bad ideas | thomas

thomas wilder & lucy monroe

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Lucy s’était pointée à la soirée sur le campus avec une tenue beaucoup plus chatoyante que d’habitude et avec un air tellement enjoué qu’on pouvait en venir à questionner sa sincérité. En même temps, il s’agissait de rassurer les gens de son entourage sur son état mental, vu les messages qu’elle avait reçu ces derniers jours. Tout était venu de la semaine dernière, où elle s’était retrouvée à jouer de la guitare en fin de soirée après avoir un peu dégrisé, comme souvent, bon, rien d’inhabituel à cela. Non ce qui était inhabituel, et vraiment inhabituel, c’est qu’elle s’était mise à chialer comme une madeleine en chantant I Know It’s Over des Smiths, à un point où “the soil falling over my head” ressemblait à un hurlement de douleur de chiot, genre “ouhhhver my ouuuuh”. Enfin bon, c’est trop dur à décrire, vous n’aviez qu’à être là. Elle avait très rapidement mis ça sur le dos de l’alcool, même si intimement elle savait qu’elle était à ce moment là quasi-sobre, et avait fait comme si de rien n’était, mais tous les gens présents avaient été un peu surpris. Ceux qui la connaissaient s’étaient inquiétés parce que ça ne lui ressemblait pas, ceux qui ne la connaissaient pas avaient juste supposé qu’elle était une artiste très investie ou avaient chuchoté entre eux qu’elle avait probablement ses règles (la bonne blague). Après cette épisode donc, Lucy s’efforçait de prouver par tous les moyens qu’elle allait bien, avec une telle force que ça en devenait carrément louche ; la subtilité n’était décidément vraiment pas un de ses points forts. Elle se consacrait d’ailleurs tellement à ça qu’elle en avait oublié de se demander si vraiment elle allait bien, et si ce qui s’était passé avec Thomas ne l’avait pas affecté plus qu’elle le pensait. Le conseil principal qu’on aurait pu lui donner était d’en parler à quelqu’un, mais alors autant elle était douée pour raconter vingt-quatre heures sur vingt-quatre toutes sortes de potins et d’informations très secondaires, autant parler de ses trucs intimes ça n’arrivait qu’aux soirs de pleine lune coïncidant avec un solstice, et seulement si on avait versé du sang de vierge sur l’arbre sacré avant. Blague à part, la seule personne qui savait pour Thomas, et donc avec qui elle aurait pu discuter était Yuina, mais la proximité de cette dernière avec l’intéressé ne rassurait pas vraiment Lucy. Il n’y avait donc plus qu’à attendre que ça lui passe. Mais probablement qu’une soirée avec des amis et pas mal d’alcool allait aider. Toutefois, peu de temps après être arrivée, en se promenant à travers les gens avec son verre nouvellement rempli, elle commença à avoir un mauvais pressentiment. Il y avait un groupe de gens qui n’étaient pas là d’habitude et qu’elle n’avait vu qu’une seule fois auparavant, précisément le soir où elle s’était retrouvée dans la même soirée que Thomas. Les chances pour que ces personnes fassent partie de son cercle d’amis étaient donc plutôt élevées. Elle s’efforça de noyer sa boule au ventre en buvant cul sec son verre avant d’aller danser avec le peu de gens qui avaient commencé à cette heure. Mais dans sa tête tournaient en boucle des questions sur ce qu’elle ferait si Thomas débarquait, ou était quelque part dans le coin, si elle devait l’ignorer, ou le traiter comme un ami normal. Au bout d’un certain temps, n’apercevant aucune trace de lui, elle s’était dit qu’il n’était sûrement pas là et s’était mise à penser un peu, ce qui la détendit pendant un temps. C’était avant qu’un rire tonitruant non loin d’elle ne lui fasse tourner la tête. Il provenait de Thomas. Mais alors clairement pas d’un Thomas dans son état normal, pour rire aussi fort et se faire autant remarquer. De là où elle était Lucy apercevait ses joues rougies. Il était visiblement pas mal ivre. Ah merde. Mais comment… ? Il venait de regarder dans sa direction et elle avait pris deux bonnes secondes avant de pivoter sur elle-même pour ne pas qu’il la voie, autant dire qu’elle était cramée à deux mille kilomètres. Bon.

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J'avais fait quoi avec Lucy sérieusement ? J'avais tout gâché car j'étais incapable de faire quoi que ce soit de constructif. J'avais brisé tout alors que je tentais de la retrouver. J'étais con. Ça se voyait visiblement beaucoup trop que ça n'allait pas et c'est sans doute pour ça que je me retrouvais ce soir dans une énième soirée étudiante. Bizarrement on avait pas prit ma voiture, mais j'allais tout de même devoir conduire et rentrer ensuite à pied, je voyais le truc venir. Pourtant après presque une heure et toujours mon verre de soda dans les mains, je remarquais avec étonnement que j'étais, pour une fois, pas le seul au soda, à moins qu'il ne s'agisse d'un mélange ressemblant à un soda. C'était pas impossible. Assis dans un canapé, je regardais les autres en simulant des sourires. Je ne m'amusais pas, je n'avais pas envie de le faire. J'avais merdé, bien trop même. Et j'avais fini mon verre, étrangement, l'on proposa de me ramener un verre, j'avoue que l'idée de ne pas avoir à me battre dans la foule était plaisante. J'aurais du voir le coup venir sans doute. Pourtant lorsqu'il arriva avec un nouveau gobelet je ne dis rien. Ce n'est qu'en le buvant que j'eus un doute, « Il a pas un gout bizarre ? », « La bouteille a du resté ouverte un moment et il fait chaud. », « Ah ok. », déclarais-je simplement avant de commencer lentement à avoir chaud. Ce qui me fit retirer ma chemise d'ailleurs, j'avais toujours un t-shirt blanc au demeurant. Plus la soirée avancée, plus je souriais, riant de bon coeur jusqu'à ce que je la vois elle. Elle était là, c'était l'occasion de m'excuser. Me levant alors, j'eus un moment de battement ou le sol me sembla bien instable avant d'avancer. J'étais pas dans mon état normal, mais j'avais du courage, alors l'un dans l'autre. Arrivant à son niveau, je remarquais un détail que je ne pus retenir. « T'es magnifique ce soir, enfin je dis pas que tu l'aies pas toujours, mais là t'es encore plus magnifique. », fronçant légèrement les sourcils, j'avais l'impression d'avoir dit une connerie. « Je peux te parler en privé ? J'ai agis comme un con la dernière fois et genre c'est totalement stupide de ma part d'avoir fait ça alors que c'est genre tellement évident que j'ai besoin de toi dans ma vie et que en fait je peux pas faire sans toi. », en temps normal je n'aurais pas dit ça. Tournant la tête vers mes potes, je les voyais sourire comme des idiots, « Vraiment tu veux pas qu'on s'isole, ils vont croire que j'essaie de draguer la plus jolie fille de la soirée. », ce qui n'était pas si faux, mais passons. J'avais besoin de lui parler en tête à tête, sans prendre le risque d'être interrompu. C'était sans doute idiot et je n'avais pas l'aire d'être moi-même, mais je devais lui dire, lui parler, je ne pouvais pas la garder loin de moi.

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Forcément, elle était cramée, et forcément ni une ni deux Thomas était devant elle dans toute son ivresse splendide. Elle ne se souvenait pas l’avoir déjà vu comme ça. Il avait toujours été vraiment à cheval sur la question de l’alcool. C’était louche. Soit il partait complètement en vrille et s’était mis à boire, soit c’était à son insu, dans les deux cas ça sentait mauvais. Heureusement, Lucy avait elle-même assez bu pour trouver cela drôle. Son compliment la fit rire, elle ne savait pas trop pourquoi, peut-être la façon dont il le disait. Elle continua à sourire pendant tout ce qu’il disait malgré le fait que ce n’était pas réellement drôle, simplement parce que l’alcool lui donnait un air marrant et puis qu’il disait des trucs qu’il n’aurait probablement jamais dit sobre, du moins pas aussi facilement. Lucy regarda en même temps que lui en direction de ses amis qui se foutaient clairement de sa gueule. Elle aurait mis sa main à couper que c’était eux qui étaient responsables, mais pouvait-elle vraiment leur en vouloir ? Après tout c’était plutôt marrant. Ils s’attendaient probablement à ce qu’il se prenne un énorme râteau, mais ça tombait mal pour eux. Lucy haussa les épaules. « Ouais, si tu veux, mais enfin si on s’isole ils vont croire beaucoup plus que ça… » Elle eut un sourire en coin. A vrai dire elle ne savait pas si elle avait envie de se retrouver seule avec lui alors qu’il était dans cet état. Elle jeta à nouveau un coup d’oeil derrière lui et finalement se dit qu’ils n’allaient pas pouvoir être tranquilles, et aussi que les amis de Thomas seraient probablement surpris et se demanderaient longtemps comment il faisait pour être un tel tombeur, du genre l’arroseur arrosé. « Bon, viens. » conclut-elle finalement. Elle agrippa son poignet et l’emmena hors de la pièce, non sans attraper son verre au passage sur le rebord d’une fenêtre, puis tourna dans quelques pièces occupées par des gens avant d’arriver dans une sorte de véranda qui donnait sur le jardin vide et sombre. Elle s’assit nonchalamment sur le rebord d’un fauteuil qui était là en triturant le rebord de son gobelet du bout des doigts. « Ben… je suis toute ouïe je suppose. » dit-elle, avant d’ajouter en le désignant du doigt : « Mais sachez que vous êtes ivre Monsieur Wilder et que tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous. » Elle conclut par un petit rire (parce que bon elle avait un humour bizarre mais ce qui importait c'était qu'elle se fasse bien rire elle-même) avant de boire une large gorgée de son verre.

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Croire beaucoup plus que de la drague ? Non, enfin genre j'avais jamais rien fait avec personne, j'allais pas me décider à sauter le pas avec quelqu'un en soirée. Enfin c'était pas juste quelqu'un, c'était Lucas, je l'aimais, et c'était évident que ça serait pas un coup de tête, mais là n'était pas la question. « Ouais non ils me connaissent, je vais pas te sauter dessus. », déclarais-je avant qu'elle n'accepte et prenne mon poignet dans ses bras pour nous retrouver dans une véranda beaucoup plus calme. Elle était prête à m'entendre, mais avant, elle m'informa que j'étais ivre et que tout ce que j'allais pouvoir dire allait-être retenu contre moi. Non, je ne buvais pas, c'était pas possible. J'avais prit du soda. « Je bois pas, je peux pas être ivre. », déclarais-je même si j'avais un doute sur tout ça. Secouant légèrement la tête, je pris un tabouret pour m'asseoir en face d'elle, la regardant droit dans les yeux. « Je m'accepte pas, et je parle pas de sentiment là. J'accepte pas ce que je suis, ce qu'on attends de moi, avec toi j'ai toujours eu l'impression de devenir quelqu'un d'intéressant, tu me rends intéressant à mes yeux. », déclarais-je dans un premier temps. « Ce que je voulais te dire c'est que j'aurais jamais du paniquer. J'ai aucune expérience, juste des sentiments envers toi, c'était trop, beaucoup trop à gérer. Mais je t'aime, et je m'en fous que tu sois devenu quelqu'un d'autre tant que tu t'aimes toi. Juste, j'aimais Lucas, c'est con, mais Lucas c'est plus toi et toi, je veux pas partir du principe que tu ne dois pas être aimé, car c'est faux et que si j'avais pas su, j'aurais continué à te regarder comme la fille superbe, épanoui et souriante qui me donnait envie d'aller vers elle ou d'avoir du courage. », c'était un fait, dès le premier regard, j'avais cru que c'était lui, mais après, lors de la soirée, elle m'avait semblé si différente, si rayonnante qu'elle m'attirait vers elle. « Retiens ce que tu veux contre moi, mais clairement, j'ai besoin de toi, quelque soit ce que tu penses provoquer, j'ai besoin d'une personne comme toi et si tu me dis que je te connais pas, apprends moi qui tu es, car je veux en être, quelque soit la place que tu me donneras ! », déclarais-je avec un peu plus d'énergie avant de réaliser que ma phrase pouvait sembler désespéré. Je ne l'étais pas, j'avais des principes, du moins je pense. J'étais suffisamment encré dedans pour n'avoir jamais touché personne, pas même la seule copine que j'avais eu. Et c'était pas une histoire de sexualité dans le fond. J'aimais une personne, pas son sexe. « Ça sent le désespoir en fait. », ajoutais-je en souriant. J'étais un peu gêné, mais libéré d'avoir dit les choses. J'avais pas à la repousser, elle avait fait quelque chose d'extraordinaire, son aventure méritait d'être soutenu par ses proches, par moi, même si je devais continuer à l'aimer sans retour. Je voulais être avec elle.

Spoiler:

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Lucy mit sa main devant sa bouche afin d’étouffer un petit rire. Pas ivre ? Il ne se rendait donc même pas compte qu’il était ivre ? Pauvre Thomas. C’était drôle, mais un peu cruel. Mais quand même drôle. Elle aurait peut-être dû l’arrêter tout de suite et ne pas faire attention à ce qu’il pouvait avoir à dire dans un état pareil, mais elle était trop curieuse, et puis un peu sadique sur les bords aussi. Elle pensait qu’il allait dire pas mal de trucs idiots, ou un peu cons, finalement elle regretta car en vérité il n’avait jamais été aussi honnête. Lucy avait l’impression d’un avoir un accès direct et sans filtre à ses pensées. Du genre il lui disait je t’aime au calme comme ça, comme un truc normal ou banal, ce qui la fit déglutir. Elle était touchée quelque part qu’il dise qu’il avait envie d’aller vers elle avant même de savoir qui elle était. Mais elle ne comprenait pas pourquoi il avait tellement l’impression qu’elle était quelqu’un d’autre. Bon, peut-être aussi parce qu’elle n’avait pas arrêté de le lui dire, mais si elle disait ça c’était plutôt par peur, par évitement, pour dire que son comportement et sa vision de la vie avaient un peu changés, pas qu’elle était vraiment une nouvelle personne. Même s’il n’y avait pas eu de transition dans l’histoire et qu’elle avait vécu ces quatre ans comme elle les avait vécu là avant de le revoir, elle lui aurait probablement dit “Je ne suis plus le même Lucas”. C’était juste une façon de parler. De dire qu’elle avait mûri, et fait du chemin sans lui. Mais ce qu’il disait la touchait quand même un peu. Elle souffla à sa remarque. Il ponctuait toujours ses discours de sortes d’épanorthoses traduisant son manque de confiance en lui. Même saoul visiblement, preuve que c’était décidément plus fort que lui. Lucy eut un petit rire. « Mais non, pas du tout; et crois moi j’en ai croisé des mecs désespérés. » Elle disait ça pour rire évidemment, même si ce n’était pas si faux que ça, surtout à l’époque de son passing ou les gars le soir la prenaient pour une prostituée. Joie et bonheur. Elle s’était penchée vers lui en posant ses coudes sur ses genoux et commença à toucher ses cheveux. Elle était déjà tactile en temps normal, mais alors avec de l’alcool… « J’aime vraiment bien tes cheveux comme ça. » dit-elle avec un petit sourire détendu. On se reconcentre un peu, non ? Elle n’avait répondu à rien et se contentait de laisser planer le silence. Il n’aurait pu rien dire que ça aurait été pareil. Lucy plongea son regard dans le sien un moment. Elle essayait de s’intimer intérieurement de dire quelque chose. N’importe quoi. Elle ne pouvait pas décemment faire la sourde oreille à tout ce qu’il lui avait dit. Il lui disait qu’il l’aimait et qu’il avait besoin d’elle et en réponse elle lui faisait un commentaire sur ses cheveux, bonjour quoi. Elle inspira longuement. De toute façon même si elle disait de la merde, il se souviendrait probablement assez mal de cette conversation vu son état. Donc ce n’était pas grave. « Tu te trompes. » dit-elle, d’une voix calme, en se triturant les doigts, puis se forçant à le regarder. « Y a pas de “Lucas c’est plus toi” qui tienne, c’est moi. C’est moi. Tu me connais. Personne ne me connaît mieux que toi. Je n’ai pas envie que tu me traites comme une étrangère, même avec les meilleures intentions du monde. Tu peux m’appeler Lucas si tu veux d’ailleurs, je m’en fous. » Elle posa une main sur le bras de Thomas et le serra doucement. « On est au-dessus de ça toi et moi Thomas. Non ? » Ou alors il fallait qu’elle se fasse une raison et admette que ces deux morceaux de sa vie étaient irréconciliables. Peut-être qu’une cigarette allait la détendre. Thomas était ivre, alors s’il la faisait chier pour ça c’était l’hôpital qui se moquait de la charité. Elle lâcha son bras et se mit plus en arrière pour l’allumer en le regardant avec un air amusé, s’attendant déjà à ses reproches. « Ne fais pas de commentaire. » dit-elle en souriant. « Sinon j’appelle tes parents pour leur raconter que tu traînes avec un pervers dégénéré et qu’en plus de ça tu bois ! » Lucy prit un faux air choqué puis rit doucement. La preuve que peu de choses avaient changé, elle ne pouvait pas s’empêcher de l’enquiquiner comme toujours. Pour ce qui était de répondre sérieusement à tout ce qu’il lui disait, à quoi bon ? Le sérieux c’est pour les vieilles personnes.

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Je n'étais pas désespéré ? Un peu quand même. Je veux dire que pour en arriver la, j'étais clairement pas le plus à l'aise. Mais je n'allais pas la contre dire, d'autant qu'elle s'était penchée vers moi, un mouvement qui avait déjà eu l'effet de faire s'accélérer mon rythme cardiaque. Touchant mes cheveux, ses coudes sur mes genoux, elle affirma aimer mes cheveux ainsi. C'était bien la seule, les autres ayant bien du mal avec le laissé allé capillaire dont j'avais fait preuve depuis le départ de Lucas. « Du coup je vais les laisser comme ça. », répondis-je simplement, comme un idiot incapable de contre-dire la personne qu'il aime. Et puis après un silence qui sembla être éternel, elle me dit que je me trompais, qu'elle était Lucas, que je la connaissais, que personne ne la connaissais plus que moi. Elle ne voulait pas que je la traite comme une étrangère, même avec les meilleures intention du monde. J'avais même le droit de l'appeler Lucas si je voulais. Elle s'en fichait. Posant une main sur mon bras, elle reprit en disant qu'elle était, tout comme moi, au dessus de tout ca. Oui. Mais là, j'avais envie de faire ce que je m'étais toujours interdit. Elle était là, si près. Puis elle s'éloigna, sortant une cigarette avant de me demander de ne faire aucun commentaire sous peine qu'elle n'appelle mes parents pour leurs expliquer la situation. Souriant malgré moi, je me redressais légèrement pour répondre, avec une assurance nouvelle, « Je préfère être déshérité que te voir malade. Mais ok, je ne dirais rien. », j'étais un peu trop franc pour être honnête. Mais je n'avais aucun poids sur l'estomac. La regardant sans doute un peu trop longtemps fumer sa cigarette, je finis par sortir de cet état étrange de stase, j'avais voulu qu'une chose, mais même ivre, car je l'étais visiblement, je n'oserais pas. « Si j'acceptais de penser pour moi et pas pour les autres, je serais comme ces mecs qui ont le courage d'aller vers la personne qu'ils aiment et l'embrasser. », j'avais envie de l'embrasser, mais j'avais peur de lui forcer la main, de mal décider. Je lui avais dit les choses et si il ne devait pas y avoir de frein, si je devais reprendre la ou l'on s'était quitté, c'est ce que j'aurais fait. Car je voulais le faire depuis bien trop longtemps. Car je l'avais aimé, j'avais étouffé tout ça et qu'à présent, même si j'avais peur de ne pas savoir le gérer demain, j'avais envie d'agir réellement, de ne plus rester assis à regarder. « Ça c'est un mec désespéré et qui fait pitié. », ajoutais-je alors, quand la tension ne fit plus qu'un avec moi. Une dérobade, une de plus, même si cette fois si je la prononçais et je n'espérais plus la cacher. C'était un fait, j'étais loin d'être à l'aise et ce même dans cet état. J'allais les tuer.

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En habitant San Francisco, on en venait forcément à apprécier la dégaine hipster négligé. Ou à s’en dégoûter, au choix. Pour Lucy, c’était le premier choix, peut-être parce qu’elle n’était pas restée assez longtemps dans cette ville. Tant mieux pour Thomas après tout parce que dans le cas contraire elle l’aurait probablement traîné, là, sur le champ, à minuit passé, chez le premier coiffeur venu, pour défricher tout ça. Elle rit lorsqu’il décida de les garder comme ça. Sûrement que plein de gens auraient souhaité l’inverse. Elle ne s’offusquait pas vraiment d’avoir ce pouvoir sur lui, en même temps c’était lui et lui seul qui avait décidé de laisser cela comme ça lorsqu’elle n’était pas là, donc. Et puis c’était pareil dans le sens inverse vu qu’elle fumait beaucoup moins depuis qu’elle le revoyait. Elle ne pouvait pas s’empêcher de penser à son air courroucé à chaque fois qu’elle en avait envie et du coup une fois sur deux elle y renonçait. Laissez tomber les Nicopatch, trouvez vous plutôt votre Thomas personnel. Malade ? Possible, mais ça paraissait tellement lointain comme possibilité et puis, c’était le cadet de ses soucis, ce qui importait c’est que là maintenant ça lui fasse du bien, non ? Enfin c’était comme cela qu’elle raisonnait. Si on se demandait toujours les résultats de nos actions sur le long terme, on s’en sortirait pas. « Je ne serai pas malade. » dit-elle en levant les yeux au ciel. Il était toujours si dramatique. Elle garda le silence et ils se regardèrent mutuellement pendant un moment. Ce n’était pas gênant, flottant plutôt. Lucy pensa au fait qu’il lui avait tout avoué, mais elle non. Elle ne s’autorisait même pas à penser à lui autrement qu’amicalement, elle s’était construit un mur mental. Et cela seulement depuis qu’il était revenu dans sa vie, bien sûr, car avant elle y pensait souvent, comme un souvenir, quelque chose qu’elle avait perdu et que jusqu’à présent elle n’avait pas retrouvé. De toute façon, elle avait toujours pensé que c’était voué à l’échec. Elle était incapable de tenir un engagement de la sorte, et trouvait cruel de lui imposer le fardeau d’une telle relation, de lui faire subir le dur jugement et le regard des autres, de ses proches notamment. Il était trop important pour elle pour qu’elle puisse se permettre de le perdre du jour au lendemain à cause de sombres histoires de coucheries. Bon, bien sûr, tout ça c’est ce qu’elle pensait sobre, et à tête reposée, quand elle n’était pas dans le moment. Donc autant dire que c’était du vent. Un peu comme quand elle se promettait de ne jamais céder aux avances d’un tel, et qu’elle le faisait ensuite finalement en un clin d’oeil dans l’énergie du moment. Elle fut tirée de ses pensées par les paroles de Thomas et ne put s’empêcher de sourire. De toute façon, à ce stade, tout la faisait sourire. Au moins, il n’avait pas assez d’alcool dans le sang pour lui sauter dessus. Lucy eut l’envie sourde de s’exécuter, mais visiblement, elle n’avait pas assez bu non plus pour prendre une décision aussi irresponsable. Elle attrapa d’ailleurs son verre sur le côté et en but une longue gorgée pour le finir, comme si ça allait régler quelque chose, avant d’écraser sa cigarette seulement à moitié finie dans le verre. Elle n’en avait plus envie. Décidément, il marchait bien son patch personnel. Lucy rit encore, mais plus nerveusement, à sa deuxième phrase et rétorqua : « Non mais arrête un peu.» avec un air à moitié amusé. Elle attrapa ses mains, et passa ses doigts dessus comme pour les observer sous toutes les coutures. Plus elle connaissait les gens, plus elle trouvait difficile de leur parler de loin sans les toucher. Elle soupira finalement. « C’est une mauvaise idée… Tu… On vient à peine de se retrouver, et je ne compte pas te perdre tout de suite. » Posant sa main sur sa joue, elle soupira à nouveau. « Ce n’est pas contre toi. » Un sourire en coin apparut sur ses lèvres et elle en conclut, en retirant sa main : « Pour une fois que je me montre raisonnable… Crois moi, c’est parce que j’ai de bonnes raisons. »

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Elle ne pouvait pas affirmer ça, clairement pas. La cigarette tuait des gens et on ne pouvait rien contre ça. Ne préférant pas la contre dire, j'avais laissé les choses se faire, jusqu'à ce qu'elle finisse par vide son verre après mon élan de franchise. La cigarette finissant bien rapidement dans ce même verre. Je m'appitoyais sans doute un peu trop, mais ce n'était pas mentir que de dire tous ça. Attrapant ma main avec la sienne, elle commençait à jouer avec avant de m'affirmer que c'était une mauvaise idée. Qu'on venait à peine de se retrouver, et qu'elle ne comptait pas me perdre de suite. « Je n'y compte pas non plus. », soufflais-je en réponse avant qu'elle ne reprenne. Ce n'était pas contre moi. Car pour une fois elle se montrait raisonnable, ayant des bonnes raisons de me tenir loin, du moins pour ça. Le problème c'est que comme à l'époque, le moindre de ses contacts avait le don de m'arracher un frisson. Sa main sur ma joue en étant une nouvelle preuve. « Admettons que c'est une mauvaise idée, car d'après ce que je comprends, tu penses être un problème. », déclarais-je un doigt levé à la Sherlock Holmes avant de me soustraire à son contact pour commencer à marcher le long de la véranda, comme un gamin jouant avec son équilibre. Un gamin ayant un mauvais équilibre au passage. Reprenant un peu plus fort, voir sans doute un peu trop, « Je passe des heures à la bibliothèques ou à la fac, puis quand j'ai fini je passe des heures à bosser chez moi, notons que je vie dans un appartement aseptisé car ce qui est matériel me dépasse. Tiens, je ne réponds jamais à mon téléphone, j'ai horreur de ça, mon ordinateur doit plus avoir de batterie depuis au moins un mois tellement je ne l'utilise jamais. Je peux passer mes vacances enfermé dans une pièce juste pour bosser, genre super comme compagnie. La seule fille avec qui je suis sortie est sans doute de mes meilleurs amies et j'ai jamais fait mine de vouloir la toucher, je sais même pas si on s'est embrassé plus que ça d'ailleurs, enfin dans tout les cas je suis naze comme petit amis. Ah et je suis maniaque, je me lève tôt, je bois pas d'alcool, enfin pas volontairement. Enfin je suis plein de truc que tu connais déjà en fait et qui font que je suis pas le meilleur parti au monde parce que je suis un mec chiant. » finisse-je en m'accrochant à un poteau. Je me sabordais ? Peut-être. Mais elle avait pas à penser que j'étais meilleur qu'elle. M'asseyant à nouveau devant elle, je finis par souffler, « On se connait depuis toujours toi et moi, ok on vient de se retrouver, mais si on s'est retrouver, on saura toujours le faire non ? », enfin j'allais pas insister, j'avais envie de me lancer, je l'avais fait, je n'allais pas l'harceler plus que ça. « Tu es raisonnable et moi non, je pense qu'on est dans une dimension parallèle. » ajoutais-je avec un rire débile. Il fallait que je me calme je pense.

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Bien sûr qu’elle se pensait un problème. Pour quelqu’un comme lui, du moins. Pour tout un tas de raisons. Déjà en tant qu’amie, mais ça l’amitié… On peut être amis avec toutes sortes de gens qui ne nous ressemblent pas et dont on n’approuve pas forcément les choix. C’est même parfois ce qui fait le coeur d’une amitié, d’avoir la possibilité par le biais de quelqu’un d’autre d’entrevoir un type de vie qu’on aurait jamais, une autre façon de penser, une confrontation positive. C’était ce qui avait toujours été au coeur de sa relation avec Thomas. Mais aimer, c’était autre chose. Aimer quelqu’un de si différent avait quelque chose de naturel, quelque part. Mais on ne pouvait pas construire une relation amoureuse avec quelqu’un qui serait son opposé total sans faire assez de concessions pour rendre la chose possible. Et Lucy se pensait, à tort peut-être, incapable de faire ce genre de concessions. Elle pensait que si elle essayait, ce serait probablement un échec, et elle ne voulait aucun échec entre eux. Dans la vie, elle était le genre de personne à toujours penser carpe diem et tempus fugit, faute à ses expériences de vie mais pas seulement, elle avait toujours un peu pensé de la sorte. Thomas, son amour pour Thomas, était la seule, la terrible et dictatoriale, exception à cette règle de vie. La seule situation dans laquelle elle prenait le temps de se demander “mais que se passera-t-il si…”. Elle souhaitait des tas de choses pour lui dans le futur, mais pas elle-même. Elle l’imaginait heureux dans le jardin d’une maison jolie mais modeste, une blondinette sage, calme et réfléchie à son bras et quelque joli bambin courant autour. Le drame était là : l’imaginer dans un cadre aussi parfait et serein sans elle procurait à Lucy plus de bonheur que de s’imaginer elle avec lui et tout ce que ça engendrerait. C’était à ce point qu’elle l’aimait. Son petit discours laissa un sourire aux lèvres de Lucy, même lorsqu’il évoqua Yuina. Bien sûr qu’il était un type chiant. Mais c’était ça qu’elle avait toujours apprécié et qui l’avait toujours fait rire chez lui. Au début quand ils se connaissaient, elle l’avait vu un peu comme un défi, le type réservé à sortir de sa bulle. En vérité, le contraire s’était passé, il l’avait plutôt attirée dans sa bulle parce que finalement le calme, la rigueur peut-être, la réserve, ça lui faisait du bien à Lucy. Ca la canalisait. Mais si c’était le point culminant des bienfaits de l’amitié, c’était aussi le point où toute relation amoureuse semblait vouée à capoter. Elle sourit en le voyant rire, heureusement qu’il ne prenait pas trop ça au sérieux. Elle pencha la tête en le regardant d’un air espiègle. « Oui, c’est carrément surréaliste. » rit-elle doucement. Elle avait envie de prendre ça pour un concours. Qui d’eux deux était le plus mauvais parti ? Vraiment, la fin de son verre était peut-être de trop. Ca la rendait beaucoup trop joyeuse à des perspectives qui ne devraient pas l’être. Mais après tout, elle était très à l’aise avec ses propres défauts, pas de problème pour les exposer. Il la connaissait aussi, mais peu importe, certaines choses étaient différentes maintenant. « Donc tu veux jouer, hein ? », questionna-t-elle avec un sourcil levé. Elle croisa les jambes et serra ses paumes l’une contre l’autre comme pour se préparer. Elle inspira et le regarda dans les yeux. « J’ai le sang chaud, je suis trop franche et je suis de mauvaise foi, mais ça tu t’en souviens bien. J’ai un job minable qui me permet à peine de payer mes factures et aucun horizon professionnel. Un studio bordélique plein d’objets qui servent à rien. Je suis incapable de rester chez moi les bras croisés donc je me bourre la gueule presque tous les week-ends, parfois en semaine. Je fume. Normalement c’est dangereux de fumer avec mon traitement mais je m’en fiche. En parlant de mon traitement il coûte cher et va probablement me causer des maladies. » Elle avait au début commencé à parler sur le ton de la blague, avec chaleur, mais son ton venait de s’alourdir, ses phrases devenant beaucoup plus sèches et coupantes. « J’ai jamais eu de petit-ami, juste tout un tas d’aventures. Il m’est arrivé de coucher avec des types sans savoir leur nom. On me lance des sales regards dans la rue souvent, une fois y a deux ans on m’a craché dessus. Je parle pas à ma famille à part ma grand-mère, qui est folle à lier, et je finirais probablement comme elle. » Lucy s’arrêta net, la gorge nouée et se rendant compte que ce qu’elle disait devenait beaucoup trop sombre, ce qui n’avait absolument pas été son intention. Elle voulait juste le parodier pour rire un peu, mais avait complètement dérapé en voulant être trop honnête. Elle secoua un peu la tête et força un sourire en voulant mettre un terme à ses divagations. « Enfin, voilà… je ne suis peut-être pas chiante… mais je crois vraiment que je te bats haut la main au jeu du pire parti au monde. » Débrouille-toi avec ça Thomas. Au moins, il avait eu droit à tout un tableau, pas reluisant. En espérant qu’il ne lui prenne pas l’envie de vouloir tout arranger.

AVENGEDINCHAINS

La situation était belle et bien surréaliste. Elle raisonnable, moi absolument pas. Elle en rit d'ailleurs, avant que je n'énumère mes défauts, ce qui lui donna envie de jouer à un jeu. Si l'idée aurait pu séduire mon esprit imprimé par l'alcool, cela ne fut pas le cas. Rapidement, ce qui pouvait passé pour des défauts devint des réalités, ses réalités. Ce qu'elle avait fini par endurer. Si elle gagnait le duel haut la main, il n'y avait pourtant aucune gloire. Je ne sus quoi répondre avant un long moment. À vrai dire, je regardais le sol, j'étais trop ivre pour avoir une réaction cohérente, adéquate, le voulait-elle vraiment ? Je n'avais pas envie de surenchérir, en réalité j'avais simplement envie de la prendre contre moi et de laisser passer le temps. « On s'en fout d'hier. », finis-je par dire pas certain de moi, « Et l'avenir ? On y est surement pas, on peut pas le prévoir. », j'étais pas certain de la route que je voulais prendre. « Il nous reste que l'instant. On peut regarder en arrière, ou devant nous, ou regarder ce qui se passe autour de nous. », on disait toujours d'aller de l'avant, mais si l'avant nous faisait peur ? « Personne te regarde mal ici, et si c'est le cas, je peux toujours retourner quelques bras car de base on te doit le respect, mais c'est pas le sujet, et puis il y a de la musique, de l'alcool, des filles plutôt mignonnes et des gars plutôt pas mal, du coup ouais on a le droit de penser qu'à l'instant là et profiter. », je n'étais vraiment pas certain de mon discours, j'étais déjà pas super à l'aise d'habitude, mais là, avec l'alcool, j'avais l'impression d'être un mélange étrange. Comme si la sincérité sans voile, et la maladresse avaient fait un enfant. « Si je t'avais dit un truc comme ça à l'époque tu m'aurais dit un truc du genre, on s'en fout, tu peux pas plaire à tout le monde et de toute façon toutes les personnes importantes t'aimeront si elles t'aiment vraiment. Et je pense que le Lucas de l'époque avait pas tort. On peut pas plaire à tout le monde, et si un catho coincé comme moi est en mesure de réalisé tout ça, bein les autres aussi, enfin tu comprends l'idée ? ». Fronçant les yeux, je finis par me lever, glissant ma main autour de son poignet, je la fis me suivre, jusqu'à l'intérieur. À défaut de savoir quoi répondre, je pouvais arriver à faire sourire à nouveau. L'isoler n'avait pas été une bonne idée. La lâchant devant la foule, j'avais fini par rejoindre le bar pour remplir deux verres. J'étais déjà assez alcoolisé, mais ça avait été contre moi. Revenant vers elle, je lui tendis un verre avant de dire. « Autant boire avec mon consentement non ? ». À défaut de trouver quelque chose d'assez profond pour l'aider. J'étais suffisamment perdu pour m'avancer davantage. J'avais besoin de plus de temps pour être compréhensible. Même si boire n'allait pas m'aider, mais c'était surtout pour lui faire comprendre que ce n'était pas un soucis, que cela ne faisait pas d'elle un monstre. Enfin je pense que c'était l'idée.

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