À croire qu'on se quitte plus - ft Barthelemy

Barthelemy soupira pour la énième fois de la journée. Il avait vraiment du mal à comprendre le comportement de la jeune rousse. Elle avait bien 24 ans, non ? Elle était censé agir comme une mature et responsable. Et pourtant, il avait l'impression d'avoir une petite fille de dix ans en face de lui. Alors déjà qu'il avait du mal avec les gosses en temps général, quand c'était une adulte qui s’infantilisait, cela l'agaçait plus qu'autre chose. Enfin, il décida de ne pas rester fixer sur ça et retourna à son bureau. Il laissa un peu de temps à ses élèves pour faire ce qu'il leur avait demander, en attendant il lu un recueil de poème de William Blake. Il l'avait déjà lu de nombreuses fois, plus qu'il ne serait en dire mais il n'arrivait pas à s'en lasser. Il était arrivé au poème The Lamb quand il quitta son ouvrage pour récupérer les fiches qu'il avait demandé. La plupart des élèves avaient écrit des choses banales comme certains programmes à revoir, d'autres qui voulaient revoir leur capacité en dissertation et bien évidemment, une fiche sortit du lot avec des idioties écrites dessus.

Barthelemy leva les yeux au ciel "Alors comme ça Mademoiselle Jones veut être une licorne ? Il me semblait que c'était des êtres majestueux, pures et parfaitement bons ? Avec votre comportement, vous êtes loin d'en être une. Vous vous rapprochez plus d'une goule" dit-il en restant ironique. "Quand au National Book Award, il faut être une personne mature et travailleuse... Deux qualités que vous ne semblez pas avoir. Je ne vais pas vous dire d'abandonner votre projet mais changer de comportement ce serait mieux. Le National Book Award ne récompense pas les gamines immatures qui ne savent pas écouter des conseils avisés !"

Puis Sam prit de nouveau la parole, en levant la main mais sans attendre l'autorisation. Elle faisait toujours ça et cela agaçait Barthelemy mais, pour une fois, il ne fit pas de réflexion, cela l'aurait rendu bien trop heureuse. Il se contenta juste de lever une nouvelle fois les yeux au ciel en se demandant ce qu'il allait faire d'elle. Enfin pour une fois, elle avait l'air de poser une question sérieuse et de s'y intéresser.

"Tout ce qui est latin... Pouvez-vous être plus précise ? La culture latine est très grande. Ça peut être les philosophes, le théâtre, la mythologie, la maîtrise de la langue..."

Après son discours la jeune fille resta silencieuse. Barthelemy hocha la tête, bien. Elle avait besoin d'être remise en place de temps en temps cette gamine ! Il se demandant comment elle faisait pour être aussi insolente et se disait que certains surement un manque d'éducation. Si jamais il avait des enfants, il ferait attention à ce qu'ils soient respecteux de leurs aînés, eux. Si... C'était marrant qu'il utilise ce mot et non pas "Quand". Il était marié depuis sept ans avec Harmonie, il devait songer à avoir des enfants et pourtant... Quand sa femme abordait le sujet, il déviait la question. Pourtant, il savait qu'au bout d'un moment, ils devraient en parler tout les deux mais, il ne savait pas pourquoi, il avait du mal à se voir père de famille. Il avait un chien. C'était suffisant un chien non ? Enfin bon, là n'était pas la question. Il hocha la tête quand Sam finit par dire qu'elle voulait revoir la langue.

"Bien. Vous voulez revoir les bases ou juste des notions précises ? Car les bases, c'est déjà savoir ses déclinaisons et j'espère que vous les saviez arrivé à votre niveau car c'est quand même quelque chose qu'on apprend au collège. Vous savez, c'est Rosa Rosa Rosa..." Rosae Rosae Rosa. Ces déclinaisons étaient tellement ancrées dans son crâne, qu'il pouvait toute les citer sans réfléchir, c'était devenu quelque chose d'instinctif. Il sortit de ses pensées avant de reprendre. "Pour ma part, je ne vois aucun problème à revoir la langue latine... Si cela convient à tout le monde, bien sûr."

N'ayant aucune réaction négative (voir aucune réaction tout court) de la part des autres élèves, il en conclut que ces derniers étaient d'accord pour travailler la langue latine et Barthelemy pu donc commencer son cours. "Bien, je vais regarder si je n'ai pas un ou deux textes de latin que vous pouvez traduire" Après ces mots, il fouilla dans sa sacoche avant d'en trouver un satisfaisant. Seulement, il n'y en avait qu'un seul exemplaire. "Je reviens, je vais faire des photocopies. Bien sûr, je compte sur vous pour restez calmes... N'est-ce pas ?" demanda-t-il à l'assemblée, même si cette question était plus adressée à Sam en particulier.

Une fois sortit, Barthelemy se dépêcha de se rendre dans la salle des profs pour faire des photocopies, il savait bien que ce n'était pas une bonne idée de laisser des étudiants tout seul et encore moins quand parmi eux se trouvait Sam Jones. Le seul problème est que la salle se trouvait à l'autre bout du bâtiment et que de surcroît, la photocopieuse était un vieil outil qui avait bien besoin d'une révision si bien qu'il fallait une bonne dizaine de minutes à Barthelemy pour faire ses photocopies. Quand il revint dans la salle, tout était calme... Trop calme, ce qui était louche. Il retourna à son bureau quand il vit le petit mot laissé sur le tableau. Barthelemy leva les yeux au ciel et décida de ne pas y prêter attention, il savait bien que cela ferait trop plaisir à Sam (car il n'avait aucun doute sur le coupable). Il se contenta donc de distribuer les exemplaires du texte qu'il avait photocopié et en profita pour en donner un deuxième à Sam.

"Etant donné que vous avez de l'énergie à revendre Mademoiselle Jones, je pense que ça ne vous dérange pas de traduire un texte en plus que vos petits camarades ? Autrement, je vous ai donné un texte d'Euripide, plutôt simple à traduire. Je vous laisse le lire dans un premier temps, prendre connaissance du texte, de son sens et vous pourrez commencer la traduction. N'hésitez pas à le demander si vous avez des questions ou besoin d'aide... Après tout on est là pour ça... Et Mademoiselle Jones, vous viendrez me voir à la fin de l'heure s'il vous plait..."

Il s'était dit qu'il était temps qu'il lui parle de son comportement en face à face, sans personne autour qui pourrait être son public. Car après tout, c'était pour cela qu'elle était aussi insolente, non ? Pour faire son intéressante auprès des autres. Alors il se disait que s'il arrivait à lui parlait au calme, peut-être allait-elle se montrer moins obstinée... Du moins, il l'espérait.