Il n’avait pas l’air très enclin à vouloir me parler, ni-même à m’écouter. J’avais quand même du mal à prendre sur moi, je ne supportais pas que l’on me traite ainsi. Pourtant, pour la première fois, je lui accordais le bénéfice du doute.
- Eh oh, calme-toi dix secondes, tu veux ? Déjà j’ai failli claquer dans ta chambre froide, ça fait au moins une raison. Ensuite, ma présence ne te semblait plus si odieuse juste avant que ton barman ne nous libère, et en plus tu m’as jetée comme une vieille chaussette par terre, j’ai encore un bleu sur la fesse, alors je pense que j’ai droit à cinq malheureuses minutes de ton temps.
Bon, il fallait que j’en vienne vite aux faits avant que ça ne dégénère. Il s’impatientait et moi, je voulais en avoir le coeur net, alors je lui demandais d’être honnête, ce qui, évidemment, le fit tiquer. Je tâchai de ne pas tenir compte de son rire sardonique et d’écouter ce qu’il avait à répondre. Eh bien on peut dire qu’il en avait, des choses à dire lui aussi. Je me pinçai les lèvres pour ne pas l’interrompre, j’avais promis que je ne chercherais pas d’embrouilles, pourtant malgré tout j’avais encore ce fond de colère en moi, mais il s’amenuisait en voyant la sincérité dans ses propos. Il avait vraiment été blessé à l’époque et au vu de sa réaction, il l’était sûrement toujours.
- Nolan… balbutiai-je.
Je déglutis en essayant de reprendre point par point mais j’étais complètement abasourdie par la teneur de son discours.
- Les rumeurs sur tes tromperies dataient de bien avant la vidéo. Rappelle-toi, on se disputait souvent mais comme j’étais souvent en déplacement et que tu rentrais tard, on n’avait pas beaucoup l’occasion de mettre les choses à plat… Quant à ce qui a suivi… écoute je sais que je suis impardonnable à tes yeux, mais je souffrais, j’étais humiliée parce que je pensais que tu étais coupable, tout le monde le pensait, et je ne comprenais pas pourquoi je devais endurer ça alors que je t’aimais. Enfin Nolan, j’étais amoureuse de toi depuis mes douze ans ! Tu peux comprendre que j’aie eu le coeur brisé ? Même si tu me dis que c’est faux, tu peux comprendre que ne serait-ce que la suspicion fait mal ? Ça semblait tellement crédible tout ce qui passait, et puis j’étais souvent absente… Je… Je réalise que finalement, c’est moi qui t’ai fait souffrir et non l’inverse. Nolan, c’est pas du tout ce que je voulais. Je voulais pas qu’on en arrive là. Et pourquoi tu m’as jamais parlé de tes dettes ? Tu crois pas qu’être honnête avec moi aurait pu aider ?
Je me sentais tellement idiote. Se pouvait-il vraiment qu’il soit innocent ? Qu’il ne m’ait jamais trompée ? Mais pourquoi, pourquoi ne s’était-il pas mieux défendu ? J’étais atterrée.
- Ne dis pas que je t’ai volé l’amour de ta fille, je n’ai jamais parlé de toi à Sunny. Tu as toujours été libre de lui donner ta version…
Mais c’était vrai qu’avec mes avocats, je lui avais tout pris. Il était parti avec uniquement sa chemise pour ainsi dire. Qu’est-ce que je m’en voulais. Je faisais la rétrospective et je réalisai soudain que si notre couple avait volé en éclat, c’était uniquement de ma faute parce que je n’avais pas cherché à défendre mon mari, j’avais écouté la voix du plus grand nombre, appuyée par ceux avec qui je travaillais à l’époque qui disaient que ce genre de choses étaient courantes, que tout le monde se trompait. Mais moi, j’étais encore fleur bleue et je ne voulais pas accepter cette éventualité. J’étais tellement désolée. Je devais avoir bien triste mine et mon regard était brillant de tristesse. Il me chassait à présent.
- Je te demande pardon. Ça vaut ce que ça vaut, mais je suis désolée, vraiment. Je sais que je réalise un peu tard, mais je voudrais vraiment me racheter. Je m’en veux, je comprends maintenant mon erreur colossale. Nolan, tu me connais, jamais je t’aurais fait autant de mal si j’avais su que tu n’avais rien fait de mal. Tu peux comprendre que mes actions étaient motivées par la colère engendrée par la souffrance ? Et si j’ai tant souffert, c’est parce que je t’aimais plus que tout.
C’était dur de me livrer à ce point, mais il méritait de le savoir, quitte à me piétiner après, tant pis pour moi, je le méritais.
Je ne riais plus à présent. Non plus du tout s'était comme si je faisais face à une rétrospective de ma vie, mais avec seulement les pires moments. C'était difficile, douloureux, chaque souvenir était chargé, chaque moment lourd et j'aurais tout donné pour oublier cette époque où mon nom était sali dans la presse à scandale où les hashtags contre moi se multipliaient à une telle vitesse. En deux temps trois mouvements, j'étais devenu l'ennemi public numéro un des réseaux sociaux. Les courriers anonymes, les messages de haine, les insultes sur les réseaux sociaux, je n'avais rien manqué de cette déchéance, la mienne en l'occurrence qui avait littéralement achevé de briser mon bien le plus précieux, mon mariage. Puis, je me revis chasser ma mère, lui balançant à la gueule tant de méchanceté. Elle ne comprenait pas, personne ne pouvait comprendre. Tout est allé si vite, comme un tourbillon infernal qui menaçait de tout emporter. Et il a failli tout emporter ce salaud. Me revoilà devant la mer, en pleine nuit et le fait de me dire que j'ai faillis commettre le pire, pour rien étaye encore plus ma colère et ma peine. Mon cœur exulte de souffrance, il est tellement lourd que je m'imagine plonger la main jusque dans le tréfonds de ma poitrine juste pour le retirer et le réduire définitivement en poussière.
« - Quoi ? Qu'est-ce que tu veux que je rajoute Sally ? » Non, je ne riais plus et mon sarcasme m'avait définitivement abandonné sur le bas-côté de la route, vil salaud. Je me sentais tellement mal à présent, parce qu'elle ne trichait plus, elle était à nouveau elle-même, celle que j'avais tant aimé et de vous à moi, je n'étais pas indifférent à cela et encore moins à sa détresse malgré ma colère apparente. « - Si je rentrais tard, c'était parce que je n'avais pas d'autre choix... » Si j'avais le choix, mais par fierté, je terrais cette alternative et par honte, je me suis muré dans le silence. « - J'ai fais des trucs dont je ne suis pas fier, comme demander de l'argent à des types pas recommandables. Vas-y fais-moi la leçon ! Et puis je... je voulais aussi être seul » dis-je en baissant la tête, honteux de cet aveu. « - Si j'ai accepté de quitter aussi facilement New-York c'était aussi pour mieux couper les ponts avec ma mère. Peu après la mort de Jack j'ai découvert qu'il n'était pas mon vrai père. Ca m'a détruit et tout s'est enchaîné. Tu me demandes de te comprendre et tu t'imagines que c'est aussi facile ? Et toi est-ce que tu t'es mis à ma place Sally, ne serait-ce qu'une seule petite seconde ? Tu parles d'humiliation et moi alors ? J'ai le droit à quel qualificatif ? Je me suis senti abandonné, traîné dans la poussière, un moins-que-rien, une pauvre merde. Et même en te parlant des dettes, nous en serions au même point. Le problème ne vient pas de là ! » Moi-même, j'étais atterré de la voir agir de la sorte, je ne contrôlais plus rien, encore moins mes réactions qui en de telles circonstances promettaient d'être incontrôlables à n'en pas douter. Et elles le furent en évoquant Sunny.
« - Arrête un peu ! Elle me déteste, je le sais, je le sens. Je fais tout ce que je peux pour être là avec elle, pour être un bon père, mais rien n'y fait, il y a toujours cette foutue barrière entre nous. Et jamais je ne t'ai descendu devant elle, jamais, parce que je sais qu'elle ne voit clair que par toi et qu'en agissant comme ça, je la perdais définitivement. On est comme deux étrangers et ça me tue. L'autre fois son prof de Français m'a parlé de ses problèmes de notes et je me sentais tellement con, parce que j'étais incapable de comprendre de quoi il s'agissait. » Mes yeux brillaient, je n'avais définitivement plus aucun contrôle et en de telles circonstances, il était préférable que Sally s'en aille. « - Putain, tu es sourde ou quoi ? Je n'en veux pas de tes excuses, c'est trop tard. Moi aussi, j'ai souffert et je souffre encore. Tu étais l'amour de ma vie Sally, désormais quand je te regarde, je ne vois plus qu'une étrangère. Maintenant dégage de mon bar ! »
Je me sentais la dernière des connes. J’apprenais la vérité après six ans. Six années passées à détester et mépriser cet homme qui n’avait en aucun cas mérité tout ça. Il était resté le même adorable mari que j’avais tant aimé depuis le premier jour au lycée. J’avais tout gâché, absolument tout. A présent que je mesurais l’ampleur de mon erreur. Nolan ne riait plus et j’en venais presque à regretter son ironie en entendant la teneur de ses propos. Je me prenais en pleine face tout ce qui était arrivé, et quelque part je ne pouvais lui en vouloir maintenant que je comprenais exactement ce qui s’était passé.
- Si tu avais des problèmes d’argent, tu aurais dû m’en parler plutôt que de te mettre dans des magouilles dangereuses. Enfin Nolan, c’est pas comme si j’étais sur la paille ! C’est ça, être marié ! Je t’aurais aidé !
Je ne comprenais pas ensuite pourquoi il me disait qu’il avait voulu être seul, mais l’explication suivit. Il avait perdu son père peu avant et il m’apprenait soudain que Jack n’était pas son père biologique. J’étais bouche bée.
- Mais… tu ne me l’avais pas dit…
Il m’aboyait dessus, me renvoyant dans la gueule que c’était moi qui l’avait humilié et non l’inverse.
- Eh oh ! J’avais pas toutes les clés aussi ! Déjà, tu m’as caché pas mal de trucs que j’apprends seulement maintenant ! Moi, je ne t’ai jamais rien caché, jamais ! Alors tu es prié de baisser d’un ton ! Le problème vient du fait que tu m’as menti et que j’avais donc déjà une raison de pas avoir confiance ! Si tu avais été honnête avec moi, si tu m’avais dit, les yeux dans les yeux, que tu n’étais pas coupable, je t’aurais cru. Mais tu n’as jamais rien fait de tel , tu t’es toujours contenté de me gueuler dessus parce que je croyais à ces ragots. Au départ, j’y croyais pas, je t’ai juste demandé si j’avais des raisons de douter. Et quand il y a eu cette vidéo, t’as pas cherché à démentir !
Et puis il parlait de Sunny, comme si c’était de ma faute ! Ça ne l’était pas ! Je n’avais jamais dit à ma fille qu’il fallait qu’elle aussi déteste son père.
- Pense bien ce que tu veux si ça t’arrange, mais je n’ai jamais dit à Sunny quoi que ce soit sur toi depuis qu’on s’est séparé, ni en bien ni en mal. On ne parle pas de toi pour la bonne et simple raison que je ne voulais ni entendre parler de toi, ni savoir quoi que ce soit qui te concerne. C’est bien pour ça d’ailleurs que je me suis retrouvée ici l’autre soir, je savais pas que ce pub t’appartenait.
Savoir néanmoins que les relations avec Sunny étaient tendues m’attristaient. Un mois auparavant je n’aurais sans doute pas dit cela, mais aujourd’hui, je trouvais cela injuste. Nolan était son père et il l’aimait plus que tout, ça j’en étais certaine. Et je voyais la tristesse dans son regard tandis qu’il m’avouait ça.
- Je suis désolée, Nolan. J’essaierai de lui parler… dis-je, moi-même attristée.
Et voilà qu’il me gueulait à nouveau dessus, m’exhortant à sortir de son bar. Je fronçais les sourcils, n’appréciant pas d’être foutue à la porte comme une malpropre.
- Dis donc, tu peux te calmer cinq minutes ? Écoute j’ai merdé, OK, mais au moins, je suis venue m’excuser aussitôt que j’ai compris mon erreur. Oui, j’ai mis le temps, mais je l’ai admis. Je suis désolée que tu ais souffert à cause de moi et de savoir que tu souffres encore. Vraiment, je le pense. Mais je ne peux pas accepter que tu me parles comme ça !
Avez -vous déjà vu un combat de boxe ? C'est quelque chose, vous pouvez me croire. Il y a dans l'atmosphère une telle tension, l'on guette avidement l'adversaire, l'on se prépare à parer le prochain coup. C'est une lutte permanente, quoiqu'il arrive, l'un des combattants perdra la partie et dans le meilleur des cas, il échappera au KO technique. Mais avant toute chose, il fallait lutter, prendre des coups et en donner. Oui, c'est cette incertitude, c'est ça qui me fascinait. On ne sait jamais à l'avance qui signera le plus bel uppercut, mais on s'y prépare. Manque de bol pour moi, je n'étais pas prêt et l'uppercut, je venais de me le prendre en pleine poire. Que pouvais-je faire de plus à part gueuler comme un putois, ma seule défense ? Oui, le ton montait inutilement, j'étais perdu entre la colère et la peine, incapable de choisir entre ces deux émotions. Je gardais en moi certaines choses enfouis depuis bien trop longtemps et force était de constater mon impuissance émotionnelle, je lâchais les valves à ma façon (pas la meilleure) J'étais donc là, délesté de mon nettoyage, face à elle, délestée de son bouclier de protection. Incapable de prendre la pleine mesure de la situation et parce que je ne me sentais pas obligé de reconnaître mes torts, j'optais pour l'attaque. Crétin ! Convaincu que celle que j'appelais encore « morue » il y a peu, essayait une fois encore de me faire la leçon.
« - Oui, tu m'aurais aidé et moi, de quoi aurais-je eu l'air ? Sa femme l'entretient, car il est tout bonnement incapable de gérer ses problèmes lui-même ! » L'invective était débile et gratuite, mais que voulez-vous, la fierté masculine est l'un des maux de notre siècle et j'en étais son parfait destrier. Un destrier en bout de course qui égrenait les erreurs et les faiblesses. Me voilà en train de parler de cet homme que je n'arrivais même plus à appeler Papa, mais qui m'avait cependant élevé avec l'implication que ce doit d'avoir un père. Oui, si le sang parlait en sa défaveur, le cœur exultait d'un amour plus grand encore que celui des liens du sang. « - Je ne l'ai dit à personne ! » laissais-je entendre dans un presque murmure que je ne voulais garder que pour moi. C'était mon secret, un secret que je me refusais à déterrer incapable de me re-confronter à cette réalité qui avait brisé le lien que j'entretenais avec Fiona, ma mère. C'était trop dur, tellement que je m'enfermais à nouveau dans ce rôle de gueulard qui m'allais si mal et pourtant, je persistais et signais d'une main mal habile.
« - NON ! Stop ! Ne m'emmène pas sur ce terrain Sally. Ne cherche pas à atténuer ta responsabilité en te servant de ce que tu viens d'apprendre contre moi. Ne me fais pas passer pour le coupable à cause des problèmes que je n'ai pas voulu évoquer. Et si tu me connaissais aussi bien que tu le prétendais, tu aurais su que j'étais incapable de te tromper. Certes, je suis loin d'être parfait, mais pour ce qui concerne l'amour que j'éprouvais pour toi, je n'ai jamais menti. Je t'ai aimais d'une force. Tu étais tout pour moi, tout. C'était perdu d'avance lorsque j'ai vu le doute assaillir ton regard, j'étais trop blessé pour me défendre. » La tempête assaillait ma tête et mon cœur, plus encore lorsque nous vîmes à parler de notre plus belle création, le soleil de toute ma vie, que je voyais décliner à mesure que le temps passe. La réplique de Sally me toucha bien plus que je ne l'aurais pas cru. Moi aussi, j'avais cherché à taire son existence, oui là-dessus personne ne peut en douter. Pour preuve, son nom n'était jamais prononcé. Je me contentais de choses peu flatteuses, mais tout ça n'était-ce pas malgré moi, une façon inconsciente de penser à elle ? Tête baissée, face à l'aveu silencieux, je sentais à nouveau mon cœur défaillir « - Non, ne lui parle pas, je ne veux pas envenimer la situation » j'étais-moi-même attristé et de plus en plus incapable de lutter. Sally devait s'en aller, plus qu'un impératif, c'était la seule solution pour que je garde encore un minimum de contenance. Alors, je pris sur moi, tâchant de me défaire de mon animosité.
« - Sally, s’il te plaît ! Je vais me calmer, mais pour se faire, je préfère que tu t’en ailles ! Ca fait beaucoup à encaisser tout ça. Il s’est écoulé six ans. Six années durant lesquelles je me suis convaincu de te haïr. Pour moi, cette histoire était terminée, je pensais avoir fait le deuil de tout ça et là tu débarques en te rendant compte que finalement, je n’ai pas menti. Ça fait beaucoup à gérer là. Je suis complètement perdu » Mon regard me trompait tout comme la petite veine saillante sur mon front. « - Cette fois, je te le demande gentiment. Peux-tu me laisser ? »
Malgré toute la honte que je ressentais de m’être si lourdement trompée, au point d’avoir chamboulé la vie de Nolan, celle de ma fille et la mienne, et plus encore la peine et la tristesse qui découlaient de tout cela, je ne parvenais plus à garder mon calme face à la fureur de mon ex. Cela dit, j’étais parfaitement consciente qu’il était plus qu’en droit d’être en colère après moi, je l’étais moi-même. Je m’en voulais à un point que je n’aurais su décrire. J’avais une vie parfaite, un mari que j’aimais et qui m’aimait, et j’ai tout fichu par terre à cause de rumeurs et d’une vidéo qui n’était autre qu’un faux ! Un comble pour une actrice. Bon, pour ma défense, je ne m’étais pas amusée à regarder dans les détails la vidéo d’un mec ressemblait trait pour trait à mon mari et qui était en train de se taper une blondasse. Les vidéos porno, très peu pour moi. Mais à présent, je me sentais vraiment stupide. En plus, j’apprenais qu’il avait eu des soucis financiers que j’aurais largement pu régler, ce qui nous aurait évité des tensions supplémentaires. - Je rêve, ta foutue fierté mal placée ! Depuis quand ça te gêne ce qu’on pense de toi ? Quand on est marié, on aide l’autre, point barre ! C’était pas t’entretenir, ça aurait été investir dans tes affaires, c’est tout ! Et j’atténue rien du tout, je dis juste que si tu avais été franc, il y aurait eu moins de tensions et de disputes entre nous. Si tu m’avais laissé t’aider, tu n’aurais pas eu à rentrer plus tard que de raison ! Moi aussi je t’aimais, figure-toi ! Peut-être que tu t’en rendais pas compte, mais je t’aimais, je t’ai aimé depuis le jour où j’ai posé les yeux sur toi ! C’est bien pour ça que cette histoire m’a fait si mal, c’est pour ça que j’ai été horrible avec toi pendant le divorce. Je croyais que j’étais la seule à morfler et je trouvais ça injuste. C’est aussi pour ça que j’insiste et que tu mérites que je te présente des excuses.
Je venais d’apprendre le secret sur son père et ça me semblait si incroyable. Je ne savais pas si depuis, Nolan parlait de nouveau avec sa mère, j’avais cru comprendre qu’ils étaient toujours en froid. En tout cas, je voulais au moins tenter d’arranger les choses avec Sunny, mais Nolan ne voulait pas que je lui parle. Je me disais que ma fille méritait de savoir la vérité. J’étais si triste, si énervée à la fois, tant d’émotions m’assaillaient de toutes parts que j’avais envie de pleurer. Mes yeux brillaient tant ils étaient humides. Nolan sembla se calmer pour me demander de partir. Je n’osais plus le regarder à présent et je hochai la tête, sentant des gouttes rouler sur mes joues. J’étais incapable de retenir mes larmes. Je tournai alors les talons, la gorge trop nouée à présent pour ajouter quoi que ce soit, et me dirigeai vers la sortie.
J'étais mal, de plus en plus et à mesure que je prenais la parole, j'avais l'impression de m'enfoncer. Peut-être que si je continuais de la sorte, je parviendrais à trouver du pétrole ! Toujours est-il que mit face à mes contractions, je ne pouvais nier que j'avais aussi une part de responsabilité dans ce fiasco qu'était notre mariage. Peut-être que si j'avais accepté de lui dire la vérité à propos de mes dettes, les choses auraient été différentes et nous n'en serions pas là à se scruter en chiens de faïence, prêts à se bondir dessus pour savoir lequel de nous deux parviendrait à avoir le dernier mot. Ma fierté mal placée, m'obligea à nouveau à jouer les mâles alpha. Vous savez ceux qui acceptent difficilement de devoir demander de l'aide, à leur femme qui plus est. Mais cela faisait parti du contrat. À quoi devais-je m'attendre ? Et puis n'avais-je pas choisi l'ombre à la lumière au profit de Sally. Putain ! O frustration extrême quand tu nous tiens dans tes griffes et que tu nous assailles diverses blessures à coups de culpabilité. Pendant, longtemps, je m'étais considéré comme une victime et à présent, je culpabilisais de ne pas avoir fait ce qu'il fallait pour sauver notre mariage. Mais c'était trop dur de le reconnaître de vive voix, je restais encore et toujours accroché à cette foutue fierté à la con !
« - Voilà encore l'un des soliloques dont tu as le secret. Mon regard a changé sur les autres depuis toute cette histoire. Et puis arrête, tu n'as jamais remarqué comment certaines personnes me regardaient en ta compagnie ? Ca et ta mère qui m'as toujours eu dans le nez. Elle s'en serait donné à cœur joie en apprenant que son gendre avait des dettes. Pour elle, je ne suis qu'un boulet qui gravite autour de sa petite planète. Elle ne m'a jamais aimé Sally et je suis sûr qu'elle t'as félicité lorsque tu as enclenché la procédure de divorce. En venant ici, je pensais qu'on repartirait à zéro, mais je me suis vite retrouvé englué dans toute cette merde. » Mais de toute évidence je n'étais toujours pas prêt à reconnaître mes torts. Sally insista pour réitérer ses excuses, tandis que moi, je lui demandais à nouveau de s'en aller. Espèce de lâche ! Tu recommences. Mais regarde-la ! Certes, Sally était une actrice talentueuse, mais les émotions qu'elle laissait paraître n'étaient pas artificielles et je le savais mieux que quiconque. Pourtant, je ne l'ai pas retenu, je me suis contenté de la laisser partir.
On dit que l'erreur est humaine. C'est prétentieux de me défaillir comme un sur-humain au vu du nombre conséquent de casseroles que je me traîne ? Voilà plusieurs jours à présent, que notre ultime confrontation avait eu lieu. Cela me travaillait, non cela m'obsédait jusqu'à atteindre le paroxysme en découvrant la publication de Sally sur Instagram. Elle l'avait vraiment fait, sans le dire ouvertement certes, mais elle avait toutefois reconnu ses erreurs publiquement. Croyez-le ou non, mais quelques minutes après ce post, j'ai reçu tout un tas de messages d'excuses sur la page officielle du bar. Allez merde ! J'en ai marre, je n'en dors plus, c'est dire à quel point je suis atteint. J'ai pris mon courage à deux mains et le numéro qu'elle m'avait laissé, mais à son tour Sally n'était plus encline à la parole, son assistante non plus. Par chance, instagram laissait échapper quelques indiscrétions de temps à autre, me forçant à reconnaître, il est vrai, l'utilité d'un réseau social. Et voilà comment je me suis retrouvé à l'aéroport de LA, sur le tarmac à hurler à pleins poumons.
« - SALLY !!!!!!!!!!! SALLY !!!!! DESCENDS DE CE FOUTU AVION PARCE QUE J'AI DES EXCUSES À TE FAIRE. PARCE QUE JE SUIS UN GROS CON...SALLY J'AI LES AGENTS DE SECURITE AU CUL ! »
J’étais blessée par tout ce qui s’était passé, par les propos de Nolan, même s’il avait tous les droits de me fustiger. Alors, j’avais accepté de partir. Je lui avais dit à mi-mots qu’il pouvait m’appeler s’il souhaitait en discuter. Je ne savais pas si je devais m’attendre à un silence radio ou un appel. J’étais triste, je me sentais aussi vide qu’une coquille.
Et puis la vie avait repris son cours. Cela faisait maintenant plusieurs jours que j’avais présenté mes excuses à Nolan, j’avais même fait un post instagram à son attention pour lui montrer que j’étais sincère. Et puis le travail avait repris et j’avais dû me concentrer et faire abstraction de ma vie privée chaotique. Le tournage de la série s’intensifiait, on nous en demandait toujours plus, si bien que je rentrais complètement crevée et la seule et unique fois que j’avais eu Nolan au téléphone, j’étais trop fatiguée pour avoir une conversation correcte et je lui avais demandé de me rappeler à un autre moment.
Mon agent m’avait trouvé un casting à Paris pour un réalisateur français qui rêvait de me faire jouer dans son film. Il avait même affrété un jet pour moi, pour me faire venir dans la capitale et me faire passer un bout d’essai pour son film. J’étais très emballée par ce projet et du coup, me voilà à bord du dit jet. Mon agent était déjà à Paris, aussi je voyageais seule pour l’aller. L’équipage de bord était très sympathique, à peine installée, j’avais droit à une coupe de champagne, et alors que j’en buvais une gorgée, j’entendais mon nom lointainement crié. Machinalement, je regardai par le hublot, et quelle ne fut pas ma surprise en voyant Nolan qui s’égosillait. Je manquai de recracher le champagne et le reposait sur la petite table, me levant précipitamment. - Ne fermez pas ! Laissez-moi descendre !
L’hôtesse voulut protester mais je passai devant elle à toute allure pour descendre en courant le petit escalier qui me mena droit sur la terre ferme. J’avais entendu Nolan crier qu’il avait des excuses à me faire et j’en étais émue. A peine le pied sur le goudron, je courus dans ses bras et soudain ce fut comme si les six dernières années n’avaient pas existé. Je me surpris même à l’embrasser, je ne m’en rendis compte qu’une fois que les lèvres furent contre les siennes. C’est alors que la voix du pilote s’éleva derrière moi.
« -Madame Hamilton ! Je dois décoller dans cinq minutes ! »
Je me détachai alors à contre-coeur de Nolan et le regardai dans les yeux tout en glissant ma main dans la sienne.
- Monte avec moi !
Et sans lui laisser le choix, je l’entraînais avec moi dans le jet. L’équipe de bord me regarda, bouche bée mais moi, je ne les calculais déjà plus, je ne voyais que Nolan. Nous nous installâmes et l’hôtesse lui apporta aussi à boire, puis nous demanda d’attacher nos ceintures avant de disparaître. L’avion se mit à bouger et je regardai mon ex-mari.
- Désolée… j’ai pas réfléchi… On part pour Paris là.
Je pouvais être si impulsive parfois… Non, en fait je ne l’étais qu’avec lui. Depuis toujours, il n’y avait qu’avec Nolan que je prenais des décisions sur un coup de tête.
Je me sentais vide, mes sourires se faisaient plus discrets et je peinais à être totalement présent dans les conversations. Il s'était écoulé plusieurs jours depuis la venue surprise de Sally au bar. Je m'attendais à un autre round, que je n'étais pas certain de remporter cette fois. J'ignore encore comment, mais la vérité avait semblerait-elle trouvée grâce à ses yeux, m'exhortant d'un autre affrontement assassin. Après six ans de rage, six ans de colère, d'amertume, toutes mes certitudes, ou le peu que j'avais encore, volèrent en éclats. Si la colère m'avait longtemps préservé, tout comme une putain de fierté aussi robuste que la voiture que je conduisais au lycée et que j'avais pourtant été obligé de vendre, à présent, je me retrouvais sans rien, presque à poil émotionnellement parlant. Et dans un sursaut de survie, ma fierté exhorta Sally à se tirer. J'avais besoin de solitude. L'excuse la plus pourrie du monde pour ne pas devoir justifier mon malaise. Mais que pouvais-je faire de plus ? La culpabilité vint ensuite se greffer à moi, un peu comme une merde sous votre chaussure. D'abord imperceptible, l'odeur vous remonte peu à peu aux narines et finit par vous faire comprendre qu'effectivement il y a un problème. Oui, je sais, la métaphore est dépourvue de raffinement, mais pour l'heure, c'était tout ce qui me venais en tête en repensant à tout ça. Une culpabilité puante qui m'empêchait de trouver le sommeil. J'avais peut-être gâché six ans de ma vie à faire l'autruche et à me porter en victime, que je n'étais qu'à moitié. Moi aussi, j'avais ma part de responsabilité dans cette histoire, et même si Sally, en ne m'accordant aucune présomption d'innocence, m'avait blessé (doux euphémisme), je devais accepter le lien de cause à effet. En l'occurrence moi, me terrant dans le secret plutôt que d'assumer clairement les choses.
Je l'ai lu ce post Instagram, une dizaine peut-être même une vingtaine de fois. Les yeux rivés sur l'écran de mon mac, café en main à une heure indécente pour le commun des mortels, je me surprenais à visualiser chacune de ses photos. Elle avait effacé toutes traces de mon passage, j'en avais fait de même en balançant nos photos et mon alliance à la flotte lors d'une nuit de beuverie. Je n'en étais pas fier avec du recul, tout comme l'attitude que j'avais eu à l'égard de Sally lorsqu'elle était venue me présenter des excuses. La connaissant, je savais à quel point, ce n'était pas chose facile pour elle et moi, j'avais impunément piétiné sa dignité. Ce fut donc à mon tour de poster sur Instagram et n'ayant pas de compte officiel, je m'étais servis de celui du bar, m'exposant ainsi auprès de mon personnel et des abonnés. C'était une première étape, la conversation une seconde, qui ne vint jamais. Je pense, peut-être, que Sally me faisait payer mon attitude. Nos emplois du temps divergeaient à nouveau, preuve que rien ne change. Oui, rien ne change, du moins, c'est ce que je croyais avant de prendre la direction de l'aéroport et de me ruer sur le tarmac, tentant d'échapper à la sécurité. Zigzagant entre les types en uniforme, preuve que j'avais encore de bons restes, je me retrouvais non loin du jet dans lequel se trouvait mon ex-femme et poussais par je ne sais quelle audace, je me suis retrouvé à hurler son nom et croyez-le ou non, mais au moment où je laissais entendre que je consentais à accepter ses excuses, je me sentis beaucoup plus léger. Malheureusement pour moi, le coucou métallique allait décoller pour je ne sais quelle destination. Je m'apprêtais donc à tourner les talons, lorsque soudain la porte de l'appareil s'ouvrit, laissant apparaître Sally. J'avais comme l'impression d'avoir déjà vécu cette scène.
Je la vis courir vers moi et j'en fis de même sans réfléchir. Je crois que mon enfoiré d'organe vital, le cœur, il me semble, tambourina contre ma poitrine au moment où je rattrapais Sally pour répondre à son baiser. La scène aurait à n'en pas douter, fait office d'un très bon final pour une comédie romantique. C'était magique autant que la première fois et fort, si puissant d'ailleurs que les six dernières années s'effacèrent de ma mémoire, emportant avec elles tous les sentiments néfastes que j'éprouvais pour Sally « - C'est toi ! Je te retrouve enfin ! » lui dis-je en prenant son visage entre mes mains. Le pilote nous rappela malheureusement à l'ordre. L'avion devait décoller emportant Sally avec lui. J'en étais presque déçu que cela se termine aussi vite. La main de mon actrice d'ex-femme se glissa alors dans la mienne et l'espace d'un instant, je crus revoir la Sally qui m'avait proposé de sécher toute une journée de cours pour que l'on puisse passer du temps ensemble. Elle voulait que je la suive. Je l'ai donc suivi sans contrainte. Je retrouvais celle que j'avais tant aimée et rien que pour ça, j'étais prêt à la suivre jusqu'au bout du monde. Une fois dans l'avion, je pris place à ses côtés quelque peu intrigué par la destination « - Donc on va à Paris ? Ok je vais quand même devoir prévenir mon personnel » Ce que je fis sans atteindre pour que personne ne s'inquiète. Bon, ok, j'ai menti en prétextant être malade, mais ne suis-je pas le patron ?
« - Tu as conscience que c'est complètement dingue ! Putain Sally » Je ne résistais plus à l'envie de l'embrasser à nouveau, réalisant à quel point ça m'avait manqué, à quel point elle m'avait manqué. J'en voulais soudainement plus, mais nous n'étions pas seuls dans ce jet. De plus, il me semblait important de privilégier la parole à ce qui constituait à l'époque une de nos activités favorites. (je vous épargne les détails.) « - Qu'est-ce qu'on va faire ? Et qu'est-ce qu'on va dire à Sunny ? C'est complètement dingue. »
J’étais incapable de mettre des mots sur ce qui se passait dans ma tête. J’avais entendu la voix de Nolan alors que j’étais à mille lieues d’imaginer qu’il aurait pu me rejoindre dans cet aéroport tandis que je partais pour Paris pour une audition. La discussion, si l’on peut appeler ça comme ça, m’avait ébranlée, tout autant que la découverte de mes torts dans notre divorce, et j’avais dû prendre sur moi pour aller m’excuser, mais c’était la bonne chose à faire, je ne pouvais continuer à le blâmer pour quelque chose dont il était innocent. Puis je pensais que nous nous reverrions pour en parler quand la tension serait redescendue, mais jamais je ne l’aurais cru capable de ce qu’il venait de faire. Et moi, aussitôt que j’eus entendu sa voix, croyant d’abord à une hallucination auditive, je l’avais vu courir sur le tarmac et m’était à mon tour précipité hors de l’avion pour le retrouver. Bien vite, j’étais dans ses bras et nous nous embrassions. Ah ce baiser. Que dire à propos de ce baiser échangé dans des circonstances bien moins hostiles que celui qui eut lieu dans sa chambre froide du Big Apple. Ce baiser avait balayé d’un coup de langue six années d’hostilité, nous ramenant à l’époque où seuls l’amour et la passion nous animaient. Je sentais mon coeur se gonfler à nouveau sans vraiment comprendre pourquoi, mais j’étais bien. Je sentis ses mains sur mon visage et ne pouvais m’empêcher de sourire. Et puis tout s’enchaîna rapidement, le pilote s’était manifesté, et moi j’avais embarqué Nolan avec moi. Nous voilà à présent assis l’un à côté de l’autre dans de confortables fauteuils en cuir synthétique, une table basse devant nous. Ma main n’avait quitté celle de Nolan que pour boucler ma ceinture, le laissant ainsi faire de même, puis j’avais rapidement retrouvé le contact de sa peau, ne le quittant plus des yeux. Je lui annonçai que nous partions pour Paris. Nous avions bien neuf heures de vol, de quoi continuer cette conversation. Mais après qu’il ait contacté son personnel, il m’embrassa à nouveau. Je ne m’en plaignais pas, au contraire. Mon corps fut parcouru de délicieux frissons et je prolongeais se baiser, glissant ma main libre dans sa nuque et me tournant vers lui autant que ma ceinture me le permettait. Il reprit ensuite la parole.
- Tu l’as déjà dit, ça, que c’était dingue. On est dingues, non ?
Reprenant un peu de sérieux, je repris.
- Écoute, je pense qu’on ne devrait rien dire à Sunny pour l’instant… Du moins… pas avant d’être surs. Je veux dire, en six ans, on a sûrement changé. Il faut qu’on voit… mais, pour reprendre quelque chose que tu m’as dit il y a longtemps, je pense qu’on devrait se laisser une chance.
J’avais l’impression d’être à nouveau cette jeune adolescente folle du quarterback et meilleur musicien du lycée. Nolan avait toujours su, sans s’en rendre compte certainement, me faire me sentir ailleurs quand il était avec moi. Je ne m’étais même pas rendu compte que l’avion avait décollé. Je me rapprochai un peu plus de lui pour revenir l’embrasser à nouveau. Je réalisai soudain combien ça m’avait manqué.
La vie est faite de choix. Tantôt bons, tantôt mauvais, ils nous amènent toujours quelque part, c'est inévitable, mais jamais là où on l'aurait cru. Je m'étais donc retrouvé là, à l'aéroport après avoir découvert que Sally allait embarquer pour je ne sais quelle destination. Tout s'est bousculé dans ma tête et sûrement dans mon cœur. Je voulais une conversation, mais mes quelques tentatives s'étaient toutes plus ou moins soldées par un échec. J'étais à ce moment frustré et comment ne pas l'être lorsque six années de votre vie se retrouvent soudainement remise en question. Je détestais Sally, oui avant tout ça, avant la chambre froide, alors les rumeurs, avant les insultes, je nourrissais à son égard une haine sans borne. Elle m'avait sali, elle m'avait tout pris, réduit à rien en un claquement de doigts offrant une tribune libre à mes détracteurs. Je pourrais ressasser longuement ses torts, sauf que j'en avais moi aussi. Certes, je lui étais resté fidèle, mais je lui avais éhontément caché mes quelques problèmes d'argent et les quelques mensonges familiaux à l'origine, entre autres, de mon départ pour LA. J'étais moi aussi en tort, mais je refusais de l'admettre, voir même de l'assumer. Et si nous avions merdé tous les deux ? Une fois cette hypothèse formulée avant le grand départ, je ressenti en moi, comme une première libération qui me conforta par la suite. Je devais trouver Sally et le lui dire, avant son départ.
Je n'ai jamais couru aussi vite, hormis sur un terrain de foot et tels des plaqueurs à l'approche, je tentais d'éviter les gorilles de la sécu pour enfin rejoindre mon but, où ce qui s'y apparentait. Mon cœur n'a jamais cogné si fort dans ma poitrine qu'à ce moment-là. Seul, je l'étais face au jet privé. Jamais je n'aurais cru voir Sally se ruait sur moi et pourtant, c'est ce qu'elle a fait offrant au public présent l'une de ses plus belles prestations. Et moi ? Et bien, au moment où ses lèvres ont frôlé les miennes, j'ai compris que je n'avais pas pris la mauvaise décision. En fait-tout continué à se bousculer dans ma tête, mais je me sentais bien, léger, comme lorsque j'ai découvert des années plutôt, que je voulais être avec notre meilleure soliste. Et là encore, Sally parvint à me surprendre en m'enlevant à nouveau pour une destination inconnue, du moins elle l'était encore avant qu'elle ne m'annonce que nous nous apprêtions à partir pour Paris. « - Dingue, dingue, dingue ! Oui, nous sommes complètement dingues, enfin toi plus que moi. C'est de l'enlèvement-là et en plus je suis consentant ! On va aller loin dis donc ! » Elle me regardait comme la première fois, avec autant d'intensité dans le regard. Malgré tout et malgré la légèreté de l'instant, il nous fallait aborder un sujet important, primordial même. « - Bien sûr qu'il faut qu'on se laisse une seconde chance. Et tu sais hormis quelques cheveux blancs, je n'ai pas trop changé. Mais j'imagine que tu as raison, il ne faut pas brusquer les choses. On va recommencer à zéro, genre s'organiser, quand tu le pourras, quelques rencards. Quoi ? » lançais-je en souriant alors qu'elle continuait à me regarder avec le regard de la première de la classe amouraché du quarterback. Nos lèvres ne mirent pas longtemps à se retrouver, avec plus de fougue que durant les années lycées. En un instant, c'est tout mon corps et mon cœur qui venaient de se réchauffer.
Les huit heures passèrent à une vitesse folle. Sally et moi nous nous étions indubitablement retrouvés et bon sang que ça me faisait du bien. Sur le sol français, nous primes la direction du Ritz, où une chambre réservée au nom de madame Hamilton, attendait d'être envahi par nos soins. « - Dis-moi, il faut que je me trouve des affaires, parce qu'hormis me balader à poil, je ne vois que très peu d'alternatives » Je ne résistais à l'envie de la prendre dans mes bras. « - On pourra faire du shopping, quand tu seras libre. Qu'est-ce que tu en penses ? Et s'organiser notre premier rencard !»
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Sujet: Re: [HOT] Hot'n Cold [ft Nolan Hamilton]