il paraissait un peu éteint, gêné. Probablement aussi perdu qu'elle dans la recherche d'une quelconque marche à suivre. Elle hocha la tête vaguement à sa remarque et commença à manger, une grosse bouchée comme si en se remplissant la bouche elle s'empêchait de dire quoi que ce soit. Parce qu'elle se connaissait, et elle sentait qu'elle risquait de s'emporter d'un coup et de raconter des conneries de manière ininterrompue, ou des banalités, juste pour éviter le silence. Finalement, sa bouchée avalée, elle ne put s'empêcher de soupirer et de remonter ses yeux vers Thomas. « Je me serais engagée tu sais, plutôt cent fois qu'une, au lieu de ce job pourri. Mais c'est pas autorisé. Enfin bientôt mais... je ne sais pas si ça a vraiment beaucoup de sens. » Elle secoua la tête, pourquoi elle se sentait obligée de se justifier exactement ? Est-ce que c'était parce qu'elle avait honte de son travail ou plutôt parce qu'elle se sentait coupable du fait qu'ils en étaient là alors qu'à ce jour ils auraient pu être fièrement en uniforme en train d'aider la nation ? « Enfin, je sais pas pourquoi je te dis ça... Comment va ta famille ? » rajouta-t-elle les yeux sur son burrito. C'était une question affolante de banalité, mais elle espérait que ça dévie le sujet assez longtemps.

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La gêne était bien trop palpable. Mon esprit n'arrêtait pas d'y penser au point que j'avais du mal à manger, j'avais du croquer même pas un tiers du burritos lorsque celui-ci refusa de rentrer davantage. Je n'étais pas bien, je n'avais qu'une chose en tête, et ça en devenait clairement insoutenable. Bien plus encore lorsqu'elle expliqua qu'elle se serait engagée et elle aurait préféré cela à son travail actuel, mais c'était impossible actuellement. Le rapport ? J'étais en plein malaise, j'avais du mal à soutenir son regard. J'étais bien trop confus pour tenir un discours cohérent à vrai dire. « Je… Tu… Pourquoi tu te justifie ? » déclarais-je avant qu'elle ne se perde elle même et qu'elle botte en touche. La famille ? C'était compliqué de donner une réponse correct sans partir dans des monologues. Compliqué de dire les choses alors qu'a cet instant, j'avais envie de tout dire sauf ça. J'avais besoin de me libérer, d'en finir et d'essayer de me reconstruire en ayant eu des pensés aussi impure. « Raphaël et Charlotte font toujours leurs vie, Gabriel cherche toujours à s'occuper de tout le monde, Hazel a l'air différente, mais je sais pas pourquoi, pareil pour sa soeur, Samuel reste un con prétentieux, et Eleanor et Aliénor sont toujours parfaite. », je n'avais jamais parlé d'eux ainsi, à croire que mon esprit n'était pas en mesure de faire preuve de discernement, j'avais une famille extraordinaire, sauf Samuel, mais je n'avais pas besoin de parler d'eux ainsi. « Mes parents vont bien. », finis-je par rajouter nerveux. Je serrais mes poings sur mes cuisses. Je n'en pouvais plus. Je n'avais pas sa force, je ne pouvais pas vivre avec ça, je… Je n'étais plus à l'aise avec lui, plus maintenant, et tout ça c'était à cause de moi, de ce que je ressentais, de ce que je vivais, « Je peux pas désolé. », déclarais-je en prenant mes affaires et en me levant. Je cherchais à aller vers elle depuis le début, à renouer, mais ça me bouffait trop, j'étais littéralement piégé par ça. « Je… J'ai… J'aimais Lucas. Pas comme un frère, ni comme un ami, et… et… Je peux pas te regarder en face sans repenser à tout ça, je suis désolé. », pas en sachant que tu ne t'aimais pas, que je n'ai rien pu faire et qu'encore aujourd'hui je n'aurais rien pu faire. J'avais envie de lui dire de ne rien dire à mes parents, mais elle ne me ferait pas ça. Reculant encore que quelques pas, je déglutissais difficilement, « Je suis désolé. », quittant le restaurant presque aussi vite que je pus, je ne réussi qu'à faire que quelque mètre avant de m'écrouler contre un mur. Je l'avais perdu depuis le début, c'était évident, mais le fait d'avoir dit, d'avoir osé dire ça. J'étais le pire de tous, j'étais incapable d'agir correctement, j'aurais du agir correctement. Pourtant, aujourd'hui plus que jamais, je portais mes sentiments comme un fardeau bien trop lourd pour avancer. Je venais de le perdre, de la perdre.

thomas wilder & lucy monroe

live out all the rest

Lucy écouta distraitement les nouvelles de la famille de Thomas. Il disait ça de manière très rapide, presque affolée, alors qu'elle avait espéré que ça fasse dévier le sujet un minimum, et que ça lui éviterait à elle de parler. Bon, en soit elle s'en foutait, enfin elle s'en foutait pas mais c'était honnêtement le cadet de ses soucis. Elle le regardait parler plus qu'elle ne l'écoutait : sa nervosité, sa manière de parler, ses lèvres, autant de choses qui lui paraissaient toujours aussi familières que s'ils s'étaient quittés pendant une journée. Oui, tout reviendrait. Ou plutôt rien n'était parti. Elle se dit qu'elle aurait trop de mal à ne plus lui parler. Peut-être qu'ils pourraient être amis, même si ce n'était pas comme avant, juste un peu. Elle s'était sentie incomplète sans sa présence. Elle devrait lui dire, peut-être, calmement et en tout franchise, même s'il trouvait qu'elle était une bête curieuse, il n'aurait qu'à s'habituer, ils prendraient un café de temps en temps, ce serait morne et banal sûrement mais morne et banal c'était mieux que rien après tout finalement non ? Lucy était un peu partie dans ses pensées et elle en fut tirée brusquement lorsqu'elle vit Thomas prendre ses affaires, s'excuser et commencer à partir. Mais, qu'est-ce qu'elle avait dit ? Elle n'aurait jamais dû lui proposer de déjeuner. Visiblement il ne voulait pas être en sa compagnie et ne supportait pas ce qu'elle était, ça le gênait, elle aurait dû s'en douter. Elle était vraiment naïve d'avoir cru à autre chose l'espace d'un instant. Elle s'en voulait et une sorte de boule de rage et de tristesse grandissait en elle alors qu'elle le regardait s'en aller. Ce qu'il rajouta glaça le sang de Lucy, qui leva un regard étonné en sa direction, incapable de dire quoi que ce soit. Elle n'arrivait pas à croire qu'il parle d'elle à la troisième personne et à l'imparfait comme si elle n'existait plus pour lui. Et pourquoi il n'avait rien dit plus tôt ? S'il lui avait dit, si elle avait su, ils seraient partis tous les deux, elle l'aurait convaincu, elle lui aurait dit, tout aurait été différent... Ils étaient deux magnifiques cons, voilà. Lucy était resté quelques instants assise, les poings et les lèvres serrées, puis s'était ressaisie et avait regardé autour d'elle les quelques clients qui la regardait bizarrement. Ils n'avaient qu'à penser ce qu'ils voulaient, elle s'en foutait depuis longtemps. Elle lança quelques regards noirs et finit par jurer pour elle-même avant de prendre son sac et de se barrer à la suite de Thomas. Elle était énervée contre lui plus que ce qui était raisonnable, et même si ce n'était sûrement pas ce dont il avait besoin sur le moment, elle n'était vraiment pas du genre à contrôler ses émotions pour le bien d'autrui. Elle regarda autour d'elle dans la rue et le vis rapidement à quelques mètres, laissant immédiatement sortir son énervement alors qu'elle s'approchait de lui. « T'es vraiment un con Thomas ! » Elle dit, avant de mettre un gros coup de pied dans le mur pour se défouler.
« Merde quoi ! » jura-t-elle à nouveau avant de se mettre une main dans les cheveux, un peu calmée mais sentant pointer des larmes rebelles. Ah non, hors de question. Et elle ne pouvait rien lui dire, pas comme ça, pas maintenant. « Pourquoi tu me dis ça maintenant ? Hein ? » Elle lui criait presque dessus et s'emportait vraiment contre lui, il faut dire que quand elle partait comme ça elle n'arrivait pas à contrôler sa colère tant qu'elle n'était pas sortie. C'était complètement irrationnel. « Et plus jamais tu parles de moi à la troisième personne comme si j'étais pas là ! C'est quoi, j'ai plus de b*te j'existe plus pour toi ? » Elle y allait trop fort, c'était disproportionné, il fallait qu'elle se calme. « Va te faire voir ! » finit-elle par sortir, la respiration rapide. Elle le regarda, et sa rage commença à se dissiper alors que des larmes commençaient à perler dans ses yeux. Pourquoi se mettait-elle dans des états pareils ?

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