Devoir paternel

Nolan & Sunny

Devoir Paternel

Tu souris à ton père quand ce dernier dit qu’il est le roi de la pancake. Tu le crois bien ! D’aussi loin que remontent tes souvenirs, les pancakes de ton père sont les meilleurs que tu n’as jamais mangées. Bon, tu refuses catégoriquement d’en manger d’autres, prétextant que ça ne sera jamais aussi mieux que celles de ton paternel. « C’est quand la prochaine fois que tu m’en feras ? » demandes-Tu avec innocence. Tu as beau être toute petite et toute fine, la gourmandise est sûrement le péché capital qui te représente le mieux. Dès que tu peux grignoter quelque chose de sucré, tu ne te fais pas prier. La preuve avec la glace que tu as rapidement terminé avec l’aide de Riley. En parlant du canidé, ton père te dit qu’il a six ans. « Ohlalala déjà ? » Cet petit être faisait tellement partie intégrante de votre vie, que pour toi, il avait toujours été présent. Tu te souviens tellement de la joie que tu avais eu quand ton père l’avait adopté, toi qui avait toujours voulu avoir un chien… Suite au message de la bitchcation, ton père fini par te mettre en garde contre elle, te disant de ne pas croire tout ce qu’elle dit. « Je sais bien papa mais… » mais quoi ? Toi même tu ne le sais pas. Tu te dis que c’est bien plus facile ou drôle de croire ce qui est marqué dans ses petits paragraphes. Tu regardes un peu ton père étonnée quand il dit qu’elle ne t’épargne pas. « Je n’ai pas l’impression qu’elle est plus à parler de moi qu’un autre… » peut être l’un des points positifs de cette bitchcation. Qui que l’on soit, on passait tous dedans. Sans différenciation d’âge, sexe, milieu de vie etc. Tout le monde est logé à la même enseigne. « De toute manière, quand elle parle de moi je m’en détache facilement. Ce qui est faux, je le sais et ceux qui me connaissent vraiment devraient le savoir aussi et ce qui est vrai, j’assume totalement donc… »

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Je ne suis pas un grand cuisinier, je n'ai jamais prétendu l'être et je pense que je ne le serais jamais pour ainsi dire. Lire des livres de recettes ça m'emmerde, trouver des recettes sur internet ça m'emmerde aussi. En fait, je crois que j'aime la simplicité et de ce fait, je pourrais aisément faire l'éloge du micro-onde pendant des heures si l'on venait à me poser la question. Toutefois, je peux prétendre à l'excellence culinaire sur une chose et c'est incontestable, les pancake. Je maîtrise l'art du pancake depuis des décennies. C'est mon père adoptif qui est l'origine de ce titre honorifique de « roi du pancake ». Lui non plus n'était pas un grand cordon bleu, mais il aimait, le matin se lever avant tout le monde, pour préparer le petit-déjeuner et ainsi nous régaler de ses fameux pancake. Il gardait d'ailleurs jalousement sa recette sur un bout de papier qu'un jour, il a décidé de me confier. J'imagine que c'était pour lui une façon de me léguer quelque chose autre que les liens du sang. Je me suis beaucoup exercé adolescent pour réussir ces pancake et je crois même que ça a tellement bien marché que j'ai réussi à séduire les papilles de Sally lors de notre première soirée passé ensemble. Depuis ce jour, j'excelle dans les pancake et voir le sourire de Sunny paraître sur son doux visage, me donne envie moi aussi peut-être un jour, de lui léguer la fameuse recette secrète. Qui sait, cela pourrait peut-être devenir une sorte de tradition familiale avec le temps.

« - Je t'en ferais quand tu passeras à l'appartement un de ces quatre. Tu sais, je pourrais même d'apprendre à les faire et de ce fait, te léguer la recette de… » Et c'est là, à ce moment précis où j'hésite que je me trahis ; Jack était mon père, il l'avait été du début à la fin, il m'avait élevé comme son fils, de ce fait, je n'avais pas le droit, même affublé de la vérité, de le priver de ce titre et ce même s'il n'était plus là pour le défendre. « - Ouais ton grand-père. » ajoutais-je donc pour me rattraper. « - Il m'a légué la recette des pancake quand j'avais à peu près ton âge. Ca pourrait devenir notre tradition familiale qu'est-ce que tu en penses ? » Et l'occasion de passer un peu plus de temps ensemble accessoirement. Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, nous revoilà en train de causer de la Bitch, décidément celle-là est partout quoique l'on dise, quoique l'on fasse, on ne peut y échapper. « - Ma chérie, je ne veux pas que cette application à la con te fasse du mal. Mais tu as raison, il faut s'en détacher ! Ouais, je devrais en faire de même, mais tu sais mon passif avec les rumeurs et les réseaux sociaux rendent la tâche plus ardue. Tu sais parfois même si c'est faux, des rumeurs peuvent gâcher toute une vie. »

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Tu souris à ton père quand il te propose de passer à son appartement. "Je prends l'invitation au pied de la lettre alors, demain soir ?" Tu es toi même étonnée de proposer cela. La relation avec ton père ces derniers temps était plutôt tendue. Un jour ça allait et l'autre non. Mais avec la journée que vous venez de passer, tu as remarqué à quel point tout les bons moments que vous avez partager ensemble t'ont manqué et que tu as envie de les revivre à nouveau. Peut-être qu'il est temps d'enterrer la hache de guerre pour de bon. Ton père te dit qu'il pourrait te léguer la recette, l'ayant lui même reçu de... "De qui ?" tu demandes, voyant qu'il n'a pas fini sa phrase. C'est n'est que de peu de temps après qu'il parle de ton grand-père. "Ah d'accord..." Tu trouves cette pause un peu bizarre, mais tu ne cherches pas à en savoir plus. "J'adorerais avoir la recette" finis-tu par dire, toujours en souriant. Tu n'es pas une grande cuisinière, après tout tu as grandit avec des personnes faisant à manger pour toi. Après, tu te dis qu'apprendre cette recette pourrait te permettre de passer des bons moments avec ton père. Ton père te parla de Bitchcation et de sa peur qu'elle lui fasse du mal. "Ça va papa et s'il y a un souci, j'en parlerais" Même si tu es moins sûre que ça, mais tu veux dire ça pour le rassurer. Tu as bien vu que des fausses rumeurs peuvent détruire une vie... Même si au fond de toi, tu ne peux pas t'empêcher de douter de savoir si c'est faux ou non... "Je me demande qui est derrière tout ça..." dis-tu en prononçant tes pensées à voix haute.

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Je ne pouvais m'empêcher de sourire et ça faisait longtemps que je n'en avais pas abusé autant. Notre relation avec Sunny était compliquée, comme le sont souvent les relations entre des ados et leurs parents à ceci près que je ne vivais pas avec ma fille, ayant perdu sa garde et que de ce fait, je ne pouvais prétendre à aucune normalité. Elle m'en voulait pour ce que je n'avais pas fait à sa mère, mais dont elle semblait convaincue comme une bonne partie de l'entourage de mon ex. Que pouvais-je face à ça, si ce n'est profité des quelques accalmies qui m'étaient offertes quand elles se présentaient. « - Demain soir ? Tu veux venir demain soir ? Je ne suis pas censé t'avoir ce week-end, tu sais, mais si vraiment, tu le veux, je pense qu'on peut négocier. Ca me ferait vraiment plaisir en tout cas ! » Tellement que j'étais même prêt à prendre ma soirée juste pour être avec elle. Prions pour que la reine-mère accepte « - Il faudrait en parler avec ta mère et que tu te montres convaincante hein ! » Je préférais ne pas insister davantage histoire de ne pas faire montre de mon hostilité à l'égard de mon ex face à Sunny, qui n'avait pas à subir les échecs relationnels de ses parents. Tiens en parlant d'échec relationnel, c'est bien ce don, il était question présentement en évoquant l'homme que j'étais incapable de nommer « papa »depuis que j'avais appris l'odieuse vérité. Il s'était écoulé huit ans depuis preuve que je n'avais pas encore fait le deuil. « - Oui, ton grand-père. » Mais je préfère ne pas m'appesantir sur le sujet, car ce n'est ni le moment, ni le lieu pour le faire. Cependant, il était évident qu'à un moment donné, il me faudrait m'armer de courage pour parler avec Sunny, devenue assez grande pour entendre certaines vérités, pas forcément agréables à dire et à entendre. Par chance, j'avais de quoi rebondir dans la conversation une chance vite ternie par un sujet moins réjouissant que la cuisine. « - Je sais que tu es assez mature pour gérer la crise, mais on ne sait jamais ! » Et alors que je prononçais ma dernière réplique Sunny laissa ses pensées se faire entendre. « - Ca fulmine dans ta caboche à ce que je vois ! Je pense trop haut moi aussi ! » avouais-je en l'affublant d'un regard complice. « - Vous voulez mon avis inspecteur Columbo ? Pour la référence, si tu ne l'as pas, c'est un flic des années 80 avec un impair gris. Enfin bref, moi, je pense que c'est comme la Team Rocket ! Elle est plus rapide que la lumière et à de toute évidence des yeux partout ou alors un carnet d'adresses avec des soupirants bien décidés à lui faire plaisir. En tout cas, c'est quelqu'un qui n'a rien de mieux à faire dans sa vie. Une vie bien triste et pathétique si tu veux mon avis. Enfin bref ! Bon et si tu tentais de demander à ta mère pour ce soir ? Comme ça, on s'arrange pour que tu récupères tes affaires. Ca me laissera le temps de préparer ta chambre et d'aller nous faire quelques courses pour ce soir. Tu veux qu'on se regarde un film ou une série ? »

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Ton père semble étonné par ta proposition et il a de quoi l'être, étant donné que toi même tu l'es. Mais tu commences à être fatiguée d'essayer de le détester. Tu as toujours été perdue dans toute cette histoire qu'il y a eu avec ta mère. Tu as longtemps cru que ce qui a été dévoilé est vrai... Tu le crois encore, mais quelque, au fond de toi, tu es prête à donner le bénéfice du doute. Après, c'est peut-être parce que tu as grandis et pris en maturité ? Toujours est-il que passer du temps avec ton père t'a manqué et des moments comme celui d'aujourd'hui, tu es prête à en revivre le plus souvent possible. Tu te dis que tu peux peut-être construire de nouveaux souvenirs avec lui, des souvenirs qui feront oublier tout ce qu'il s'est passé. Après ta proposition, ton père dit que tu devais voir avec ta mère. « Oh j'espère qu'elle acceptera. Si la demande vient de moi, il n'y a aucune raison qu'elle refuse... Et si ça arrive, je partirais quand même ! » dis-tu en croisant les bras, d'un air décidé. Tu ne vas pas dire ça à ton père, mais on t'a déjà refusé de te rendre à des soirées, mais tu as quand même fait le mur. Quand tu as une idée en tête, il n'y a rien qui puisse t'en détacher. Tu hoches la tête quand ton père confirme que c'est la recette de ton grand-père, cependant, il n'en dit pas plus. Le sujet Bitchcation revient. Tu eu un petit sourire en entendant ton père t'expliquer ce qu'était Columbo. « Je sais ce que c'est, ne t'inquiète pas ! On ne dirait pas comme ça, mais j'ai de la culture ! » Après tu n’as jamais regardé un épisode de cette série, mais elle s’est tellement ancré dans la culture qu’il est difficile de ne pas en avoir entendu parler. Tu ris à nouveau à la référence de ton père concernant Pokémon. Comme quoi, ton paternel peut avoir de l’humour. « Je pense également qu’il y a plusieurs personne derrière tout ça… » dis-tu avec un petit soupir. Ton père finit par te demander de voir avec ta mère pour la soirée. Tu hoches la tête avant d’ajouter. « Je ferais ça… Et pour ce soir, je dirais… Un film ? »

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Moi qui rêvais de passer plus de temps avec Sunny, je fus ravi de constater que ce désir était partagé. On n'est jamais sûr de rien avec des adolescents, mais plus encore lorsque cette même ado est au centre d'un conflit et qu'elle est plus susceptible, au vu de la garde exclusive exercée par sa mère, de prendre un parti plus que l'autre. Je me demandais d'ailleurs quels genres d'âneries Sally avait pu lui balancer aux cours de ces dernières années. Après tout, elle se sentait bafouée, désavouée et trahit, des sentiments qui chez les femmes, les rendent encore plus hargneuses. Je suis sûr qu'elle ne s'était pas gênée pour me casser du sucre sur le dos, formule polie pour éviter de mettre en exergue que c'est une connasse. Blague à part, à ce moment précis, j'étais encore loin de me douter que j'avais tout faux et elle aussi d'ailleurs, mais nous n'en sommes malheureusement pas encore là. Pour l'heure, je me devais cependant et bien malgré moi, de refréner les ardeurs et la motivation de ma petite princesse. « - Chérie, on ne va pas mettre la charrette avant les bœufs ou l'inverse. Les bœufs avant la charrette ? » demandais-je incertain. « - Je sais que c'est une histoire de charrette, enfin bref ce n'est pas le sujet. Ca me fait vraiment plaisir de te voir pleine d'entrain à l'idée qu'on passe du temps ensemble, mais parce qu'il y en a malheureusement un, je ne peux faire comme si je ne venais pas de t'entendre que tu outrepasserais le choix de ta mère. Elle te privera de sortie jusqu'à la fin de tes jours si elle venait à l'apprendre. Quant à moi, je ne préfère même pas imaginer quel châtiment elle pourrait me réserver. Tente déjà de la convaincre pour commencer. Avec ce regard d'ange, je suis sûr que ça ne sera qu'une formalité hein ? » Toutefois, j'espérais ardemment qu'elle parvienne à convaincre le dragon dès la première demande pour m'éviter de devoir prendre part au débat et plus encore lui adresser la parole, le cas échéant, il me faudra un pieu et de l'eau bénite, pas sûr de trouver ça en rayon au centre commercial. Je me garde bien sûr de parler à voix haute. Sunny n'a pas besoin de subir l'hostilité qui nous anime Sally et moi. Par chance ( bien que ça m'emmerde de le reconnaître) la Bitch nous permis d'arborer un sujet un peu moins épineux (tout est relatif.)

« - Je ne doute pas de toi ma petite détective en herbe. Mais bon comme vous les ados vous avez tendance à vite nous trouver has-been, je pensais que la référence sonnerait trop vieille, autant que l'impair qu'il porte. Il était bon, mais moins rapide que la lumière. Tu te souviens, tu ne ratais aucun épisode de Pokémon quand tu n'étais pas plus haute que trois pommes. Tu connaissais le speech de la Team Rocket par cœur. Une vraie référence, n'est-ce pas ? Mais pour en revenir plus sérieusement à cette satanée application, je pense qu'il s'agit de gens qui n'ont rien d'autre à faire. Ils sont frustrés par la vie et nous le font payer. Le problème avec ce genre de réseau de délation, c'est que c'est aussi instable qu'un ballon de baudruche plein de flotte. Tôt ou tard, ça finit par péter. On ne réagit pas toutes et tous de la même façon face à la rumeur. Enfin bref, je ne veux pas qu'on s'attarde là-dessus, parce que cela lui donnerait plus de crédit à cette Bitch et que nous ne sommes pas là pour en faire sa promotion, mais bel et bien pour passer du temps tous les trois. Qu'est-ce que tu en dis Riley ? » Reconnaissant son prénom, mon fidèle berger australien aboya une fois avant de venir se coucher près de Sunny. « - Donc, dans l'éventualité que tu aies la permission maternelle de découcher, on opte pour un film ? » J'attendis patiemment sa réponse, avant de songer avec amertume qu'il était temps pour nous de nous séparer. « - Tu prends le bus ou l'assistante de ta mère passe te chercher ? »

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Tu es plutôt enjouée à l’idée de passer une soirée avec ton père. Tu te dis que c’est peut-être un retour à la normalité. Enfin… à une normalité, une qui pourrait convenir à tout le monde. Tu es toute excitée, te disant que tu t’en fiches de ce que ta mère peut penser de cela, mais ton père te calme tout de suite. Tu fais une petite moue triste, même si tu comprends très bien son raisonnement. “On dit la charrette avant les boeufs, Papa” dis-tu pour confirmer son doute. Tu soupires, tu comprends où ton père veut en venir, c’est vrai que sa relation entre ta mère et lui est plutôt à flux tendus et tu n’as pas envie de lui attirer des ennuis. “Maman ne pourras jamais me priver de sortie à vie… Mais bon, je vois où tu veux en venir, je lui demanderais”. En espérant qu’elle accepte, mais tu te dis qu’il n’y a aucune raison qu’elle refuse. Tu l’espères au moins… Peut-être que si la demande venait de ton père, elle ne l’aurait pas voulu, mais vu que là ça vient de toi et qu’elle ne veut que ton bonheur, elle ne devrait logiquement pas être contre. Tu souris en entendant ton père parler de pokémon, c’est vrai que tu passais beaucoup de temps devant ces dessins animés, alors qu’avec le recul, tu trouves que c’est sans queue ni tête. Qui laisserait son enfant de 10-11 ans partir chasser des animaux sauvages pour les forcer à se battre ? “Je me souviens que je vous avais demandé un pikachu pour noël. Pas une peluche, un vrai !” dis-tu avec un sourire à l’évocation de ce souvenir. La discussion continua sur Bitchcation et tu écoutes l’avis de ton père dessus. Tu es plus ou moins d’accord avec lui. Tu finis par hausser les épaules avant de dire “Je pense qu’il ne faut surtout pas donner de la crédibilité à ce qu’elle raconte, il suffit de lui répondre avec de l’ironie, faire semblant qu’elle ne t’atteint pas… Mais bon, parlons d’autres choses si tu le souhaites !” tu finis avec un hochement de tête. Ton père te demande ce que tu veux voir comme film. Tu réfléchis un petit moment avant de lui proposer “Un film romantique ou un film d’horreur ?” Toi, tu aimes bien les deux, tu n’es pas compliquée en matière de film. Quand ton père te demande comment tu rentres tu réponds “Je pense que je vais rentrer à pieds. J’essaye d’éviter au maximum Juliet, elle m’énerve…”. Dire que tu ne portes pas l’assistante de ta mère dans ton coeur serait un euphémisme. Elle n’a pourtant rien fait de méchant, mais c’est plus fort que toi, cette fille t’insupporte.

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La perspective de pouvoir passer une soirée avec ma fille, « m'enjaille » comme disent les jeunes, bien que je sois encore incapable de clairement définir le verbe « enjailler » Mais il me semble que les adolescents l'emploient lorsqu'il est question de s'amuser. Enfin bref, traite d'explication linguistique. Mais comme un bonheur ne vient jamais (sauf dans les films) sans une once d'embêtement, il nous fallait dès à présent éluder un problème du genre "problématique" et pas des moindres. Sally ! Rien que le fait de dire son prénom me procure des frissons, mais pas ceux que l'on se plaît à ressentir. Non, moi j'ai plus l'impression d'avoir dit trois fois « Bloody Mary » devant un miroir et me préparer de ce fait à la voir débarquer sans que je ne m'y attende. Bien que j'avoue, que le fait de voir Sunny, prête à outrepasser les directives de sa matrone, pour pouvoir passer du temps avec moi me touche, je me devais toutefois d'être responsable, le cas échéant si l'adjudant-chef venait à l'apprendre (la bitch étant omnisciente, je devais entrevoir la dénonciation à venir) nul doute que cela pourrait se retourner contre moi. « - Donc on ne met pas la charrette avant les bœufs ! Je savais qu'il y avait une histoire de charrette » laissais-je entendre en tendant d'apaiser l'atmosphère. « - Et ne sous-estime pas ta mère, je suis sûr qu'elle serait capable de t'enfermer dans une tour comme Raiponce, juste pour te priver de sortie à vie. Et de toi à moi, la hauteur ce n'est pas mon truc, alors il ne faudra pas compter sur moi pour venir te délivrer ma petite princesse » lançais-je le sourire aux lèvres avant de reprendre mon sérieux. « - Si on fait les choses bien, je ne vois pas pourquoi elle dirait « non » Et puis si ça vient de toi, ça ne peut qu'être « oui » Après tout, Sally ne voulait que le bonheur de notre petite princesse. Je l'espérais vraiment, tout comme j'espérais qu'elle mette de côté nos rancœurs pour épargner Sunny et ne pas la mêler à la déchéance de notre mariage passé. Un beau gâchis en somme, nous nous sommes tellement aimés, que je me demande s'il me sera possible un jour d'aimer à nouveau, sans craindre de devoir subir une nouvelle difficile séparation. J'étais persuadé que Sally était l'amour de ma vie, force est de constater que je me suis lourdement trompé. Toujours est-il que Sunny était là et que ce n'était pas rien. En somme l'amour de ma vie, c'était elle, cette petite princesse qui dès qu'elle eut posé les yeux sur moi, me pourvut certainement du plus beau rôle de ma vie, celui de père.

« - Si je me souviens ? Tu ne vivais que pour ça. Tu n'arrêtais pas de dire à qui voulait l'entendre que tu seras la meilleure dresseuse de Pokémon. On aurait pu y croire tellement, tu en étais convaincu. Je me souviens encore de ta tête quand tu es tombée sur la peluche de ce pikachu tellement mignon en plus. » C'est vrai que ce jour-là, elle fut légèrement déçue et qu'il nous avait fallu avec Sally, redoubler d'inventivité pour justifier la non-présence d'un vrai pokémon aux pieds du sapin. Je crois que le coup du permis sembla avoir fonctionné. Et alors que nous évoquions avec nostalgie le passé, le présent nous rattrapa par le biais de cette stupide application et Sunny me surprit à faire preuve, une fois encore, d'une très grande maturité. Elle avait totalement raison pour le coup, il fallait ignorer cette chose, un peu comme l'on ignore la gorgone pour ne pas finir pétrifier. « - Je vais suivre tes conseils ma grande ! Tu as bien raison, on va l'ignorer et accorder plus d'importance au choix de notre film. » Je lui laisse le temps de réfléchir et de répondre, essayant déjà dans un coin de ma tête, de faire le listing des films potables à voir sur Netflix. « - Horreur ou romantique ? Hum… je pense que ça ne devrait pas être trop difficile à trouver » Et nous voilà déjà à devoir nous séparer, de ce fait je prends soin de m'enquérir de son moyen de transport pour regagner sa résidence principale dont j'ignore encore l'adresse. Je suis surpris de l'entendre opter pour le bus, pour éviter d'être confrontée à l'assistante de sa mère. « - Juliet Gray ? » Je pose la question presque naïvement alors que je connais pertinemment la réponse. Pourquoi donc Sunny cherchait-elle à tout prix à éviter l'assistante de Sally ? Si l'on ne tient pas compte du fait que cette demoiselle loue une féroce rancœur à mon égard, elle n'a pas l'air méchante au point d'être fui comme la peste. « - Il s'est passé quelque chose pour qu'elle t'énerve autant ? Bon ok, elle est un peu trop du genre lèche-bottes avec ta mère et me déteste sûrement toujours depuis le divorce, mais elle n'a pas l'air d'être une personne détestable ! Tu veux en parler ? »

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Tu hoches la tête quand ton père reprends l’expression. Quand on réfléchit, c’est assez logique en soit, si on mettait la charrette avant les boeufs, il serait dur d’avancer. Parfois, tu te dis que c’est plutôt amusant de voir d’où viennent les différentes expressions. Même s’il y en a beaucoup que tu n’expliques pas. Comment pisser dans un violon. Pour dire que quelque chose est inutile… Pourquoi ? Comment ? Est-ce que quelqu’un à déjà essayé pour le sortir comme expression ? Si c’est vraiment le cas, tu te dis que c’est peut-être mieux de ne pas vraiment le savoir… Il vaut mieux que tu penses à autre chose avant de te mettre l’image en tête. Tu souris encore une fois, face à l’humour de ton père. “Et je ne suis pas sûre d’avoir envie d’avoir des cheveux long de 10m. Tout mon argent de poche passera dans le shampoing.” En parlant de ça, ça t’amuse un peu de voir que dans le dessin animé, elle a des cheveux long et soyeux alors qu’en vrai, ça serait vraiment galère à en prendre soin. Elle arrive quand même à se trimballer dans une forêt, ses cheveux traînant par terre, sans ramasser aucunes branches ou feuilles mortes ! “Mais maman n’aurait aucune raison de me priver de sortie, je pense qu’elle acceptera” tu conclus en souriant. “Comme tu le dis, si on fait les choses bien, elle acceptera, je peux même essayer de la soudoyer avec des cookies.” Tu n’es pas une grande cuisinière, mais s’il y a quelque chose que tu sais faire, c’est bien ça ! Tu ris quand ton père évoque des souvenirs de quand tu étais petite. “Mais je comptes toujours devenir le meilleur dresseur pokémon au monde” dis-tu en tirant la langue. Tu aimes bien te rappeler ces moments, quand tout allait bien, quand il n’y avait pas eu ce stupide divorce. Tu n’es pas malheureuse maintenant, loin de là, mais parfois, tu aimerais être une famille comme les autres, pas de célébrité, vivant dans une petite maison simple, ensemble, avec un labrador… Ton père fini par dire qu’il écoutera tes conseils concernant la bitch, tu lui souris, n’ajoutant rien de plus ce qui semble clore le sujet sur l’application. Pendant ce temps, ton père te dit qu’un film ne devrait pas être trop difficile à trouver “On verra le moment venu !” dis-tu en souriant. Voilà qu’il te questionne, tu soupires avant de hausser les épaules. “Non non, elle n’a rien fait de spécial… Mais bon, je sais pas, elle fait tout ce que lui dit maman, j’ai l’impression qu’elle n’a pas de personnalité. Et puis elle est trop gentille, trop parfaite, sans défauts et les gens comme ça, ça m’agace, comme s’ils cachaient quelque chose…” dis-tu avec une moue boudeuse.

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Et me voilà en train de m'imaginer en preux « papa » chevalier pourvu de l'armure qui va avec et du cheval blanc. Galopant à fière allure jusqu'à rejoindre la tour où ma fille est captive et qui pourvue de sa très longue crinière d'or (qu'elle n'a pas), attend que l'on vienne la délivrer. Imagination fertile quand tu nous tiens ! « - Je ne suis pas un expert capillaire ma chérie, mais je doute que Raiponce n'ait que 10 cm de tignasse. On doit lui allouer un sacré budget shampoing au passage. Ah la magie de Disney ! » Me voilà donc en train de me demander, l'espace d'un instant, comment Raiponce fait pour entretenir sa longue tignasse d'or ? N'avais-je donc pas d'autres préoccupations en tête ? En l'occurrence trouver une solution pour que ma fille échappe à mère Gothel sans au préalable déclencher une troisième guerre mondiale. « - En théorie, elle n'a aucune raison de te priver de sortie ! » Mais c'est ta mère Sunny et elle trouvera bien une excuse pour mettre à mal nos plans, ne puis-je m'empêcher de rajouter pour moi-même, histoire d'éviter de paraître trop médisant. Sally était plutôt tatillonne sur le partage de la garde, bien qu'il lui soit largement plus avantageux. Pour ma part, je n'avais le droit qu'aux vacances et à un week-end par mois. C'était peu, mais déjà pas mal au vu de ce qui était préconisé initialement. Et alors que je tentais de trouver une alternative, Sunny fut de toute évidence plus rapide. « - Tu proposes d'acheter ta mère avec des cookies, vraiment ? D'ailleurs, j'ignorais que tu savais en faire. Je serais bien heureux de pouvoir y goûter en échange de quelques pancakes. Ca te paraît raisonnable comme marché ? » J'aimais ça, ce petit moment de complicité, juste elle et moi ( et Riley accessoirement) C'était simple et même si je savais que cela pouvait se détériorer à tout moment, je préférais aisément me concentrer sur le présent, tout en pensant au passé et à ces quelques moments où le bonheur peuplait encore avidement nos vies. C'était si simple à cette époque, peut-être trop pour certaines personnes. Dommage ! Le temps de la séparation était venu, peut-être plus relatif si Sally acceptait de laisser notre fille passer un peu plus de temps que prévu avec son vieux père. Et alors que je me renseignais sur son moyen de locomotion pour rentrer, Sunny laissa entendre une objection concernant Juliet l'assistante, qui titilla ma curiosité déjà bien entamée. « - Tu sais ma puce, c'est son boulot de répondre aux caprices…. Aux besoins de ta mère. » Super lapsus ! « - Elle est sûrement compétente, à mon avis, il le faut pour travailler avec ta mère. Et pour ce qui est de la gentillesse, je suis l'exception qui confirme la règle peut-être. Je crois qu'elle ne m'aime pas, elle me déteste même, hormis ça, je pense qu'elle n'a rien à cacher. Sauf bien sûr si tu as mené ta petite enquête. Tu l'as fait ? »