Put a manly man into a group of women and watch - Barthelemy

Dans la maison, les conversations fusaient et le bruit se faisait de plus en plus intense. Les voix, toutes féminines, étaient aiguës et augmentaient au fur et à mesure dans leur intensité. Bientôt, les gens ne se comprendraient plus et cela deviendrait un petit peu compliqué pour avoir une conversation normale. La brune sulfureuse s’en fichait, elle continuait de faire ce qu’elle avait à faire tout en discutant avec son ami. Malgré les manières anciennes et patriarcales de son ami, elle savait qu’il avait accepté ce qu’elle était et qu’il la respectait profondément. Du moins, c’est ce qu’elle espérait. Il avait beau être ce macho avec lequel les débats sur les femmes pouvaient durer des heures, il n’en restait pas l’un des plus grands soutiens qu’elle avait ici dans cette ville. Il avait arrêté de la juger et cela faisait un bien fou parmi tous ces proches qui passaient leur temps à la juger sans aucune honte.

La jeune femme fit un clin d’œil, le sourire aux lèvres, à son ami tout en posant une main sur son épaule. Elle n’avait rien de plus à ajouter à ce qu’il venait à peine de dire. Oui, heureusement qu’elle était là. Elle ne prêta pas attention au regard noir des commères et continua de s’affairer. La mère d’Adelina s’approchait de sa fille et lui dit quelque chose à l’oreille. Oui, il était en effet temps de rassembler tout le monde autour de la table, d’installer l’enfant roi de cette maison dans son fauteuil et de faire chanter toute la populasse présente. Adelina s’arrêta un instant pour regarder son ami portant son fils à elle. Ils étaient adorables. Rafael l’était tout le temps de toute évidence mais Barthelemy surprenait réellement la brune. Il avait cette tendance originale à passer son temps à surprendre son ami. Déjà leur amitié était surprenante. C’est en voyant l’homme interargir avec l’enfant que la jeune femme ne pouvait conclure qu’une seule chose : que malgré tout ce qu’il disait, tous les principes qu’il se fixait, toutes les attitudes négatives qu’il avait et qui agaçait tant la jeune femme, Barthelemy Cartwright n’était pas un mauvais bougre et ferait un bon papa. « Tu peux penser tout ce que tu veux, vieille branche, mais je suis persuadé que tu feras un bon papa. Puis Harmonie, je n’en parle pas. Je sais déjà qu’elle sera grandiose et que je n’aurais plus qu’à rougir de honte face à elle. »

L’homme semblait avoir de plus en plus de mal à savoir quoi faire tandis que le petit diable ne cessait de s’agiter. Barthelemy avait raison, l’agitation ambiante agissait sur l’enfant mais le brun avait eu une bonne réaction selon l’hispanique en s’agitant d’un pied à l’autre. Cela devrait normalement calmer l’enfant agité. « Tu as raison. Il commence à en avoir marre. En plus, il n’a pas assez dormi aujourd’hui. Si mon père ne travaillait pas de nuit, on aurait fait l’anniversaire plus tard pour qu’il ait ses heures de siestes pleines. » Là était le souci. Trop de monde, d’agitation, d’inconnus et pas assez d’heures de sommeil. Adelina lança un regard courroucé à son fils qui n’en avait rien à faire. « Rafealito. Calme-toi mon amour ça vient. » Puis s’adressant de nouveau à son ami. « On va le mettre dans sa chaise longue si tu veux bien. Il est temps de bouger les choses. Ensuite on verra si je le laisse dans son parc ou le remets au lit. »

Puis jetant un regard à son ami. « Tu veux que je le récupère ? »

Constatant que l’enfant s’était apaisé dans les bras de Barthelemy, la jeune femme passa la seconde. Elle accéléra ses manœuvres. Dans la salle à manger, elle poussa tous ses invités à se placer autour de la grande table décorée pour l’occasion. Tout le monde se dépêcha et elle put rejoindre sa mère. Dans la cuisine, elle y retrouva son père, appareil photo à la main qui s’amusait à prendre les trois femmes de sa vie en photo.  La grand-mère avait désormais rejoint les deux femmes mais n’étant pas très utile, le papa d’Adelina l’attrapa délicatement par le bras et la mena vers la salle à manger où il l’assit à une place vacante. La brune repassa à côté de Barthelemy et lui répondit : « Crois, cela est extrêmement dur avec un enfant qui n’est pas le tien mais c’est naturel quand vient le tien. »

Elle attrapa son fils tendu par son ami et l’emmena dans sa chaise haute, près de la table, juste à côté de sa grand-mère à elle. « Crois-moi Barth, je ne sais absolument pas comment j’ai réussi à faire ça. Je pense que j’avais besoin de ma famille pour tout faire. » Adelina savait qu’elle avait besoin de sa famille mais à bientôt trente ans, la jeune femme ne rêvait que d’une chose, prendre son propre logement. Elle avait presque fini de rembourser le prêt pour la maison de ses parents en deux ans grâce à son salaire de chirurgien cardiologue.

Soudain, elle appela son ami à s’asseoir. « Barth, rapproche toi donc ! C’est le moment ! » Puis elle lui glissa à l’oreille : « Après le gâteau, promis je te libère de toutes ses femmes ! »

Elle s’en retourna dans la cuisine, alluma les bougies du gâteau portant une inscription « Joyeux anniversaire Rafael ». Les lumières s’éteignirent dans la salle à manger, la jeune femme attrapa le gâteau, commença à avancer vers la table et à entonner la célèbre chanson « Joyeux anniversaire ! »

L’hésitation dans la voix de son ami rappela à la brune que tous les parents n’avaient pas ce sens maternel ou paternel et ne savaient pas gérer leurs enfants et surtout s’en occuper comme on devrait s’en occuper. « Presque tous les parents… ». Lorsque que Barthelemy évoqua l’adolescence du jeune enfant, Adelina fit une grimace. Elle n’avait jamais pensé à cela et maintenant que c’était dit, elle se rendit compte que l’enfant adorable pourrait bien devenir un sacré emmerdeur dans le futur. Elle soupira. Avec le caractère qu’elle avait, si il avait ne serait-ce que la moitié de son caractère à elle, cela allait être très compliqué et ce serait particulièrement drôle. La mère et le fils Flores ferait des étincelles. « En espérant qu’il ne sera pas comme moi, sinon il y aura un meurtre !» confirma t-elle en riant.  

« Tu as intérêt à prendre du gâteau ! » déclara la brune avec un clin d’œil. La chanson entamée, la joie s’étalait sur le visage de la jeune femme. Elle était heureuse d’avoir passé un an avec ce petit bout de chou à surmonter ses peurs d’être maman, de conjuguer boulot et vie de famille, d’être juger ainsi que cet effrayant épisode avec le père de Rafael. Elle avait réussi à faire tout ça, l’enfant la rendait heureuse. Elle était une maman comblée, épuisée les trois quarts du temps mais comblé en effet.

Barthelemy de son côté semblait mal à l’aise mais se prêtait au jeu. La jeune femme lui souhaitait de vivre tout ça et de ressentir toutes les émotions qu’elle ressentait au contact de ce petit bout de chou qui envahissait sa vie. La chanson terminait, tout le monde applaudit. La jeune maman compta jusqu’à trois à haute voix puis souffla sur les bougies. Elle attrapa le couteau  puis commença à couper assez de part pour tout le monde. Les dernier qu’elle servit furent Barthelemy, son père et elle-même. Une fois tout le monde servit, les invités entamèrent leur part. Adelina assise entre son fils et Barthelemy se tourna vers son amie. « J’espère que le gâteau te plait, c’est ma mère qui a tenu à le faire. Elle était apprenti-pâtissière avant de déménager aux Etats-Unis. »

En entendant rire son ami lorsqu’elle évoqua le fait qu’elle ne voulait pas que son fils soit comme elle adolescent, la jeune femme lui donna un coup de poing amical tout en affichant un sourire amusée. Non, elle ne voulait définitivement pas que Rafael soit un adolescent tel qu’elle l’avait été.

Une fois le gâteau servit, les esprits s’apaisèrent et les discussions varièrent. On n’entendait plus une seule chose désagréable sur Adelina, la maman célibataire. On n’entendait plus que les rires, la bonne humeur et la fête. Cela contentait la brune sulfureuse. On arrêtait de la juger et on célébrait le bébé qu’elle avait fait toute seule. C’était beau aux yeux de l’hispanique.

« Je la féliciterais pour toi ! » La jeune femme nota que l’on embêtait Barthelemy avec des questions intrusives afin d’alimenter les rumeurs. Selon la brune son ami s’en sortait très bien dans ses réponses. Il évitait toutes les bourdes avec un certain talent. On sentait le professeur ressortir de lui. Au bout d’un moment, il se tourna vers elle qui l’écouta attentivement. Il devait y aller et semblait désolée. Elle lui offrit un grand sourire. « Ne t’inquiète pas mon cher. Tu es déjà resté bien plus longtemps que je ne l’espérais ! Puis pour le rangement, ne t’en fais pas le moins du monde ! J’ai une armée derrière moi pour cela. » Tandis qu’il la prenait dans ses bras elle ne put s’empêcher de sentir son côté maternel ressortir. «  Rentre bien, embrasse ta charmante femme pour moi et passe une bonne soirée. »

Elle le regarda s’éloigner puis referma la porte derrière lui.