Evan | What are you doing here ?!

Evan rentrait chez lui après une journée de travail bien remplie. Aujourd'hui, il avait vraiment eu beaucoup à faire, autant au niveau des interventions qu'au niveau de la paperasse. S'il y avait bien une chose qu'il n'aimait pas dans son métier, c'était ça. La paperasse et les rapports à taper après chaque intervention. Mais ça faisait partie du travail et il fallait faire avec. Quoiqu'il en soit, il n'était pas mécontent de pouvoir rentrer chez lui et de prendre une bonne douche avant de passer le reste de la soirée vautré sur le canapé en mode loque, armé d'une pizza et d'une bière. D'ailleurs, c'était l'une des dernières fois qu'il rentrait chez lui, ici. Car bientôt, son chez lui, ce serait chez Patrick, avec Patrick. Quelques jours plus tôt, il avait proposé à son petit-ami d'emménager ensemble et ce dernier avait accepté, à la plus grande joie d'Evan. Et puis, même s'il aimait bien son appartement, il avait tout de même hâte de partir. Car cet appartement renfermait les souvenirs de son ancien meilleur ami. Son abandon avait laissé une blessure profonde chez Evan. Et puis, il y avait l'ascenseur et ce qui s'y était passé avec Aslan. Quelque chose d'insensé, d'inexplicable. Alors oui, il avait hâte d'être loin de cet immeuble et de ne plus risquer de croiser l'autre crétin tous les jours.

Alors qu'il entrait das l'immeuble, quelqu'un le bouscula. Evan se tourna vers la personne en question, reconnaissant alors Yuina. Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Il secoua doucement la tête et lui adressa un petit sourire. "Ce n'est rien !" Pourquoi était-elle devant son immeuble ? "Qu'est-ce que tu fais là ? Tu es venue me voir parce que tu ne sais pas te passer de moi ?" Il la taquinait, évidemment. Il était loin de se douter de ce qui se passait réellement. Cela faisait un moment que la jeune fille habitait dans le même immeuble et pourtant, Evan ne l'avait jamais croisée jusqu'à aujourd'hui. Forcément, il était surpris de la voir là. "Et oui... bonsoir ! J'en oublie la politesse !" Il laissa échapper un petit rire un peu débile, ne se doutant pas qu'il allait sans doute bientôt perdre sa bonne humeur.

Evan ne s’était clairement pas attendu à tomber sur Yuina ici. Du coup, il crut vraiment qu’elle était venue pour le voir, pour une raison ou pour une autre. Bien sûr, il avait préféré sortir une plaisanterie un peu idiote, digne de son sens de l’humour pourri. Il fut néanmoins content que la jeune fille réagisse bien, même s’il sentait qu’il y avait quelque chose. Elle n’avait pas l’air vraiment spontanée. Non, il y avait quelque chose, mais il ne parvenait pas à mettre le doigt dessus à cet instant précis. « Je l’admets, ça le serait ! » Il lui adressa un petit sourire avant de poursuivre. « Tu peux me tutoyer, tu sais. Sinon, tu me donnes l’impression d’être un vieux croûton ! » Il exagérait à peine, tiens. Mais c’était tout lui, ça. Quoiqu’il en soit, il ne tarda pas à découvrir la raison de sa présence ici et inutile de dire que la surprise fut totale. Il regarda la jeune femme avec les yeux légèrement écarquillés. Elle vivait ici depuis plusieurs mois ? Et il ne l’avait jamais croisée jusqu’à aujourd’hui ? Sans doute une question d’horaires, mais tout de même… Alors qu’il s’apprêtait à répondre, il apprit qu’elle vivait chez Aslan. Là, il se sentit presque choqué.  « Quoi… ? » Après tout, Aslan et Evan ne s’appréciaient pas, même si les choses semblaient aller un peu mieux ces derniers temps. Sauver la vie de quelqu’un, ça pouvait parfois faire des miracles. Parce que ce n’était certainement pas l’épisode de l’ascenseur qui avait arrangé les choses. Bon sang. Ça remontait à quelques mois maintenant, mais dès qu’Evan voyait Aslan ou qu’il entendait juste parler de lui, il ne pouvait s’empêcher d’y repenser. Car à ce jour, il n’avait toujours trouvé aucune explication sur ce qui s’était passé. Peu importe, ce n’était pas la question.

« Le temps que quoi ? Yuina, si tu avais besoin d’aide et d’un endroit où dormir, tu aurais pu venir me voir, tu sais. » Comment ça, il se sentait un peu vexé en sachant que la jeune femme avait préféré aller vivre chez son ennemi juré ? Ennemi juré ? Oui, bon, c’était grandement exagéré et il s’en voulut aussitôt de ressentir ça car c’était une réaction tout de même assez puérile. De toute façon, dès que ça concernait Aslan, il n’était jamais très rationnel. Il poussa un petit soupir avant de se rendre compte que Yuina semblait vraiment anxieuse, voire apeurée. Il se souvenait l’avoir vue dans un état similaire à la mort de Thomas… Ça avait été difficile pour Evan aussi car il appréciait le jeune homme. Il finit par poser une main sur l’épaule de Yuina. « Hé. Tout va bien. » Vraiment ? Elle ne se mettait clairement pas dans des états pareils pour rien. « Tu veux venir chez moi ? On pourra discuter plus tranquillement. Je t’offrirai même un bon chocolat chaud ou un thé ou ce que tu voudras ! » La voir dans cet état lui brisait le cœur et il voulait juste l’aider à se sentir mieux. Tout ce qu’il espérait, c’était qu’Aslan savait se tenir avec elle. Sinon, il ferait bientôt connaissance avec le poing d’Evan. Encore une fois, il dramatisait sans doute beaucoup trop, mais c’était plus fort que lui.

Evan avait un peu de mal à réaliser ce qu’il venait d’apprendre. Il ne comprenait pas vraiment pourquoi Yuina avait décidé de se tourner vers cet idiot d’Aslan plutôt que vers lui… lui qui était flic et qui aurait pu la protéger directement. Donc oui, d’un côté, il se sentait un peu vexé, mais il ne devait pas laisser cette histoire l’atteindre. Il ne savait rien de la relation entre la jeune femme et Aslan…mais il savait très bien comment s’était terminé l’une des dernières relations de ce crétin. Peut-être avait-il changé, mais ça ne changeait rien au fait qu’Evan se méfiait toujours de lui. Quoiqu’il en soit, il voyait bien que Yuina n’était pas bien et il ne voulait pas en rajouter en lui disant ce qu’il pensait de l’autre type. Quand bien même il lui avait récemment sauvé la vie et même discuté un peu avec lui. L’instant avait été pour le moins…étrange, voire surréaliste. Il proposa donc à Yuina de monter à son appartement où il lui fit un thé tandis qu’il prépara un chocolat chaud pour lui-même. Ses chats semblaient très heureux d’avoir de la visite et réclamèrent l’attention de Yuina dès qu’elle eut franchi le seuil de la porte. « Excuse les bébés, ils sont souvent bien trop excités de voir quelqu’un d’autre que moi. » Il lâcha un petit rire en observant l’un des chats tenter d’escalader la jambe de la jeune femme. Et oui, il appelait ses chats « les bébés », même s’ils avaient ben grandi ces derniers mois. C’était comme des enfants…on les considérait toujours comme des bébés, peu importe leur taille et leur âge. Mais ils n’étaient pas là pour parler des petits félins.

Yuina finit par se confier à lui et Evan l’écouta sans l’interrompre, même s’il était sidéré par ce qu’il entendait. Il se souvenait de toute cette histoire, évidemment…mais il pensait que c’était du passé. Manifestement, il s’était trompé. D’ailleurs, lorsque Yuina mentionna Thomas, Evan eut un petit pincement au cœur. Il avait apprécié le jeune homme et il regrettait vraiment ce qui s’était passé, même s’il n’y était évidemment pour rien. Une fois que la brune eut terminé son petit récit, Evan garda le silence un instant, le temps de digérer ce qu’il venait d’apprendre. Puis, il prit un air on ne peut plus sérieux et regarda son interlocutrice droit dans les yeux. « Pourquoi tu n’es pas venue au commissariat ? Pourquoi Aslan et toi n’êtes pas venus porter plainte après cette agression ? On aurait pu établir une ordonnance restrictive et tu n’aurais pas à vivre dans la peur… » Vraiment, il ne comprenait pas. Mais il n’avait pas l’intention de juger la jeune femme ni de lui faire des reproches, elle n’avait pas besoin de ça. Il s’interrogeait seulement. « Mais tu as raison. Tu n’es pas seule. Et si tu veux que je rende une petite visite à ce connard, n’hésite pas. Je me ferai un plaisir de l’embarquer. » Il lui adressa un petit sourire avant de sortir son portable qui venait de vibrer. Il réprima un soupir en voyant que ça venait de cette application qu’il détestait tant, mais il lut quand même le message. Il avait beau dire que ça ne l’intéressait pas, il n’en restait pas moins curieux. Il fronça les sourcils, puis reporta son attention sur Yuina. « Yuina…Aslan et toi…y a quelque chose entre vous ? » Il n’était pas du genre à croire ce que racontait Bitchcation, mais en l’occurrence, il devait avouer que ça tenait la route. Dans un certain sens. Car il était sûr que Yuina ne lui avait pas menti concernant l’histoire avec son ex. Pourquoi l’aurait-elle fait ? Ce n’était pas son genre et elle ne serait certainement pas dans un tel état si tout avait été un mensonge. « Bah, laisse tomber. C’était ridicule de ma part de demander une chose pareille… »

Evan ne savait pas trop comment prendre le fait que Yuina ait préféré demander de l’aide à Aslan plutôt qu’à lui et surtout d’aller jusqu’à s’installer chez lui. Néanmoins, il comprenait. Il était vrai qu’en voyant Aslan, on n’avait pas trop envie de lui chercher des noises. Sauf si on était totalement idiot ou suicidaire. Heureusement, les chatons étaient là pour détendre un peu l’atmosphère et la réaction de la jeune femme était des plus adorables. En même temps, comment ne pas craquer pour ces petits félins totalement mignons ? Si mignons que ça devrait être interdit ! « Ils s’appellent Cap’ et Bucky. Tu reconnais la référence ? » Il laissa échapper un petit rire, mais le rire n’était pas totalement joyeux. En effet, ces noms faisaient évidemment référence à Captain America et montraient bien le petit côté geek d’Evan. Mas ces noms, il les avait surtout choisis avec son meilleur ami de l’époque. Ce même meilleur ami qui avait disparu de sa vie du jour au lendemain, sans prévenir. Bien sûr que le jeune homme s’était inquiété et lorsqu’il n’avait pas réussi à le joindre, il avait même lancé un avis de recherche. Rien. Alors, il tentait de vivre comme si de rien n’était, mais il y repensait parfois, se demandant si cet idiot était seulement toujours en vie.
Quoiqu’il en soit, Evan était sidéré par ce qu’il entendait. Ce sale type n’avait vraiment aucun scrupule. « Je vois…Quel connard ! Je te jure, si je l’avais devant moi, je ne sais pas si je pourrais me retenir… » Pourtant, il n’était pas d’un naturel violent et essayait toujours tout pour ne pas en venir aux mains, sauf s’il n’y avait pas d’autre choix. Il avait beau ne pas vraiment apprécier Aslan, il savait que Yuina était sans doute en sécurité avec lui. Ça le faisait bien chier de l’admettre, mais il fallait bien dire ce qui était. Et puis, au cas où, Evan ne serait pas bien loin. Du moins pour l’instant. Vu qu’il avait prévu d’emménager avec Patrick bientôt.

Le brun ne put s’empêcher de questionner Yuina sur la vraie nature de la relation entre Aslan et elle. Il voyait bien la légère gêne de la jeune fille et elle avait beau dire le contraire, le policier était convaincu qu’il y avait quelque chose. Il haussa un sourcil, observant attentivement Yuina. « Tu n’es pas une gamine, Yuina. Tu es mignonne. Gentille. Je suis sûre que plus d’un homme pourrait craquer pour toi. En toute objectivité et amitié, bien sûr ! » Il lâcha un petit rire. Il ne manquerait plus que son amie se mette à avoir de fausses idées à son sujet, tiens ! « Tu tiens à lui. Ça se voit. » Il remarquait aussi qu’elle semblait absolument vouloir changer de sujet. Autre signe qu’il y avait plus et que le sujet Aslan l’embarrassait. Pour l’heure, il décida donc de ne pas insister davantage. Il ne voulait pas la faire fuir. « Moi ? Ça va super ! Je vais bientôt emménager avec Patrick. » Il souriait jusqu’aux oreilles à cette pensée. Certes, il ignorait comment ça se passerait sur la durée, mais il n’y avait aucune raison pour que ça se passe mal, vraiment aucune. Ils étaient amoureux, ils voulaient construire un avenir ensemble…et puis, ça faisait plusieurs mois qu’ils étaient en couple. Emménager ensemble n’était que la suite logique des choses. « Je suis totalement fou de lui… » Il rougit légèrement malgré lui. Ah, l’amour ! Il s’en voulait toutefois un peu d’exposer ainsi son bonheur, alors que Yuina vivait dans la peur. « Désolé. Tu n’as peut-être pas envie de m’entendre parler de ça… »