Escapade Familiale - Jacobs & Cooper

Nous avions vraiment réussi à nous échapper, à partir de cet endroit, pour vaquer à des occupations plus propices pour nos jeunes esprits. J'ai encore du mal à y croire mais cette année, nous allons pouvoir échapper au diaporama de l'oncle, c'est une joie sans nom qui me prends et visiblement, il en est de même pour ma cousine et mon frère. Cette première n'a cependant pas de réelle idée de ce que nous pourrions faire ce qui me fait doucement sourire. Le chien de la tante se mit à aboyer mais l'ami des bêtes, à savoir Ulysse se chargea de le faire taire proposant d'aller boire un verre en ville. Et il nous sort la moitié des bars de la ville ce qui me fait rire. Moi, je n'en connaissais aucun, un bar était un bar, point, pas la peine de retenir leur nom, à quoi bon ? L'idée semblait le séduire, moi pas trop, mais après tout, pourquoi est ce que nous ne ferrions pas les deux à la fois ?

" Moi, je propose qu'on se balade un peu avant d'aller boire un verre comme ça, la balade nous donnera soif, c'est un bon compromis, non ? Comme ça tout le monde est content. "

Du coup, puisqu'il nous suivait, la décision ultime revenait à Léo de nous dire si ma proposition lui convenait où si elle voulait juste boire un verre, ou juste se promener dans la campagne ou dans la ville d'Iverness.

Ulysse écouta le plan de ses deux comparses, ces dernières ayant un avis assez différent. Léo voulait aller toute de suite dans un bar alors que Cassandre proposait avant de faire une petite ballade. Finalement, il prit le parti de sa soeur, c'est vrai qu'une petite marche pré-digestive pouvait être sympa avant d'aller se bourrer la gueule. "On a qu'à aller se promener autour du Loch Ness un peu, c'est bien comme ballade avant,  et on ira au Tara Inn après ! C'est vrai qu'il est assez loin. Trop loin pour Tonton Dédé qui ne peut pas se déplacer avec son arthrite... Enfin de ce qu'il dit." Ulysse ria doucement à la notion du karaoké. "On verra si on participe au Karaoké... Pour ma part, peut-être pas au début mais sûrement après trois pintes ! " dit-il en se détachant du chien pour quitter la demeure. "Mais bon ! Allons-y, Miladies !"

Il faisait assez froid et Ulysse se dit qu'il aurait mieux fallu qu'il prenne un manteau. Ce n'était pas comme à L.A ici. On ne pouvait pas sortir en décembre avec juste un tee-shirt sur le dos. Enfin, il se consolait en ce disant que la gnole le réchaufferait. Le petit trio fini par se mettre en route vers le lac du Loch Ness. Etant donné que leur vieille tante, habitait en périphérie de la ville, ils ne mirent pas longtemps à arriver au lac, dix minutes tout au plus. Ulysse lacha un soupir de satisfaction en voyant le paysage. "On peut dire tout ce qu'on veut mais... C'est vraiment son chez soi qu'on trouve le plus beau paysage du monde. Regardez moi ça les filles ! On n'en trouvera pas un pareil à Los Angeles !"

Nous commencions donc à marcher dans une direction inconnue, comme si finalement, nous allions partir à l'aventure durant des jours sans revenir ici voir notre oncle. Si j'avais un sac de randonnée avec moi et la tenue adéquate, c'est ce que j'aurais pu croire, mais ce n'était pas le cas. Je savais très bien que nous n'irions pas trop loin, mais pas trop près non plus pour ne pas revenir trop vite ici. Il fallait trouver le bon compromis entre tout ce que nous voulions et ce ne serait pas forcément évident, loin de là même devrais-je dire. Je proposais donc un plan et Léo un autre. J'attendais donc l'avis de mon frère pour savoir ce que nous allions faire et visiblement, il était plutôt d'accord avec moi ce qui m'allait très bien d'ailleurs parce que je n'avais pas plus que ça envie de me bourrer la gueule. Je ne suis pas comme ça, et puis, il faudra bien que quelqu'un fasse rentrer les deux soûlards par ici, n'est ce pas ? Enfin, nous n'en étions pas là, mais, je le voyais venir gros comme une maison, surtout que nous sommes jeunes. Le plan était donc simple, se promener pour finir dans un bar de la ville qui faisait apparemment karaoké. Le chant, ce n'est pas tellement mon truc mais peut être que j'oserais faire quelques choses avec Ulysse, ce serait à voir. Je ne disais donc rien de plus puisqu'après quelques minutes de marches, nous nous trouvions au niveau du fameux lac que le monde entier nous enviait ou presque. Parce que si nos origines se trouvent ici, nous sommes à présent à Los Angeles pour nos petites vies. Mais Ulysse avait parfaitement raison cela dit.

" C'est sûr, il suffit qu'on arrive à voir le monstre et ce sera parfait maintenant ! "

Ouais, j'osais un peu d'humour mais il y avait tellement de curieux qui voulaient le voir alors que personne n'avait vraiment de certitudes à son sujet, une légende qui faisait venir des gens, ici que nous, nous étions simplement chez nous.

Maintenant qu'ils étaient arrivés au lac, le petit groupe observa l'horizon, s'amusant en parlant du monstre et en se remémorant des souvenirs. "Si on voit le monstre, même son ombre, je le prends en photo pour la revendre et devenir riche !" dit-il en riant. Le Monstre du Loch Ness était tellement un attrape touriste et certaines personnes pouvaient dépenser des fortunes pour une photo de lui, sans forcément se soucier de sa véracité. Léo rappela la fois où cette dernière avait crever un ballon et qu'ils avaient cru voir le monstre. "Oh oui ! Je m'en souviens parfaitement ! J'ai cru que j'allais mourir ce jour là. Il faut dire que j'avais que 10 ans" dit-il en rigolant avant de reprendre. "Et vous vous souvenez quand on faisait croire au touriste qu'on était des guides experts et qu'on leur faisait payer super cher alors qu'en fait on faisait juste le tour du lac en disant des idioties." Ils avaient ça jusqu'au jour où un touriste s'était rendu compte de la supercherie et était allé se plaindre aux autorités. Bon, ils s'en étaient sortit avec des tapes sur les doigts mais ils avaient eu très chaud à ce moment et avait tout de suite arrêté après. Mais à vrai dire, cela manquait un peu à Ulysse, ça l'amusait de faire croire d'énormes bobards aux touristes comme le fait que Louis XIV était passé par là au 13e siècle. "Faudra qu'on refasse ça un jour !"

Le lac arrivait à portée de vue, et en quelques instants nous étions sur les rives de celui-ci, comme si finalement, nous avions l'habitude de venir dans le coin quand nous passons dans notre pays natal. A vrai dire, ce n'était pas spécialement le cas, enfin, pas tout le temps mais là, ça s'était produit, et bien entendu, nous avions parlé du monstre du lac, un monstre mondialement connu, c'était presque une petite fierté de venir d'ici. Ulysse disait donc qu'il voulait devenir riche en prenant la photo pour prouver l'existence de la bestiole.

" On sera obligé de partager, je ne peux pas te laisser devenir riche tout seul frérot, ce serait bête quand même. "

Non, je ne voulais pas partager avec Léo. Mais je disais ça sur le ton de la plaisanterie, puisque de toute évidence, le monstre n'existait pas, malgré une vieille photo tentant de le prouver. Les touristes aimaient bien ça, avoir peur par rapport à ces vieilles légendes. Puis Léo nous parla de ce vieux ballon déjà en mauvaise forme qui avait été dans l'eau. Le monstre avait existé pour nous à ce moment là, nous pensions que c'était lui qui l'avait pris alors que ce n'était évidemment pas le cas. Mais nous étions des gosses, je n'avais que 4 ou 5 ans si je m'en souviens bien et ce genre de choses ça marque quand même. Ulysse se rappela aussi à notre bon souvenir lorsque nous avions réussi à avoir des touristes pour la visite du lac.

" Le ballon, je crois que c'est un de mes premiers souvenirs que j'ai de ce coin là. J'étais gamine à l'époque, j'avais quoi 4 ou 5 ans ? Mais oui, je me souviens, et puis pour les touristes aussi, on avait eu chaud quand même, enfin, c'était marrant, tu avais encore réussi à nous entraîné dans tes petites combines. On pourrait le refaire aujourd'hui, ça serait encore plus crédible. On pourrait même leur donner une part de gâteau à la fin de leur tour pour qu'ils soient heureux. "

Bah oui, ça pourrait être drôle de leur dire qu'après leur visite, ils auront droit à une petite récompense, non ?

Léo avait raconté un souvenir, et maintenant, ils étaient tous partit pour rapeller les aventures qui étaient arrivées auprès du lac. Ulysse les écoutait, un large sourire sur le visage, se disant que c'était le bon temps, qu'ils étaient naïfs et innocents. Quoique... Il avait l'impression que ça n'avait pas vraiment changer et que la famille Cooper-Jacobs gardait une âme d'enfant. Cassandre raconta qu'elle était trop jeune pour se souvenir de l'histoire du ballon, Léo aussi avait du mal à s'en souvenir mais, pour Ulysse, c'était bien gravé dans sa mémoire. "Je me demande si grand-mère ne nous avait pas filmé ce jour là... Il doit encore avoir la cassette chez elle !" Mon Dieu... Rien que d'avoir dit le mot cassette, il se sentait vieux. Il était un peu peiné quand il se disait que les jeunes maintenant, ne connaîtraient jamais ça... Il ne savait même pas s'ils allaient connaitre les DVDs...

Les filles eurent l'air d'être d'accord avec lui pour l'idée de faire à nouveaux les guides touristiques. Cassandre proposa de donner une part de gâteaux à la fin, quant à Léo, elle dit qu'Ulysse pouvait jouer avec son groupe. "Tout ça me semble parfait ! Allez ! On abandonne tout et on vient vivre dans un vieux châteaux pour devenir guide touristique. Je suis sûr que notre commerce fera un malheur. On peut même McGregor en guise de chien de garde ! Histoire d'accentuer un peu ce côté rustre et mystérieux que les touristes adorent en Ecosse..." Ulysse était maintenant parti dans ses pensées. Tout cela était certes, une blague mais, il se disait que ce ne serait pas déplaisant de vivre comme ça. Quoique... Faire la fête et le rythme de la ville de L.A finirait par lui manquer. Léo évoqua également la fois où ils avaient poussé sa mère dans le lac. "Oui ! Je m'en souviens très bien. Et mes fesses aussi, vu la dérouillée qu'on s'était prit..."

C'est vrai l'insouciance de la jeunesse me manque parfois un peu, mais je suis encore jeune. Je ne suis pas la plus fêtarde, je ne suis pas la plus joviale, je ne suis pas la plus sociable, j'en conviens, si j'ai pu faire quelques bêtises dans ma jeunesse c'était parce qu'Ulysse était dans le coin, mais qu'est ce que je l'aime mon frérot. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui, vraiment, c'est une vérité indéniable. Mais depuis que j'ai ouvert la pâtisserie avec trois de mes collègues, j'arrive à faire un peu plus de choses qu'auparavant où je préférais m'enfermer entre quatre murs à faire des gâteaux ou quelques choses que j'aime bien, lire un livre ou regarder quelques choses qui me fait rire. Mais aujourd'hui, nous étions partis pour nous remémorer un nombre grandissant de bêtises que nous avions pu faire sur nos terres natales, ce qui me rendait un peu nostalgique, mais qui me faisait sourire, parce que c'était une époque que j'aimais bien que différente de l'actuelle. Je ne suis pas du genre à me soucier du monde entier, mais avec ces attentats et tout ce qui va avec, ça fait froid dans le dos, mais il ne faut pas s'arrêter de vivre pour autant. Je regardais Léo, elle semblait déçue de quelques choses, parce qu'elle n'avait pas tellement de talents particuliers. Mais cela n'avait pas d'importance, elle était mignonne comme un coeur, elle pourrait faire la mascotte de notre trio.

" En même temps, quand on y repense, ça ne se fait pas. Cela aurait pu être dangereux. Imaginez qu'elle sente bon pour le monstre du lac, hop plus de maman. Je me demande ce qu'il aime le monstre. Vous pensez que si je lance une part de gâteau dans l'eau on pourrait le voir ? "

C'était tellement absurde, mais nous étions dans l'absurde à vouloir faire ces choses là alors pourquoi pas après tout ? Mais cela impliquait de revenir, de faire un aller-retour sous peine de se faire embarquer par le fameux diaporama soporifique.