J'étais content, peut-être même fier que l'espace d'un instant, Sunny s'intéresse à la programmation et au groupe que j'avais décidé de faire jouer. L'espace d'un instant, j'avais comme l'impression de partager avec elle, une part de ma passion, un petit quelque chose entre nous deux, une prémisse aussi éphémère soit-elle de complicité. « - C'est de la pop, un peu folk. Je t'enverrais leur page Spotify si tu veux. C'est très apaisant comme style et idéal pour trouver l'inspiration quand tu en as besoin. Pour preuve, la dernière fois, j'étais tellement inspiré que j'ai briqué tout le sol, c'est dire ! » Du détail Nolan, tu meubles avec du détail abruti ! « - Je pense que ça pourrais te plaire, c'est un peu dans le même style que Kodaline. » Je savais toutefois, qu'elle s'intéressait un tant soit peu à la musique, ma fille en plus d'être intelligente, avait dans mes souvenirs et a encore à n'en pas douter, cette soif interrompue de curiosité. Je me plais à imaginer qu'elle tient ça de moi. Un bel héritage en somme, une petite consolation, puisque c'est ce qui me semble être l'une de mes meilleures qualités (rare qui plus est.) On veut toujours le meilleur pour nos enfants, en s'efforçant de ne pas penser au pire, et pourtant, en agissant comme je le fais présentement, je me contredisais éhontément. Mais que voulez-vous, j'étais inquiet, j'agissais de façon irraisonnée, songeant presque instantanément au pire. « - Ils s'inquiètent sûrement parce que c'est devenu une habitude pour eux de faire péter le 20 sur 20 » tentais-je avec un semblant d'humour pour dédramatiser la situation que j'avais moi-même provoquée. Sunny me réitéra son absence de problèmes, je voulais y croire de toutes mes forces, mais une insidieuse petite voix me martelait le contraire. Je me contentais donc d'acquiescer sur l'instant en faisant mine de savourer ma glace.
« - Ok, si tu le dis, je te fais confiance. » Peut-être devais-je lâcher prise et accepter que s'était une mauvaise passe, que sous peu les choses rentreraient dans l'ordre pour Sunny, qui n'était après tout, qu'une adolescente, avec ses forces et ses faiblesses, mais plus encore un être humain prompte à la fatigue. Sally ne devait, à n'en pas douter, se poser les mêmes questions et sûrement comme sa mère, elle reproduisait le même schéma sur notre fille. Changeons donc de sujet, j'espérais encore me rattraper et passais un bon moment avec ma fille qui en l'espace de quelques secondes, me rappela qu'elle n'était désormais plus une petite fille et elle avait raison. La culpabilité m'assaillit presque aussitôt. « - Bien sûr que oui mon ange ! Tu es presque une adulte. J'ai du mal à m'en rendre compte, le temps est passé si vite. » Un constant lui aussi tout étouffant tant j'avais l'impression d'avoir raté des choses, victime bien malgré moi de la course du temps. « - Je suis fière de toi ma puce ! » ne puis-je m'empêcher de rajouter en posant un tendre regard sur elle. « - Je sais que je ne suis pas assez là pour toi, mais je veux que tu saches que quoiqu'il arrive, je serais toujours fier de toi. » Ma main libre se posa sur sa joue comme quand elle était petite. Cette proximité me manquait tant, mais je n'osais désormais plus la réclamer, Sunny étant presque une adulte à présent. « - Mais, je rajoute quand même que tu pourras toujours compter sur moi, si tu as besoin de quoique ce soit et plus encore d'une oreille attentive. Par contre ne me demande pas de t'aider en maths, j'ai peur que ça soit mission impossible ! » J'espérais encore pouvoir dédramatiser la situation par l'humour.
Tu vois l’énorme sourire de ton père à avoir parler un peu de musique et cela te fait plaisir. Depuis le divorce, tu as le sentiment que tu t’es un peu éloignée de lui. Par ta faute d’une part, il est vrai que tu as un comportement assez aléatoire avec lui, mais par moment, tu repenses juste à ce qu’il a fait et tu te bloques. Mais la, avec cette discussion et la musique, tu as le sentiment que ça vous rapproche un peu. Et tu veux lui montrer que malgré tout, il a réussi à te transmettre ses passions. «Je ne connais pas non plus Kodaline mais j’écouterais. Peut être que je ne briquerais pas le sol mais que je serais inspirée pour faire autre chose. Comme… ma lettre de motivation pour la fac ? » Tu n’es pas encore dans ta dernière année de lycée mais tu penses déjà à tes études supérieures. Il faut dire que tu as une idée très nette et tranchée de ce que tu veux faire. En parlant d’études, tu soupires à propos de tes profs. Tu sais que ton père a dit cela sur un ton d’humour mais tu as le sentiment qu’il n’a pas si tort que ça. «Malheureusement même les génies ont le droit à avoir un coup de mou de temps en temps. Tu savais qu’Einstein était le plus nul de sa classe ?» Tu espères avoir réussi à le convaincre que tout aille bien et qu’il arrête avec ses questionnements. Tu ne peux t’empecher de rougir quand ton père te dit être fière de toi. En temps normal, tu prends plutôt bien les compliments, mais quand ils viennent de tes parents, tu te sens toute petite. « Merci papa. » Tu rigoles doucement à sa blague avant de reprendre. « J’espère que tu ne galères pas pour ta compta alors ! »
Et dire que tout a commencé par mon inquiétude, peut-être injustifiée pour le coup. Ou peut-être que j'ai tendance à voir les mauvaises choses avant les bonnes, ou tout simplement à me prendre la tête pour pas-grand-chose. Mais c'est ma fille, mon petit trésor et malgré la séparation difficile avec Sally, j'aime notre fille d'un amour indéfectible. Et nous voilà, par chance, à causer musique, un sujet qui résonne comme une accalmie qui je l'espère ne sera pas éphémère, comme le sont les accalmies par définition. Ah Nolan, arrête de voir le mauvais côté des choses ! Et puis de toute évidence Sunny semblait intéressée par le sujet tellement que j'avais enfin l'impression de partager quelque chose avec mon petit soleil. « - Moi, je brique le sol quand je suis inspiré certes, mais je suis sûr que toi, tu peux mieux faire en termes d'inspiration hein ? » Et sans que je n'ai rien à demander, Sunny évoqua une lettre de motivation pour la fac, me rappelant au passage, que oui, elle y était presque. Prends-toi ce gros coup de vieux dans la gueule ! Je préfère ne pas épiloguer là-dessus pour l'instant. Et Puis ça me fais mal de me dire que bientôt elle franchira une autre étape dans sa vie et que j'en ai manqué pas mal au préalable. Par chance, Sunny, parvint à amoindrir ma culpabilité et laissa paraître un large sourire sur mon visage suite à ce qu'elle venait de dire. « - Donc ça laisserait entendre que mon petit soleil est un génie, bien que je n'en doute pas. Mais j'imagine qu'avec cette observation, tu essaies de me convaincre que ça va, que je m'en fais peut-être pour rien. » Et je lui sors le couplet du père qui s'en veut, de la fierté indescriptible que je ressens à son égard et c'est vrai. Je ne pourrais être plus fière « - De rien ma chérie. Je le pense vraiment. »Elle rougissait, c'était indéniable et ne voulant pas accentuer le malaise je me permis une petite blague sur les maths qui a bien y réfléchir n'en était pas tellement une, au vu de mes difficultés passées. C'est vrai qu'au lycée, dans cette matière, je n'étais pas une lumière, Sally aurait pu aisément en témoigner. « - Rassure-toi, pour la compa je paie quelqu'un pour ça et heureusement d'ailleurs ! Au lycée, j'étais un cas désespéré en math, tellement que le prof soupirait à chaque fois qu'il devait me rendre ma copie. Tu sais, ta mère a bien galéré pour me faire comprendre les formules. En fait, à bien y réfléchir elle a bien galéré tout court. Toujours est-il que moi et les maths ce n'est pas une grande histoire d'amour. » A l'inverse de l'histoire avec ta mère. Une remarque que je préférais garder pour moi, refusant tout bonnement de mêler Sunny à quoique ce soit. Mon regard, passait la caresse sur sa joue, se porta sur le sable où Riley courait comme un beau diable. « - Donc tu disais que tu galérais à écrire ta lettre de motivation pour la fac. Tu as une idée d'où tu veux aller et quel programme choisir ? »
Tu pinces les lèvres faisant mine de réfléchir. Qu’est ce que tu fais pour trouver l’inspiration ? C’est un peu dur à dire, parfois, elle te vient toute seule à l’esprit, bien souvent même. Tu as un esprit qui ne cesse jamais de fonctionner. Parfois c’est une bonne chose et tu as des facilités. Parfois ça peut être épuisant. Pas facile de s’endormir le soir quand tu penses déjà à ce que tu pourrais faire dans deux mois. Et il y a les situations comme ça, quand tu ne sais pas quoi faire et tu te sens démunies. Tu finis par hausser les épaules. «Ah vrai dire, je ne sais pas, je n’ai pas encore été dans cette situation. Mais peut être que par exemple promener Riley peut m’aider à me concentrer » dis tu en caressant le chien qui était avachie à vos pieds. «Au pire je garde cette idée de briquer le sol en dernière solution… même si c’est un peu bizarre. » Tu souris doucement à ton père avant de reprendre « papa, tu sais très bien que je suis un génie.» et tu lui tires la langue. Bien évidement, tu dis cela sur le ton de l’humour mais quelques parts, tu le penses vraiment. Et ce n’est pas parce que tu as un peu tes notes qui baissent en ce moment que ça veut dire que tu es idiote. De toute manière, les notes ne veulent rien dire, ça tu te l’es mis bien dans le crâne. Dommage que ce soit ça qui ouvrent les portes des grandes universités. « Heureusement que tu as pris quelqu’un pour ta compta, je t’ai déjà vu à l’œuvre et c’est pas glorieux.» dis tu avec humour en taquinant ton père. Tu dois bien avouer que malgré le fait que par moment tu lui en veux, ces moments te manquent vraiment. « Pour l’université je ne sais pas trop Harvard, Yale, Princeton… il y a tellement de choix. Ici aussi, pour pouvoir rester dans le coin. Pour la filière je suis sure par contre. Je veux être en science politique.» Une idée que tu t’es fixé depuis au moins deux ans maintenant.
Je me souviens encore de cette époque où tout était possible, mais plus encore où nous étions ivres de bonheur et la vie nous semblait être un cadeau. Nous, la parfaite petite famille ayant quitté son New-York natal pour poser les valises dans la cité des anges, le temple même des rêves, accessibles aux plus téméraires d'entre nous. Sunny n'était alors qu'une toute petite fille au sourire ravageur, malgré les quelques dents manquantes, qui seraient à n'en pas douter échanger contre quelques pièces. Ah mon petit ange, je te regardais courir dans tous les sens en chantant à tout-va les chansons de ton Disney préféré. Tu étais la plus belle des petites princesses d'un royaume dont nous seuls en connaissions l'existence. L'insouciance rendait les choses si simples et exorcisait tout ce qui était susceptible d'entraver notre bonheur. Nous étions tellement heureux à cette époque, jamais je n'aurais pu m'imaginer que je perdrais tout ça en un claquement de doigts. Et quand je te vois maintenant, avec ce sourire et parfois cette méfiance, mon cœur se serre. Chacun semble encore chercher ses repères, incapable de trouver l'équilibre. Notre relation est un peu comme le temps, parfois au beau fixe, ensoleillé comme aujourd'hui et parfois nuageux, voir ombrageux. J'aurais tant à te dire ma fille, tant à me faire pardonner et ce même pour des crimes que je n'ai pas commis. Je donnerais tout pour retrouver notre royaume. Pour l'heure, je dois faire de mon mieux et ne pas en demander trop. Peut-être d'ailleurs, ai-je été trop excessif avec cette histoire de notes. Intelligente, ma petite princesse l'est je n'en doute pas, mais elle n'en demeure pas moins un être humain avant toute chose. Aller, c'est décider, je lâche l'affaire. Je veux profiter du temps passé avec Sunny et ne pas laisser la moindre tension mettre à mal la bonne ambiance qui s'est progressivement instaurée entre nous.
« - Bien sûr que je sais que mon petit rayon de soleil est une lumière » renchéris-je avec un clin d'œil. « - Mais fais attention à ne pas faire griller l'ampoule hein ! » L'espace d'un instant, je la retrouvais totalement, sans méfiance, sans regard lourd et la langue tirée, elle redevait ma petite princesse et, comme avant on se titillait gentiment. D'ailleurs à ce jeu-là, elle était très douée. « - Mais qu'est-ce que tu entends par « pas glorieux » Insinuerais-tu de vive voix que ton père est un boulet ? Bon, ok, je serais de mauvaise foi en rétorquant le contraire. Je suis une cause perdue et oui, j'ai bien fait de prendre un comptable, qui parfois me les brises de toi à moi. Bienvenue dans le monde des adultes, ce n'est pas glorieux, mais je crois que l'on s'y fait. » Et en parlant du monde des adultes, l'avenir jamais bien loin, mena la conversation vers le choix d'une potentielle université et je ne pouvais qu'être fier et impressionné par les noms égrenaient par Sunny « - Wow, j'ai le droit de dire que je suis impressionné par la liste ? Donc c'est la science politique qui t'intéresse ? » Et c'est là qu'en plus de me prendre une tarte en pleine tronche, je me rends compte que des ambitions de Sunny et de ses projets d'avenir, je ne sais pas grand-chose. Vous pouvez sortir le hashtag #baddad pour l'occasion. « - Et qu'est-ce que tu souhaiterais faire plus tard ? Tu as un projet précis ou c'est encore en construction ? Si tu me trouves relou avec mes questions, dis-le moi hein ? »
Tu te sens vraiment bien aujourd’hui, c’est peut-être pour cette raison que tu n’en fais pas baver à ton père comme tu as pu le faire souvent avant. Par moment tu es vache avec lui, tu t’en rends compte. Bien souvent, tu t’en veux de ce comportement, mais c’est plus fort que toi. Tu as tellement de pensées et de sentiments qui se bousculent dans ta tête que ça finit toujours par exploser. Peut-être qu’aujourd’hui, tu es plus concentrée sur l’histoire avec Caleb que tu laisses tes doutes concernant ton père de côté. Aujourd’hui, tu veux juste profiter du temps en sa compagnie et ça fait du bien. Tu aimes ce moment que vous êtes en train de vivre. Même s’il peut sembler anodin, pour toi il a de l’importance. Tu aimes chérir chaque moment positifs, même les plus petits. “T’inquiète, cette ampoule n’est pas prête de griller tout de suite” dis-tu en souriant. Après tout, tu fais tout pour entretenir ton esprit. Tu es le genre de personne curieuse, voulant découvrir le plus de choses possible, lisant, bref, tu n’es pas à rester t’abrutir devant un écran de télévision. “Et en parlant d’ampoule, comment va la tienne papa ? Car tu commences à te faire vieux” tu rajoutes pour le taquiner en lui donnant une petite pichenette sur le crâne. “Et je ne dirais pas que tu es un boulet… Sauf quand il s’agit de compta !” finis-tu en rigolant. Il n’y a pas à dire, tu adores vraiment taquiner ton vieux père. On peut dire que tu as hérité du côté surdoué de ta mère, mais ton humour, il vient de ton père. Tu en es sûre. Tu hoches la tête quand ton père te demande si c’est la science politique qui t’intéresse. Il a l’air assez étonné. Pourtant tu en parles assez souvent, mais cela montre que vous ne discutez plus assez… Il te demande ce que tu souhaites faire plus tard. Tu souris doucement avant de dire sûre de toi “Je veux être la première femme présidente des Etats-Unis… Ou au moins première ministre. Et ne t’en fais pas, tu ne me dérange pas.” Tu dis cela fièrement, comme si cela est déjà une chose accomplie. Tu attends la réponse de Nolan quand ton portable vibre. Tu le sors avant de lire le nouveau message qui s’affiche. « Euh... Papa. Tu as une nouvelle petite amie ? » Tu demandes suite à cela sans savoir quoi en penser.
J'avais tendance à gentiment me foutre de celles et ceux qui me disaient avec sincérité, que les moments les plus simples étaient ceux qu'ils chérissaient le plus. En général, les gens qui me le faisaient entendre étaient, certes désarmant de sincérité, mais surtout imbibé d'alcool. Et croyez-moi, des récits de comptoir de cet acabit, j'en ai tout un stock. Mais voilà que maintenant, c'est moi qui me sentais con force est de constater que ces personnes bien que de connivences avec l'ivresse, avaient raison. Pourquoi s'emmerder à trouver le bonheur, alors que parfois, les choses les plus simples suffisent à vous embellir une journée ? Et le moment passé avec Sunny étaient de ces petites choses qui faisaient de moi un homme riche sans fortune, mais pourvues aujourd'hui de l'amour de mon enfant. « - Quelle transition ! Et je te remercie de t'inquiéter pour mon ampoule qui malgré les filaments grisonnants se porte à merveille. Pense quand même à me faire penser que je dois prendre un rendez-vous chez l'électricien, sait-on jamais ! » La petite pichenette dont elle venait de m'affubler intensifia, j'en suis sûr, le sourire qui vivait déjà sur mon visage. Cette complicité me faisait tellement chaud au cœur que j'en oubliais chacun de mes tracas. Sally aussi, était pourvue de ce don à une époque. Mais pourquoi je pense à elle ? Je passais pourtant un si bon moment avant qu'il ne soit ternit par le souvenir de cette personne.
« - Hum la compta ? » demandais-je en espérant rebondir assez bien pour que Sunny ne constate pas ma toute petite absence. « - Superman avait sa kryptonite, j'ai la mienne et c'est quand même moins classe. » Puis, après avoir esquissé ce petit trait d'humour, nous reprîmes ce qui me semblait être une conversation sérieuse. Elles, les conversations, le sont en général lorsqu'il est question d'avenir. Et c'est là, à ce moment précis où Sunny me fait part de ses choix, que je prends la pleine mesure de mon absence. Effectivement, j'étais loin de me douter qu'elle avait autant d'ambition. Quelque part, je m'en veux et continue à me fustiger de l'intérieur pour ne pas être aux faits de ses projets. Je me sens si bête encore plus lorsqu'elle me fait savoir qu'elle rêve de devenir la première femme présidente et qu'elle se ravise optant ainsi pour le poste de première ministre. Était-elle sérieuse ? J'imagine que oui, sinon quoi elle se serait déjà marrée depuis longtemps. Son téléphone se mit alors à vibrer, me laissant quelques secondes de réflexion pour tenter de démêler le faux du vrai. Une entreprise malheureusement trop éphémère, car voilà déjà, une nouvelle problématique à éluder.
« - Quoi ? Si j'ai une petite amie ? » Je ne pus m'empêcher d'arquer le sourcil gauche surpris par la question. « - Alors pas à ma connaissance. La dernière en date était, tu t'en souviens la végane. Depuis personne, mais pourquoi tu me demandes ça ? » Le regard posé sur son portable, je fus alors frappé d'une révélation dont je me serais bien passée. Pauvre de moi, parfois, je regrette d'être aussi perspicace. « - Ne me dis pas que c'est ce truc, cette bitch qui t'as envoyé une notification pour te faire savoir que j'avais une copine? »
Tu ris en entendant la réponse de ton père. Tu ne t’attendais pas à une telle réponse mais c’est ce que tu aimes chez lui, le fait qu’il marche dans les blagues et qu’il réponde toujours avec classe. « Whoa Papa, tu es le roi de la métaphore. » dis-tu en te moquant légèrement. Riley arrive et pose sa tête sur tes genoux, levant vers toi des grands yeux suppliants. Il ne te reste plus grand chose de ta glace et heureusement sinon elle aurait déjà fondue avec la chaleur. Alors tu lui tends le petit bout de cornet qu’il te reste. L’animal n’en fais qu’une bouchée et ça te fait doucement sourire. Les animaux prennent rarement le temps d’apprécier la nourriture. « Il a quel âge maintenant Riley ? » tu demandes soudainement, pensant à cela en voyant l’animal devant toi. Tu rigoles à nouveau quand ton père te dit que la compta est sa kryptonite. Même si tu ne t’intéresses pas du tout aux super héros, tu as réussi à comprendre cette référence. De toute manière, avec Todd qui est à fond dedans et qui en parle souvent, difficile de faire autrement. Après avoir annoncé à ton père ton projet de métier, il reste silencieux. Il a l’air perplexe. Peut être qu’il ne te croit pas ? Tu affiches une petite moue, peinée qu’il en doute. Tu allais reprendre la parole, mais ce fut à ce moment où tu reçu le sms. Tu questionnes ton père à ce propos, étant pendue à ses lèvres attendant la réponse. Il te dit que non, il n’a pas de copine. « Ah… » D’un côté tu es rassurée et de l’autre déçue, tu ne sais pas vraiment pourquoi. « Ouais bingo, c’est elle ! » tu réponds quand il te demande si c’est la bitchcation. « Elle a vraiment des yeux partout ! » a un point que tu commences à te dire qu’il y sûrement plus qu’une personne derrière bitchcation.
Pour rien au monde, je n'échangerais ces moments passés avec Sunny. Et étant trop rares à mon goût, je les savourais davantage force est de constater que mon petit soleil n'avait de cesse de s'accroître. Oui, elle était une jeune femme, pourvue d'une beauté que je devais admettre, semblable à sa mère. Toutefois, elle était pourvue de ce regard azur, à la fois insondable et pétillant. J'osais prétendre la similitude avec mon regard, fier de lui avoir transmis ce bel héritage, que je tenais moi-même de ma mère. Il en était de même pour le caractère, ce que je ne souhaitais pas à Sunny. J'aivais beau être un type que l'on qualifie de « sympa » je n'en demeurais pas moins le genre de gars qui pouvait partir au quart de tour si besoin. D'ailleurs même si le besoin n'y est pas, je peux m'enflammer. Enfin bref, j'espère que Sunny n'a hérité qu'à moitié de ce caractère, sinon quoi je souhaite bien du courage à la personne qui lui sert de mère. « - Le roi de la métaphore et des pancakes. C'est un titre que beaucoup jalousent, tu sais ! » j'esquissais un sourire, tandis que Riley désireux d'attirer toutes les attentions, se joignit à nouveau à nous, prenant soin au passage de quémander un petit quelque chose que Sunny lui offrit.
« - Notre bonhomme qui fait céder n'importe qui a soufflé ses six bougies ! » Oui, Riley avait six ans, presque sept ce qui correspondait aux nombres d'années passées depuis le divorce. Il était arrivé quelques mois après ce qui me semblait être la déchéance la plus totale. Je ne sais pas pourquoi, ni comment, mais au lieu de me morfondre ce jour-là, j'avais pris la direction d'un refuge animalier. Sans but, j'avançais, jusqu'à me rendre à l'endroit où se trouvait les jeunes chiots. Je ne saurais pas dire comment, mais j'ai très vite été attiré par un box en particulier et lorsque mon regard a croisé celui de ce magnifique Berger Australien, j'eus compris que je ne repartirais pas seul. Et en repensant à ces presque sept années passées ensemble, je ne pouvais que reconnaître l'importance de mon camarade à quatre pattes. Sortant de ma nostalgie, je reportais mon attention sur Sunny prête à me faire entendre ses projets d'avenir. Comment ne pas être fier en de telles circonstances ? Je l'étais tellement que j'étais tout bonnement incapable de m'épancher sur le sujet. Mon petit ange commençait à prendre son envol et devenait une femme et nul doute qu'elle accomplirait de grandes choses. L'accalmie ne fut malheureusement que de courte durée. Le portable de Sunny attira toute son attention, avant qu'elle ne me demande si j'avais quelqu'un. C'était la Bitch, j'en étais quasiment certain. Une fois encore, elle venait de propager son venin, un venin dont ma fille était victime et ça m'exaspérait. « - Sunny, il ne faut pas croire à tout ce que dit cette chose hein ? Elle ne t'épargne pas non plus j'ai l'impression. Tu veux en parler ? »
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Sujet: Re: Devoir paternel 
Tu vois l’énorme sourire de ton père à avoir parler un peu de musique et cela te fait plaisir. Depuis le divorce, tu as le sentiment que tu t’es un peu éloignée de lui. Par ta faute d’une part, il est vrai que tu as un comportement assez aléatoire avec lui, mais par moment, tu repenses juste à ce qu’il a fait et tu te bloques. Mais la, avec cette discussion et la musique, tu as le sentiment que ça vous rapproche un peu. Et tu veux lui montrer que malgré tout, il a réussi à te transmettre ses passions. «Je ne connais pas non plus Kodaline mais j’écouterais. Peut être que je ne briquerais pas le sol mais que je serais inspirée pour faire autre chose. Comme… ma lettre de motivation pour la fac ? » Tu n’es pas encore dans ta dernière année de lycée mais tu penses déjà à tes études supérieures. Il faut dire que tu as une idée très nette et tranchée de ce que tu veux faire. En parlant d’études, tu soupires à propos de tes profs. Tu sais que ton père a dit cela sur un ton d’humour mais tu as le sentiment qu’il n’a pas si tort que ça. «Malheureusement même les génies ont le droit à avoir un coup de mou de temps en temps. Tu savais qu’Einstein était le plus nul de sa classe ?» Tu espères avoir réussi à le convaincre que tout aille bien et qu’il arrête avec ses questionnements. Tu ne peux t’empecher de rougir quand ton père te dit être fière de toi. En temps normal, tu prends plutôt bien les compliments, mais quand ils viennent de tes parents, tu te sens toute petite. « Merci papa. » Tu rigoles doucement à sa blague avant de reprendre. « J’espère que tu ne galères pas pour ta compta alors ! »
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